Journal Identification = MTE Article Identification = 0442 Date: March 15, 2013 Time: 4:9 pm
Mini-revue
de remaniements chromosomiques tels que des inver-
sions [19, 20]. Cette hypothèse a été validée notamment
grâce aux comparaisons de génomes et au séquenc¸age
des chromosomes X et Y humains [13, 14]. La portion
euchromatique de la MSY humaine, relativement petite
(∼23 Mb), contient 172 unités transcriptionnelles codant
pour 27 protéines différentes, la plupart étant exprimées
uniquement dans les testicules et impliquées dans la sper-
matogenèse [13, 21].
Les séquences localisées dans la MSY révèlent des his-
toires évolutives très différentes, tant au regard de leur
origine que de leur évolution après l’arrêt de la recom-
binaison. Une partie des gènes de la MSY correspondent
à un ensemble de gènes, présents sur la paire autosomale
ancestrale, ayant subi une évolution différentielle sur le
X et le Y [13, 14, 20]. On peut également identifier des
gènes acquis par rétrotransposition ou transposition d’un
autre chromosome, après la divergence initiale du X et
du Y. L’origine génomique de ces gènes est diverse. Deux
gènes sont situés dans une région d’environ 3,4 Mb issue
d’une transposition depuis le X vers le Y, après la diver-
gence de l’homme et du chimpanzé [13, 22]. Deux autres
gènes sont issus d’autosomes pendant l’histoire évolutive
des primates : le gène DAZ est issu du chromosome 3 [23]
et CDY du chromosome 13 [24].
Ultérieurement, les séquences Y, quelle que soit leur
origine, ont évolué globalement de deux fac¸ons différentes
selon leur fonction, mâle-spécifique ou non. Ainsi, une
première portion de la MSY (∼10,2 Mb), la région ampli-
conique, dense en gènes, forme néanmoins un ensemble
fonctionnellement homogène, spécialisé dans la fonction
mâle avec une expression spécifique dans les testicules
[13]. Elle rassemble de longues régions de séquences
dupliquées, le plus souvent agencées selon une structure
en palindrome. Ces gènes correspondent à un ensemble
de familles multigéniques dans lequel le nombre de copies
varie : deux (VCY,XKRY,HSFY,PRY), trois (BPY2) quatre
(CDY,DAZ), six (RBMY) ou même 35 (TSPY) copies [13].
La seconde portion de la MSY regroupe 16 gènes en
copie unique, exprimés dans différents tissus, ainsi que
des pseudogènes, tous homologues des 27 gènes liés au
X, vestiges du temps où le X et le Y constituaient une
paire d’autosomes [13, 21]. La comparaison de séquences
des gènes homologues X et Y permet de reconnaître
des niveaux de divergence très différents (entre 60 et
96 % d’identité) en fonction de leur localisation sur le
X. Entre les paires de gènes X-Y, la divergence augmente
par tranches successives le long du chromosome X en
«strates évolutives »[20]. Actuellement, chez l’homme,
cinq strates évolutives sont reconnues, suggérant au moins
cinq évènements d’arrêt de la recombinaison entre X et Y,
le premier impliquant la région comprenant le gène Sry
[13, 14, 20].
La différenciation X-Y et la spécialisation du Y dans
la fonction mâle sont le résultat d’une longue évolution à
partir d’une paire d’autosomes, suite à la suppression de la
recombinaison. Cela a permis l’acquisition de gènes spé-
cifiques au sexe mâle, mais a également des conséquences
fâcheuses pour le Y.
La dégénérescence du Y
La différenciation progressive du X et du Y est à
l’origine d’un contenu en gènes différent, mais également
d’une structure différente. Le Y est largement hétéro-
chromatique (∼60 %) et présente un grand nombre
de séquences répétées, dont des éléments transposables
comme les LINE ou les séquences Alu [13]. Après environ
150 Ma d’évolution indépendante du X, la région euchro-
matique de la MSY représente 1/6 de la taille du X et n’a
que 1/12 du nombre de gènes [13, 14]. Il apparaît ainsi
qu’en dehors des RPA, le Y humain a perdu 97 % des
gènes initialement présents. De plus, les gènes du Y sont
des homologues sur le X, en version plus ou moins dété-
riorée, quand ils n’ont pas été perdus [13]. En effet, sur
les 27 paires X-Y identifiées, 14 copies Y semblent cor-
respondre à des copies fonctionnelles, codant pour des
isoformes très similaires mais non identiques à celles du
X. Par exemple, les gènes X et Y de l’amélogénine pré-
sentent des différences relatives à leur séquence, au patron
d’épissage et au degré d’expression [25]. Les 13 autres
gènes liés au Y correspondent à des pseudogènes qui
présentent encore une similitude avec leurs homologues
du X relativement importante, en termes de séquence
et de structure (exons-introns) [13]. Le fait que certains
gènes Y soient exprimés pourrait entraîner des différences
de dosage entre les mâles et les femelles à cause de
l’inactivation d’un X chez les femelles. Or, il a été mon-
tré que les gènes Y fonctionnels sont majoritairement
des gènes ayant arrêté de recombiner récemment (strates
4 et 5) et qui échappent, au moins en grande partie, à
l’inactivation du X chez les femelles [26]. Étonnamment,
certains gènes qui échappent à l’inactivation dans ces
strates récentes n’ont pas d’homologue fonctionnel sur le
Y, comme par exemple le gène STS (pseudogène sur le
Y), sans que cela semble poser problème. Les facteurs à
l’origine de l’expression des gènes portés par le X, qu’elle
soit complète, partielle ou inexistante, sont encore très mal
connus. Une meilleure compréhension des mécanismes
de régulation de l’expression des gènes portés par le X
et le Y permettraient probablement de mieux comprendre
l’évolution du déterminisme du sexe et des chromosomes
sexuels.
La faible densité en gènes, la pseudogénéisation et
l’accumulation d’éléments transposables sont les signes
d’une dégénérescence du chromosome Y [27]. Il semble
que les régions du Y qui ont cessé de recombiner en pre-
mier, et notamment la strate 1 comprenant Sry, sont celles
qui montrent les signes de dégénérescence les plus mar-
80 mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 15, n◦1, janvier-février-mars 2013
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