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Situation initiale
La protection des espèces est une tâche de la Confédération. L’article 78,
alinéa 4 de la Constitution fédérale stipule en effet que: «La Confédération
légifère sur la protection de la faune et de la flore et sur le maintien de
leur milieu naturel dans sa diversité. Elle protège les espèces menacées
d’extinction.» Les participantes et participants à la Conférence des ministres
européens de l’Environnement, organisée en mai 2003 à Kiev, se sont donné
comme objectif impératif de juguler le recul de la biodiversité d’ici à 2010.
La Suisse a signé cet engagement.
Par rapport à l’étendue de son territoire, la Suisse comprend une grande
diversité d’espèces. On estime que 40’000 espèces animales, plus de 4’000
espèces végétales et environ 5’000 espèces de champignons vivent dans
notre pays. Cette richesse s’explique par la situation géographique de la
Suisse au centre de l’Europe ainsi que par la très grande variété des milieux
naturels due au climat et à l’altitude. Au cours des 15 dernières années, des
efforts notables ont été entrepris par divers acteurs pour préserver la diver-
sité qui, pourtant, ne cesse de diminuer. Un quart environ des 7’500 espè-
ces végétales et animales examinées plus précisément figure dans une liste
rouge. Les pronostics quant à la diversité des espèces sont sombres, selon le
bilan du Forum Biodiversité Suisse qui a édité en 2004 un ouvrage intitulé
«La biodiversité en Suisse. Etat, sauvegarde, perspectives».
Parmi les principales raisons expliquant le recul de la biodiversité, il faut
citer:
– l’évolution des pratiques agricoles;
– la régulation des cours d’eau;
– le bétonnage et le morcellement du paysage;
– les changements survenus dans l’exploitation forestière;
– la pollution de l’air, des eaux et du sol.
Pour la quasi-totalité des milieux naturels, la situation continuera de se
dégrader si des contre-mesures ne sont pas prises. Toutefois, des informa-
tions concrètes ne sont disponibles que pour les espèces figurant dans les
listes rouges. Le recul de la diversité des espèces s’est même accentué au
cours des dernières décennies, comme le révèle une analyse entreprise à
l’instigation de Pro Natura (Aschwanden 2004):
– L’examen des atlas de distribution, des listes rouges ainsi que de l’étude
portant sur les listes bleues donne une idée de l’évolution de certaines
espèces animales et végétales; au cours des dernières années, la situation
s’est améliorée pour une partie des espèces figurant dans les listes rouges,
mais elle s’est dégradée en ce qui concerne, au minimum, deux fois plus
d’espèces de ces mêmes listes.
– De 1950 à 2000, au moins 67 espèces animales ou végétales ont disparu
de Suisse, un chiffre considérablement plus élevé que celui des espèces
disparues de 1900 à 1950 (au moins 41); rien n’indique un infléchisse-
ment de cette évolution (fig.).
Point de vue Pro Natura: protection des espèces