Traitement médicale de l artérite oblitérante des membres inférieurs

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Dossier
thématique
Traitement médical
de l’artérite oblitérante
des membres inférieurs
Coordonné par Joseph EMMERICH
(hôpital G. Pompidou, Paris)
Sténose des deux
artères iliaques
primitives responsables d’une
claudication
bilatérale. Le
patient a été
traité par angioplastie des deux
iliaques (en
“kissing”) avec
un excellent
résultat 10 ans
plus tard.
I
Dossier thématique
Traitement médical de l’artérite oblitérante
de membres inférieurs
Joseph Emmerich
L
’évolution de l’artériopathie chez le claudicant
est le plus souvent lente et
bénigne dans ses conséquences ischémiques. Après
5 à 7 ans de suivi, 70 à 80 %
des patients sont sta-bles ou
améliorés, 20 à 30 % ont
aggravé leurs symptô-mes,
et 5 à 70 % ont besoin d’une
amputation mineure ou
majeure. Malgré ce relatif
bon pronostic local, la mortalité et l’espérance de vie sont
réduites chez l’artéritique, en
raison principalement d’une
surmortalité d’origine cardiovasculaire. Le traitement médical repose principalement
sur la prescription d’antiagrégants plaquettaires, qui doit
être systématique en l’absence de contre-indication,
sur la correction des facteurs
de risque d’athérosclérose,
et sur des exercices de
marche réguliers afin d’améliorer l’ischémie d’effort. Ce
n’est qu’en cas d’aggravation
ou de gêne persistante qu’on
s’adressera aux autres possibilités thérapeutiques, soit la
radiologie vasculaire interventionnelle, qui a bouleversé la prise en charge de
l’artéritique, soit la chirurgie
qui garde des indications
mieux définies.
II
Introduction
L’artériopathie oblitérante
des membres inférieurs
(AOMI) se définit comme
une atteinte artérielle obstructive principalement, mais
non exclusivement, liée à
l’athérosclérose. L’AOMI est
une pathologie extrêmement
fréquente qui, en elle-même,
compromet peu le pronostic
vital. Elle est, en revanche,
souvent le témoin d’une
atteinte athéroscléreuse dans
d’autres territoires, notamment les artères coronaires
et cérébrales, qui, elles, peuvent rapidement compromettre le pronostic vital et
fonctionnel. On doit donc
raisonner, dans le bilan et la
prise en charge thérapeutique d’un patient artéritique, non pas seulement sur
ses seuls symptômes localisés aux membres inférieurs,
mais aussi sur le dépistage,
la prévention et le traitement
des autres localisations.
Rappel
épidémiologique
Les études épidémiologiques retrouvent une incidence
de la maladie chez 2 à 3 %
des hommes et 1 à 2 % des
femmes âgés de plus de 60
ans. La prévalence augmente
avec l’âge, passant de 1 à
1,5 % avant 50 ans pour
atteindre 5 % au-delà de
70 ans chez les hommes.
Lorsqu’on utilise des tests
plus sensibles, comme la
prise de pression distale,
cette prévalence est multipliée par 3 à 4. L’évolution
de l’artériopathie chez le
claudicant est le plus souvent
lente et bénigne dans ses
conséquences ischémiques.
Après 5 à 10 ans de suivi, 70
à 80 % des patients sont
stables ou améliorés, 20 à
30 % ont aggravé leurs
symptômes, et 5 à 10 % ont
besoin d’une amputation mineure ou majeure (figure 1).
Malgré ce relativement bon
pronostic local, l’espérance
de vie est réduite chez l’artéritique en raison principalement d’une surmortalité
d’origine cardiovasculaire.
Dix ans après les premiers
signes de claudication, environ 60 % des patients de
sexe masculin sont décédés,
et le risque de mortalité cardiovasculaire est multiplié
par 2 à 3. Dans une étude
épidémiologique récente, le
risque relatif de mortalité
cardiovasculaire, après 10 ans
de suivi, était multiplié par 6
et la mortalité coronaire par
6,6 chez les patients avec
atteinte vasculaire périphérique. L’excès de mortalité
totale, outre la mortalité
coronaire – qui est la principale – s’explique aussi par
les accidents vasculaires cérébraux, les ruptures d’anévrisme de l’aorte et les cancers du poumon. L’incidence
des accidents cardiovasculaires non mortels chez le
claudicant est estimée entre 2
et 3 % par an.
Par ailleurs, si on retient que
20 % des artéritiques voient
leur artérite se dégrader, on
peut calculer que 1 % des
hommes au-delà de 55 ans
auront une ischémie critique
Le Courrier de Médecine Vasculaire (1), n° 1, octobre/novembre/décembre 2001
des membres. L’incidence
annuelle d’une ischémie critique est estimée entre 500
et 1 000/million d’habitants.
Le pronostic de l’ischémie
critique est redoutable. La
mortalité est de 18 % et le
taux d’amputations majeurs
de 26 % à 1 an.
Classification
Les indications thérapeutiques de l’AOMI dépendent, bien entendu, du stade
évolutif de la maladie, et
l’on ne traitera pas de la
même façon un patient se
plaignant d’une claudication
à 500 m, qu’un autre ayant
un trouble trophique associé
à des douleurs de décubitus.
À la classique mais imprécise
classification de Leriche et
Fontaine (tableau I), on préfère maintenant définir le
claudicant par des critères
plus objectifs incluant, outre
la distance de marche et la
gêne fonctionnelle, l’index de
pression systolique (IPS) à la
cheville, qui doit être systématiquement noté lors de
l’examen clinique d’un artéritique. La survenue de douleurs spontanées et de décubitus doit faire suspecter une
ischémie critique, dont la
définition a été précisée par
le consensus européen de
1989. La définition de l’ischémie critique chronique
des membres inférieurs, que
le malade soit ou non diabétique, repose sur l’un des
deux critères suivants :
– douleurs ischémiques de
décubitus, persistantes et
récidivantes, ayant nécessité
Dossier thématique
régulièrement un traitement
antalgique adéquat de plus
de deux semaines, avec une
pression systolique inférieure
ou égale à 50 mmHg à la
cheville et/ou inférieure ou
égale à 30 mmHg à l’orteil ;
– ulcération ou gangrène du
pied ou des orteils, avec une
pression systolique inférieure
ou égale à 50 mmHg à la
cheville ou inférieure ou
égale à 30 mmHg à l’orteil.
Récemment, le consensus
de la TASC (TransAtlantic
Inter-Society Consensus) sur
la prise en charge de l’artériopathie oblitérante des
membres inférieurs a légèrement élargi les critères
hémodynamiques définissant l’ischémie critique. “Le
terme d’ischémie critique
doit être utilisé pour tous les
patients avec ischémie chronique de repos associée à
une douleur, un ulcère ou
une gangrène, imputable à
une atteinte artérielle objectivement démontrée. Le
terme d’ischémie critique
implique la notion de chronicité et doit être distingué
de l’ischémie aiguë des
membres inférieurs”. Les
pressions retenues afin de
parler d’ischémie critique
sont une pression à la cheville
inférieure à 50-70 mmHg, ou
une pression mesurée à l’orteil inférieure à 30-50 mmHg,
ou encore une pression transcutanée d’oxygène (TcPO2)
inférieure à 30-50 mmHg.
Ces définitions sont beaucoup plus précises que les
stades III et IV de la classification de Leriche et
Fontaine, qui peuvent englober des patients dont la
Population › 55 ans
Asymptomatique
IPS < 0,9
10 %
Claudication
5%
Devenir vasculaire périphérique
Aggravation
de la CI
16 %
Chirurgie
7%
Revascularisation
itérative
26 %
Amputation
majeure
4%
Amputation
majeure
20 %
Ischémie critique
1%
Morbidité/mortalité cardiovasculaire
IDM/AVC
20 %
Décès (à 5 ans)
30 %
Cause
cardiovasculaire
75 %
Cause non
cardiovasculaire
25 %
Figure 1. Épidémiologie dans une population de plus de 55 ans (d’après Weitz et al. Circulation
1996 ; 94 : 3026). IPS : index de pression systolique ; IDM : infarctus du myocarde ; AVC : accident vasculaire cérébral ; CI : claudication intermittente.
sévérité des lésions et le
devenir sont très différents.
Ainsi, des douleurs de décubitus peuvent n’être que
transitoires lors d’une obstruction fémorale superficielle et, après mise en charge
de la circulation collatérale,
le patient peut évoluer en
quelques jours vers un stade
II et ne pas nécessiter de chirurgie en urgence qui pourrait au contraire l’aggraver.
Autrement dit, un stade III
ou IV de la classification de
Leriche et Fon-taine ne doit
pas signifier ipso facto la
nécessité d’une revascularisation en l’absence d’une
quantification plus précise
de l’ischémie. Enfin, cette
classification donne l’illusion que la progression de
l’AOMI est linéaire, allant
du stade I au stade IV, alors
qu’un patient peut entrer
dans la maladie par une
ischémie critique. De même,
le pronostic de la maladie
n’est pas forcément lié au
stade de Leriche et Fontaine,
mais peut dépendre principalement des possibilités
thérapeutiques.
Les possibilités de traitement de l’AOMI reposent
sur un trépied qui associe :
– le traitement médical ;
– le traitement endovasculaire ;
– le traitement chirurgical.
Nous incluons volontairement dans le traitement
médical les thérapeutiques
endoluminales qui ont profondément changé la prise
en charge de l’artéritique au
cours de la dernière décennie, et qui font maintenant
partie à part entière de l’arsenal thérapeutique du
médecin.
Traitement médical
proprement dit
Le traitement médical a
deux buts : contrôler l’athérosclérose, cause de cette
pathologie, afin de prévenir
la progression de la maladie
III
Dossier thématique
Tableau I. Classification de Leriche et Fontaine.
Stade I
Stade II
Stade III
Stade IV
Absence d’ischémie, abolition
d’un pouls distal
Ischémie d’effort, claudication
intermittente
Ischémie de repos, douleurs de
décubitus
Ischémie de repos, troubles trophiques (ulcère, gangrène)
et améliorer la perfusion
périphérique, donc les symptômes liés à l’ischémie.
En raison de la fréquence
élevée des complications
vasculaires de l’artéritique,
ces patients doivent être
considérés comme des candidats systématiques à une
prévention de même niveau
que celle effectuée en prévention secondaire de la
maladie coronaire.
Le contrôle des facteurs
de risque d’athérosclérose
Il repose principalement sur
la correction des quatre facteurs de risque principaux
de l’athérosclérose : la cholestérolémie, la tension artérielle, le tabac et la glycémie. Cette prévention doit
être mise en route dans tous
les cas. Compte tenu de la
forte prédominance du tabac
dans la survenue d’une
AOMI, une intoxication
tabagique doit être arrêtée.
Tabac
En ce qui concerne spécifiquement l’AOMI, on ne dispose pas d’études de bonne
qualité concernant l’amélioration de la claudication
après sevrage tabagique.
L’arrêt du tabac entraîne
indiscutablement un bénéfice
IV
assez rapide sur la progression de l’athérosclérose en
général et contribue également à l’amélioration du
pronostic de l’artéritique en
diminuant les risques d’amputation ou d’aggravation
des symptômes. Il n’est pas
certain que l’arrêt du tabac
améliore la distance de
marche chez le claudicant.
Chez les patients ayant été
opérés, la poursuite de l’intoxication tabagique diminue (divise par deux) les
chances à 5 ans de perméabilité d’un pontage, qu’il
soit proximal ou distal. La
dépendance du malade visà-vis du tabac doit être évaluée afin d’améliorer la
prise en charge du sevrage
souvent difficile. L’introduction prochaine du bupropion devrait être une aide
supplémentaire au sevrage à
côté des patchs de nicotine.
Hypercholestérolémie
Un artéritique sur deux environ a une hypercholestérolémie. En cas d’hypercholestérolémie, et compte tenu du
bénéfice important du traitement par les statines démontré vis-à-vis de la maladie
coronaire en prévention
secondaire, une hypercholestérolémie même modérée
(supérieure à 2,20 g/l ou
5,7 mmol/l) doit être prise
en charge, afin d’améliorer
le pronostic coronaire et
vital. Il n’y a pas, à l’heure
actuelle, d’évidence prouvant que le traitement hypocholestérolémiant diminue
la progression de l’artériopathie sur des populations
initiales ayant une artérite.
Le Courrier de Médecine Vasculaire (1), n° 1, octobre/novembre/décembre 2001
En revanche, dans l’étude
4S (avec la simvastatine), le
risque relatif de voir apparaître une claudication ou
l’aggravation d’une claudication était diminué de
40 %. Les recommandations
actuelles de prévention secondaire doivent s’appliquer,
c’est-à-dire obtenir un LDLcholestérol inférieur à 1 g/l
(2,6 mmol/l).
Hypertension artérielle
On ne dispose pas encore de
preuve d’une efficacité du
traitement de l’hypertension
artérielle sur la progression
de l’artérite. La correction
d’une hypertension artérielle
doit cependant toujours être
obtenue pour son bénéfice
sur la morbidité par accident
vasculaire cérébral, en évitant les diurétiques et en privilégiant de préférence les
vasodilatateurs. En outre, il
faut prendre soin d’éviter
une diminution trop rapide
et trop importante de la
pression artérielle, notamment en présence d’ischémie
sévère. En cas d’utilisation
des inhibiteurs de l’enzyme
de conversion, il faudra être
particulièrement prudent dans
la surveillance de la fonction rénale (créatinémie), en
raison de la fréquence accrue
de sténoses associées des
artères rénales chez l’artéritique (de l’ordre de 15 %).
En raison de la coexistence
fréquente d’une maladie
coronaire chez le claudicant,
le problème de la prescription de bêtabloquants sur ce
terrain est souvent posé. De
nombreux médecins craignent ici cette classe théra-
Dossier thématique
peutique, en raison du risque
potentiel et théorique d’une
aggravation de l’artérite par
baisse de pression artérielle
et en raison d’une vasoconstriction périphérique induite
par le blocage des récepteurs
périphériques bêta-2. Une
méta-analyse des essais thérapeutiques par bêtabloquants chez l’artéritique
souffrant de claudication
intermittente ne met pas en
évidence d’aggravation de la
distance de marche. Il n’y a
donc aucune raison de ne
pas faire profiter l’artéritique angineux – ou ayant fait
un infarctus du myocarde –
de cette classe médicamenteuse, d’autant que l’on
choisira un bêtabloqueur
cardiosélectif. En revanche,
on évitera les bêtabloquants
en cas de claudication intermittente sévère avec un périmètre de marche déjà très
limité et en cas d’ischémie
critique.
Diabète
Le traitement d’un diabète
doit être effectué, principalement pour la prévention de
la microangiopathie, qui
contribue d’ailleurs à l’aggravation des conséquences
de la macroangiopathie. En
effet, le bénéfice d’un équilibre parfait d’un diabète,
qu’il soit insulino- ou non
insulinodépendant, n’a toujours pas été formellement
démontré sur les complications liées à l’athérosclérose.
L’individualisation du pied
artériel, du pied neuropathique et du pied infectieux
est classique chez le diabétique, bien que ces trois
atteintes agissent souvent en
conjonction. L’atteinte neurologique et la moindre
résistance aux infections
contribuent à la plus grande
gravité de l’artériopathie
chez le diabétique. La claudication intermittente est
moins souvent révélatrice de
l’artérite chez le diabétique,
et l’atteinte artérielle peut
n’être découverte qu’au
stade de la gangrène ou des
troubles trophiques. Le
risque d’amputation majeure
et d’exérèse limitée en cas
d’artériopathie et de troubles
trophiques est très augmenté
chez le diabétique. L’infection est une menace permanente du pied diabétique. On
se méfiera particulièrement
d’un petit pertuis en regard
d’une articulation qui peut
témoigner d’une arthrite septique d’un orteil.
Antithrombotiques
Antiagrégants plaquettaires
La prescription d’antiagrégants plaquettaires a essentiellement pour but de prévenir la mortalité et la morbidité liées aux accidents
coronaires et cérébraux de
cette population à haut
risque. Cette recommandation se fonde essentiellement sur les données de la
méta-analyse des antiplatelet trialist’s, qui montrent une
baisse de 18 % (de 11,8 à
9,7 %) des décès et de la
morbidité vasculaires par
l’aspirine, après un suivi
moyen de 27 mois. L’artérite
des mem-bres inférieurs,
définissant en elle-même un
groupe de patients à haut
risque coronaire et vasculaire cérébral, est donc une
indication formelle à la
prescription au long cours
d’antiagrégant plaquettaire
en l’absence de contre-indication. Une étude a montré
une diminution de la progression des lésions, évaluée
par artériographie, chez les
patients traités par aspirine
seule. L’aspirine diminue le
pourcentage d’occlusion des
pontages à condition qu’elle
soit prescrite avant la chirurgie. La posologie utilisée est
comprise entre 80 et 325
mg/ jour, en une seule prise.
Aucune étude n’a montré la
supériorité d’une dose par
rapport à une autre dans
cette indication, et l’on prescrit habituellement 100, 160
ou 300 mg/jour. Ces données avec l’aspirine sont
confortées par la méta-analyse des essais concernant
les accidents cardiovasculaires chez l’artéritique traité
par la ticlopidine (Ticlid®), un
autre antiagrégant plaquettaire. Une diminution par
trois du risque relatif
d’accidents cardiovasculaires
fatals ou non fatals est obtenue par ce traitement après
un suivi de 6 à 12 mois, au
prix néanmoins d’effets secondaires 2,4 fois plus fréquents qu’avec le placebo.
Pour cette raison, l’aspirine,
du fait de son moindre coût
et de l’absence de surveillance hématologique, est
plus souvent prescrite. Le
clopidogrel (un dérivé de la
ticlopidine, Plavix®) a montré une efficacité légèrement
supérieure à l’aspirine chez
l’artéritique et une tolérance
V
Dossier thématique
comparable à cette dernière,
supériorité qui n’est cependant pas confirmée chez le
patient coronarien (étude
CAPRIE).
Les recommandations actuelles préconisent chez
l’artéritique l’utilisation en
première intention de l’aspirine et de ne prescrire le clopidogrel (Plavix®) qu’en cas
de contre-indication digestive
ou d’intolérance à l’aspirine
(consensus TASC).
Anticoagulants
Leur place est mal définie,
en raison de l’absence de
données suffisantes dans
l’artériopathie non opérée et
de données contradictoires
concernant le maintien de la
perméabilité des pontages
fémoro-poplités ou distaux.
Il est probable, si leur bénéfice existe, qu’il soit contrebalancé par le risque hémorragique inhérent à cette classe thérapeutique. En dehors
de la prévention des embolies systémiques chez les
patients atteints de cardiopathie emboligène (fi-brillation auriculaire, prothèse
cardiaque mécanique), ils
n’ont pas de place dans le
cadre thérapeutique de la
claudication intermittente
chronique. Une héparinothérapie doit, en revanche,
être instituée à la phase aiguë
d’une oblitération artérielle.
Chez le sujet ayant été opéré
d’un pontage jambier, l’étude BOA (publiée en 2000) a
randomisé aspirine versus
anticoagulants oraux. Plus
de 2 600 patients ayant un
pontage sus- ou sous-articulaire ont été randomisés en
VI
ouvert pour recevoir soit un
anticoagulant oral à forte
dose (INR entre 3 et 4,5) soit
80 mg d’aspirine. Environ
14 % d’occlusions de pontages survinrent après 21 mois
de suivi, sans différence
significative entre les deux
groupes. En termes d’événements combinés (dé-cès vasculaires, infarctus du myocarde, accident vasculaire
cérébral, amputation), les
anticoagulants oraux étaient
légèrement supérieurs à
l’aspirine, 13 événements en
moins pour 1 000 patients
traités, mais cela au prix de
18 hémorragies ma-jeures
supplémentaires. En ce qui
concerne les types de pontage, les anticoagulants étaient
supérieurs pour les pontages
veineux, alors qu’inversement, l’aspirine prévenait
mieux l’occlusion des pontages prothétiques. Soulignons que l’INR, cible de
cette étude (3, 4, 5), qui était
atteint lors de 50 % des prélèvements de contrôle, est
supérieur à l’INR compris
entre 2 et 3 utilisé en pratique courante, et on peut
supposer, à ces dernières
doses, l’aspirine supérieure
aux AVK.
Fibrinolytiques
Ils n’ont aucune utilité au
stade chronique de la maladie, qu’il s’agisse de la claudication ou de l’ischémie
critique. L’utilité des fibrinolytiques en perfusion locale,
dans la prise en charge des
ischémies aiguës, a été
démontrée pour des ischémies de moins de 14 jours.
Le fibrinolytique le plus uti-
Le Courrier de Médecine Vasculaire (1), n° 1, octobre/novembre/décembre 2001
lisé est l’urokinase en perfusion intra-artérielle à l’aide
d’une sonde descendue au
contact du thrombus ou de
l’embolie. La dose d’urokinase
habituelle est de 4 000 UI/mn
pendant 4 à 6 heures, puis de
2 000 UI/mn, sans dépasser
12 à 24 heures de fibrinolyse. Ce traitement ne peut
être effectué qu’en milieu
spécialisé, après une confrontation médico-radiochirurgicale, afin de choisir
la meilleure option thérapeutique devant l’urgence que
constitue l’ischémie aiguë de
membre.
Marche et rééducation
des artériopathies
Des exercices de marche
réguliers font partie intégrante du traitement visant à
améliorer la distance de
marche chez le claudicant.
Le bénéfice de la marche est
démontré et passe principalement par une augmentation de l’efficacité musculaire ainsi que du système
cardiorespiratoire. Au minimum, la marche doit être
quotidienne et durer une
heure. Les programmes de
rééducation permettent d’obtenir un doublement de la
distance de marche en 3 à
6 mois. Il faut recommander
une marche régulière, sans
jamais forcer, lorsque la
claudication s’installe, complétée par des mouvements
simples des membres inférieurs. En moyenne, la
rééducation par la marche
entraîne une amélioration de
135 % du périmètre de
marche. Ces données expli-
Dossier thématique
quent que toute évaluation
d’un traitement vasoactif
doit impérativement être
effectuée par rapport à un
placebo, en raison de l’amélioration spontanée fréquemment observée de la
distance de marche.
Si la marche est bénéfique
chez le claudicant, elle doit
être proscrite dès qu’il apparaît un trouble trophique d’origine artérielle. Cette erreur
de compréhension de l’intérêt de la marche dans la
rééducation de l’artéritique
est fréquemment observée.
En effet dans ce cas, le repos
permet au mieux d’obtenir
une cicatrisation, la marche
détournant le flux sanguin
des tissus sous-cutanés vers
les muscles grands consommateurs d’oxygène. Après
cicatrisation, spontanée ou
grâce à la revascularisation,
l’entraînement quotidien à la
marche peut et doit être
repris.
Vasodilatateurs ou
vasoactifs
La prescription de vasodilatateurs artériels périphériques, ou plutôt vasoactifs,
est souvent effectuée, et 22
spécialités orales sont présentes dans le Vidal 2001.
Seules les études effectuées
versus placebo avec une
méthodologie adéquate (double aveugle) méritent d’être
retenues, en raison de l’amélioration naturelle de la claudication par l’exercice. Le
bénéfice obtenu par ces
molécules, même s’il apparaît légèrement supérieur au
placebo dans quelques études, n’a probablement pas
de signification clinique sur
le bénéfice à long terme.
L’intérêt de cette famille thérapeutique est donc limité.
En pratique, on devrait les
réserver aux patients ayant
un périmètre de marche très
réduit et ne pouvant pas
bénéficier d’une revascularisation endoluminale ou
chirurgicale. Dans de tels
cas, une monothérapie doit
être essayée, sans association de plusieurs vasoactifs.
La pentoxifylline, le naftidrofuryl, le buflomédil et le
cilostazol (non commercialisé
en France) ont fait l’objet
d’études contrôlées.
Prostanoïdes ou dérivés
de la prostacycline
C’est dans l’ischémie critique que les prostanoïdes,
représentés en pratique
essentiellement par l’iloprost (analogue stable de la
prostacycline) et la PGE1,
doivent être discutés. La
prostacycline et ses dérivés
sont de très puissants vasodilatateurs et antiagrégants
plaquettaires. Leur intérêt
clinique reste néanmoins
controversé.
Dans l’ischémie critique liée
à l’athérosclérose, le premier essai a été publié en
1973, avec l’administration
intra-artérielle de PGE1
(alprostadil) et a fait état
d’une amélioration spectaculaire. Depuis plus de vingt
ans, de nombreuses études
ont essayé les prostanoïdes
dans cette indication, initialement par voie intra-arté-
rielle avec des complications propres à la voie d’administration, puis par voie
intraveineuse. Si on retient
les essais contrôlés, comme
dans deux méta-analyses
étudiant l’iloprost, il semble
qu’il y aurait un bénéfice en
termes d’efficacité sur la
douleur et de réduction de la
taille des ulcères (nombre de
répondeurs dans le groupe
iloprost de 49 % versus
26 % sous placebo, p < 0,001).
En termes d’événements
lourds, tels que la réduction
des amputations, l’odds
ratio était de 0,52 (p = 0,01).
Ces données reposaient sur
des essais de petite taille et
des méta-analyses regroupant moins de 800 patients.
La publication, en 1999, de
l’essai ICAI doit rendre prudent quant à l’efficacité réelle
de la prostacycline et de ses
dérivés dans l’ischémie critique des membres inférieurs.
Il s’agit d’un essai randomisé,
contrôlé, ouvert, comparant
un placebo à la PGE1 administrée en intraveineux à la
dose de 60 µg/jour pendant
deux heures. La durée du trai- Prise de pression distale
tement était de 28 jours et les
événements étaient analysés
à la sortie de l’hôpital et à
6 mois. L’intérêt majeur de
l’étude repose sur sa taille,
puisque 771 patients ont
reçu le traitement actif et
789 le placebo. Les événements combinés regroupaient les décès et les événements vasculaires (persistance de l’ischémie critique,
amputation majeure, infarctus du myocarde ou AVC).
L’incidence des événements
VII
Dossier thématique
combinés était favorable à la
sortie du patient mais devenait non significative à 6 mois.
Aucune différence significative n’était observée en
termes de décès ou d’amputation majeure à 6 mois.
Dans le cadre de la claudication, plusieurs essais ont
démontré un effet supérieur
au placebo des prostanoïdes
sur le court terme, mais
aucun élément ne permet
d’évaluer sur le long terme
le rapport coût/bénéfice de
ces traitements, qui doivent
être administrés pendant
plusieurs jours en perfusion
intraveineuse. Les dérivés
oraux de la prostacycline se
sont montrés très décevants
dans un essai contrôlé.
En fait, la seule indication
démontrée des dérivés de la
prostacycline concerne la
maladie de Buerger, à la
suite d’un essai randomisé
en double aveugle utilisant
l’Ilomédine®.
Hémodilution
Introduite en 1963 par
Housset, la perfusion massive
de sérum physiologique ou
de macromolécules et l’hémodilution normovolémique
(qui a pour but de ramener
l’hématocrite à 35 %) restent d’actualité. L’hémodilution permet d’augmenter le débit sanguin au
niveau des membres, et la
libération d’oxygène au
niveau des tissus. Ce traitement n’a cependant pas été
validé formellement par des
essais contrôlés. L’hémodilution est utile en cas d’ischémie critique ou de dou-
leurs de décubitus, essentiellement lorsqu’il n’y a pas
de possibilités chirurgicales
ou endoluminales permettant de soulager rapidement
le patient. En pratique, il
faut néanmoins se méfier de
l’insuffisance cardiaque, de
l’insuffisance rénale et de
l’hypertension
artérielle
(HTA), souvent présentes
chez l’artéritique et qui peuvent en limiter l’emploi. On
peut utiliser la perfusion de
sérum physiologique à la
posologie de 1 litre en une
heure le premier jour,
2 litres en deux heures le
deuxième, puis 3 litres en
trois heures, chaque jour
pendant 8 à 10 jours, ou
500 ml de macromolécules
en une heure pendant 8 à
10 jours. Il est nécessaire de
surveiller l’absence de survenue d’une insuffisance
cardiaque induite par l’hypovolémie sur 1a clinique et la
pesée quotidienne. On surveillera également la tension
artérielle, la diurèse, ainsi
que la fonction rénale.
Traitements adjuvants
Antalgiques
En cas de douleurs permanentes de décubitus, il faut
soulager le malade en ayant
recours à une antalgie efficace, sans hésiter à recourir
aux morphiniques si nécessaire. Il faut interdire au
malade d’adopter une position jambes pendantes au
bord du lit, qui soulage la
douleur mais est responsable de la formation d’un
œdème qui aggrave l’ischémie. La position allongée,
VIII Le Courrier de Médecine Vasculaire (1), n° 1, octobre/novembre/décembre 2001
les pieds du lit légèrement
déclive, doit être plutôt préconisée.
Soins locaux
Tout artéritique doit être
éduqué vis-à-vis du risque
de survenue d’un trouble
trophique plus fréquent sur
un pied ischémique, et tout
particulièrement chez le diabétique. On doit recommander une hygiène et une inspection journalières des
pieds, et des soins de podologie prudents afin d’éviter
toute blessure. Toute plaie
cutanée devra faire l’objet
de soins vigilants, en milieu
spécialisé en cas de doute
sur l’évolution de la plaie,
sans oublier de vérifier la
mise à jour de la vaccination
anti-tétanique.
Greffes cutanées
En cas d’ulcère cutané
ischémique, on peut proposer, après une détersion soigneuse afin d’obtenir un
fond de plaie propre et bourgeonnant, une greffe cutanée soit en résille, soit plus
facilement en pastilles, permettant d’obtenir plus rapidement la cicatrisation. Ces
greffes en pastilles sont
effectuées au lit du malade,
après une simple anesthésie
locale au niveau du site de
prélèvement des greffons.
Cures thermales
Elles n’ont pas en ellesmêmes une efficacité particulière. Elles ont l’avantage de
favoriser l’application des
mesures hygiéno-diététiques,
dans un environnement favo-
Dossier thématique
rable au patient, et de faciliter
son éducation.
Radiologie
interventionnelle
La radiologie vasculaire
interventionnelle – et tout
particulièrement le développement de l’angioplastie
transluminale percutanée – a
considérablement modifié le
traitement de l’AOMI durant
ces 15 dernières années.
Elle permet de traiter des
patients qui, ayant seulement une claudication, ne
relèvent pas encore de la
chirurgie, et, inversement,
elle permet maintenant de
traiter des patients ayant une
ischémie très sévère pour
lesquels une chirurgie est
soit contre-indiquée par son
état général, soit trop
périlleuse et souvent vouée à
l’échec. Pour cette raison,
elle fait maintenant partie, à
part entière, du traitement
médical de l’artérite.
Angioplastie endoluminale percutanée
par ballonnet
Le succès de l’angioplastie
est défini par une sténose
résiduelle inférieure à 30 %
du diamètre de l’artère normale sur deux incidences
orthogonales ou un gradient
résiduel
inférieur
à
10 mmHg. Les risques de
l’angioplastie sont essentiellement la création d’un
hématome au point de ponction et celui d’entraîner une
dissection artérielle lors de
l’inflation du ballonnet.
Dans ce cas, on dispose
maintenant des endoprothèses, ou stents, qui permettent de “réacoller” la paroi
vasculaire, et qui se posent
également par voie endovasculaire. Le succès initial de
l’angioplastie aux niveaux
iliaque et fémoral est de 70
% à 1 an et chute à 40-50 %
à 5 ans ; les résultats étant les
meilleurs en cas de sténose
iliaque, avec un bon lit
d’aval. Les indications se
sont élargies aux occlusions
qui peuvent maintenant être
“recanalisées”.
Thrombolyse locale,
in situ
Elle s’adresse surtout aux
ischémies aiguës et n’a pas
d’indication au stade de la
claudication. Les fibrinolyses systémiques ne sont
plus utilisées dans cette
indication. Après ponction
artérielle et mise en place,
au sein même du thrombus,
d’un cathéter multiperforé,
une perfusion d’urokinase
est administrée pour une
durée variable selon les
équipes,
habituellement
jusqu’à la recanalisation et,
au maximum, moins de
24 heures. Le risque d’hémorragie majeure est de
2 % environ. Les contreindications à une fibrinolyse
générale doivent être respectées. La fibrinolyse est
au mieux réalisée en salle
de radiologie interventionnelle, avec un contrôle
régulier de l’artériographie,
ce qui permet, d’une part,
de repositionner le cathéter
au cours de l’avancement
de la fibrinolyse et, d’autre Ulcère artérielle.
part, d’associer à la fibrinolyse d’au-tres techniques de
radiologie interventionnelle
(angioplastie, thromboaspiration). La plupart des
équipes associent à la fibrinolyse une prescription
d’aspirine et d’héparine,
avec un temps de céphaline
activateur (TCA) maintenu
entre 1,5 et 3 fois le témoin.
Thromboaspiration
Elle est utilisée essentiellement en cas d’ischémie
aiguë, ou en cas d’embolie
distale suite à une angioplastie. Elle consiste à descendre un cathéter au
contact du thrombus et à
l’aspirer à l’aide d’une
seringue située à l’autre
extrémité du cathéter. Tout
en maintenant la dépression
par la seringue, le cathéter
est ensuite retiré avec le
thrombus au travers du désilet artériel.
Autres techniques
L’athérectomie, l’angioplas-
IX
Dossier thématique
tie par laser et l’angioplastie
par ultrasons n’ont pas de
supériorité démontrée par
rapport à l’angioplastie par
ballonnet. Plus récemment,
au stade d’ischémie critique,
des essais de thérapie
génique (non contrôlés),
ayant pour but de stimuler
l’angiogenèse, ont été
publiés. Le principe repose
sur l’injection intra-musculaire au niveau de la jambe
de plasmides nus codant
pour la sécrétion de facteurs
de croissance (VEGF pour
vascular endothelial growth
factor ou FGF-1 pour
fibrosblast growth factor).
Si cette approche est prometteuse, elle nécessite
encore d’être formellement
validée.
Tableau II. Principales causes des artériopathies des
membres inférieurs non liées à l’athérosclérose.
Artérites inflammatoires
Maladie de Buerger
Maladie de Takayasu
Maladie de Behçet
Maladie de Horton
Maladie de Kawasaki
Maladies congénitales héréditaires
Elastorrhexie
(Ehlers Danlos)
Pseudoxanthome élastique
Mucopolysaccharisoses
Maladies congénitales anatomiques et pièges artériels
Coarctation de l’aorte
Artère sciatique persistante
Pièges poplités
Endartérite ilique externe
du cycliste
Kyste adventitiel
Fibrodysplasie
Artérite radique
Artérite médicamenteuse
Ergotisme
Bléomycine
X
Indications
thérapeutiques
Au stade d’artériopathie asymptomatique
(stade 1 de Leriche et
Fontaine)
Seule la prescription d’aspirine, ou d’un autre antiagrégant plaquettaire en cas de
contre-indication à l’aspirine,
se justifie en association
avec la correction des facteurs de risque d’athérosclérose. En effet, comme nous
l’avons vu, la présence
d’une artériopathie, même
asymptomatique, est un
excellent facteur prédictif
d’atteinte coronaire.
Au stade de claudication (stade 2 de Leriche
et Fontaine)
Le traitement médical est
toujours indiqué en première
intention, après bilan des
lésions par échographiedoppler. Il n’y a pas d’indication à réaliser d’emblée
une artériographie. Le traitement repose principalement sur la prescription
d’antiagrégants plaquettaires, sur des exercices de
marche journaliers, ainsi
que sur le contrôle des facteurs de risque. Ce n’est
qu’en cas d’absence d’amélioration des symptômes,
après six mois de traitement
médical et après avoir analysé le profil des lésions artérielles de façon non invasive,
qu’on peut être amené à proposer une angioplastie
iliaque, fémorale commune,
Le Courrier de Médecine Vasculaire (1), n° 1, octobre/novembre/décembre 2001
voire fémorale superficielle
en cas de sténose courte. Il
est alors souhaitable de programmer l’artériographie et
l’angioplastie dans le même
temps. Chez certains patients ayant une athérosclérose évoluée du trépied
fémoral et une claudication,
une endartériectomie chirurgicale peut être proposée.
Dans les autres situations,
qui pourraient bénéficier
d’une angioplastie complexe, ou bien celles difficiles à traiter en raison de la
diffusion des lésions, une
confrontation multidisciplinaire médicale, radiologique
et chirurgicale est toujours
souhaitable.
Signalons le cas très particulier d’une claudication intermittente survenant de façon
brutale, chez un sujet n’ayant
aucun symptôme artériel au
préalable. Dans ce cas, il
faut savoir évoquer une
embolie artérielle, surtout si
le patient est jeune. Une
artériographie doit alors être
effectuée rapidement. Elle a
également pour intérêt de
rechercher les autres causes
d’artériopathie non athéroscléreuse des membres inférieurs (tableau II).
Au stade d’ischémie
critique
L’ischémie critique est une
situation grave, le membre
étant souvent compromis, et
le pronostic vital du malade
peut être engagé en cas
d’amputation. Dans tous les
cas, un facteur favorisant ou
déclenchant l’ischémie doit
être recherché et corrigé. Un
Dossier thématique
bas débit, une fibrillation
auriculaire, une anémie, un
syndrome myéloprolifératif,
la prescription de vasoconstricteurs, un cancer doivent
être recherchés.
En situation de sauvetage de
membre, plusieurs thérapeutiques peuvent être proposées, après avoir effectué un
bilan complet des lésions, en
milieu spécialisé, par artériographie. Une revascularisation doit être recherchée
de parti pris soit chirurgicale,
soit endoluminale et maintenant de plus en plus souvent
de façon combinée. C’est
dans l’ischémie critique et
en situation de sauvetage de
membre qu’il faut savoir
parfois tenter des “audaces
thérapeutiques” avec des
recanalisations souvent associées à des angioplasties
d’axes distaux, par voie percutanée ou encore des pontages très distaux. L’ischémie critique survient souvent chez des patients âgés
et fragiles, chez lesquels une
chirurgie vasculaire représente souvent une agression
importante. Malgré tous les
efforts thérapeutiques, le
pronostic de l’ischémie critique reste sombre, un
patient sur deux sera amputé
ou décédé un an plus tard.
En cas de revascularisation
impossible, les traitements
par prostanoïdes peuvent
être tentés avec les limites
déjà évoquées.
C’est dans l’ischémie critique que l’injection de plasmides codant pour des facteurs de croissance, tels que
le VEGF ou le FGF-1, et
favorisant le développement
des collatérales a été tentée.
Si les résultats sont encore
au stade préliminaire, la
“manipulation de l’angiogenèse” sera peut-être un
des traitements de demain.
Conclusion
Le traitement médical de
l’artérite des membres inférieurs repose principalement
sur la marche, la prescription d’un antiagrégant plaquettaire et le contrôle des
facteurs de risque d’athérosclérose, avec le même
niveau de prévention que
celui effectué en prévention
secondaire de la maladie
coronaire. On ne doit jamais
oublier, lorsqu’on traite un
artéritique, que l’athérosclérose, responsable des symptômes allégués par le
patient, est souvent présente
de façon asymptomatique,
ou patente dans d’autres territoires, principalement coronaire et cérébral. Il ne faut
donc pas se limiter à la prescription automatique d’un
médicament de l’artérite
dont nous avons vu les
limites, mais surtout prendre
en charge le sujet et la maladie athéroscléreuse dans sa
globalité.
Références
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disease (PAD). J Vasc Surg
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