Histoire des Arts - Collège Jean Racine
Question transversale :
En quoi l’œuvre de Vera Moukhina s’inscrit-elle dans la continuité d’un art au service du pouvoir ?
Année 2013-2014
Niveau :
Œuvre proposée :
Titre : L’ouvrier et la kolkhozienne.
Auteur : Vera Moukhina (1889/1945).
Date : 1937.
Nature : Sculpture en ronde bosse.
Dimension : 25 m de haut. Poids : 80 tonnes.
Lieu d’exposition : Paris, face au centre des
expositions.
Commanditaire : L’Etat soviétique.
Mouvement : Réalisme socialiste.
Visuel :
Présentation de l’auteur :
Vera Moukhina (ou Moukhine) est née à Riga (Lettonie) et
morte à Moscou (URSS). Elle a été considérée comme une
grande sculptrice dans son pays et à l'étranger. Membre de
l'Académie des Beaux Arts d'URSS, elle s'est illustrée dans la
sculpture monumentale et le portrait. On peut la considérer
comme une artiste officielle car elle relayait l'idéologie
soviétique à travers son art.
Période/ Contexte :
A partir de 1929, Staline entreprend la collectivisation des
terres et décide d’accélérer la mise en œuvre du
communisme en URSS et la transformation de l’économie. La
collectivisation a pour but de moderniser l’agriculture et
d’industrialiser le pays. Mené avec une grande brutalité, ce
projet rencontre l’opposition de la paysannerie, les résultats
attendus sont catastrophiques et Staline redouble sa
propagande pour faire accepter ce projet.
Histoire de l’œuvre et impact :
Œuvre réalisée pour l'exposition universelle de Paris en 1937. Elle surmonte le pavillon soviétique et faisait
face au pavillon de l'Allemagne nazie. C'est une commande officielle qui doit illustrer le développement
économique et la réussite idéologique de l'URSS. Elle doit rivaliser avec les autres idéologies montantes :
Nazisme et Fascisme. Elle fait sensation et la France demande même à acheter l’œuvre mais Staline refuse.
Elle est ramenée à Moscou en 1939 et placée sur un piédestal devant l’entrée du musée des réalisations
soviétiques. Elle a été restaurée de 2003 à 2009
Le dôme du bâtiment aurait été très grand, seize fois plus grand
que le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome. Sa coupole
devait reposer sur un socle carré de 315 mètres de côté et sa
hauteur totale de 290 mètres. La grande salle de réunion devait
accueillir 150 000 personnes.
Louis XIV en costume
de sacre, Hyacinthe
Rigaud. 1701.
Le Diadumène,
Polyclète. Musée
national
archéologique
d'Athènes .
Eléments d’analyse succincte :
- L'homme et la femme représentent le peuple d'URSS et son économie : lui, l'ouvrier de l'industrie, et elle, la paysanne du
kolkhoze. Ils sont les héros, les modèles du système soviétique à l’image du mineur Stakhanov.
- Le choix du matériau n'est pas anodin car à cette époque l'industrie métallurgique et sidérurgique en URSS est très
développée.
- C'est donc une œuvre à la gloire du peuple soviétique et de l'URSS. Elle souligne le développement économique (acier,
blé...) voulu par Staline.
- Le mouvement symbolise la réussite du modèle soviétique et la marche vers le progrès du prolétariat.
- Les visages montrent la détermination du peuple soviétique pour lutter contre ses ennemis (nazisme, monarchies, le
capitalisme…) et la volonté d'une révolution mondiale.
Cette sculpture est une œuvre de propagande soviétique au service d’une idéologie : le marxisme-léninisme. En ce sens, elle
est représentative de l’art totalitaire. Elle entend montrer au monde (la statue est au centre de l’exposition universel de Paris !)
que la voie est possible et qu’elle conduit les hommes vers le progrès et le bonheur. Le message du courant réaliste
soviétique est simple : il vise à montrer (ici les progrès de l’Union soviétique en matière économique et que la révolution
mondiale est en route) et non pas à faire réfléchir (dans un régime totalitaire, des citoyens qui pensent sont potentiellement
dangereux !). Avec Staline, les artistes sont entièrement mis au service du régime, ils doivent être syndiqués et être membres
du parti communiste contrairement à la liberté affichée par les artistes avant-gardistes cubo-futuristes de la génération
précédente comme Tatlin, Kasimir Malévitch ou Alexandra Exter L’ensemble des supports comme le cinéma (voir Eisenstein),
la radio, la photo ou la peinture sont utilisés pour servir le régime et son chef.
Réalisme soviétique : dans les années 1910 et issu de l'avant-garde et du cubo-futurisme, il est l’art officiel de
l'URSS sous Staline. Il se veut réaliste et d'une lecture simple même pour un spectateur sans connaissances
artistiques préalables.
Art totalitaire : art officiel désignant des créations artistiques décrété et imposé sous des régimes totalitaires.
Eléments de réponse à la question transversale
L’œuvre de Vera Moukhina est en rupture par
- rapport au courant artistique « cubo-futuriste » de
la période précédente qui était beaucoup plus libre sous
Lénine. Bien qu'ayant des goûts plutôt traditionnels, et qu'il
mette en place les premières instances de contrôle, Lénine
garde une tolérance à l'endroit des courants modernistes.
- La construction d’un homme nouveau au service
de l’Etat. En l’occurrence, un travailleur et une travailleuse
jeunes, forts, musclés et déterminés qui s’inscrit dans
l’idéologie marxiste-léniniste.
L’œuvre de Vera Moukhina est en continuité
- par rapport à l’art totalitaire qui impose aux artistes
un travail académique exclusivement dédié à la
glorification des figures du parti et de ses thèmes, comme en
moigne la "Cinquième symphonie" de Chostakovitch ou
« La Ligne Générale » Eisenstein qui célèbrent le régime.
- La monumentalité des oeuvres réalistes socialistes
à l’image de la sculpture : « la Mère patrie » (ci-dessus) haute
de 85 m de haut, forte de5500t de béton et 2400 t de métal.
L’épée elle-même fait 33 m et pèse 14 t !
Description de l’œuvre
C’est un groupe sculpté en ronde-bosse de deux personnages, de 25 m de haut et de 80 t, réalisé en plaques d’acier
inoxydable d’alliage de fer, de chrome et de nickel donnant un aspect gris blanc très brillant. Elle représente :
- Deux figures : un homme et une femme, habillés simplement.
- Ils sont en mouvement, pieds vers l'avant, vêtements flottant au vent.
- Ils tendent vers le ciel un marteau (lui) et une faucille (elle).
- Ils semblent jeunes car ils sont musclés et qu'ils ont une allure énergique.
- Leurs mouvements semblent volontairement accentués.
- Leurs visages ont une expression fermée, déterminée.
- Leurs habits sont ceux de travailleurs.
.
« Frappez les Blancs
avec le coin rouge »,
affiche, 1919,
El Lissitzky (1890-
1941)
Evgueni
Voutchetitch,
Volograd.
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