Chapitre 1 : Le judaïsme
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Ce n’est pas sans raison qu’on dit parfois
mosaïsme
au lieu de
judaïsme
24, tel-
lement est grande l’importance de Moïse considéré comme le premier et le plus
grand des prophètes, comme celui qui est à la fois le fondateur de la religion
juive, le libérateur du peuple juif, son intercesseur éternel. Moïse est non seule-
ment le prophète qui a reçu
toute
la révélation, comme nous le verrons plus
loin, mais aussi le prototype du Messie futur, et encore celui dont les mérites
rejaillissent sur toutes les générations passées et à venir. On ne saurait exagé-
rer la centralité de Moïse dans le judaïsme, car si le judaïsme est théo-centré,
c’est de Moïse et du mosaïsme qu’il en reçoit direction et directives.
De même que le christianisme est christo-centré (même si tout doit faire
retour au Père), on peut dire,
mutatis mutandis,
que le judaïsme est moïso-
centré.
Israël en exil attend-espère la venue du Messie rédempteur. Le lien qui unit
Israël (le peuple) à Israël (la terre) est un lien conditionnel. Dans le contrat (la
Torah) qui lie Dieu à son peuple, La Terre promise (Israël) n’est pas à posséder
mais à mériter.
En d’autres termes, Israël ne peut résider en Israël que s’il est fidèle à la Loi
(Torah). Infidèle à celle-ci, il disparaîtra partiellement ou sera voué à l’Exil où
la Présence de Dieu (la
Chekhinah)
l’accompagnera cependant.
Et c’est, comme en témoigne l’Histoire, ce qui est arrivé.
Après une courte période d’indépendance rayonnante et royale (David,
Salomon), de grands désastres ponctuent l’histoire d’Israël : 722, 586 avant
notre ère, 70 et 135 de notre ère (voir tableau :
Repères historiques).
À partir de ce moment et pendant près de deux mille ans, l’histoire juive
connaît de nombreuses péripéties et vicissitudes, expulsions et massacres,
mais aussi des terres d’accueil et des périodes, géographiquement localisées,
de grandeur et de paix relative, en terre d’Islam surtout, mais aussi en terre
chrétienne.
Le peuple juif n’en demeure pas moins en exil
(galouth),
dans la dispersion
(diaspora),
dans l’attente du Messie rédempteur.
Messie-rédempteur pensé à la fois comme celui qui, tel un nouveau Moïse,
« fils de David », libérera son peuple de l’exil-esclavage et lui fera remériter la
Terre promise, Israël, et comme celui, plus mystérieux, qui, à la fin des temps
(ère messianique), mettra fin à toute souffrance et à toute injustice en éta-
blissant le royaume universel de la sainteté et de la paix.
© Eyrolles Pratique
Religions du ME(3 avril 2004) 28/05/04 15:30 Page 49