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宗 (1258–1278), le successeur de Tr
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n Thái Tông, mena une politique plus
nuancée, consistant à se reconnaître comme vassal des Mongols et à envoyer
des missions porteuses de tribut, en principe tous les trois ans
17
, tout en prê-
tant aussi allégeance aux Song, ce jusque sous le règne de l’empereur Duzong
度宗 (1265–1274)
18
.
Lorsque la situation se détériora davantage chez les Song, les Vietnamiens
accueillirent différentes vagues de réfugiés. Il est certes difficile d’avoir une vue
précise de ces flux migratoires, le Songshi et le Yuanshi les passent sous si-
lence ou presque, et seules les sources vietnamiennes y font ponctuellement
allusion. La première vague à être signalée de façon précise remonte à janvier
1264. Le ðại Việt Sử Ký Toàn Thư note qu’un chef local héréditaire (tuguan
土官) de la préfecture de Siming 思明 (dans le sud de l’actuel Guangxi 廣西,
à la frontière avec le Viêt Nam), nommé Huang Bing 黃炳, vint présenter le
tribut et faire sa soumission, accompagné de plus de deux mille personnes
19
.
Les populations Song des régions méridionales, qui avaient vu le royaume voi-
sin de Dali disparaître, avaient sans doute de bonnes raisons d’être inquiètes
face à la puissance grandissante des Mongols. Le fait n’est pas rapporté dans
les histoires officielles chinoises.
La deuxième vague recensée eut lieu en novembre 1274. Un groupe de ré-
fugiés montés sur une trentaine de bateaux, avec femmes et enfants et des
marchandises en vue de faire du commerce, débarquèrent dans la baie
d’Annam, en un lieu-dit La Cát Nguyên 洛葛原. Ils furent bien accueillis par
les autorités vietnamiennes qui leur permirent de s’installer à la capitale,
Thăng Long 昇龍. Ces réfugiés, selon le ðại Việt Sử Ký Toàn Thư, rapportè-
rent qu’ils venaient du Jiangnan 江南 où les Mongols venaient souvent faire
17
Les obligations des pays tributaires ne se limitaient pas à l’envoi du tribut. En 1267,
ordre fut en outre donné au souverain vietnamien de venir se présenter en personne à la
cour, de laisser un frère ou un fils en otage, de dresser un registre de la population, de
contribuer à l’armée mongole en levant des troupes, de payer des taxes, tandis qu’un
daruγači 達魯花赤, sorte de commissaire impérial, était envoyé sur place pour contrô-
ler les affaires ; cf. Yuanshi, « Annan », 209: 4635 ; voir aussi Li Ze (Lê Tắc) 黎崱
(militaire vietnamien qui se rallia aux Mongols en 1285), Annan zhilüe: 48, où est re-
produit un édit de 1275, rappelant au souverain vietnamien les « six services » (liu shi
六事) assignés aux pays tributaires auxquels il s’était dérobé ; traduction française de
Sainson, Ngann-Nann-Tche-luo, Mémoires sur l’Annam : 104-105. Cette traduction,
basée sur une version d’assez mauvaise qualité, ne correspond pas toujours au texte de
l’édition de Wu Shangqing.
18
Songshi, 488: 14072. La dernière ambassade à apporter le tribut date de 1273 ; Song-
shi, 46: 915 ; Bielenstein, Diplomacy and Trade in the Chinese World, 589–1276 : 34.
Cette double allégeance se reflète aussi dans le fait que le ðại Việt Sử Ký Toàn Thư, à
partir de 1261, note le décompte des années selon les calendriers vietnamien, Song et
mongol.
19
ðại Việt Sử Ký Toàn Thư, IV, 5: 28a.