Document 2 : 1942-1944, la résistance se développe et s’organise :
Aussi bien pour la résistance intérieure que pour la France libre, l’année 1942 peut être
considérée comme une année de transition. Le nombre de résistants augmenta sensiblement.
13 % des effectifs totaux des résistants entrèrent dans un mouvement de résistance ou un
réseau en 1942 alors qu’entre juillet 1940 et décembre 1941, ils n’avaient été que 8 % à
franchir le pas. 1942 est une année de cristallisation, d’enracinement et de structuration des
mouvements et réseaux plus encore qu’une inflation des effectifs. […] L’arrivée de Jean
Moulin en zone sud, en janvier 1942, avec le titre de « délégué général » est l’un des signes
tangibles de cette structuration qui, dans l’esprit du général De Gaulle, devait se faire sous
l’égide de la France libre.
Les grandes rafles de juifs, l’augmentation des déportations et des répressions et, surtout, la
création du STO nourrissaient une défiance toujours plus grande de l’opinion à l’égard du
régime [de Vichy] et de sa politique de collaboration. L’invasion de la zone Sud, conséquence
de l’opération Torch
4
, accéléra le basculement. Le premier trimestre 1943 est à la fois celui
qui, dans la guerre, voit le plus d’entrée en résistance et celui de la fusion politique des grands
mouvements de la zone Sud au sein des Mouvements Unis de la Résistance (MUR).
Nicolas Beaupré, Les grandes guerres, 1914-1945, Paris (2012), p. 944-945.
Questions :
Une résistance qui se construit progressivement
1. Montrez que l’appel du 18 juin 1940 et les entrées en résistances sont peu nombreuses au
cours de l’année 1940.
En 1940, les Français sont dans leur grande majorité totalement abasourdis par l'ampleur de la
défaite initiale et l'idée de continuer le combat contre l'Allemagne est extrêmement
minoritaire. L'appel à la continuation des combats par de Gaulle le 18 juin 1940 n'obtient
d'ailleurs qu'un écho très limité. Le général de Gaulle voit le nombre d’hommes prêts à
combattre pour la France libre être faible et surtout, tous les hommes ne sont pas présents à
Londres. A la fin de l’année 1941, les résistants de la France libre sont peu nombreux. Les
résistants intérieurs sont aussi peu nombreux. Ces hommes entrés tôt en résistance, 8 % des
effectifs engagés dans la résistance, sont généralement des réfractaires qui, dans un premier
temps, ont refusé la défaite, la collaboration – pour beaucoup le régime de Vichy – mais, dans
un deuxième temps, au cours de l’année 1941, ils passent à la résistance active en se
structurant en réseaux et en mouvements de résistance qui furent les principales formes
structures de la résistance. La première résistance d’avant 1941 était d’abord une addition
d’actes individuels de refus de la défaite et de ses conséquences, de l’armistice, de
l’occupation, motivés généralement par le patriotisme ou par un certain antigermanisme,
parfois hérité de la première guerre mondiale. Les premiers réseaux se constituent donc à la
fois sur le socle d’un sentiment commun de rejet patriotique et se cristallisent autour de
réseaux de sociabilité – amis, collègues de travail – ou un engagement politique préalable.
2. Quelles sont les raisons qui expliquent l’augmentation des effectifs de la résistance à partir
de 1942 ?
Pourtant devant le durcissement et l'échec de Vichy, l'entrée en guerre de l'URSS puis des
États-Unis en 1941, l’occupation de l’intégrité du territoire français à partir de la fin de
l’année 1942 et les premières victoires alliées en 1942-1943, une partie des Français s'engage
activement dans la Résistance. Dans la clandestinité des maquis ou à l'extérieur de la
métropole dans les FFL, un ensemble de mouvements extrêmement disparates (politiquement
et sociologiquement) tente de relever le pays au nom de valeurs communes : la défense de la
patrie et, le plus souvent, de la République.
4
Attaque de l’Afrique du Nord par des troupes américaines et anglaises. Cette opération vise notamment les
territoires français d’Afrique du Nord.