Point de vue: protection des espèces
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Photo:
Bien qu’il soit courant en Suisse, le lérot est menacé
au plan international. La Suisse porte ainsi une responsabilité
particulière envers cette espèce. (© blickwinkel/W. Layer)
Mise en page et impression:
Steudler Press AG, Bâle
Imprimé sur papier 100% recyclé.
Adopté par le Conseil des délégués le 27 août 2005
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Point de vue Pro Natura:
protection des espèces
Favoriser la biodiversité au lieu
de conserver les espèces
Longtemps durant, la protection de la nature s’est attachée unique-
ment aux espèces rares et menacées, s’inquiétant des voies et moy-
ens propres à restaurer les paysages de naguère afin de conserver ces
espèces. Cette conception de la protection n’est plus d’actualité. Pour
Pro Natura, la protection des espèces doit à l’avenir envisager des
paysages diversifiés et riches en espèces. Les espèces colonisant les
espaces naturels doivent disposer des habitats nécessaires. Les paysa-
ges cultivés doivent poursuivre leur évolution, sans préjudice de la
diversité des espèces. Les espèces pour lesquelles la Suisse assume
une responsabilité particulière seront favorisées par des projets par-
ticuliers. L’objectif de Pro Natura est formulé comme suit: plus aucune
espèce animale ou végétale ne doit disparaître (en raison d’activités
humaines); les espèces fréquentes le restent, les espèces devenues
rares sont à nouveau communes et la biodiversité naturelle s’accroît.
Pour atteindre ces objectifs, voici ce que Pro Natura demande:
1 La Confédération élabore une stratégie de la biodiversité.
2 La gestion des paysages est améliorée.
3 Des mesures de protection sont prises dans les biotopes et aires
protégées.
4 Des mesures particulières sont à prendre concernant des espèces
ou des groupes d’espèces, notamment:
4.1 Ne pas affaiblir la protection légale des espèces.
4.2 Améliorer l’application des dispositions sur la protection
des espèces.
4.3 Réduire les dommages causés par des espèces exotiques
envahissantes.
4.4 Promouvoir financièrement la protection des espèces.
4.5 Confédération et cantons réalisent conjointement
des projets de conservation d’espèces prioritaires.
4.6 Associer activement la population aux mesures de
conservation.
4.7 Faire preuve de retenue en matière de réintroduction
d’espèces.
4.8 Améliorer les bases scientifiques de la protection des espèces.
4.9 Poursuivre et compléter le suivi de la biodiversité.
4.10 Sensibiliser la population à la cause de la biodiversité.
Point de vue Pro Natura: protection des espèces
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But de ce document
Dans ce document, Pro Natura expose les objectifs qui, de son point de
vue, doivent être poursuivis en matière de protection des espèces afin de
préserver et de favoriser les organismes vivants indigènes. Elle y présente les
mesures que doivent prendre la Confédération, les cantons, les communes,
les organisations de protection de la nature ainsi que d’autres acteurs pour
que ces objectifs puissent être atteints. Cette position s’adresse à tous les
acteurs de la protection des espèces, en particulier aux responsables politi-
ques nationaux, cantonaux et communaux, aux autorités, aux organisations
apparentées et au public intéressé.
Qu’est-ce que la protection des espèces?
Pour Pro Natura, la protection des espèces englobe toutes les mesures à
même d’assurer la pérennité des espèces végétales, animales et des cham-
pignons dans leur aire de distribution naturelle. La protection des espèces
concerne donc toute la diversité des espèces et ne traite pas seulement des
espèces menacées.
Point de vue Pro Natura: protection des espèces
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Situation initiale
La protection des espèces est une tâche de la Confédération. L’article 78,
alinéa 4 de la Constitution fédérale stipule en effet que: «La Confédération
légifère sur la protection de la faune et de la flore et sur le maintien de
leur milieu naturel dans sa diversité. Elle protège les espèces menacées
d’extinction.» Les participantes et participants à la Conférence des ministres
européens de l’Environnement, organisée en mai 2003 à Kiev, se sont donné
comme objectif impératif de juguler le recul de la biodiversité d’ici à 2010.
La Suisse a signé cet engagement.
Par rapport à l’étendue de son territoire, la Suisse comprend une grande
diversité d’espèces. On estime que 40’000 espèces animales, plus de 4’000
espèces végétales et environ 5’000 espèces de champignons vivent dans
notre pays. Cette richesse s’explique par la situation géographique de la
Suisse au centre de l’Europe ainsi que par la très grande variété des milieux
naturels due au climat et à l’altitude. Au cours des 15 dernières années, des
efforts notables ont été entrepris par divers acteurs pour préserver la diver-
sité qui, pourtant, ne cesse de diminuer. Un quart environ des 7’500 espè-
ces végétales et animales examinées plus précisément figure dans une liste
rouge. Les pronostics quant à la diversité des espèces sont sombres, selon le
bilan du Forum Biodiversité Suisse qui a édité en 2004 un ouvrage intitulé
«La biodiversité en Suisse. Etat, sauvegarde, perspectives».
Parmi les principales raisons expliquant le recul de la biodiversité, il faut
citer:
l’évolution des pratiques agricoles;
la régulation des cours d’eau;
le bétonnage et le morcellement du paysage;
les changements survenus dans l’exploitation forestière;
la pollution de l’air, des eaux et du sol.
Pour la quasi-totalité des milieux naturels, la situation continuera de se
dégrader si des contre-mesures ne sont pas prises. Toutefois, des informa-
tions concrètes ne sont disponibles que pour les espèces figurant dans les
listes rouges. Le recul de la diversité des espèces s’est même accentué au
cours des dernières décennies, comme le révèle une analyse entreprise à
l’instigation de Pro Natura (Aschwanden 2004):
L’examen des atlas de distribution, des listes rouges ainsi que de l’étude
portant sur les listes bleues donne une idée de l’évolution de certaines
espèces animales et végétales; au cours des dernières années, la situation
s’est améliorée pour une partie des espèces figurant dans les listes rouges,
mais elle s’est dégradée en ce qui concerne, au minimum, deux fois plus
d’espèces de ces mêmes listes.
De 1950 à 2000, au moins 67 espèces animales ou végétales ont disparu
de Suisse, un chiffre considérablement plus élevé que celui des espèces
disparues de 1900 à 1950 (au moins 41); rien n’indique un infléchisse-
ment de cette évolution (fig.).
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