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de Heisenberg no tamment so n t l'o b je t d e se s attaques. E n
1927, le Conseil Solvay est à nouveau au carrefour de l'h istoire
scientifique [8, 9]. Einstein e t Niels Bo h r s'y affrontent en u n
combat de colosses, le p re mie r imaginant l'une après l'au t re
des expériences idéalisées q u i sont autant de chausse-trappes
pour le second qui s'en extrait à chaque fois, même si c'est au
p rix d'une n u it blanche et s'il d oit reco u rir à la relativité géné-
rale. La tradition rapporte que Bo hr a gagné le duel, scellant
ainsi la victoire de la Mécanique Quantique. Cependant, Ein-
stein ne s'est jamais avoué vaincu. To ut le reste de sa vie, i l
continue d'argumenter avec acharnement et invention. 11 n'est
ni naïf, n i rebelle; il connaît les succès de la théorie q u 'il cri-
tique; i l est prêt à admettre ses erreurs ou ses ch o ix malheu-
reux. I l ne prétend pas que la Mécanique Quantique produise
des résultats faux. Il ne la croit plus incohérente. I l la considère
comme parfaitement valide et vérifiée p a r les faits, aussi bien
dans les expériences réalisées ou à ré a lise r dans l'a ve n ir que
dans le s expériences idéales inventées p o u r le seul je u des
théoriciens. I l ne cherche pas à trouve r la théorie en défaut ou
en contradiction. I l l u i rep roche d 'ê tre incomplète. A in si l e
titre de son célèbre a rticle [10] de 1935 avec Rosen et Podolski
est-il: « Ca n Q u a n t u m Me ch a n ica l De scrip tio n o f P h ysica l
Reality Be Considered Complete ?». Dans ce tra va il, Einstein
présente un exemple de situation que la Mécanique Quantique
étudie certes correctement et pour laquelle cette théorie donne
toutes les bonnes prédictions, ma is q ui, dans ce formalisme,
n'est pas, selon Einstein, décrite dans toute sa complexité, dans
tous les détails de sa réalité. Elle a été longuement analysée par
la suite sous l'appellation de «paradoxe E.P.R.».
2. Contexte théorique
Les hypothèses à la base de tou te discussion d u paradoxe
E.P.R., comme de tous les autres problèmes d'interprétation de
la Mécanique Quantique, sont de deux ordres: les hypothèses
et les outils formels de la théorie quantique d'une part; certains
présupposés plus ou moins philosophiques sur la réalité physi-
que, la théorie et les relations entre ces deux-ci d'autre part.