Les néoplasies intra-épitheliales de l`anus : que de progr`es `a faire !

Les n
eoplasies
intra-
epitheliales
de l’anus : que
de progr
es
a faire !
Le sur-risque de cancer de l’anus ne concerne pas
que les patients infect
es par le virus de l’immuno-
d
eficience humaine (VIH) !
Sunesen KG, Nørgaard M, Thorlacius-Ussing O,
et al.
Immunosuppressive disorders and risk of anal squa-
mous cell carcinoma: a nationwide cohort study in
Denmark, 1978-2005. Int J Cancer 2010 ; 127 :
675-84.
L’infection de l’
epith
elium anal par des g
enotypes
oncog
enes de papillomavirus humains est
a la fois
fortement pr
evalente (au regard de l’incidence du cancer
de l’anus) et transitoire [1]. Le paradigme actuel est que
l’immuno-d
epression de l’h^
ote suscite et acc
el
ere la
transition de l’infection par les papillomavirus vers la NIA,
puis le carcinome
epidermoı¨de invasif. D’une part, cette
hypoth
ese est soutenue par l’incidence accrue de ce
cancer chez les malades immuno-d
eprim
es par une
infection par le VIH, une h
emopathie maligne, ou un
traitement immuno-suppresseur dans les suites d’une
transplantation d’organe. D’autre part, la restauration
de la fonction immunitaire des malades infect
es par le
VIH par les traitements antir
etroviraux n’a pas diminu
e
(au contraire) l’incidence de ce cancer [2]. Par ailleurs,
nous ne disposons que de peu de donn
ees sur l’incidence
du cancer de l’anus chez les patients atteints de
maladies auto-immunes. L’objectif des auteurs
etait
donc d’obtenir des donn
ees
epid
emiologiques relatives
au carcinome
epidermoı¨de de l’anus chez des malades
immuno-d
eprim
es. Les patients provenaient d’une
grande cohorte nationale danoise suivie durant 27 ans
(1978-2005).
Chez les 4 448 patients infect
es suivis par le VIH, les
21 cas de cancer anal n’int
eressaient que les hommes
(77 % de l’effectif), correspondant
a un RIS (RIS = nombre
de cas observ
es/nombre de cas attendus compte tenu de
l’^
age, du sexe, et de la p
eriode) de 81 (IC 95 % : 52-122).
L’incidence du cancer de l’anus
etait multipli
ee par 5,6
(IC 95 % : 1-117) dans la p
eriode de l’av
enement des
antir
etroviraux. Concernant les 5 113 patients trans-
plant
es et les 30 165 patients ayant une h
emopathie
maligne, le RIS
etait respectivement de 14,4 (IC 95 % :
7-26,5) et de 2,3 (IC 95 % : 1,1-4). Enfin, sur les
242 114 patients suivis pour maladie auto-immune, le
RIS
etait de 1,3 (IC 95 % : 1-1,5), avec une grande
h
et
erog
en
eit
e selon les diagnostics (RIS de 3,5 [IC 95 % :
1,5-7] chez les 11 188 patients ayant une maladie de
Crohn).
‘‘ Cette grande
etude de cohorte
al
echelle d’une
population confirme les modifications r
ecentes
de l’
epid
emiologie du carcinome
epidermoı¨de
anal et son lien avec l’immuno-d
epression.
Anal intraepithelial neoplasia.
Such progress to be made!
Maximilien Barret
Groupe hospitalier Diaconesses-Croix Saint-Simon,
service de proctologie m
edico-interventionnelle,
18, rue du Sergent-Bauchat,
75012 Paris,
France
Pour citer cet article : Barret M. Les n
eoplasies intra-
epitheliales de l’anus : que de progr
es
a faire ! H
epato Gastro 2012 ; 19 : 356-362. doi :
10.1684/hpg.2012.0721
Abr
eviations
VIH virus de l’immuno-d
eficience humaine
NIA n
eoplasie intra-
epith
eliale de l’anus
RIS rapport d’incidence standardis
e
AHR anuscopie de haute r
esolution
doi: 10.1684/hpg.2012.0721
356 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n85, mai 2012
ossier th
ematiqueD
HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
N
eoplasies
intra-
epith
eliales
de l‘anus
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Le risque le plus
elev
ea
et
eobserv
echezles
hommes infect
es par le VIH depuis plus de dix
ans, pris en charge avant le d
eveloppement
des antir
etroviraux et m^
eme s’ils avaient
ensuite b
en
efici
e d’une th
erapie antir
etrovirale.
Le risque est aussi augment
echezles
patients transplant
es d’organe, ceux ayant une
h
emopathie maligne ainsi que ceux ayant une
maladie auto-immune, en particulier une maladie
de Crohn. Ce sur-risque a
et
e rattach
eaux
traitements immuno-suppresseurs et, pour la
maladiedeCrohn,auxl
esions ano-p
erin
eales
chroniques. En d
efinitive, ce travail, sans aller
jusqu’
ajustierund
epistage, incite
agarderen
m
emoire dans notre pratique l’incidence accrue
du cancer du canal anal chez les patients
immuno-d
eprim
es.’’
Les limites de la restauration immunitaire...
Crum-Cianflone NF, Hullsiek KH, Marconi VC, et al.
Infectious Disease Clinical Research Program HIV
Working Group. Anal cancers among HIV-infected
persons: HAART is not slowing rising incidence.
AIDS 2010 ; 24 : 535-43.
La morbi-mortalit
e infectieuse a consid
erablement
diminu
e chez les patients infect
es par le VIH depuis
l’av
enement des traitements antir
etroviraux, permettant
l’augmentation de leur esp
erance de vie. Cependant, les
cancers « classiques » sont
apr
esent plus fr
equents que
les cancers d
efinissant le stade sida de l’infection (sarcome
de Kaposi, lymphome non hodgkinien). Parmi ceux-ci,
le carcinome
epidermoı¨de de l’anus est d’un int
er^
et
particulier. Son lien avec l’infection par les papillomavirus
oncog
enes et l’immuno-d
epression aurait du se traduire
par une diminution de son incidence sous antir
etroviraux,
or certains chiffres publi
es se sont av
er
es discordants
[3, 4]. Le but du travail
etait de d
eterminer l’incidence du
carcinome
epidermoı¨de de l’anus et les facteurs associ
es
au d
eveloppement de ce cancer chez des patients infect
es
par le VIH. Les auteurs ont analys
e les donn
ees collect
ees
prospectivement
a partir d’une cohorte am
ericaine de
patients infect
es par le VIH suivis de 1985
a 2008. Les
malades de statut VIH incertain, diagnostiqu
es avant
18 ans ou avant 1985, ayant un ant
ec
edent de cancer de
l’anus, ou encore de sexe f
eminin
etaient exclus.
4 506 patients ont
et
e ainsi suivis pendant 23 ans.
Dix-neuf patients ont pr
esent
e un cancer de l’anus, et
73 % des cancers sont survenus apr
es 2002. Au moment
du diagnostic du cancer, l’^
age m
edian
etait de 42 ans, le
d
elai m
edian de survenue du cancer
etait de 13 ans, le
taux m
edian de lymphocytes T CD4
etait de 432/mm
3
,et
88 % des patients avaient rec¸u des antir
etroviraux
pendant une m
ediane de 78 mois. L’incidence du
cancer a augment
e de 11/100 000 patient-ann
ees
a
55/100 000 patient-ann
ees entre la p
eriode pr
ec
edant et
la p
eriode suivant l’introduction des traitements anti-
r
etroviraux (respectivement avant et apr
es 1995), et
jusqu’
a 128/100 000 patients-ann
ees pour la p
eriode
2006-2008. Une infection par le VIH ancienne (au-del
ade
15 ans) multipliait par 12 le risque de cancer anal par
rapport
a une infection r
ecente (moins de cinq ans)
(p<0,001). Les facteurs ind
ependamment associ
es au
risque de cancer
etaient le stade sida et un nadir de
lymphocytes T CD4 bas (<50/mm
3
).
‘‘ L’incidence
elev
ee et en croissance continue
du carcinome
epidermoı¨de de l’anus chez les
hommes infect
es par le VIH, en d
epit de
l’introduction des antir
etroviraux retrouv
ee dans
cette
etude, vient confirmer les donn
ees d
etudes
pr
ec
edentes [4-6]. Ce travail permet par ailleurs
d’identifier certains facteurs de risque surajout
es
tels que l’anciennet
e de l’infection par le VIH
et un ant
ec
edent d’immuno-d
epression s
ev
ere.
Le traitement antir
etroviral n’augmente pas en
lui-m^
eme le risque de cancer, mais ne parvient
pas
a enrayer le processus tumoral entraıˆn
e par
les papillomavirus au niveau ano-g
enital. Ainsi,
l’incidence de cette tumeur a d
epass
e, dans les
groupes
a risque des homosexuels masculins et
des patients infect
es par le VIH, celle du cancer
du col de l’ut
erus chez les femmes avant le
d
epistage par frottis. En attendant des mesures
pr
eventives efficaces, la seule option est le
d
epistage et le traitement des NIA chez ces
patients.’’
De la n
eoplasie intra-
epith
eliale au cancer chez
les patients infect
es par le VIH...
Kreuter A, Potthoff A, Brockmeyer NH, et al.
German Competence Network HIV/AIDS.
Anal carcinoma in human immunodeficiency
virus-positive men: results of a prospective
study from Germany. Br J Dermatol 2010 ; 162 :
1269-77.
L’incidence et la pr
evalence des NIA et des carcinomes
epidermoı¨des de l’anus sont largement d
ecrites dans les
groupes
a risque. Par contre, les travaux s’int
eressant
a
la progression de la NIA de haut grade vers le cancer, et
aux caract
eristiques virologiques, morphologiques et
pronostiques des tumeurs qui en r
esultent, sont rares.
L’objectif principal de cette
etude allemande
etait
357
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n85, mai 2012
ossier th
ematique Revue bibliographiqueD
HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
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intra-
epith
eliales
de l‘anus
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d’
evaluer, dans une cohorte de patients homosexuels
masculins et infect
es par le VIH, la pr
evalence des NIA et
des cancers de l’anus. Les objectifs secondaires
etaient
l’analyse des g
enotypes de papillomavirus impliqu
es dans
ces cancers et leur r
eponse aux traitements. Les patients
etaient inclus de fac¸on prospective et multicentrique,
quels que soient leurs sympt^
omes et leurs ant
ec
edents
proctologiques. Un frottis anal avec examen cytologique
et une recherche de papillomavirus, suivi d’une AHR avec
biopsies des l
esions visibles
etaient r
ealis
es
a l’inclusion
chez chaque malade, puis r
ep
et
es tous les ans, et plus
fr
equemment si des anomalies
etaient mises en
evidence.
Toute NIA prouv
ee
etait trait
ee par
electrocoagulation,
imiquimod ou acide trichlorac
etique. Les cancers de la
marge anale
etaient r
es
equ
es et les cancers du canal anal
trait
es par radio-chimioth
erapie.
De 2003
a 2009, 446 homosexuels masculins infect
es par
le VIH ont
et
e inclus, d’^
age m
edian 41 ans (18-72). Le
contr^
ole immuno-virologique de la maladie
etait globa-
lement bon (lymphocytes T CD4 m
edian = 470/mm
3
,
charge virale m
ediane = 53 copies/mL), 28 % des
patients
etaient au stade sida et 67 %
etaient sous
antir
etroviraux
a l’admission. En outre, la moiti
e des
patients
etaient fumeurs. Le suivi moyen
etait de 20,5 (0-
67) mois. Les pr
evalences des NIA de bas et de haut grade,
et des cancers
etaient respectivement de 36,5, 35 et
2,5 %. Tous les cancers contenaient des g
enotypes de
papillomavirus
a haut risque, le g
enotype 16 dans plus de
la moiti
e des cas, et
etaient associ
es
a une infection par un
plus grand nombre de g
enotypes. Vingt pour cent des
cancers de la marge anale
etaient associ
es au g
enotype
16 versus 83 % des cancers du canal anal. Seuls cinq
patients ayant refus
e les traitements ont
evolu
e de la NIA
de haut grade au cancer, en une dur
ee moyenne de
8,6 mois.
‘‘ Ce travail confirme le caract
ere oncog
ene de
l’infection par de multiples g
enotypes de papil-
lomavirus, en particulier le g
enotype 16 chez les
homosexuels masculins infect
es par le VIH. Le
carcinome
epidermoı¨de de la marge anale
apparaıˆt de meilleur pronostic et plus faiblement
associ
eaug
enotype 16 par rapport au carci-
nome du canal anal. Fait important, la progres-
sion de la NIA de haut grade vers le cancer chez
ces patients
etait rapide, en moins d’un an. Ceci
doit nous inciter
a traiter au plus vite les NIA de
haut grade, d’autant plus dans cette population
de patients parfois difficiles
a suivre. En conclu-
sion, cet essai constitue la derni
ere marche avant
l’essai randomis
e contr^
ol
e
evaluant le b
en
efice
de la prise en charge pr
ecoce des NIA sur la
morbi-mortalit
e par cancer de l’anus.’’
Condylomatose anale : la partie
emerg
ee
de l’iceberg !
Schlecht HP, Fugelso DK, Murphy RK, et al.
Frequency of occult high-grade squamous
intraepithelial neoplasia and invasive cancer within
anal condylomata in men who have sex with men.
Clin Infect Dis 2010 ; 51 : 107-10.
Certains g
enotypes de papillomavirus peuvent induire une
NIA de haut grade, puis un carcinome
epidermoı¨de.
D’autres g
enotypes, consid
er
es
a faible risque, n’induisent
que des condylomes. Dans tous les cas, la s
equence est
d’autant plus rapide que l’h^
ote est immuno-d
eprim
e, en
particulier par le VIH. En pratique, les diff
erents g
enotypes
coexistent dans l’
epith
elium anal, chez des malades
ala
fois souvent immuno-d
eprim
es et sexuellement actifs.
L’objectif des auteurs
etait d’
evaluer la pr
evalence des NIA
de haut grade et des cancers de l’anus occultes chez des
homosexuels masculins op
er
es de condylomes anaux.
L’
etude incluait 319 patients dont 159 infect
es par le VIH,
avec un contr^
ole immunologique satisfaisant mais 50 %
de persistance d’ARN viral. L’^
age moyen
etait de 37 ans
(18-73). Les sympt^
omes rapport
es
etaient une masse
palpable (82 %), un saignement (41 %), une douleur
(26 %) et un prurit (20 %). En histologie, 63 % des
patients avaient une NIA de bas grade, 34 % avaient une
NIA de haut grade et 3 % avaient un cancer. En outre,
47 % des patients infect
es par le VIH avaient un cancer ou
une NIA de haut grade versus 26 % des patients
s
eron
egatifs pour le VIH ( p= 0,002). Sept des huit
cancers concernaient des patients infect
es par le VIH. Pour
finir, les performances de la cytologie anale pour le
diagnostic de NIA de haut grade, r
ealis
ee chez moins de
50 % de l’effectif,
etaient les suivantes : sensibilit
e = 90 %,
sp
ecificit
e=33 %, les r
esultats
etant meilleurs dans le
groupe VIH+ que dans le groupe VIH-.
‘‘ Une pr
evalence, avoisinant les 50 % de NIA de haut
grade ou de cancer sur les pi
eces op
eratoires de
condylomes de patients infect
es par le VIH est
coh
erente avec les donn
ees de la litt
erature [7]. De
m^
eme, pour la pr
evalence quasiment doubl
ee par
rapport aux patients s
eron
egatifs pour le VIH.
En d
epit du biais de s
election
evident de cette
etude (qui n’a recrut
e que des patients ayant
une condylomatose s
ev
ere non traitable en
consultation), ce travail a pour m
erite de rappeler
l’importance de l’analyse histologique des condy-
lomes chez les homosexuels masculins, en
particulier s’ils sont infect
es par le VIH. En
effet, la forte pr
evalence de NIA de haut grade
et de cancers dans cette situation est susceptible
de modifier la prise en charge ult
erieure.
358 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n85, mai 2012
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HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
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intra-
epith
eliales
de l‘anus
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Des strat
egies de surveillance, faisant par exemple
appel
a la cytologie anale, dont les auteurs nous
rappellent la validit
e, ou
a des traitements visant
apr
evenir les r
ecidives condylomateuses, pour-
raient trouver leur place chez ces patients.’’
N
eoplasies intra-
epith
eliales cervicales et anales :
m^
eme combat ?
Santoso JT, Long M, Crigger M, Wan JY,etal.
Anal intraepithelial neoplasia in women with genital
intraepithelial neoplasia. Obstet Gynecol 2010 ;
116 : 578-82.
L’infection par les papillomavirus oncog
enes est respon-
sable de n
eoplasies intra-
epith
eliales au niveau du col de
l’ut
erus, du vagin et de la vulve chez les femmes immuno-
comp
etentes. L’id
ee d’une association aux NIA en raison
des similitudes anatomiques, histologiques et embryolo-
giques de l’anus et du col de l’ut
erus a suscit
e cette
etude.
De plus, les donn
ees manquent quant
alapr
evalence des
NIA chez les femmes, les
etudes s’
etant jusqu’alors
surtout int
eress
ees aux homosexuels masculins infect
es
par le VIH. Par ailleurs, en l’absence de recommandations
univoques, un arbitrage doit ^
etre fait pour le diagnostic
entre la cytologie anale et l’AHR avec biopsies. Les
objectifs de l’
etude
etaient, d’une part, d’estimer la
pr
evalence des NIA chez des femmes h
et
erosexuelles
ayant un ant
ec
edent de n
eoplasie intra-
epith
eliale
g
enitale, d’autre part, de comparer les performances
diagnostiques de la cytologie anale avec celles de l’AHR.
Ont ainsi
et
e incluses 205 patientes cons
ecutives, d’^
age
moyen 40 ans (14-83), parmi lesquelles 64 %
etaient
sexuellement actives et 5 %
etaient infect
ees par le VIH.
Apr
es l’examen gyn
ecologique, un frottis anal, puis une
AHR avec des biopsies en cas d’anomalie
etaient r
ealis
es.
Une NIA a
et
e diagnostiqu
ee chez 25 patientes (12 %),
avec une r
epartition respective des grades I, II et III de NIA
de 4, 2,5 et 6 %. Outre les NIA, des condylomes ont
et
e
retrouv
es chez 5,5 % des patientes. La cytologie anale,
anormale chez 6 % des patientes, avait une sensibilit
ede
8 %, une sp
ecificit
e de 94 %, une valeur pr
edictive
positive de 15 % et une valeur pr
edictive n
egative de
88 %. Les performances diagnostiques de l’AHR
etaient
les suivantes : sensibilit
e de 100 %, sp
ecificit
ede71%,
valeur pr
edictive positive de 32 % et valeur pr
edictive
n
egative de 100 %. Les diff
erences entre les deux tests
etaient statistiquement significatives.
‘‘ La pr
evalence de 12 % de NIA, majoritairement
de haut grade, chez les femmes atteintes de
n
eoplasies intra-
epith
eliales g
enitales de cette
etude est comparable
a celle de 19 % d
ej
a
publi
ee [8]. Elle vient confirmer que l’infection par
les papillomavirus est une maladie multifocale de
l’
epith
elium ano-g
enital chez la femme. Dans le
contexte de l’infection par le VIH, la fr
equence de
l’association semble ^
etre largement augment
ee
[9]. Ces n
eoplasies intra-
epith
eliales
evoluent de
plus ensemble vers les cancers correspondants,
le risque de cancer de l’anus
etant pr
es de 5 fois
plus
elev
e chez les patientes ayant un ant
ec
edent
de n
eoplasie intra-
epith
eliale cervicale de grade III
[10]. Il s’agit donc de d
epister, au moins
a
l’
echelon individuel, les NIA chez les femmes
atteintes de n
eoplasie g
enitale. La tr
es faible
sensibilit
e de la cytologie anale r
ealis
ee ici par un
seul m
edecin non entraıˆn
e, compar
ee aux taux de
60
a 93 % rapport
es chez d’autres groupes
a
risque [11] a fait pr
ef
erer aux auteurs l’AHR
comme outil de d
epistage des NIA. En l’absence
de consensus sur les modalit
es de d
epistage, on
peut seulement en conclure que la prise en
charge des n
eoplasies intra-
epith
eliales g
enitales
n’est plus l’affaire des seuls gyn
ecologues.’’
Les performances diagnostiques du frottis
de l’anus...
Nathan M, Singh N, Garrett N, et al.
Performance of anal cytology in a clinical setting
when measured against histology and high-resolu-
tion anoscopy findings. AIDS 2010 ; 24 : 373-9.
Alors que, gr^
ace aux frottis cervico-vaginaux, l’incidence
du cancer du col de l’ut
erus a consid
erablement d
ecru
depuis les ann
ees 1980, celle du cancer de l’anus n’a cess
e
d’augmenter, en particulier dans les groupes
a haut
risque. Or, ces deux cancers se d
eveloppent tous les deux
sous l’effet de g
enotypes oncog
enes de papillomavirus,
a
la jonction entre l’
epith
elium malpighien et l’
epith
elium
glandulaire, en passant par une n
eoplasie intra-
epith
eliale
int
eressant une proportion de plus en plus importante
de l’
epith
elium. Le standard diagnostique est l’examen
histologique de biopsies guid
ees par une AHR, mais le
co^
ut de cet examen fait envisager la promotion du frottis
anal
a vis
ee cytologique pour d
epister les NIA de haut
grade. L’objectif des auteurs
etait d’
evaluer les per-
formances diagnostiques de la cytologie anale de
d
epistage. Tous les patients consultant dans une clinique
anglaise sp
ecialis
ee en maladies sexuellement transmis-
sible et ayant b
en
efici
e d’une AHR avec biopsies, pr
ec
ed
ee
d’une cytologie anale, ont
et
e inclus. L’AHR, la cytologie,
ainsi que les analyses cytologiques et histologiques ont
et
e
r
ealis
ees par des praticiens exp
eriment
es.
359
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n85, mai 2012
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HEPATO
GASTRO
et Oncologie
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Sur les 395 patients inclus, 584 frottis et 288 biopsies ont
et
e examin
es. Il s’agissait de 93 % d’hommes et 54 %
etaient infect
es par le VIH. La sensibilit
eetlasp
ecificit
e
de la cytologie
etaient respectivement de 70 (IC 95 % :
64-75) et 67 % (IC 95 % : 38-88). Pour la d
etection des
NIA de haut grade, la sensibilit
e
etait de 81 % (IC 95 % :
70-90), et sa valeur pr
edictive n
egative de 85 % (IC
95 % : 76-92). La sensibilit
e
etait meilleure quand au
moins deux quadrants de l’anus
etaient atteints et quand
les patients
etaient infect
es par le VIH.
‘‘ Les chiffres de sensibilit
e du frottis de l’anus
varient de 69
a 93 % dans la litt
erature [12]. De
plus, le biais de s
election de la population dans ce
travail n’est pas diff
erent de celui des autres
travaux sur la question, souvent r
ealis
es dans des
centres tertiaires. L’exp
erience des praticiens est
importante. En effet, la r
ealisation du geste par
des examinateurs peu entraıˆn
es (cf. le travail de
Santoso et al. sus-cit
e) ou par les patients eux-
m^
emes [13] semblent donner des r
esultats
inf
erieurs. Si le frottis anal ne s’est pas encore
diffus
e en France (par manque de moyens
surtout...), il est possible que ses performances
diagnostiques ainsi que son co^
ut avantageux par
comparaison avec l’AHR contribuent
a sa diffusion
dans les ann
ees
a venir. Il faudra alors former les
proctologues, les infectiologues, les dermatolo-
gues, les anatomo-pathologistes...
’’
L’imiquimod : un traitement m
edical efficace
des n
eoplasies intra-
epith
eliales de haut
grade ?
Fox PA, Nathan M, Francis N, et al.
A double-blind, randomized controlled trial of the
use of imiquimod cream for the treatment of anal
canal high-grade anal intraepithelial neoplasia in
HIV-positive MSM on HAART, with long-term
follow-up data including the use of open-label
imiquimod. AIDS 2010 ; 24 : 2331-5..
L’incidence du carcinome
epidermoı¨de de l’anus ne cesse
de croı
ˆtre chez les homosexuels masculins infect
es par le
VIH, avec des incidences proches de 100/100 000 patient-
ann
ees [14] (contre 1
a 2 pour 100 000 dans la population
g
en
erale). La prise en charge th
erapeutique de leur l
esion
pr
en
eoplasique, la NIA, fait appel
a des traitements vari
es.
Les traitements ablatifs, qu’il s’agisse de la r
esection
chirurgicale ou de la destruction au bistouri
electrique, au
laser CO2 ou
a la coagulation infrarouge, donnent des taux
de succ
es variant de 62 % de r
emission
a un an pour la
coagulation infrarouge
a 86 % de r
emission
a trois ans
pour la chirurgie [11]. Mais leur usage n’est pas adapt
e
a
des NIA non seulement multifocales mais r
ecidivantes, pour
lesquelles on privil
egie donc des traitements pharmacolo-
giques. Parmi ceux-ci, l’acide trichlorac
etique est largement
utilis
e, avec 71 % d’efficacit
e
a un an [15], mais avec
l’inconv
enient d’applications r
ep
et
ees et de cr
eation de
l
esions cicatricielles. L’imiquimod est un immuno-modula-
teur local, antiviral et antitumoral qui pr
esente l’int
er^
et
d’^
etre auto-applicable par le patient. Son usage est valid
e
dans les n
eoplasies intra-
epith
eliales vulvaires de haut
grade et dans le traitement des condylomes anaux
extracanalaires. Son b
en
efice dans le traitement des NIA
a
et
esugg
er
e par plusieurs essais non contr^
ol
es. L’objectif
des auteurs
etait d’
evaluer l’efficacit
e de l’imiquimod dans
le traitement des NIA de haut grade par un essai
multicentrique, randomis
e et contr^
ol
e en double aveugle
et contre un placebo. Les patients inclus
etaient des
homosexuels masculins infect
es par le VIH, sous traitement
antir
etroviral depuis plus de trois mois et avec un bon
contr^
ole immunologique. Apr
es confirmation de la NIA par
AHR, on apprenait aux patients
a appliquer la cr
eme
a
raison d’un demi-sachet trois fois par semaine pendant
quatre mois. La r
eponse
etait
evalu
ee par l’AHR
a six mois.
Ont
et
e ainsi inclus 64 patients dont 11 ont
et
e perdus
de vue. Les deux groupes
etaient comparables pour
l’^
age (42 ans), la proportion de fumeurs, l’anciennet
ede
l’infection par le VIH (moyenne de plus de dix ans) et le
bon contr^
ole sous traitement antir
etroviral. Apr
es un suivi
m
edian de 36 mois, le taux de disparition de NIA de haut
grade
etait de 61 % avec un b
en
efice significatif en faveur
de l’imiquimod ( p= 0,003) et peu d’effets secondaires
(un seul arr^
et pour intol
erance).
‘‘ Il s’agit du premier essai th
erapeutique de haut
niveau de preuve scientifique dans le domaine
des NIA. Le taux d’efficacit
e est comparable
a
celui de 45 %
a 75 % rapport
e ant
erieurement
[16-18]. En outre, le suivi particuli
erement long
(jusqu’
a 79 mois) a permis aux auteurs de donner
des taux de r
ecidives fiables et de documenter
deux cancers. D
epister les NIA peut conduire
a
un diagnostic et donc
a une prise en charge
du carcinome
epidermoı¨de de l’anus
aun
stade pr
ecoce. Mais l’int
er^
et principal de cette
d
emarche est de traiter la NIA pour pr
evenir le
cancer. L’imiquimod apparaıˆt donc comme une
alternative acceptable
a des traitements ablatifs
mutilants mais, compte tenu de la difficult
e
diagnostique, de la fr
equence et de la possibilit
e
de r
egression spontan
ee des NIA de bas grade,
on ne doit pour l’instant traiter que les NIA de haut
grade [11].’’
360 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n85, mai 2012
ossier th
ematiqueD
HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
N
eoplasies
intra-
epith
eliales
de l‘anus
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