
considérer qu’une décision collective à laquelle je me suis opposé voire contre
laquelle j’ai milité, est néanmoins légitime ? Au lieu de chercher d’emblée à plaquer
des connaissances sur un sujet, les candidats/candidates devraient d’abord s’efforcer
de faire un inventaire des questions qu’évoque la notion ou la question posée.
De ce point de vue, il faut rappeler aux candidats qu’il est important de toujours
partir du sens le plus « évident » ou commun du sujet pour ensuite le compliquer, au
lieu d’en proposer une élaboration d’emblée si abstraite qu’elle semble détachée de
tout ancrage empirique. Il était certes possible de proposer un traitement
métaphysique de la question « peut-on ne pas être de son temps ? » mais à condition
d’envisager les usages les plus communs de l’expression en s’interrogeant sur la
notion d’époque ou sur la problématique du rapport entre les générations. Il était
également possible d’envisager un traitement métaphysique du sujet « Vivre au
présent » mais à condition d’envisager aussi le sens le plus ordinaire et le plus
pratique de l’expression. On rappellera ainsi aux candidats qu’il est important de
toujours envisager, dans le cadre de l’analyse du sujet et de la construction de la
problématique, des exemples concrets sur lesquels s’appuyer. Ainsi sur un sujet tel
que « s’engager », il ne suffisait pas d’évoquer brièvement l’engagement dans
l’armée, l’engagement que représente le mariage ou l’engagement politique. Il fallait
également analyser ces différentes figures de l’engagement en s’appuyant sur des
exemples afin, notamment, d’être en mesure d’interroger le lien entre engagement et
contrat, le lien entre engagement et publicité ainsi que les ressorts de l’engagement.
S’il est judicieux de partir du sens le plus « commun » du sujet pour l’analyser et le
questionner, il convient aussi de ne jamais s’en tenir à « l’évidence » de certains
constats. Certains candidats postulent très souvent des positions fortes sur des
questions comme celle de la liberté et du libre-arbitre (à titre d’exemple) sans être à
même de les justifier de façon argumentative. Ainsi tel candidat a pu insister sur la
nécessité et la positivité de « l’imprévisible » en ce que ce dernier serait la
manifestation d’une liberté humaine à sauvegarder. Mais il n’a pas été en mesure
d’argumenter cette position en discutant l’objection selon laquelle l’imprévisible
pourrait être lié non à la manifestation d’une volonté libre mais à l’entrecroisement
de plusieurs chaînes et de plusieurs formes de détermination. Sur ce point précis, le
déterminisme est souvent réduit au déterminisme naturel ou physique sans que la
pluralité des formes de déterminisme soit envisagée. Il est un écueil dans lequel on
« tombe » et qu’il s’agit absolument d’éviter et ne semble jamais pouvoir
correspondre à une position susceptible d’être étayée et donc aussi discutée de façon
sérieuse. Certains candidats/certaines candidates semblent aussi considérer comme
allant de soi que le savoir scientifique est nécessairement insatisfaisant et forcément
inférieur au savoir rendu accessible par l’art, sans être à même, là encore,
d’argumenter cette position …
Enfin, il faut rappeler, en ce qui concerne le développement de l’exposé, qu’il n’y a
pas de référence « attendue » : le jury a pu apprécier des prestations qui se sont
appuyées avant tout sur des exemples historiques pour traiter certains sujets (comme
« L’ennemi intérieur » par exemple). Néanmoins sur certaines notions (savoir,
croyance, vérité, vertu, morale, devoir, passions, désir..), un « bagage »
philosophique minimal est attendu et, sur ce point, si des références en philosophie
contemporaine sont tout à fait bienvenues et valorisées, un travail préalable sur des