Vladimir Grigorieff
Les monothéismes,
l’hindouisme et le bouddhisme
Religions
du monde entier
Religions du ME(3 avril 2004) 28/05/04 15:30 Page 3
© Groupe Eyrolles, 2004
ISBN 2-7081-3521-X
Chapitre 1
Le judaïsme
:
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Les piliers du judaïsme : Le Dieu Vivant
Israël La Torah La terre d’Israël
Le Dieu Vivant se choisit un peuple et fait alliance avec lui : Abraham, Isaac,
Jacob (Israël).
Qu’il y eût avant Abraham d’autres croyants au vrai Dieu, la Bible même l’at-
teste. Pour mémoire, qu’on se rappelle Noé, sauvé du Déluge 20, comme aussi
Melchisédek 21 qui bénit Abraham.
Mais avec Abraham, ce chef, d’origine païenne, d’un groupe migrant de
Mésopotamie, Dieu n’est plus seulement connu comme le Très-Haut, le
Créateur 22 mais comme Dieu Vivant qu’il s’agit d’écouter comme la
Personne-Une qui parle ici et maintenant
(hic et nunc),
dont les injonctions
imposent obéissance absolue et dont les promesses sont dignes de confian-
ce absolue. Avec Abraham, Dieu et l’homme s’engagent dans une Histoire,
dans une Alliance pour un peuple.
Sur l’ordre de Dieu, Abraham quitte son pays. Sur l’ordre de Dieu, Abraham,
prêt à lui sacrifier son fils Isaac 23, ne doute pourtant pas des promesses de
Dieu quant à sa postérité, quant à la Terre promise, quant aux futures nations
qui en lui sont bénies.
En Abraham, Dieu se choisit déjà son peuple de fidèles et fait alliance avec lui.
Le Dieu Vivant signifie par là qu’il intervient dans l’Histoire et qu’il élit pour
ce faire un peuple. Peuple envers lequel il tiendra ses promesses mais dont en
retour il n’exigera rien moins que la sainteté.
L’alliance se poursuit avec Isaac, puis avec Jacob qui changera son nom en
celui d’Israël.
Les trois Patriarches et les quatre Matriarches de la tradition juive sont donc :
Abraham et Sarah, Isaac et Rébécca, Jacob (Israël) époux de Léa et de Rachel.
Ce peuple reçoit la Loi
(Torah)
et la promesse d’une Terre
.
Quelques siècles plus
tard, Moïse, reprenant le fil de l’Alliance, sous la conduite de Dieu, libère le
peuple juif
(am Israël),
esclave en Égypte.
Sur le mont Sinaï, Moïse reçoit la Loi
(Torah)
et l’injonction de conduire le
peuple en Terre promise, en Canaan, en Israël
(èrèts Israël).
Pendant quarante
ans de pérégrinations dans le désert, le peuple fera l’apprentissage du joug de
la Loi et de la liberté (à s’y soumettre) .
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Chapitre 1 : Le judaïsme
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Ce n’est pas sans raison qu’on dit parfois
mosaïsme
au lieu de
judaïsme
24, tel-
lement est grande l’importance de Moïse considéré comme le premier et le plus
grand des prophètes, comme celui qui est à la fois le fondateur de la religion
juive, le libérateur du peuple juif, son intercesseur éternel. Moïse est non seule-
ment le prophète qui a reçu
toute
la révélation, comme nous le verrons plus
loin, mais aussi le prototype du Messie futur, et encore celui dont les mérites
rejaillissent sur toutes les générations passées et à venir. On ne saurait exagé-
rer la centralité de Moïse dans le judaïsme, car si le judaïsme est théo-centré,
c’est de Moïse et du mosaïsme qu’il en reçoit direction et directives.
De même que le christianisme est christo-centré (même si tout doit faire
retour au Père), on peut dire,
mutatis mutandis,
que le judaïsme est moïso-
centré.
Israël en exil attend-espère la venue du Messie rédempteur. Le lien qui unit
Israël (le peuple) à Israël (la terre) est un lien conditionnel. Dans le contrat (la
Torah) qui lie Dieu à son peuple, La Terre promise (Israël) n’est pas à posséder
mais à mériter.
En d’autres termes, Israël ne peut résider en Israël que s’il est fidèle à la Loi
(Torah). Infidèle à celle-ci, il disparaîtra partiellement ou sera voué à l’Exil où
la Présence de Dieu (la
Chekhinah)
l’accompagnera cependant.
Et c’est, comme en témoigne l’Histoire, ce qui est arrivé.
Après une courte période d’indépendance rayonnante et royale (David,
Salomon), de grands désastres ponctuent l’histoire d’Israël : 722, 586 avant
notre ère, 70 et 135 de notre ère (voir tableau :
Repères historiques).
À partir de ce moment et pendant près de deux mille ans, l’histoire juive
connaît de nombreuses péripéties et vicissitudes, expulsions et massacres,
mais aussi des terres d’accueil et des périodes, géographiquement localisées,
de grandeur et de paix relative, en terre d’Islam surtout, mais aussi en terre
chrétienne.
Le peuple juif n’en demeure pas moins en exil
(galouth),
dans la dispersion
(diaspora),
dans l’attente du Messie rédempteur.
Messie-rédempteur pensé à la fois comme celui qui, tel un nouveau Moïse,
« fils de David », libérera son peuple de l’exil-esclavage et lui fera remériter la
Terre promise, Israël, et comme celui, plus mystérieux, qui, à la fin des temps
(ère messianique), mettra fin à toute souffrance et à toute injustice en éta-
blissant le royaume universel de la sainteté et de la paix.
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Repères historiques
-1700 Abraham quitte la Mésopotamie pour Canaan.
-1300 Moïse libère le peuple juif esclave en Égypte.
-1010-970 Règne de David.
-970-930 Règne de Salomon. À sa mort, deux royaumes : Israël au Nord
(10 tribus) et Juda au Sud (2 tribus).
-722 Prise, par Sargon II d’Assyrie, de Samarie, capitale du royaume
d’Israël. Déportation de sa population qui « disparaît » en
Babylonie (« les dix tribus perdues »). Fin du royaume d’Israël.
-586 Prise et destruction de Jérusalem, capitale du royaume de Juda,
par Nabuchodonosor, roi de Babylone. Déportation de l’« élite »
juive en Babylonie. Destruction du 1er Temple.
-536 Cyrus, roi des Perses, autorise les Juifs au retour. Une partie seu-
lement rentre au pays.
-200 La révolte des Maccabées contre l’hellénisation.
66-70 1re guerre des Juifs contre Rome. Titus s’empare de Jérusalem.
Destruction du second Temple.
135 Deuxième guerre des Juifs contre Rome. Disparition de l’État juif.
À partir de cette date et jusqu’au XVIIIesiècle, les Juifs vivront en Diaspora
(dispersion), autrement dit en Exil, migrants à l’ombre de la Croix, installés à
l’ombre du Croissant, quoique, selon les époques, il y aura toujours une pré-
sence juive en Judée, fût-elle minime.
À partir du XVIIIesiècle s’opérera la progressive accession des Juifs à l’émancipa-
tion (égalité des droits), leur sortie du ghetto, leur entrée en « modernité ».
Laquelle entraînera des courants divers : réformismes religieux, « assimilatio-
nismes », sionismes…
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