Journal Identification = MTP Article Identification = 0479 Date: May 24, 2013 Time: 10:59 am
dite attentionnelle prédominante est retrouvée chez près
de 30 % des enfants et est plus fréquemment observée
chez les filles. L’absence de symptômes externalisés en
rend de ce fait plus difficile leur reconnaissance et par
conséquent l’établissement du diagnostic. Enfin, la forme
hyperactive/impulsive prédominante est exceptionnelle-
ment décrite. Il existe une importante hétérogénéité de
la présentation clinique de ces enfants. Cette hétérogé-
néité est d’autant plus riche que les comorbidités dans le
TDA/H sont particulièrement fréquentes. Elles concernent,
en particulier, divers troubles psychiatriques, des troubles
spécifiques des apprentissages ainsi que les troubles du
sommeil.
L’objectif de ce travail consiste à souligner
l’importance des troubles du sommeil et de la vigi-
lance chez les enfants souffrant de TDA/H. Nous mettrons
l’accent sur la fréquence de l’association du TDA/H avec
les troubles moteurs liés au sommeil et les parasomnies
du sommeil lent profond (SLP).
Perturbations de la vigilance
dans le trouble du déficit d’attention
avec ou sans hyperactivité
La clinique du TDA/H résulte de l’interaction entre
une prédisposition génétique et des facteurs environne-
mentaux dont les mécanismes étiopathogéniques restent
encore mal connus. Une perturbation des processus de
vigilance (i.e., la somnolence) pourrait expliquer pour
partie les symptômes diurnes du TDA/H. La plainte de
somnolence diurne excessive (SDE) n’est pas rare dans le
contexte du TDA/H. Il s’agit d’une symptomatologie qui
est pourtant peu rapportée de fac¸on spontanée compara-
tivement aux symptômes d’instabilité motrice. Des études
rapportent une fréquence accrue de SDE chez les enfants
TDA/H, sur des paramètres subjectifs [5, 6]. Cette pro-
pension à la somnolence a également été investiguée de
fac¸on objective au moyen de tests itératifs des latences
d’endormissement. Deux études contrôlées révèlent des
latences d’endormissement plus courtes chez les sujets
TDA/H [7, 8], principalement sur les trois premiers tests
[7]. Cependant, la latence d’endormissement moyenne
chez les sujets TDA/H n’était pas inférieure à huit minutes,
seuil nécessaire pour retenir une somnolence objective.
Si l’association entre SDE et symptômes de TDA/H
peut apparaître paradoxale, elle pourrait être expliquée
par un modèle dit d’hypoarousal [9]. Selon ce modèle,
les symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité pourraient
être considérés comme des stratégies développées afin
de lutter contre la somnolence. Deux hypothèses peuvent
être formulées pour expliquer les troubles de la vigilance
dans le TDA/H. La première stipule qu’il existerait un
désordre primaire de la vigilance dans le TDA/H, bien
qu’aucune anomalie biologique n’ait été décelée à ce jour.
La seconde propose que les troubles de la vigilance dans
le TDA/H seraient l’une des conséquences d’un mauvais
sommeil de nuit.
Altérations de la qualité du sommeil
de nuit dans le trouble du déficit
d’attention avec ou sans hyperactivité
De nombreux travaux menés chez l’adulte sain sou-
lignent les conséquences délétères de la restriction et de la
privation de sommeil sur le fonctionnement cognitif. Parmi
ses conséquences, sont notamment décrites une altération
de la vigilance et des fonctions exécutives [10, 11], ainsi
qu’une augmentation de l’impulsivité [12, 13]. Il est donc
tout à fait possible que les troubles de la vigilance, les
troubles cognitifs et comportementaux du TDA/H soient
le reflet de perturbations du sommeil.
Les enfants TDA/H rapportent fréquemment des
plaintes en rapport avec la mauvaise qualité de leur som-
meil. L’insomnie est une plainte fréquente chez les enfants
TDA/H. Elle concerne le plus souvent l’endormissement.
Une méta-analyse récente souligne la fréquence de la
plainte d’insomnie, à la fois d’endormissement, de main-
tien et par réveil précoce chez 722 enfants TDA/H [14].
Par ailleurs, une étude récente suggère que l’insomnie
d’endormissement dans le TDA/H de l’enfant pourrait être
en lien avec un retard de la sécrétion de mélatonine [15].
Les données de la littérature relatives à la docu-
mentation des caractéristiques architecturales du sommeil
dans le TDA/H de l’enfant sont controversées. Une méta-
analyse conduite sur 16 études incluant des paramètres
polysomnographiques révèle une augmentation de la
latence d’endormissement, une diminution de l’efficacité
de sommeil et un index apnées-hypopnées plus élevé chez
les enfants TDA/H comparativement à témoins [14]. Un
second travail de ce genre portant sur 12 études en poly-
somnographie souligne l’absence d’arguments en faveur
d’anomalies architecturales du sommeil, à l’exclusion
d’une augmentation des mouvements périodiques des
membres inférieurs (MPMI) [16].
Il n’existe donc pas de perturbations majeures de
l’architecture globale du sommeil chez ces enfants. Pour-
tant, la présence d’un sommeil agité est très fréquemment
rapportée par leurs parents. Konofal et al. ont récemment
rapporté que des enfants avec un TDA/H comparativement
à des témoins présentaient une activité motrice nocturne
plus importante [17]. Cette activité motrice intéressait
les membres inférieurs et supérieurs ainsi que le corps
entier. La présence anormalement élevée de mouvements
au cours du sommeil au sein de cette population cli-
nique peut être en rapport avec des troubles intrinsèques
du sommeil très prévalents dans ce contexte. Il s’agit du
mt pédiatrie, vol. 16, n◦2, avril-mai-juin 2013 119
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