Cependant il ne faut jamais oublier que l’annonce du diagnos-
tic d’une maladie chronique est très souvent génératrice d’an-
goisse.4En effet cette information doit faire prendre conscience
au patient qu’il prend des risques s’il ne se fait pas correctement
suivre, s’il n’adhère pas au traitement et à l’hygiène de vie qu’on
lui propose.
Il faut s’employer à être constructif avec le malade en ouvrant
des perspectives d’avenir qui soient aussi proches que possible
de la vie qu’il avait jusqu’alors. Il est indispensable d’éviter de
l’affoler pour ne pas majorer son inquiétude tout en l’aidant à se
projeter dans l’avenir.
L’objectif du médecin est de faire comprendre à son patient
le pourquoi d’une modification des habitudes alimentaires, la
justification des médicaments prescrits et en particulier ceux
agissant sur le métabolisme phosphocalcique et sur l’hyperten-
sion artérielle. On devra tout faire pour retarder le moment de la
prise en charge par un traitement substitutif.
La prévention c’est donc: informer pour mieux prévenir, sans
angoisser, mais en sachant toutefois que dans l’insuffisance
rénale, prévenir n’est pas guérir, mais seulement retarder, ce qui
n’est pas rien.
■Motiver le patient
Il faut bien comprendre que pour se motiver le patient doit
être en situation d’éprouver un certain bien être ou encore, en
position, d’éviter un réel inconfort, qu’il soit physique ou moral. Il
est vrai que dans cette situation nouvelle le confort n’est pas évi-
dent. Rares sont les individus qui se complaisent à être raison-
nables ou à bien gérer leur santé, ne serait-ce que pour satisfaire
leur entourage voire leur médecin !4La tendance naturelle veut
que dans une telle situation, on ait tendance à éprouver un rejet
vis-à-vis des différentes contraintes imposées, qu’elles soient ali-
mentaires, médicamenteuses ou en rapport avec les consultations
médicales nécessaires et les examens paracliniques souhaités.
Cela veut dire que pour accepter ces changements de vie le
patient doit comprendre l’intérêt de ce qui lui est proposé et le
bénéfice qu’il peut en tirer. Si à court terme il percevra plus pro-
bablement un mal-être qu’un bien-être, à long terme on peut
raisonnablement penser qu’il ressentira au moins la satisfaction
de s’être donné tous les moyens, non pour vaincre la maladie,
mais pour la combattre au mieux.
Au total, bien informés, et passé le choc de la première
connaissance de leur maladie, les patients dans leur majorité
accepteront de s’impliquer dans leur prise en charge.
■Aider le patient et son médecin
L’analyse des données précédentes aboutit au constat, pour
les deux parties, d’un manque de moyens utiles à leur informa-
tion. Cette conclusion, largement partagée, nous a conduits à
une réflexion sur les moyens que l’on pourrait proposer pour
aider à la fois le patient et le médecin qui l’a en charge.
Il faut avant tout essayer de dédramatiser la situation dès la
connaissance par le patient du diagnostic de son insuffisance
rénale chronique. La solution à laquelle nous avons abouti a été
d’élaborer un livret de 50 pages en collaboration avec un groupe
multidisciplinaire comprenant néphrologues, diététicienne, psy-
chologue, et patients insuffisants rénaux responsables d’associa-
tions de malades.a
Cinq chapitres sont individualisés:
1. Que sont les reins, à quoi servent-ils?
2. Qu’est-ce que l’insuffisance rénale chronique?
3. Les problèmes de la vie au quotidien, abordés en cinq sous-
chapitres:
• Des conseils alimentaires en prenant garde de ne jamais parler
de « régime », terme toujours mal interprété par les patients.
• Les risques médicamenteux pour informer sur les risques que
l’insuffisance rénale génère et les précautions d’emploi à
prendre pour certaines classes de médicaments.
• Les désordres psychologiques que l’annonce de la maladie
peut entraîner chez le patient et son entourage et comment arri-
ver à les surmonter.
• Le retentissement éventuel sur l’activité sexuelle et les solu-
tions pour les surmonter.
• Les droits du malade occupent ce dernier paragraphe. S’il est
souhaitable que l’activité professionnelle soit maintenue aussi
longtemps que possible, il nous a paru nécessaire d’aborder lon-
guement les données de la législation pour ces patients.
4. Dans le quatrième chapitre est abordée la question de l’orien-
tation à prendre lorsque les reins ne sont plus à même de remplir
leur fonction et comment alors choisir entre la dialyse périto-
néale, l’hémodialyse et la greffe rénale?
5. Enfin, un glossaire explicite près de 90 termes du livret.
■Conclusion
Beaucoup d’insuffisants rénaux voudraient être mieux infor-
més sur leur maladie. Cette quête d’une légitime information est
souvent mal prise en charge par manque de temps, mais aussi
parfois du fait d’un « déficit » de connaissances néphrologiques
du médecin traitant. Pour essayer de remédier à cette situation,
la création de réseaux5regroupant avec les patients, les méde-
cins généralistes, cardiologues, diabétologues, gériatres, les
paramédicaux aux néphrologues apparaît comme étant sûre-
ment le moyen le mieux approprié et dont il faut souhaiter le
développement généralisé dans notre pays.
Dans une telle structure le livret «Vivre avec une maladie des
reins » trouve naturellement sa place.
Adresse de correspondance:
Pr Michel Olmer
19, rue Borde
F-13008 Marseille
éditorial
Néphrologie Vol. 25 n° 2 2004
40
aCe livret est parrainé par la Société de néphrologie, la Société francophone
de dialyse, la Fondation du rein et la Fédération nationale d’aide aux insuf-
fisants rénaux.
Groupe de travail: J.-L. Bouchet, L. Chasserez, F. Chatelin, M. Dratwa,
B. Faller, D. Fouque, M.Grandvuillemin, P. Jaeger, N. Lameire, M. Laville,
F. Leclerc, N.K.Man, C. Michel, M. Mondet, C. Oltra-Gay, J. Patin, A.M.
Dobby; R.Volle, J.-P. Wauters.
Association LIEN, 19, rue Borde, F-13008 Marseille.