D O S S I E R T H É M A T I Q U E Avant-propos ● L. Choné* e cancer de l’anus est un cancer rare dont l’incidence est inférieure à 1/100 000. Il accuse cependant ces dernières années une nette augmentation dans les pays occidentaux. Il concerne plus souvent des femmes dont l’âge moyen se situe autour de 65 ans. Jusque dans les années 1970-1980, le cancer de l’anus était considéré comme résultant d’une inflammation chronique de la région périanale et son traitement reposait sur l’amputation abdomino-périnéale avec colostomie définitive. De larges études contrôlées récentes ont permis de réviser ces données physiopathologiques et d’améliorer la prise en charge de ces cancers. En effet, plusieurs facteurs prédisposants ont maintenant été clairement identifiés. L’infection par les virus du groupe Human papilloma virus (HPV) de type 16 ou 18 est actuellement considérée comme le principal facteur pathogénique de ce cancer. Le cancer du canal anal est également associé à certaines pratiques sexuelles (partenaires multiples et sodomie) et à la présence de lésions dysplasiques de la sphère génitale basse chez la femme, mais l’infection à HPV est probablement le dénominateur com- L * Service d’hépato-gastroentérologie, CHU de Brabois, Vandœuvre-lès-Nancy. mun de l’ensemble de ces facteurs. Par ailleurs, les lésions précancéreuses, auparavant considérées comme rares, sont maintenant diagnostiquées de plus en plus fréquemment, surtout chez les homosexuels. Ces lésions, asymptomatiques, sont le plus souvent découvertes de façon fortuite lors de l’examen histologique de pièces d’hémorroïdectomie ou d’autre petite chirurgie proctologique. Ces observations pourraient constituer les prémices à la mise en place de mesures préventives ou de dépistage dans des populations ciblées. Les essais de traitements adjuvants proposés dans les années 1970 ont également ouvert la voie à d’importantes modifications thérapeutiques : la radiothérapie le plus souvent associée à la chimiothérapie constitue désormais le standard thérapeutique de ces cancers et le traitement chirurgical ne conserve que des indications de rattrapage. Le choix du traitement nécessite un bilan d’extension qui, là encore, s’est récemment affiné grâce à la diffusion de l’échoendoscopie. En raison de sa rareté, le cancer de l’anus est souvent mal connu… mais, malgré sa rareté et grâce à l’inclusion des patients dans de larges études cliniques, la physiopathologie et le traitement du cancer de l’anus ont été, ces dernières années, l’objet de profonds bouleversements qui méritent d’être connus. ■ Lab’infos Académie Orphan Europe : pour que des maladies soient un peu moins orphelines 236 Orphan Europe, laboratoire pharmaceutique spécialisé dans les médicaments orphelins, met à la disposition des médecins plus de 10 médicaments pour le traitement des maladies rares. Pour que ces maladies rares soient mieux connues, des formations sont organisées par un centre de recherche organisateur. Un premier séminaire aura lieu en 2001 à Bergame (“Syndrome urémique hémolytique et purpura thrombocytopénique”) et un deuxième est prévu en octobre 2001 à Heidelberg (“Erreurs innées du métabolisme”). La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - no 5 - vol. III - octobre 2000