COMPOSITION DE GEOGRAPHIE - SUJET N°1 : CENTRES D

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COMPOSITION DE GEOGRAPHIE - SUJET N°1 : CENTRES D’IMPULSION
ET PERIPHERIES DANS LE CADRE DE LA MONDIALISATION
La mondialisation, processus d’échanges de biens et services est devenue une réalité ancrée dans notre quotidien mais ce
processus véhicule aussi, pour le citoyen, l’idée d’un monde inégalitaire influencé par des Etats emblématiques (comme les
Etats-Unis) ou au contraire dominé : des périphéries d’où émergeraient néanmoins de nouveaux géants comme l’Inde ou la
Chine ont saisi l’opportunité de s’insérer dans une économie libérale par le biais des échanges. Si certains territoires sont
considérés comme des espaces moteurs, des centres d’impulsion au cœur de la mondialisation, d’autres au contraire sont
dominés par ces centres d’impulsion qu’il appartiendra d’identifier.
Comment expliquer que la mondialisation produise une organisation inégalitaire et hiérarchisée du monde ?
Dans un premier temps il conviendra de présenter la puissance de la Triade et ses relais qui animent des flux massifs,
d’inventorier les atouts favorisant leur domination (I), avant d’étudier les nouveaux pôles d’impulsion qui appartiennent à ces
périphéries en voie d’intégration et de comprendre les moteurs de leur ascension (II) pour finir par examiner les périphéries qui
restent en marge et de comprendre les multiples facteurs explicatifs (III).
I. La Triade, trois pôles animant et dominant la mondialisation
A. La Triade, poids lourd de la mondialisation
Titre : La Triade au centre de la mondialisation
1. Les Etats-Unis
- Pôle puissant (25% du PNB mondial), le +
vaste (9 millions de km² et le plus peuplé (303
millions d’hab.) de la Triade.
- Pôle moteur des échanges mondiaux (surtout
des IDE, des informations et matières 1ères),
notamment grâce à l’ALENA.
2. L’Union européenne
- Pôle le + puissant au plan éco (32% du PNB
mondial) et commercial (1ère zone d’échanges
de la planète avec un marché intérieur de 500
millions de consommateurs potentiels)
- Mais des performances obtenues par l’association de 27 Etats et d’importantes inégalités
spatiales internes : l’Europe de l’Ouest est le
moteur de la croissance et du dynamisme de
l’UE, qui tire les PECO vers le haut.
3. Le Japon
- La 2ème puissance économique mondiale (13 % du PNB, n°3 du commerce mondial et 128 millions d’habitants) ; un géant
technologique et créancier du monde (Etat qui prête le plus d’argent aux autres Etats)
- Malgré sa croissance plus faible depuis 1991 et son faible poids politique, une grande influence sur la façade de l’Asie
orientale et liens forts avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
B. Des atouts nombreux qui expliquent la domination de la Triade
1. Des facteurs historiques
- Aux Etats-Unis, un système éco efficace et une superpuissance affirmée pendant la Guerre froide.
- Pour l’UE, une puissance qui remonte au Moyen Age et qui s’est réaffirmée après 1945 avec la construction européenne.
- Pour le Japon, une population disciplinée, une économie capable de s’adapter et qui s’oriente vers les hautes technologies.
2. La maîtrise des territoires
- Des réseaux de transport denses et complets à l’échelle nationale : grands ports et aéroports, axes autoroutiers…
- Contrôle des flux de transports internationaux grâce à de grandes sociétés de logistique
- Des atouts décisionnels : les organisations internationales (OMC, FMI…) et les + puissantes FMN au monde.
3. Le rôle majeur des métropoles
- Siège d’institutions internationales qui constituent des lieux de décision à l’échelle mondiale : FMI, ONU, OMC…
- Des lieux économiquement puissants : bourses (NY, Londres), technopôles et universités (MIT, Harvard, Silicon Valley…)
- « Archipel mégalopolitain mondial » dominé par la Triade qui compte nombre de mégapoles (New York, Londres, Tokyo…)
incluses dans les mégalopoles (mégalopole américaine, mégalopole européenne, mégalopole japonaise).
II. Des périphéries sur la voie de l’intégration à la Triade
A. Certains pays émergents, de futurs centres d’impulsion ?
1. Les géants asiatiques
- Des géants démographiques (Chine : 1,3 milliard d’habitants et Inde : 1,1 milliard d’habitants) et territoriaux (Chine : 9,5
millions de km& et Inde : 3,3 millions de km²).
- Des géants économiques : 4ème PNB mondial pour la Chine au 10ème rang mondial pour l’Inde, encore un peu en retrait.
- Deux pays qui enregistrent des excédents commerciaux colossaux (en valeur, exportations > importations).
- En Chine comme en Inde, des mégapoles puissantes au rayonnement mondial : Shanghai avec l’Exposition universelle en
2010), Pékin avec les JO d’été en 2008 et Mumbay (ex-Bombay) avec 10% des emplois industriels de l’Inde.
Titre : Les périphéries en voie d’intégration à la mondialisation
2. Brésil et Russie, deux autres centres en
devenir
- Brésil : émergence au 11ème rang
mondial avec un dynamique fort au SudEst du pays (autour de Sao Paulo et Rio)
- Russie : maintien au 8ème rang mondial
mais renouveau de la puissance grâce aux
hydrocarbures et richesses minières.
3. Les autres pays émergents du Sud
constituent des périphéries de mieux en
mieux intégrées
- Mexique : émergence au 14ème rang
mondial grâce à l’ALENA et à la
proximité des Etats-Unis (maquiladoras)
- Afrique du Sud : la puissance
dominante du continent africain (23ème
puissance mondiale)
- Argentine : une des puissances
émergentes d’Amérique latine (au 24ème
rang mondial)
B. Les relais de la Triade au Nord
1. Les dragons asiatiques (Taïwan, Corée du Sud et Singapour) : des périphéries intégrées à la Triade
- Des flux intenses et de toute nature entre eux et la Triade (IDE, marchandises, informations)
- Emergence dans les années 1960 grâce aux bas salaires et à leur spécialisation dans les nouvelles technologies.
2. Australie, Nouvelle-Zélande et Canada : Des pays du Nord hors de la Triade
- Des périphéries intégrées à la mondialisation, assimilées au modèle américain (valeurs et organisation économique).
- Un haut niveau de vie (des Etats du Nord dont l’IDH est supérieur à 0,9) et une économie industrialisée.
- Des flux intenses avec les deux pôles de la Triade, les Etats-Unis et le Japon (pour des raisons de proximité).
C. D’autres périphéries en situation d’interface
1. Les pays ateliers et les nouveaux NPI
- Mexique et Chine : en situation d’interface, ouverts sur un ou deux océans dont intégrés aux échanges mondiaux.
- PSEM et bébés tigres : main d’œuvre bon marché donc zone d’implantation des usines délocalisées depuis les pays du Nord
2. D’autres périphéries intégrées par leurs atouts spécifiques
- Pays pétroliers : une manne financière (mal partagée) du fait des exportations d’hydrocarbures (Golfe)
- Paradis touristiques une manne financière (mal partagée) du fait de l’accueil des touristes venus du Nord. Caraïbes
Océan Indien
- Paradis fiscaux : accueil de capitaux légaux et illégaux du fait des faibles taux d’imposition.
III. Des périphéries délaissées voire marginalisées
A. Des espaces oubliés ou marginalisés dans les pays du Sud
1. L’Afrique subsaharienne
- Des Etats peu intégrés dans la mondialisation : exportateurs de quelques produits du sous-sol ou agricoles vers la Triade.
- Faible développement : IDH <0,7 dont certains Etats appartiennent aux PMA (IDH < 0,4).
2. Des Etats et des régions isolés
- Iles et archipels de l’Océan Pacifique, des Caraïbes et l’Océan Indien : liens parfois difficiles avec les continents.
- Etats continentaux sans façade maritime (Mongolie, Afghanistan, Népal) : difficile intégration au commerce mondial
- Quelques espaces enclavés au Nord : Sibérie, Grand Nord canadien, déserts australiens…
B. Des facteurs responsables de cette marginalisation
1. Un retard économique considérable
- Des anciennes colonies européennes victimes du mal-développement.
- Des pays émetteurs de flux migratoires (légaux ou illégaux) vers la Triade pour avoir une vie meilleure.
2. Des angles morts dans le cadre des échanges
- Des Etats mal reliés aux grands flux à cause de l’insularité ou de l’enclavement au centre des continents.
- Peu d’intérêt des FMN (soucieuses de profits) pour ces marchés éloignés ou peu solvables.
3. De graves problèmes internes
- Des menaces politiques : guerres civiles (Irak, Somalie), instabilité politique forte (Irak, Madagascar)…
- Un isolement politique de certains Etats, soit volontaire (Corée du Nord) soit imposé (Cuba mis sous embargo).
La mondialisation encourage les échanges commerciaux et l’uniformisation des comportements. Mais ce phénomène planétaire
produit de profondes inégalités spatiales et une hiérarchisation des territoires. En effet, si la Triade et ses relais dominent
l’organisation économique mondiale, ils doivent faire face à des périphéries actives dans lesquelles naissent de nouveaux
centres d’impulsion de l’économie du XXIème siècle. Toutefois le succès des pays émergents ne doit pas masquer les nombreux
perdants de la mondialisation qui n’ont su éviter la marginalisation à l’image de l’Afrique subsaharienne qui peine à s’extirper
du sous-développement chronique et s’insère encore peu dans la mondialisation. La logique centre périphérie se double d’une
fracture de développement entre Nord et Sud qui constitue une des critiques majeures de la mondialisation libérale actuelle.
EPREUVE MAJEURE : GEOGRAPHIE - SUJET N°2 - COMPOSITION
LES ESPACES DE LA SUPERPUISSANCE DES ETATS-UNIS
La crise immobilière et financière, qui a débuté à l’automne 2008, s’est déclenchée en Californie avant de gagner tous les EtatsUnis puis, petit à petit, toute la planète. Ainsi, les phénomènes qui affectent le territoire états-unien ont un impact à l’échelle
internationale voire mondiale. Ceci s’explique en partie par la superpuissance de cet Etat : première puissance productive de la
planète (avec 25% du PNB mondial), un des Etats les plus vastes (9 millions de km²) et les plus peuplés au monde (303 millions
d’habitants) dont les capacités d’influence sont puissantes au plan diplomatique et militaire comme culturel. Cette
superpuissance s’appuie surtout sur les régions motrices des Etats-Unis, la mégalopole du Nord-Est et la Sunbelt, qui assurent à
cet Etat un rayonnement continental et mondial.
Ainsi, il conviendra d’expliquer pourquoi les régions motrices des Etats-Unis permettent à cet Etat d’influencer le monde.
Après avoir mis en évidence les régions motrices des Etats-Unis et leurs éléments de puissance (I), on montrera que ces régions
permettent aux Etats-Unis de dominer le continent américain (II) mais aussi une grande partie du monde (III).
I. Les espaces moteurs du territoire des Etats-Unis...
A. Le Nord-Est, centre d’impulsion national et mondial
1. Une région densément peuplée
Titre : Les régions motrices de la puissance des Etats-Unis
- Historiquement, première région peuplée par les
Européens, arrivés à partir du XVIIème s.
- Espace fortement et densément peuplé : entre les Grands
lacs et le littoral, environ 80 millions d’habitants dont la
megalopolis qui s’étend sur 800 km du Nord au Sud et qui
accueille 45 millions d’habitants.
2. Le cœur historique de l’économie
- 75% du potentiel industriel des Etats-Unis sont présents
dans cette région (Ford à Détroit) et l’essentiel des centres
financiers (banques et compagnies d’assurances ont
souvent leur siège dans la megalopolis).
- Les plus grandes et prestigieuses universités des EtatsUnis (Yale, MIT, Harvard…) donc un bon potentiel de
formation et de recherche.
- Une forte densité d’infrastructures de transports : les
grands ports (Baltimore, New York), les principaux
aéroports (JFK à New York, O’Hare à Chicago…).
3. Un centre décisionnel mondial
- Des centres de décision économique : bourses de Wall Street et de Chicago (pour les valeurs agricoles) ; FMI à Washington…
- Des centres de décision diplomatique : des institutions internationales (ONU à New York,
- Des centres de décision politique : les institutions fédérales des Etats-Unis à Washington (Maison blanche, Congrès…)
B. La Sunbelt, une région en essor et ouverte sur l’extérieur
1. Un ensemble régional attrayant
- Une région d’arrivée de population, essentiellement des migrations internes qui quittent le Nord-Est.
- Rasions : un cadre de vie plus agréable et des emplois (grâce à des activités dynamiques et créatrices de richesses).
2. Quelques pôles au dynamisme fort
- Floride : Etat qui fonde sa puissance sur les activités touristiques (croisières, parcs Disney…)
- Texas : Etat qui fonde sa puissance sur l’exploitation du pétrole (en sous-sol mais aussi en off-shore dans le Golf du Mexique)
- Californie : Etat le plus puissant de la Sunbelt, qui fonde sa puissance sur l’industrie des médias et les hautes technologies.
C. Des périphéries qui contribuent à la puissance états-unienne
1. L’intérieur du pays, une réserve au service de la puissance
- Les grandes plaines : une zone de production agricole immense, qui permet d’exporter en masse dans le monde.
- Les montagneuses Rocheuses : exploitation de richesses du sous-sol (cuivre, fer…)
2. Hawaï et Alaska, deux Etats périphériques mais utiles
- Hawaï : une destination touristique importante du Pacifique (notamment spécialisé dans les sports de glisse).
- Alaska : une réserve d’hydrocarbure pour satisfaire les besoins de l’économie états-unienne.
II. permettent une mainmise sur l’Amérique...
A. L’Amérique, « chasse gardée » des Etats-Unis
1. L’influence des Etats-Unis sur l’Amérique du Nord
- ALENA : zone de libre échange créée en 1994 (avec Canada et Mexique) pour faciliter les échanges de biens et de services.
- Diffusion du modèle socio-culturel américain au Canada et au Mexique (via les médias : Internet, télévision, cinéma), d’où
l’attractivité des Etats-Unis, pour les Mexicains surtout (environ 1 million de tentatives de passage chaque année).
2. La domination des Etats-Unis sur l’Amérique du Sud
- Tentative de mise en place d’une zone de libre échange américaine (ZLEA) menée par les Etats-Unis
- Des interventions militaires et diplomatiques pour protéger les intérêts économiques américains (canal de Panama) ou
maintenir des régimes qui arrangent Washington (soutien de la CIA au coup d’état de Pinochet au Chili en 1973).
B. Les Etats-Unis organisent les flux dans le continent
1. Des flux massifs et variés polarisés sur les Etats-Unis
- Des flux humains dirigés vers les Etats-Unis, qui sont l’Etat riche et développé du continent (meilleures conditions de vie).
- Des flux financiers surtout investis par les Etats-Unis en Amérique latine, là où la main d’œuvre est moins chère.
- Des flux de marchandises, produites à faible coût en Amérique latine, qui entrent sur le sol états-unien.
2. L’importance des espaces transfrontaliers
- L’axe laurentien : espace transfrontalier entre le Nord-Est des Etats-Unis et le Sud-Est du Canada (mégalopole qui se prolonge
de l’autre côté de la frontière ; des flux massifs, tants économiques qu’humains)
- La frontière Etats-Unis/Mexique : une interface Nord-Sud avec des investissements américains dans les villes frontalières du
Mexique et leurs industries à bas coût (maquiladoras). Des flux économiques massifs mais fermeture pour les hommes.
- Pugetopolis : espace transfrontalier autour de Seattle et Vancouver (en cours de construction).
III. et exercent une influence à l’échelle mondiale
A. Une incontestable superpuissance mondiale
1. La première puissance économique et commerciale du monde
- Puissance du commerce : 30% du PNB et une place majeure au sein de l’Organisation mondiale du commerce.
- Premiers importateur et exportateurs de services et seconds de marchandises après l’Europe.
- Puissance du dollar : 50% des transactions mondiales payées en dollar la moitié (une monnaie d’échange et de réserve).
2. Les Etats-Unis, gendarmes du monde (le hard power)
- Une domination militaire sans partage : des traités d’alliance (OTAN…) et des bases militaires implantées dans des
zones stratégiques (océan Pacifique, océan Indien, Moyen-Orient, Europe, Caraïbes…).
- Des interventions militaires récentes : Afghanistan, Irak.
3. Un modèle culturel au rayonnement mondial (le soft power)
- Diffusion de l’American way of life américain grâce aux médias (musique, cinéma, séries télé, sports…)
- L’Anglais reste la première langue de communication de la planète.
B. Des continents influencés par les Etats-Unis
1. L’Europe et l’Asie, des alliés concurrents
- Europe : allié traditionnel au plan politique et diplomatique (pour des raisons historiques : les Etats-Unis sont une ancienne
colonie britannique) mais un redoutable concurrent sur le plan économique et commercial. Cas particulier de l’Europe centrale
et orientale, avec lesquelles les Etats-Unis renforcent leurs liens depuis 1991 (élargissement de l’OTAN).
- Asie : un allié diplomatique plus récent (depuis la Guerre froide, pour éviter que l’Asie ne bascule sous l’influence de
l’URSS), un allié économique pendant longtemps, qui devient de plus en plus un concurrent sérieux (avec la présence du Japon,
la montée en puissance des géants chinois et indien et des NPIA).
2. L’Afrique, un continent un peu délaissé par les Etats-Unis
- Des liens assez faibles avec les Etats africains : peu ou pas d’alliances diplomatiques, de faibles flux…
- L’Afrique, la chasse gardée des Européens (les Etats africains sont d’anciennes colonies européennes).
3. Le Moyen-Orient, une zone stratégique mais rebelle
- Une zone stratégique au plan diplomatique car elle est fréquemment en proie à l’instabilité dans les Etats (Liban, Iran…) ou
entre les Etats (conflit israélo-palestinien depuis 1948 ; guerre Iran/Irak entre 1980 et 1988 ; guerre du Golfe en 1991…). Donc
une zone à pacifier, à sécuriser qui suscite toute l’attention des services secrets et de l’armée des Etats-Unis.
- Une zone stratégique au plan économique du fait de la présence d’hydrocarbures, indispensables à l’économie américaine.
- Mais une zone rebelle car des Etats refusent de se plier à l’influence/domination américaine (souvent sous l’égide des
mouvements islamistes : les Talibans en Afghanistan, la République islamique d’Iran…).
En fin de compte, la superpuissance des Etats-Unis est perceptible à toutes les échelles géographiques, et c’est le seul Etat de la
planète capable d’influencer l’ensemble de la planète. Ceci justifie donc bien le fait qu’ils sont l’Etat le plus puissant au monde,
dans tous les domaines. Si les régions motrices des Etats-Unis permettent à cet Etat de dominer la planète, c’est d’abord parce
qu’elles accueillent des activités puissantes au rayonnement international (bourses de New York et de Chicago, siège de l’ONU
et du FMI…). Presqu’aucun territoire sur la Terre n’échappe à l’influence/domination des Etats-Unis (à part l’Afrique qui ne
représente pas un enjeu majeur pour le commerce et la diplomatie des Etats-Unis). Ainsi, on peut se demander si la montée des
contestations et des concurrences face à la superpuissance des Etats-Unis va faire évoluer cette géographie.
EPREUVE MAJEURE : GEOGRAPHIE - SUJET N°3 - ETUDE D’ENSEMBLE DOC.
L’ESPACE MED., ESPACE DE FRACTURE OU ZONE DE CONTACT NORD/SUD ?
Première partie : Analyse de l’ensemble documentaire
1. La Méditerranée est le lieu d’une « rencontre de civilisations » c’est-à-dire qu’elle met en contact des aires linguistiques,
religieuses et culturelles. Sur la rive Nord de la Méditerranée, les langues sont d’origine indo-européenne (comme les langues
romanes dérivées du latin comme l’italien, le français ou le roumain, ou bien slaves tels le slovène ou le serbo-croate). La
religion dominante est le christianisme mais l’on peut remarquer un partage entre la chrétienté latine catholique dans la partie
Nord-Ouest (Espagne, France, Italie) et la chrétienté orthodoxe dans la partie Est (Grèce). (Les minorités musulmanes sur la
rive Nord ne sont pas cartographiées). Sur les rives Sud et Est, c’est le « domaine de l’Islam ». Une grande homogénéité
religieuse et culturelle domine. Tous les pays sont musulmans (à l’exception d’Israël où la majorité des habitants pratiquent le
judaïsme). Ici, deux grandes aires linguistiques sont présentes. En Afrique du Nord et au Proche-Orient les langues parlées sont
des langues chamito-sémitiques (l’arabe, le berbère). En Turquie, les habitants parlent le turc, une langue ouralo-altaïque.
2. L’IDH est l’Indicateur de Développement Humain. Il mesure le niveau de développement d’un Etat et varie entre un
maximum de 1 et un minimum de 0. Il est calculé à partir de critères de richesse (revenu par habitant), de santé (espérance de
vie à la naissance) et d’éducation (taux d’alphabétisation des adultes). Ce document est intéressant pour notre sujet parce qu’il
permet de distinguer des groupes de pays méditerranéens. Ainsi la France, l’Italie, l’Espagne et Israël sont ensemble : ce sont
des pays industrialisés développés. Ils ont des IDH élevés, proches ou supérieurs à 0,9, et un PIB/habitant supérieur ou égal à
16 000 dollars par an. A l’opposé, on peut remarquer la Palestine, l’Algérie, l’Egypte ou l’Albanie, des pays en développement
dont l’IDH varie entre 0,6 et 0,69 et qui ont des PIB/habitant compris entre 4 780 et moins de 2 000 dollars par an. Les Etats
regroupés au centre du graphique sont à la fois des Etats de la rive Nord et de la rive Sud et Est de la Méditerranée. Les niveaux
de développement et de richesse sont donc bien disparates, ce qui met en évidence une fracture socio-économiques entre les
pays de la rive Nord (France, Espagne, Italie) et ceux des rives Sud et Est (Maroc, Egypte, Turquie). Cette affirmation doit
toutefois être nuancée puisqu’il existe des disparités à l’intérieur même des pays de la rive Nord (l’Albanie a le profil d’un pays
du Sud et Israël celui d’un pays du Nord). De trop grosses différences de richesse et de développement sont sources de
fractures, mais contrôlées, elles peuvent définir une complémentarité, source d'échanges commerciaux ou culturels.
3. Cette publicité touristique s’adresse à des Français. L’adresse et les coordonnées téléphoniques en témoignent puisque les
bureaux de l’office du tourisme tunisien sont à Paris et à Lyon. Ce document permet d’aborder les contacts entre Nord et Sud en
ce qui concerne le tourisme. Certains pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) font le choix d’aménager leur
territoire pour développer l’activité touristique (aéroports, autoroutes, hébergements, etc.). Le tourisme constitue d’ailleurs une
part croissante de leur PIB. C’est le cas de la Tunisie (mais aussi pour l’Egypte ou la Turquie) qui a des atouts incontestables :
un patrimoine culturel (sites archéologiques) et naturel (ensoleillement quasi permanent, plages, désert, etc.) pouvant attirer des
touristes nombreux. La Méditerranée est une zone de contact pour le tourisme qui favorise l’échange culturel et économique.
4. Tous les documents peuvent servir à justifier l’expression « zone de fracture Nord/Sud ». Il y a des fractures linguistiques et
religieuses mais avant tout des fractures révélant les disparités de développement et de richesse. En effet, on a déjà relevé des
différences entre les grandes aires linguistiques, religieuses et culturelles mises en contact en Méditerranée. Au total, elle est
bien un carrefour mais la mer sépare tout de même ces grandes aires linguistiques, religieuses et culturelles. Aussi pourrait-on y
voir un obstacle, capable de créer des fractures, des tensions religieuses ou culturelles comme pendant les guerres en
Yougoslavie dans les années 1990. Surtout, il existe des différences dans les flux humains révélant une fracture économique.
Les flux humains sont toujours unidirectionnels : pour les migrations (doc. 3), ils se font dans le sens Sud-Nord, pour le
tourisme (doc. 5) dans le sens Nord-Sud. Les pays de l’Union européenne – ouverts entre eux dans le cadre de l’espace
Schengen pour la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux – ferment leurs frontières et refusent l’entrée
massive d’immigrants. Ces derniers, venus d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord mais aussi de Turquie, voire de plus
loin (Asie), franchissent clandestinement les détroits méditerranéens pour se rendre en Europe dans l’espoir de trouver un
emploi et des conditions de vie meilleures. Les flux touristiques en Méditerranée sont dissymétriques : les touristes sont avant
tout européens, ils ont les moyens financiers de se rendre à l’étranger où ils passeront des vacances à un prix souvent plus
abordable que dans leur pays d’origine. La majorité des habitants des PSEM n’a pas les moyens financiers de partir en
vacances, et encore moins dans les pays de la rive Nord. En outre, les pays de la rive Nord sont ceux qui ont les plus grandes
métropoles, qui concentrent les hommes et les activités. Elles attirent et polarisent à la fois. Ce sont d’ailleurs des villes
d’accueil pour les migrants (doc. 3). Ils possèdent également des espaces littoraux aménagés pour les échanges (doc. 4) : les
plus grands ports pour le trafic de marchandises s’y trouvent : le port de Marseille-Fos est le premier port méditerranéen avec
un trafic annuel de 100 millions de tonnes ; le port d’Arzew, en Algérie, est le plus grand port des PSEM avec près de 50
millions de tonnes. Les ports spécialisés dans le trafic de conteneurs sont aussi présents : c’est le cas d’Algésiras (Espagne) et
de Giaoa Tauro (Italie), reliant le Sud de l’Europe au reste du monde. Aucun port des PSEM n’est capable d’en faire autant.
5. Certains aspects importants du sujet n’apparaissent pas dans les documents. Il n’est pas fait mention des zones de tensions
(celles marquées par le terrorisme ou par des guerres, notamment le Proche-Orient). Les différences démographiques ne sont
pas abordées non plus : la population des PSEM connaît une forte croissance et est très jeune, à la différence des pays de la rive
Nord de la Méditerranée. En ce qui concerne les contacts entre les deux rives, les documents oublient d’évoquer les flux
financiers : les IDE sont réalisés par les pays développés de la rive Nord en direction des PSEM et les remises – ces sommes
d’argents envoyées par les immigrés à leur famille restée dans le pays d’origine – sont orientées Nord-Sud. Enfin, la
collaboration étatique – dans le cadre du programme MEDA notamment – n’est pas présente dans les documents. Il s’agit
d’aides au développement (par des programmes et des financements) fournis par l’Union européenne aux PSEM.
Deuxième partie : Réponse organisée
I. Un espace de fractures où les disparités de richesse et de développement sont marquées
A. Des dynamiques démographiques différentes
- Basculement démographique : la rive Nord était jusque là la plus peuplée, il devrait y avoir parité avec la rive Sud en 2050.
- Sur la rive Nord : transition démographique achevée donc vieillissement de la population.
- Dans les PSEM : transition démographique en cours donc une forte croissance et une population jeune marquée par le
chômage, les “petits boulots” (surtout dans le secteur informel), les inégalités sociales et les flambées périodiques de violence.
B. Des écarts de richesse et développement importants
- PIB par habitant : écart de richesse important entre la rive Nord (l’UE intégrée à la mondialisation) et les PSEM (en marge).
- IDH : mêmes écarts que pour la richesse mais le phénomène est cependant moins marqué.
C. Une fracture Nord-Sud à nuancer…
- A l’échelle mondiale, c’est bien une zone de contacts, une interface entre le Nord et le Sud.
- A l’échelle du bassin méditerranéen : c’est beaucoup moins évident… : Balkans et surtout Albanie / Israël / Turquie plutôt un
pays émergent
- A l’échelle nationale : dans l’UE, les régions « en retard » sont surtout méditerranéennes (Mezzogiorno en Italie…)
D. La mise en valeur inégale des espaces
- Les façades maritimes :
• au Nord, des façades bien aménagées ; littoraux urbanisés, densément peuplés, avec des ports bien équipés
• su Sud, un développement inégal : une mise en valeur plus récente et incomplète. Industrialisation peu poussée, récente,
basée sur l’exploitation des matières premières, donc peu diversifiée. Tourisme à proximité des points d’entrée dans le
territoire : ports, mais surtout aéroports. Quelques destinations privilégiées (Tunisie, Maroc, Egypte, Turquie) et de
nombreux espaces qui restent en marge du développement soit faute de peuplement, soit par mal développement.
- Les villes et des métropoles :
• au Nord, des métropoles nombreuses et dynamiques qui organisent l’espace. Des réseaux urbains denses et structurés.
• au Sud, des métropoles de PVD, moins nombreuses et plus éparses. Croissance urbaine au rythme soutenu sous le double
effet d’un accroissement naturel fort et de l’exode rural qui continue. Des villes aux caractères de villes du tiers-monde :
sous-équipement, problèmes d’approvisionnement, congestion, pollution
II. Un espace de contacts et d’échanges sillonné de flux
A. Les flux humains
- L’explosion des flux migratoires (difficile à quantifier). Des déséquilibres éco qui entraînent d’importants flux migratoires
selon un axe Sud/Nord et un axe Sud-Est/Nord-Ouest.
• Zones de départ au Sud et à l’Est mais certains PSEM (Maghreb, Turquie et Liban) sont à la fois des pays de départ et des
pays de transit pour des migrants d’une origine plus lointaine (Afrique subsaharienne ou Asie méridionale ou orientale).
• Pays d’accueil surtout au Nord. Certains pays de la rive Nord (Italie, Espagne, France) sont à la fois des pays d’accueil et
des pays de transit pour des migrants qui se rendent plus au Nord en Europe.
• Des migrations clandestines en essor du fait du durcissement de la législation européenne. Des flux qui viennent souvent
de pays situés hors de la Méditerranée. 3 plaques tournantes : détroits de Gibraltar, de Sicile et des Dardanelles.
- L’essor des flux touristiques : la Méditerranée constitue un espace de contact, une zone intermédiaire.
• Méditerranée = 1er bassin touristique au monde du fait d’atouts naturels (mer, soleil, climat désert), patrimoniaux (sites
archéologiques) qui permettent un tourisme diversifié : balnéaire, culturel, sportif, etc.
• une activité touristique présente au Nord comme au Sud (mais moins développée dans les PSEM). En Tunisie, au Maroc,
en Egypte ou en Turquie, le tourisme est une importante source de revenus. Il permet aussi des contacts entre les
populations du Nord et du Sud. Ces contacts donnent une image du Nord qui participe à l’alimentation des flux migratoires.
B. Les flux économiques, commerciaux et financiers
- Des flux de marchandises présents depuis l’Antiquité (« mare nostrum » des Romains). Dans l’histoire, une interface entre
Orient et Occident, bien davantage qu’entre Nord et Sud.
• des échanges dissymétriques qui répondent aux besoins de l’économie européenne, qui sont le reflet des niveaux de
développement : dans le sens Nord-Sud (exportation de produits manufacturés et de produits agricoles), dans le sens SudNord (exportation de matières premières, de produits agricoles et de produits manufacturés liés aux délocalisations).
• des échanges surtout maritimes avec l’essentiel du transit à destination de l’Europe du Nord-Ouest. Les ports espagnols,
français ou italiens sont les mieux équipés et relient bien leur arrière-pays par des moyens de communication divers.
- Les flux de capitaux : des flux orientés Nord-Sud surtout en paiements et en IDE (pour les délocalisations) ou et en remises.
C. Les perspectives de développement des pays du Sud : limiter les fractures et faciliter les contacts
- Conférence de Barcelone (1995) : objectif de mise en place d’une zone de libre-échange à l’horizon 2010 dans le cadre du
programme MEDA (projet ambitieux et à ce jour inexistant). Un bilan très mitigé du fait d’un budget très réduit : 5 milliards
d’euros pour 1995-1999, le même montant pour la période actuelle. Les questions migratoires sont au centre du processus.
- Codéveloppement : réduire le clivage entre l’UE et ses voisins (pas uniquement méditerranéens). Propositions d’assistance
pour aligner la législation et la réglementation sur celles de l’UE, afin d’améliorer l’accès à son marché (Maghreb, Israël…)
- Développement des programmes communautaires, notamment dans les domaines de l'éducation, de la recherche, de
l'environnement, à stimuler la coopération sur les questions de gestion des frontières, de mouvements de population, de trafic
d’êtres humains, de criminalité organisée, de blanchiment de capitaux et de criminalité financière et économique…
EXPLICATION D’UN DOCUMENT D’HISTOIRE – SUJET N°1 :
L’URSS AU GRAND AIR
1. Ce document iconographique, affiche du mouvement anticommuniste « Paix et Liberté », est publié en France en 1951. Cette
affiche insère 11 scènes, dénonçant l’attitude de l’URSS et de son dirigeant Staline, alors que la situation internationale est très
tendue entre l’Est et l’Ouest, la Guerre froide connaît ses premières crises importantes (blocus de Berlin en 1948-1949, guerre
de Corée en cours…).
Un personnage est récurrent sur le document : c’est Staline (1879-1853), reconnaissable à sa moustache, à sa casquette de
maréchal marquée de l’étoile. Il est Secrétaire général du Parti Communiste d’Union Soviétique (PCUS) et dirige le pays de
1922 jusqu’en 1953.
2. La population est encadrée et conditionnée par la pensée unique et la ligne du parti à suivre : la scène 1 montre Staline au
Kremlin, résidence du pouvoir soviétique, en train de faire un discours devant le peuple soviétique. Le porte-voix et le panneau
« Education » traduisent l’œuvre de propagande permanente menée par le PCUS et par Staline. La galerie de musée, ne
montrant que des portraits identiques de Staline (scène 7) symbolise le culte de la personnalité : il s’agit de glorifier le chef en
utilisant tous les médias possibles (presse écrite, orale, peinture, littérature, musique…).
L’allusion au système économique est plus rare : seules les mines de Sibérie (scène 6) exploitées par des prisonniers sous
surveillance pourraient faire référence à une partie du modèle économique soviétique (industrialisation à marche forcée).
Les scènes 2, 3, 5 et 9 font allusion au système répressif stalinien. La scène 5 montre un train transportant des prisonniers,
surveillés par des soldats : il s’agit des déportations vers les camps de travaux forcés (scène 2). La scène 2 évoque un camp de
travaux forcés (reconnaissable aux barbelés et aux miradors), géré par le Goulag. Le panneau « stations thermales » a une
connotation ironique : ceci s’explique par le fait que l’essentiel de ces camps se situaient en Sibérie (d’où « Sibérie express » à
la scène 5) et qu’à la différence d’une véritable station thermale – sensée améliorer la santé – les camps staliniens faisaient
mourir les détenus à petit feu, de faim et d’épuisement. La scène 3 illustre les grands défrichements en Sibérie, effectués par les
prisonniers des camps du Goulag, afin de mettre en valeur le territoire soviétique. Enfin, la scène 9 représente une exécution
sommaire par pendaison des opposants staliniens les plus célèbres afin de servir d’exemples.
3. Plusieurs scènes font référence à l’influence de l’URSS à l’étranger. D’abord, l’affiche dénonce Staline, dans la scène 4, sous
les traits d’un porc bien gras, nourri par des prélèvements de denrées effectués dans les démocraties populaires d’Europe de
l’Est (mais aussi en URSS). On voit des militaires prendre de la nourriture sur la table d’une famille d’un « pays libéré »,
traverser la frontière de l’URSS, et l’apporter dans l’auge de Staline. Ceci représente à la fois l’exploitation économique des
démocraties populaires pour le compte de l’URSS (dans le cadre du CAEM) et suggère les conditions de vie difficiles de la
population.
A la scène 11, la présence d’un paysan asiatique que Staline chevauche et fouette peut suggérer la domination supposée des
Soviétiques sur les pays communistes asiatiques (Chine ou Indochine).
Sur la scène 8, appelée « footing », un char de l’Armée rouge et un régiment franchissent la frontière séparant l’URSS d’un
pays d’Europe de l’Est. C’est une intrusion de l’URSS dans les affaires d’un Etat souverain ou alors ces militaires pourchassent
des opposants qui fuient le pays.
Enfin, la rose des vents, où sont embrochés des hommes sur les quatre points cardinaux, représente l’influence de l’URSS dans
le monde (la faucille et le marteau sont les symboles présents sur le drapeau soviétique). Ce sont des opposants au stalinisme
qui sont ainsi châtiés.
4. Le caractère totalitaire du modèle soviétique s’est progressivement atténué dans les années 1950. En effet, Staline meurt en
mars 1953 et Khrouchtchev lui succède à la tête du PCUS. Sa pratique du pouvoir est nettement moins violente que celle de
Staline puisqu’il commence à faire libérer des prisonniers des camps du Goulag. En février 1956, lors du XXème Congrès du
PCUS, Khrouchtchev dénonce les crimes staliniens et met fin au culte de la personnalité centré sur Staline. Les historiens ont
parlé de déstalinisation.
5. Le document insère 11 scènes [qui ont déjà été décrites dans les questions un et deux] ainsi qu’une rose des vents et un titre,
« l’URSS au grand air ». Cette affiche, qui se présente comme une publicité touristique, montre cyniquement les sites et les
activités incontournables qu’un voyageur est susceptible de faire en URSS dans les années 1950. Les auteurs, membres d’un
mouvement anti-communiste français, concourent à manier l’humour noir et la caricature pour mieux dénigrer le régime
soviétique et au-delà la politique du parti communiste en France… Ce document s’inscrit dans la logique de propagande de la
Guerre froide car le camp occidental dénonce le camp soviétique.
EXPLICATION D’UN DOCUMENT D’HISTOIRE - SUJET N°2 :
LE DISCOURS DE GORBATCHEV POUR SON PRIX NOBEL DE LA PAIX
1. Ce document est un extrait du discours qu’a prononcé Mikhaïl Gorbatchev le 5 juin 1991, lorsqu’il a reçu le Prix Nobel de la
Paix pour sa gestion de l’effondrement du bloc de l’Est et de l’URSS, pour lesquels il n’a pas fait intervenir l’Armée rouge,
contrairement aux habitudes soviétiques jusque-là. Cet homme est le dernier dirigeant de l’URSS, nommé Secrétaire général du
PCUS en mars 1985 et élu Président de l’URSS en mars 1990. Il a mené une politique d’ouverture, tant à l’intérieur de l’URSS
et du bloc de l’Est (avec la Glasnost et la Perestroïka qui octroient davantage de libertés aux Soviétiques et tentent d’introduire
un peu de capitalisme dans l’économie) que vis-à-vis des Etats-Unis (avec lesquels il s’engage dans le désarmement et
entretient des relations plus cordiales). Ce discours est une sorte de prospective sur l’après Guerre-froide. Il y présente les
menaces qu’il pressent pour le début du XXIème siècle et appelle la communauté internationale à une gestion collégiale des
affaires du monde.
2. « Le rideau de fer a été levé » : cette formule fait référence à la frontière hermétique qui séparait le bloc occidental du bloc
soviétique. Cette expression est apparue pour la première fois dans la bouche de Churchill à Fulton en mars 1946 lorsqu’il
dénonce la division idéologique de l’Europe en deux camps et la mainmise de l’URSS sur les pays d’Europe centrale et
orientale. Construite progressivement à partir de 1953 sur ordre des autorités soviétiques, cette frontière barbelée empêchait
tout passage d’un bloc à l’autre. Le rideau de fer a été ouvert en mai 1989 : l’Autriche et la Hongrie se sont entendues pour
laisser passer leurs citoyens d’un pays à l’autre. Cette brèche dans le rideau de fer rend inutile le maintien de celui-ci dans son
intégralité.
« L’Allemagne s’est réunifiée, ce qui constitue un tournant majeur de l’histoire » : depuis 1945, l’Allemagne est
occupée par les quatre vainqueurs de la guerre (EU, URSS, RU, France) qui se sont réparti quatre zones d’occupation sur le
territoire allemand. La situation est identique à Berlin, qui se trouve en zone soviétique. En 1948, les Occidentaux décident de
fusionner leurs zones d’occupation, ce à quoi Staline répond par un blocus des zones occidentales de Berlin. Levé en 1949
parce qu’il n’a pas permis de faire reculer les Occidentaux, le blocus est à l’origine d’une division de l’Allemagne en deux Etats
distincts, la RFA (à l’Ouest) et la RDA (à l’Est). Après la chute du mur de Berlin en novembre 1989 (qui encerclait la zone
occidentale depuis 1961), les autorités allemandes s’engagent dans un processus de réunification des deux Etats. En octobre
1990, l’ancienne RDA est absorbée par la RFA et Berlin retrouve son statut de capitale.
« Il n’y a plus sur le continent un seul pays qui ne se considère pas comme entièrement souverain et indépendant ». A
partir de 1989, les régimes communistes des démocraties populaires tombent sous l’effet de l’ouverture du rideau de fer et de la
pression populaire. Des élections libres sont alors organisées et portent au pouvoir des non-communistes pour la première fois
depuis 1945. En URSS, des volontés indépendantistes de la part de chacune des républiques soviétiques ébranlent l’unité de
l’URSS. Gorbatchev, qui n’a pas l’intention d’utiliser la répression, a permis l’indépendance et la démocratisation des
républiques soviétiques, ce qui le conduit à démissionner de son poste de président de l’URSS le 25 décembre 1991.
3. Selon M. Gorbatchev de nouvelles menaces pèsent sur le monde. D’abord par « la recrudescence du nationalisme, du
séparatisme, des processus de désintégration dans différents pays et régions du monde », l’auteur évoque les tensions
nationalistes qui ont lieu en Yougoslavie (ce qui débouchera sur des guerres entre 1991 et 2001) et en Tchécoslovaquie (ce qui
entraînera l’éclatement du pays en deux Etats distincts au 1er janvier 1993 : la République tchèque et la Slovaquie).
Avec la « différence grandissante de niveau et de qualité du développement socio-économique entre pays "riches" et
pays "pauvres" », Mikhaïl Gorbatchev évoque ici la pauvreté grandissante dans les pays du Sud qui favorise « le
développement du terrorisme » et « le maintien de régimes dictatoriaux ». C’est le cas en Irak sous la dictature de Saddam
Hussein : le dirigeant et le parti Baas accaparaient l’essentiel de la richesse du pays (handicapant le développement de l’Irak) et
ont fait preuve d’une violence extrême contre leurs opposants et à l’égard de la minorité kurde.
4. Le nouvel ordre mondial doit s’appuyer sur deux principes majeurs d’après M. Gorbatchev. Le premier est la coopération
internationale « dans le cadre des Nations Unies », il espère ici que l’ONU retrouve une place centrale dans la gestion des
affaires du monde, ce qui n’était pas le cas pendant la Guerre froide (le droit de veto que possédaient les Etats-Unis et l’URSS
paralysait une grande partie de l’action onusienne). Dans cette optique, Gorbatchev appelle la communauté internationale à
fonder un monde plus égalitaire, plus solidaire en faisant appel à des experts originaires des pays riches.
Le second principe, « un ordre mondial pacifique », vise à limiter les conflits et à traiter tous les Etats d’égal à égal. Le
multilatéralisme doit effacer la diplomatie en tête à tête entre les deux Grands pendant la Guerre froide.
5. Sa vision du nouvel ordre mondial ne s’est pas totalement révélée exacte. En ce qui concerne les menaces, bien des craintes
de Gorbatchev étaient fondées : les décennies 1990 et 2000 ont vu se développer divers conflits (guerres de Yougoslavie), du
terrorisme islamiste (Algérie, Palestine, nébuleuse Al Qaïda, etc.) et des dictatures qui se sont maintenues (Kadafi en Libye,
Bongo au Gabon, etc.).
Les espoirs de Gorbatchev quant à un monde de « compromis et d’entente » sont restés vains. En effet, un monde
bipolaire a fait place à un monde unipolaire dominé par la seule superpuissance sortie victorieuse de la Guerre froide, les EtatsUnis. Gorbatchev désirait le multilatéralisme mais c’est l’unilatéralisme qui s’est affirmé. Par exemple les Etats-Unis sont
intervenus en Irak en 2003 sans l’accord de toute la communauté internationale.
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