
EPREUVE MAJEURE : GEOGRAPHIE - SUJET N°3 - ETUDE D’ENSEMBLE DOC.
L’ESPACE MED., ESPACE DE FRACTURE OU ZONE DE CONTACT NORD/SUD ?
Première partie : Analyse de l’ensemble documentaire
1. La Méditerranée est le lieu d’une « rencontre de civilisations » c’est-à-dire qu’elle met en contact des aires linguistiques,
religieuses et culturelles. Sur la rive Nord de la Méditerranée, les langues sont d’origine indo-européenne (comme les langues
romanes dérivées du latin comme l’italien, le français ou le roumain, ou bien slaves tels le slovène ou le serbo-croate). La
religion dominante est le christianisme mais l’on peut remarquer un partage entre la chrétienté latine catholique dans la partie
Nord-Ouest (Espagne, France, Italie) et la chrétienté orthodoxe dans la partie Est (Grèce). (Les minorités musulmanes sur la
rive Nord ne sont pas cartographiées). Sur les rives Sud et Est, c’est le « domaine de l’Islam ». Une grande homogénéité
religieuse et culturelle domine. Tous les pays sont musulmans (à l’exception d’Israël où la majorité des habitants pratiquent le
judaïsme). Ici, deux grandes aires linguistiques sont présentes. En Afrique du Nord et au Proche-Orient les langues parlées sont
des langues chamito-sémitiques (l’arabe, le berbère). En Turquie, les habitants parlent le turc, une langue ouralo-altaïque.
2. L’IDH est l’Indicateur de Développement Humain. Il mesure le niveau de développement d’un Etat et varie entre un
maximum de 1 et un minimum de 0. Il est calculé à partir de critères de richesse (revenu par habitant), de santé (espérance de
vie à la naissance) et d’éducation (taux d’alphabétisation des adultes). Ce document est intéressant pour notre sujet parce qu’il
permet de distinguer des groupes de pays méditerranéens. Ainsi la France, l’Italie, l’Espagne et Israël sont ensemble : ce sont
des pays industrialisés développés. Ils ont des IDH élevés, proches ou supérieurs à 0,9, et un PIB/habitant supérieur ou égal à
16 000 dollars par an. A l’opposé, on peut remarquer la Palestine, l’Algérie, l’Egypte ou l’Albanie, des pays en développement
dont l’IDH varie entre 0,6 et 0,69 et qui ont des PIB/habitant compris entre 4 780 et moins de 2 000 dollars par an. Les Etats
regroupés au centre du graphique sont à la fois des Etats de la rive Nord et de la rive Sud et Est de la Méditerranée. Les niveaux
de développement et de richesse sont donc bien disparates, ce qui met en évidence une fracture socio-économiques entre les
pays de la rive Nord (France, Espagne, Italie) et ceux des rives Sud et Est (Maroc, Egypte, Turquie). Cette affirmation doit
toutefois être nuancée puisqu’il existe des disparités à l’intérieur même des pays de la rive Nord (l’Albanie a le profil d’un pays
du Sud et Israël celui d’un pays du Nord). De trop grosses différences de richesse et de développement sont sources de
fractures, mais contrôlées, elles peuvent définir une complémentarité, source d'échanges commerciaux ou culturels.
3. Cette publicité touristique s’adresse à des Français. L’adresse et les coordonnées téléphoniques en témoignent puisque les
bureaux de l’office du tourisme tunisien sont à Paris et à Lyon. Ce document permet d’aborder les contacts entre Nord et Sud en
ce qui concerne le tourisme. Certains pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) font le choix d’aménager leur
territoire pour développer l’activité touristique (aéroports, autoroutes, hébergements, etc.). Le tourisme constitue d’ailleurs une
part croissante de leur PIB. C’est le cas de la Tunisie (mais aussi pour l’Egypte ou la Turquie) qui a des atouts incontestables :
un patrimoine culturel (sites archéologiques) et naturel (ensoleillement quasi permanent, plages, désert, etc.) pouvant attirer des
touristes nombreux. La Méditerranée est une zone de contact pour le tourisme qui favorise l’échange culturel et économique.
4. Tous les documents peuvent servir à justifier l’expression « zone de fracture Nord/Sud ». Il y a des fractures linguistiques et
religieuses mais avant tout des fractures révélant les disparités de développement et de richesse. En effet, on a déjà relevé des
différences entre les grandes aires linguistiques, religieuses et culturelles mises en contact en Méditerranée. Au total, elle est
bien un carrefour mais la mer sépare tout de même ces grandes aires linguistiques, religieuses et culturelles. Aussi pourrait-on y
voir un obstacle, capable de créer des fractures, des tensions religieuses ou culturelles comme pendant les guerres en
Yougoslavie dans les années 1990. Surtout, il existe des différences dans les flux humains révélant une fracture économique.
Les flux humains sont toujours unidirectionnels : pour les migrations (doc. 3), ils se font dans le sens Sud-Nord, pour le
tourisme (doc. 5) dans le sens Nord-Sud. Les pays de l’Union européenne – ouverts entre eux dans le cadre de l’espace
Schengen pour la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux – ferment leurs frontières et refusent l’entrée
massive d’immigrants. Ces derniers, venus d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord mais aussi de Turquie, voire de plus
loin (Asie), franchissent clandestinement les détroits méditerranéens pour se rendre en Europe dans l’espoir de trouver un
emploi et des conditions de vie meilleures. Les flux touristiques en Méditerranée sont dissymétriques : les touristes sont avant
tout européens, ils ont les moyens financiers de se rendre à l’étranger où ils passeront des vacances à un prix souvent plus
abordable que dans leur pays d’origine. La majorité des habitants des PSEM n’a pas les moyens financiers de partir en
vacances, et encore moins dans les pays de la rive Nord. En outre, les pays de la rive Nord sont ceux qui ont les plus grandes
métropoles, qui concentrent les hommes et les activités. Elles attirent et polarisent à la fois. Ce sont d’ailleurs des villes
d’accueil pour les migrants (doc. 3). Ils possèdent également des espaces littoraux aménagés pour les échanges (doc. 4) : les
plus grands ports pour le trafic de marchandises s’y trouvent : le port de Marseille-Fos est le premier port méditerranéen avec
un trafic annuel de 100 millions de tonnes ; le port d’Arzew, en Algérie, est le plus grand port des PSEM avec près de 50
millions de tonnes. Les ports spécialisés dans le trafic de conteneurs sont aussi présents : c’est le cas d’Algésiras (Espagne) et
de Giaoa Tauro (Italie), reliant le Sud de l’Europe au reste du monde. Aucun port des PSEM n’est capable d’en faire autant.
5. Certains aspects importants du sujet n’apparaissent pas dans les documents. Il n’est pas fait mention des zones de tensions
(celles marquées par le terrorisme ou par des guerres, notamment le Proche-Orient). Les différences démographiques ne sont
pas abordées non plus : la population des PSEM connaît une forte croissance et est très jeune, à la différence des pays de la rive
Nord de la Méditerranée. En ce qui concerne les contacts entre les deux rives, les documents oublient d’évoquer les flux
financiers : les IDE sont réalisés par les pays développés de la rive Nord en direction des PSEM et les remises – ces sommes
d’argents envoyées par les immigrés à leur famille restée dans le pays d’origine – sont orientées Nord-Sud. Enfin, la
collaboration étatique – dans le cadre du programme MEDA notamment – n’est pas présente dans les documents. Il s’agit
d’aides au développement (par des programmes et des financements) fournis par l’Union européenne aux PSEM.