formation des ectomycorhizes.Nous commencerons par montrer quelaplupart des champignons
ectomycorhiziens peuvent synthétiser des phytohormones,en particulier l’acide indole-3-acétique.
Puis,nous concentrerons notreattention sur cetteauxine dont nous essaierons de préciser le rôle
dans l’établissement de la symbioseectomycorhizienne ; enfin,nous présenterons différents travaux
quiont utilisélacapacitéde synthèsed’auxine par les champignons ectomycorhiziens pour favori-
ser laformation de racines adventives sur des boutures.
LES CHAMPIGNONS ECTOMYCORHIZIENS SYNTHÉTISENT DES HORMONES VÉGÉTALES
Certains champignons ectomycorhiziens libèrent des cytokinines (Ho,1987a, 1987b; Kampert et
Strzelczyk,1990;Kraigher et al.,1991),des gibbérellines (Gogala, 1971) ou de l’éthylène (Graham
et Linderman,1980;DeVries et al.,1987)mais laproduction de ces phytohormones est beaucoup
moins fréquenteparmi les champignons ectomycorhiziens quecelle de l’auxine. Denombreux
auteurs ont montréqueles champignons ectomycorhiziens étaient capables de synthétiser de l’AIA
lorsqu’ils sont cultivés sur unmilieu contenant du tryptophane (Ulrich,1960 ; Eket al.,1983;
Strzelczyket Pokojska-Burdziej,1984 ; Frankenberger et Poth,1987; Gay et al.,1989). Les pre-
mières méthodes d’analysedel’AIA utilisées étaient des tests biologiques mesurant notamment la
courburedecoléoptiles d’avoine en réaction àl’application d’auxine. Ces tests sont sensibles mais
relativement difficiles à réaliser et peu reproductibles.Les réactifs colorés,plus simples àemployer,
présentent cependant l’inconvénient d’êtrepeu spécifiques et environ 100 fois moins sensibles que
les précédents.
Dans toutes les études antérieures aux années80,l’auxine produitepar les champignons ectomy-
corhiziens était détectée en utilisant des réactifs colorés parfois associés àlachromatographie sur
couche mince. La faible sensibilitédeces méthodes permettait de détecter une production d’AIA
seulement lorsqu’unprécurseur de l’auxine,comme le tryptophane,était ajoutéau milieu de culture,
àdes concentrations allant jusqu’à10 ou 50mM(1).La quantitéd’AIA produitedans ces conditions
était énorme,doncfacilement détectable,mais n’avait aucune signification physiologique. La
conclusion de ces études est quelaplupart des champignons ectomycorhiziens ne sont pas
capables de produiredel’auxine en l’absencedeprécurseur exogène. Toutefois,le développement
des méthodes d’analyse, telles quelachromatographie liquide hauteperformanceou lachromato-
graphie en phasegazeuseassociées àla spectrométrie de masse,ou encorel’immunochimie,ont
permis de doser avecprécision des quantités d’auxine de l’ordredelapicomole. Ces méthodes,
dans tous les cas où elles ont été utilisées,ont permis de détecter des quantités d’auxine très
faibles,mais suffisantes pour affecter laphysiologie d’un système racinaire,dans les milieux de
culturedes champignons ectomycorhiziens cultivés en l’absencedeprécurseur (Eket al.,1983;
Frankenberger et Poth,1987;Gay et al.,1994). Sur labasedeces résultats,il semble réalistede
considérer quelaplupart des champignons ectomycorhiziens sont capables de produiredes
quantités physiologiquement actives d’AIA, même en l’absencedeprécurseur.
Silaproduction d’auxine est très commune parmi les champignons ectomycorhiziens,les quantités
synthétisées varient énormément entreles espèces,entreles souches d’une même espèceet même
au sein de ladescendanced’une seule souche (Gay et Debaud,1987). Deplus,les conditions de
cultureinfluencent beaucouplaquantitéd’AIA synthétisée :des conditions de culturedéfavorables
au métabolisme primaire stimulent laproduction d’AIA (Gay,1986). Onpeut remarquer queles
conditions de culturefavorables àl’établissement de la symbioseectomycorhizienne,notamment de
faibles concentrations en azote, sont également très favorables àla synthèsed’AIA par les
champignons ectomycorhiziens (Gay,1988).
ChafikaKARABAGHLI -B.SOTTA -G.GAY
100
(1) mM=millimolaire.