IAEA Bulletin 55 – 1 / Mars 2014 | 15
d’acheter un large éventail d’aliments nutritifs
comme laviande, lesœufs ou lepoisson ainsi que
des fruits et des légumes pour couvrir leurs besoins
nutritionnels ou qui n’y ont pas accès.
Parmi lesstratégies actuellesde lutte contre
lafaim cachée gurent lasupplémentation
individuelle, lafortication des aliments de base,
labiofortication des cultures et une diversication
améliorée du régime alimentaire.
Lasupplémentation en micronutriments
apporte un ou plusieurs micronutriments
quotidiennement ou périodiquement sous
forme liquide, en cachets ou en capsules. Ainsi,
des suppléments en vitamine A àforte dose sont
administrés tous lessix mois àdes enfants âgés
de6à59mois en vue de prévenir lamortalité dans
leszones où il existe une carence endémique en
vitamineA.
On peut fortier lesaliments de base en ajoutant
des micronutriments àceux qui sont consommés
régulièrement par lapopulation, an de lui
apporter fréquemment ces micronutriments en
quantités voulues pour prévenir lescarences tout
en évitant lerisque qu’elleen consomme trop,
ce qui serait également malsain. Celaassure un
système de distribution ecace d’aliments de base
traités sur quelques sites seulement et distribués
largement, par exempleaux grandes minoteries et
aux principaux producteurs d’huilesde friture.
Labiofortication est un procédé visant
àaméliorer laqualité nutritionnelledes cultures
de base. Les cultures biofortiées accumulent
davantage de minéraux et de vitamines dans leurs
graines et leurs racines au cours de lacroissance.
Labiofortication est conçue comme une approche
agricoleautonome de lafortication des aliments
consistant àobtenir, sélectionner et promouvoir
des cultures stablessur labase également de leur
teneur en nutriments an de répondre aux besoins
nutritionnels humains et pas seulement d’autres
caractéristiques agricolescomme lerendement ou
larésistance aux maladies.
Une autre stratégie essentielleconsiste àfavoriser
une diversication du régime alimentaire ou
laconsommation d’aliments très divers appartenant
àdes groupes alimentaires distincts. Les stratégies
de diversication ou de modication du régime
alimentaire au niveau des communautés ou
des ménages visent àaméliorer ladisponibilité
d’aliments àteneur et biodisponibilité élevées en
micronutriments tout au long de l’année, l’accès
àces aliments et leur utilisation. Cette approche
implique une modication des pratiques de
production alimentaire, des choix alimentaires
et des méthodes domestiques traditionnellesde
préparation et de traitement des aliments locaux.
L’AIEA fournit un appui pour l’utilisation de
techniques faisant appel aux isotopes stablesen
vue d’étudier l’absorption et larétention du
fer et du zinc provenant d’aliments fortiés ou
biofortiés administrés àdes adultes ou àdes
enfants, de régimes alimentaires mixtes contenant
des substances qui renforcent ou inhibent
leur absorption ou de pratiques alimentaires
modiées faisant appel par exempleàdes
méthodes domestiques traditionnellestellesque
lafermentation, lagermination et letrempage
pour réduire l’acide phytique. Les techniques
des isotopiques stablespeuvent en outre servir
àquantier laconsommation de lait maternel
par lesnourrissons. Combinées avec lateneur en
micronutriments (par exempleen vitamineA),
ces informations permettent d’estimer
laconsommation de micronutriments par
lesnourrissons.
L’AIEA achève actuellement un projet de recherche
coordonnée sur lafortication et labiofortication
des aliments en vue d’améliorer l’état nutritionnel
en micronutriments aux cours des premières
phases de lavie. Trois exemplestirés de ce projet
de recherche font ressortir l’importance des
techniques des isotopes stablesdans l’évaluation
de labiodisponibilité du fer ou du zinc provenant
de cultures biofortiées. Au Rwanda, des
chercheurs ont utilisé des isotopes stablesdu fer
pour étudier l’absorption de ce dernier àpartir
de haricots an de déterminer lessubstances
chimiques sur lesquelleslesprogrammes de
sélection végétaledevraient être axés en vue d’en
L’AIEA AppuIE dEs rEchErchEs sur
LEssystèmEs AgroALImEntAIrEs tEnAnt
comptE dEs ExIgEncEs nutrItIonnELLEs
Dans leprolongement de ses recherches sur labiofortication,
l’AIEA entreprend un projet quinquennal de recherche
coordonnée sur lerecours aux techniques nucléaires pour
évaluer lerôledes systèmes agroalimentaires tenant compte
des exigences nutritionnellesdans l’amélioration du régime
alimentaire, de lasanté et de l’état nutritionnel de populations
vulnérables. Ce projet permettrade recueillir d’importantes
informations sur lerôlede lacomposition corporelledans
lacompréhension du lien entre agriculture et nutrition et dans
lerenforcement des justications des politiques et pratiques
agricolesqui tiennent compte des exigences nutritionnelles.
Par rapport au poids total, lacomposition corporelleore
un moyen plus sensibled’évaluer lesmodications de
l’état nutritionnel àlasuite d’interventions agricolestenant
compte des exigences nutritionnelleset de modications de
laconsommation. Dans lecadre de ce projet, il serafait appel
àlatechnique de dilution d’isotopes stablesdu deutérium,
une des plus précises pour déterminer lacomposition
corporelle. Les études acceptées jusqu’ici par leBangladesh,
Cuba, Haïti, leMyanmar, lePérou, leSénégal et laTanzanie
évalueront diérentes interventions agricolestenant
compte des exigences nutritionnelles, tellesque lesjardins
domestiques ou communautaires pour des cultures nutritives,
ladiversication des cultures et lapromotion du secteur laitier
conjointement àune éducation nutritionnelle.