LES TERRITOIRES DE LA MONDIALISATION Aires de puissance et centres d’impulsion I 34 La structure de la Triade 1. La polarisation de l’espace mondial ●●Les espaces centraux bénéficient d’atouts économiques majeurs : leurs immenses capacités de production, leur marché de consommation. Ils polarisent les flux du commerce mondial par le biais de leurs puissantes interfaces maritimes (Rotterdam ; Tokyo-Chiba-Yokohama). ●●Leur haut niveau de vie en fait les principaux destinataires des productions à forte valeur ajoutée, les plus rémunératrices. 2. Un oligopole mondial et des périphéries sous influence ●●Les trois pôles de la Triade ne recensent qu’1,2 milliard d’habitants, mais assurent 70 % du RNB mondial et du commerce et polarisent 80 % des investissements. −− Le pôle dominant est formé par les États-Unis, seule puissance ­complète, à la fois économique (agricole, industrielle et tertiaire), monétaire (dollar), technologique, diplomatique (membre permanent du Conseil de sécurité) et militaire (bases et flottes dispersées qui lui assurent une présence mondiale). −− L’Union européenne assure 35 % des échanges mondiaux ; elle est le premier pôle d’investissement et un gros investisseur mondial. Mais l’absence de politique étrangère commune et de puissance militaire communautaire limite son influence. −− Le Japon est une puissance économique freinée dans son développement par des contraintes spatiales et par la concurrence de la Chine, première puissance commerciale depuis 2012 et deuxième puissance économique mondiale. Sur un plan politique le rôle du Japon reste secondaire. ●●Chaque pôle agit sur une zone d’influence immédiate, plus ou moins intégrée : −− l’ALENA (Accord de Libre échange nord-américain), fondé en 1994, raccorde les économies canadienne et mexicaine à la dynamique des États-Unis ; −− les NPI (Nouveaux pays industrialisés) d’Asie (Singapour, Hong Kong, Corée du Sud, Taiwan) et les NNPI (Nouveaux « nouveaux pays industrialisés » : Indonésie, Philippines, Malaisie, Thaïlande), après avoir profité des délocalisations nippones, constituent une zone économique émergente ; Histoire-Géographie Tle STMG 73 −− les élargissements de l’Union européenne en 2004, 2007 et 2013 ont intégré les pays d’Europe centrale et orientale (PECO). Ii La métropolisation de l’espace mondial 1. Qu’est ce qu’une métropole ? ●●Les métropoles sont des agglomérations puissantes qui concentrent les fonctions dirigeantes, les activités et les services de pointe. Certaines bénéficient d’un rayonnement mondial, on parle alors de « villes mondes ». ●●Elles monopolisent les centres de décision, les sièges sociaux des entreprises, les fonctions boursières et bancaires, les organismes internationaux, les centres universitaires et de recherche. Leurs plates-formes multimodales leur permettent de polariser les flux de la mondialisation. 2. La hiérarchie des hyper-centres ●●Les « villes mondes », qui sont souvent des mégapoles (agglomération supérieures à 7 millions d’habitants), constituent un réseau mondial fortement hiérarchisé : New York, Tokyo et Londres sont les hyper-centres de la mondialisation ; d’autres centres mégapolitains constituent des relais internationaux majeurs (Paris, Francfort, Chicago) ; des centres secondaires jouent le rôle de relais régionaux (Los Angeles, Singapour, Shanghai). ●●Ces hyper-centres organisent parfois des réseaux urbains fortement intégrés (par les réseaux de transport, les complémentarités économiques…), formant de gigantesques mégalopoles : la plus ancienne est celle du Nord-Est des États-Unis, entre Boston et Washington (600 km, 80 millions d’habitants). Le Tokaido, entre Tokyo et Fukuoka (1 000 km, 100 millions d’habitants), est la plus puissante. Une mégalopole européenne de Londres à Milan est en gestation (30 millions d’habitants). 3. Des hinterlands délaissés, des espaces marginalisés ●●Cette polarisation s’effectue au détriment d’immenses régions : ce sont les hinterlands (les arrière-pays) délaissés de la Triade (vieilles régions industrielles en déclin : Appalaches, Midlands, Lorraine) ; ce sont aussi les périphéries intégrées du Sud : zones d’investissement ou de délocalisation (Chine littorale, Brésil, NPI d’Asie), dont le développement ne masque pas la pauvreté. ●●Mais la plus grande partie des espaces sont des périphéries marginalisées par la mondialisation. Pays exportateurs de matières premières (agricoles, minières) à bas coûts, certains espaces sont de véritables « angles morts » de la mondialisation (Bangladesh, Mali). 74 Histoire-Géographie Tle STMG