DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT AU SPECTACLE LA PLACE ROYALE 1 LA PLACE ROYALE François Rancillac Théâtre À partir de 14 ans Mardi 5 avril à 19h30 au Théâtre / Scène Nationale de Narbonne Durée : 2 h SOMMAIRE DISTRIBUTION LE SPECTACLE NOTE D’INTENTION L’AMOUR COMME EXTENSION DE LA LUTTE SELON CORNEILLE QU’EST CE QU’UN HOMME ? LA PLACE ROYALE NOTES SCÈNOGRAPHIQUES BIOGRAPHIE DE PIERRE CORNEILLE BIOGRAPHIE DE FRANCOIS RANCILLAC PISTES D’ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES ATELIER DU REGARD AVANT LE SPECTACLE 1.Le petit lexique théâtral 2.Les coulisses du théâtre 3.Autour de l’affiche du spectacle 2 DISTRIBUTION de Pierre Corneille mise en scène de François Rancillac dramaturgie Frédéric Révérend assistants stagiaires à la mise en scène Joséphine Comito et Edouard Elvis Bvouma scénographie Raymond Sarti costumes Sabine Siegwalt, réalisation des costumes Christine Brottes assistée de Marion Bruna et Frédérique Gauteron lumières Marie-Christine Soma assistée de Diane Guerin son Frédéric Schmitt, régie générale Marie-Agnès d’Anselme maquillage et coiffure Marie Sorin construction du décor par les ateliers du Moulin du Roc - Scène Nationale à Niort avec Christophe Laparra > Alidor Hélène Viviès > Angélique Linda Chaïb > Phylis Assane Timbo > Cléandre Nicolas Senty > Doraste Antoine Sastre > Polymas, Lysis Emprunts aux œuvres contemporaines pour clavecin de Zbigniew Borgielski, Hanna Kulenty, Wojciech Widlak, Iannis Xenakis et aux pièces baroques de Louis Couperin et Nicolas Lebègue production > Théâtre de l’Aquarium (cie subventionnée par le Ministère de la Culture/DGCA), Théâtre Dijon Bourgogne - CDN, Le moulin du Roc-scène nationale de Niort, Comédie de Caen-CDN de Normandie, Fontenay-en-Scènes - Théâtre de Fontenay-sousBois. Avec l’aide d’Arcadi Ile-de-France/dispositif d’accompagnements, et de l’Adami / société de gestion collective des droits de propriété intellectuelle des artistes-interprètes 3 LE SPECTACLE Alidor et Angélique sont jeunes, beaux, riches et ils s'aiment à la folie. Tout va donc pour le mieux, sauf qu’Alidor est au bord de l’implosion ! À son meilleur ami, Cléandre, il avoue devoir à tout prix s'arracher cet amour qui le possède au détriment de son libre- arbitre et de son intégrité... Cléandre lui confie en retour être follement épris d'Angélique : Alidor sait maintenant comment se séparer d’Angélique, puisqu'il peut la céder à Cléandre ! Une (fausse) lettre d'amour adressée à une (prétendue) maîtresse d'Alidor tombe entre les mains d'Angélique. Blessée à mort, Angélique rompt avec lui et, pour se venger, se dit prête à épouser le premier venu ! La meilleure amie d’Angélique, Phylis, en profite pour lui jeter son frère dans les bras, Doraste qui lui aussi dépérit d'amour pour elle. Mais les fiançailles de Doraste sont déjà conclues. Alidor n'en démord pas : Angélique sera à Cléandre et à personne d'autre ! À force de larmes, il réussit non seulement à se réconcilier avec Angélique mais en plus, à la charger de tout : c'est elle qui a fait virer en catastrophe le simple test d'amour qu'était cette lettre ; et qui a trahi Alidor en donnant sa main à un autre homme ! L'affaire se conclut plutôt mal : Alidor est violemment repoussé par Angélique, malgré ses protestations d'amour, et Angélique est elle-même publiquement répudiée par Doraste, visiblement échaudé. Elle annonce alors vouloir en finir avec le monde en s'enfermant dans un couvent. Contre fortune bon cœur : en cédant finalement Angélique à Dieu, Alidor n'a-t-il pas réussi à recouvrer sa liberté chérie ? NOTE D’INTENTION Passage à l’acte ! « Même si je n’ai mis réellement en scène que Polyeucte (en 1990), je fréquente très régulièrement le théâtre de Corneille, et notamment ses comédies, et encore plus précisément la plus belle de toutes, la plus violente et étonnante aussi, La Place royale, Pièce redoutablement difficile pour les acteurs par sa langue aussi flamboyante qu’exigeante, elle est à la fois un concentré de la recherche éthique et philosophique de Corneille et un bijou de théâtralité joyeuse et sur-vitaminée. Car tout le théâtre de Corneille, nourri d’épopées chevaleresques, de romans espagnols, de drames latins, est tout autant un théâtre de pensée, une incessante interrogation sur la liberté et la maîtrise de soi, qu’un théâtre de situations poussées à l’extrême, de retournements imprévisibles, un théâtre où la sensualité est omniprésente, où l’on aime à en mourir, où l’on pleure, où l’on se fait mal, où l’on est prêt à tout pour se sauver, un théâtre où l’intime et le politique s’expriment d’un même élan et surtout de la manière la moins convenue qui soit. À l’inverse du sempiternel cliché qui leur est injustement accolé, les pièces de Corneille sont tout sauf compassées et ennuyeuses, elles sont au contraire hyperactives et étonnantes. Elles proposent, par-delà les siècles, une réflexion aiguë, parfois même radicale, mais toujours émouvante, sur le sens qu’on peut donner à nos existences en ce bas-monde, malgré toutes les surdéterminations qui fondent la condition humaine. Exigeante dans la forme comme dans le fond, La Place royale est devenue ma pièce fétiche pour travailler avec de jeunes comédiens en formation, notamment à l’École de La 4 Comédie de Saint-Étienne (que j’ai co-dirigée durant huit années). Il y a deux ans encore, mais cette fois à l’Aquarium, j’ai consacré un long stage de formation professionnelle aux comédies de Corneille, bien décidé à faire travailler d’autres comédies que cette Place royale que je connaissais mieux. En vain : les comédiens et moi-même y revenions sans cesse, comme fascinés par la force, la radicalité du propos, par la jubilation de théâtre aussi qui s’en dégage immédiatement. C’est d’ailleurs ce stage qui m’a convaincu qu’il fallait, après tant d’années de flirt, passer enfin à l’acte... » François Rancillac 5 L’AMOUR COMME EXTENSION DE LA LUTTE SELON CORNEILLE Derrière la jubilation, le brio et le plaisir théâtral de cette comédie menée tambour battant, il y a aussi, l’air de rien, un miroir tendu à la jeunesse d’aujourd’hui. Comme les personnages cornéliens, nos jeunes « héros » contemporains passent bien souvent par la radicalité pour expérimenter le monde et l’amour... N’en croise-t-on pas souvent des Angélique persuadées qu’aimer c’est n’avoir d’yeux et d’oreilles que pour une seule personne, unique objet de leurs pensées, telle une divinité absolue et jalouse - quitte à se couper des autres et du monde extérieur ? Qui déchantent bien vite... N’en connaît-on pas des Phylis qui, à l’inverse, au nom de leur indépendance de femme ne veulent être à personne et donc se donnent à tous, quitte à se perdre ? Ou des Alidor qui vivent le moindre engagement comme une contrainte, la moindre relation affective comme une menace pour leur intégrité et leur liberté, quitte à s’enfermer dans une tour d’ivoire amère et solitaire ? En poussant aux extrêmes cette posture radicale face à la vie, face à l’amour, en menant jusqu’à ses limites mortifères ce projet de maîtrise de soi, des autres et du monde, le théâtre de Corneille est aussi un magnifique et vivifiant antidote pour (re)trouver le chemin d’une humanité plus sereine et plus humaine, où le sujet peut se construire dans une juste relation à l’autre. François Rancillac Je veux la liberté dans le milieu des fers. Il ne faut point servir d’objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous cède ; Je le hais, s’il me force : et quand j’aime, je veux Que de ma volonté dépendent tous mes vœux ; Que mon feu m’obéisse, au lieu de me contraindre ; Que je puisse à mon gré l’enflammer et l’éteindre. Alidor, Acte premier, scène IV QU’EST-CE QU’ETRE UN HOMME ? Corneille revient inlassablement sur une question, SA grande question: qu’est-ce qu’être un Homme ? La réponse ne se fait guère attendre : être un Homme, c’est pouvoir exercer en toute liberté sa volonté, c’est se libérer de tout ce qui peut entraver la maîtrise de soi et des autres. [...] pour être pleinement un Homme, pour être parfaitement soi, il faut se libérer de tout ce qui détermine notre condition humaine: notre finitude, notre corps, nos sens, notre famille, la société ! Donc, en résumant : pour vivre absolument, chez Corneille, il faut mourir le plus vite, et le plus glorieusement possible - c’est-à-dire en duel, au combat, et surtout en public: le maître n’existe que dans le regard subjugué des autres, l’héroïsme aussi exige des spectateurs ! Peu de personnages cornéliens parviennent à cet idéal héroïque : hormis le Cid et Polyeucte, 6 quasiment tous les autres candidats à l’héroïsme, habités par ce désir de maîtrise absolue de soi, vont néanmoins, face à l’épreuve ultime, préférer négocier, transiger, ruser avec la mort et avec eux-mêmes. Cela donne alors des monstres, des pervers, des ratés. Cela donne Alidor, le héros manqué de La Place royale. LA PLACE ROYALE La Place Royale ou « La Place de Coquetterie » La Place Royale affiche son titre comme une plaque de rue. Lorsque Corneille écrit sa comédie, en 1633, le lieu est tout récent. La Place et le quartier du Marais qui l’entoure n’ont qu’une trentaine d’années d’âge. La Place elle-même – qui ne deviendra des Vosges qu’au lendemain de la Révolution, puis qui redeviendra Royale de 1815 à 1870 avant de se retrouver définitivement des Vosges avec l’avènement de la IIIème République – a été commencée dans les dernières années du règne d’Henri IV, et elle est toute nouvelle lorsque Corneille la prend comme titre de sa comédie. Reconnue comme le plus bel ensemble architectural du Paris nouveau, avec sa suite de bâtiments réguliers à façades de brique rouge et de pierre blanche surmontées de toits d’ardoise, - Claude Le Petit , dans sa Chronique scandaleuse ou Paris ridicule qu’il écrit vers le milieu des années 1650, la décrit ainsi : « Ovale, large et carrée / Château de carte peinturée » - elle devient vite le lieu à la mode, qui attire la jeunesse dorée des galants et des coquettes, au point que, lorsque l’abbé d’Aubignac l’évoque dans son Histoire du temps en 1654, il ne craint pas de l’appeler « La Place de Coquetterie », précisant que « le plus beau quartier de la ville est la grande place qu’on peut dire vraiment royale » et qu’ « elle est environnée d’une infinité de réduits où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie ». Jean Serroy, Préface de Pierre Corneille, La Place Royale, éd. Gallimard, collection Folio Théâtre, 2006, (extrait). Un ring existentiel La Place Royale (notre actuelle Place des Vosges) était alors le lieu à la mode où se retrouvait, semble-t-il, le Tout-Paris aristocratique et galant au croisement des allées ou bien à l’ombre des arcades, pour des conversations plus intimes... L’endroit réel était sûrement bien présent à l’esprit des spectateurs qui assistaient en 1634 aux représentations de la comédie de Corneille données au Jeu de Paume du Marais, c’est-à-dire à seulement quelques centaines de mètres de là. Mais ici s’arrête toute connivence avec la réalité : car, si les acteurs d’alors étaient grosso modo habillés comme leurs spectateurs pour mieux leur tendre un miroir (nous ne ferons pas autrement), jamais aucun parisien n’a parlé comme on parle chez Corneille, jamais (ou rarement) la vie n’a été aussi « extravagante » qu’elle l’est durant cette folle journée plus une nuit que parcourent les cinq actes. Car la « place royale » est ici d’abord et surtout ce champ expérimental, ce ring existentiel où se croisent et s’entrechoquent les corps, les rêves et les désirs de ces jeunes gens sommés, au carrefour de leur vie, de s’engager pour toujours dans l’âge adulte. Comment choisir son avenir en toute liberté ? Comment donner sens à son existence, qui ne soit médiocre, convenu voire juste 7 préprogrammé par ses parents (étrangement absents de la pièce) ? Comment rester maître absolu de son destin quand on se sait, quand on se sent pris dans un réseau de déterminations aussi fortes que subtiles (sa classe sociale, sa famille, son sexe, son corps, ses désirs, ses passions...) ? Aussi cette place est-elle sans doute qualifiée de « royale » parce qu’il s’agit précisément detrouver (ou retrouver) la place du « roi » en soi, là où le Sujet peut parler en propre et décider pour lui-même, en toute liberté et autorité (au sens d’être auteur de sa vie)... Cette question de la liberté, de la libération (qui est au cœur de la métaphysique occidentale), laboure obsessionnellement le théâtre de Corneille, autant dans ses comédies que ses tragédies. Se libérer pour devenir Soi implique de s’extirper de la banale condition humaine, de l’insigne finitude, pour se forger un destin hors du commun ; c’est se couper de toutes les fausses ambitions de la vie, aussi illusoires qu’éphémères ; c’est renoncer à tout ce qui ne serait pas directement issu de son seul vouloir : c’est donc s’extirper du cœur et du corps toute passion (qui nous rendrait passif) - et notamment LA passion par excellence : l’amour... Aussi pourrait-on regarder le théâtre de Corneille, et La Place Royale en particulier, comme ces tableaux appelés « vanités » tant prisés à l’époque, où l’éphémère de la vie (fleur, fruit, miroir, bijou...) côtoie l’âpreté d’un sablier et d’un crâne humain. Cette épreuve initiatique de l’arrachement aux illusions de l’existence pour atteindre à l’éclat de la « vraie vie » héroïque trouve donc dans l’amour sa pierre de touche : l’amour est de tout temps l’expérience humaine la plus troublante, qui vous déborde, vous déporte hors de vous-même, vous rend poreux(se) à l’autre, au risque de perdre toute autonomie (Doraste et Lysis en sont ici les preuves vivantes). C’est donc pour le prétendant à la réalisation de soi (comme Alidor et Phylis) le danger absolu - ou, paradoxalement, la porte vers l’absolu (comme pour Angélique, qui cherche sa vérité dans le don radical d’ellemême). Aussi Corneille s’attache-t-il, tel un chercheur observant ses cobayes derrière une vitre, à plonger ses personnages au cœur de l’expérience amoureuse, à rendre les situations de plus en plus impossibles (avec un art du rebondissement inextinguible !) afin d’analyser les discours et les stratégies qu’ils élaborent pour tenter d’en réchapper – mais certains s’y rompront l’âme et les os... 8 NOTES SCENOGRAPHIQUES La scénographie Ce sera un ring, un lieu de combat, de joutes verbales, le texte est si riche… qu’il ne faut pas l’encombrer d’un trop d’images. Au baroque de la langue de Corneille, il faudra contraster avec un espace pur dépouillé, l’essentiel, sans fioritures. Un espace tendu, un espace de tension, une aire de jeu. Il faudra traiter l’extérieur, les suggérer, c’est un monde terrien… Un terrain vague des passions, où elles se consumeront, comme des cendres peut-être… Le dévoilement se fera à l’horizontale comme ouverture sur un autre monde… Un parquet, une marqueterie, comme du cristal, là aussi très tendu, l’espace… Et puis rien, très peu d’accessoires, comme un tableau, une vanité. Autour de ce ring, le théâtre, le théâtre dans le théâtre, par l’intermédiaire de quelques tables de maquillage. Comme un passage entre l’humain, l’homme, la femme et le personnage, traiter cette transition comme un rite de passage… et puis quelques objets triviaux, des bouteilles d’eau, de l’utile à la préparation du combat, des luttes… L’ensemble sera plus proche d’un espace mental que d’une représentation pour laisser libre court à la poésie de la langue. Tout à vue, pas de repos, pas de répit pour les comédiens, les personnages. Comme un beau combat passionnel, la vie… Notes du scénographe Raymond Sati / www.raymondsati.com 9 BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR PIERRE CORNEILLE Poète dramatique français (Rouen, 1606 – Paris, 1684). Fils d’avocat, avocat lui-même, il se sentit très tôt attiré par la carrière poétique. Sa première œuvre dramatique est une comédie, Mélite (1629), bientôt suivie d’une tragicomédie, Clitandre (1630), puis de quatre autres comédies : La Veuve, La Galerie du palais, La Suivante et La Place Royale (1631 à 1634). Distingué par Richelieu, il reçoit une pension et entre dans le groupe des cinq auteurs sous la protection du cardinal. Il publie alors sa première tragédie, Médée (1635), puis fait représenter L’Illusion comique, la plus féérique de ses œuvres (1636), qui développe une merveilleuse apologie du théâtre. C’est enfin le triomphe du Cid (déc. 1636) bientôt suivi d’une querelle ou intervient, sur l’ordre de Richelieu, l’Académie française, récemment constituée (Sentiments de l’Académie sur le Cid) sont relevées avec exactitude les discordances entre la doctrine classique des trois unités et la pièce de Corneille 1638). Dans les années suivantes, il fera représenter Horace (1640), Cinna (1641), Polyeucte (1642), trois chefs-d’œuvre inspirés d’un plus grand soucis des règles, une comédie : Le Menteur (1643), puis Nicomède (1651). En 1664 a paru un autre chef-d’œuvre, Rodogune. Membre de l’Académie (1647), il a résilié sa charge d’avocat, mais l’échec de Pertharite (1651) va l’éloigner du théâtre pour sept ans. C’est vainement qu’il tentera ensuite de reconquérir la faveur du public. Ses dernières œuvres (Agésilas, 1666 ; Attila, 1667) connaissent un faible succès, sinon l’échec. De la compétition qui l’oppose désormais à son jeune rival, Racine, il sort vaincu (Tite et Bérénice, 1670) et, malgré l’exquise qualité poétique de la Psyché qu’il écrit en collaboration avec Molière (1670), il renonce définitivement au théâtre après Suréna (1674). Corneille a le génie de l’intrigue aux rebondissements nombreux et imprévus, et son goût de la liberté qui peut, sans péril, se satisfaire dans le genre comique se trouve fortement contraint par les exigences de la tragédie. Soucieux de vérité humaine, capable de créer des personnages d’une médiocre qualité morale (Cinna, Félix, Prusias), il appartient à une génération qui possède le génie de la grandeur, et c’est dans la peinture de la générosité du cœur et d’une rayonnante noblesse d’âme qu’il excelle. Toujours admirables par l’exemple qu’ils offrent du pouvoir de l’homme sur la force des choses et sur lui-même, rarement terrifiants, plus rarement encore pitoyables, ses héros ne sont pas ceux de la véritable tragédie. Les plus grands se rejoignent tous (Rodrigue et Chimène, Horace et Curiace, Polyeucte et Pauline, Auguste, Nicomède), quand, leurs grandes actions achevées, ayant assuré leur salut ou leur gloire, est venu pour eux le temps de l’amour, de la clémence, de la sérénité. Enfin, la puissance et la rigueur de son style, au rythme parfois insistant ou au lyrisme retenu, et la magnificence de sa métrique en font un des tous premiers poètes de son temps. 10 BIOGRAPHIE DE FRANÇOIS RANCILLAC Diplômé d’une maîtrise de philosophie, il suit également des études musicales d’harmonie et de contrepoint avec Michel Puig. Il travaille en tant que comédien avec Barbuscia, Ordas, Malric, Puig, Py, Berling. Puis avec Prelude Pour Un Deux Trois Et Puis (1980) au Théâtre de Châtillon-sous-Bagneux avant de passer à l’écriture et à la mise en scène. Il fonde en 1983, avec Danielle Chinsky, le Théâtre du Binôme. Lors de cette direction, il aborde divers auteurs tels que Racine, Rullier (Le Fils, qui obtient le prix du Printemps du Théâtre à Paris en 1987), Lenz, Corneille, Molière, Py, Rostand, Caron, Giraudoux (Ondine, puis La Folle de Chaillot au Théâtre de l’Athénée à Paris), Lagarce (Retour à la Citadelle, Les Prétendants, et Le Pays lointain créé au théâtre de la Tempête, au Festival d’Avignon, puis repris au Théâtre Paris-Villette en 2002). Le Théâtre du Binôme a également été en résidence au Théâtre de Rungis de 1992 à 1994, à la scène nationale de Bar-le-Duc de 1996 à 1999, et au Théâtre du Campagnol – CDN en 2001 et 2002. De 1991 à 1994, François Rancillac a été directeur artistique du Théâtre du Peuple de Bussang, il en est actuellement président. Il aborde le lyrique avec Bastien, Bastienne... suite et fin, "opéra imaginaire" de Mozart, et collabore depuis plusieurs années aux spectacles électro-acoustiques de Serge de Laubier Les Sargasses de Babylone, La Belle porte le voile. Il a en projet un opéra-jazz, composé par L. Cugny. De janvier 2002 à mars 2009, François Rancillac dirige avec Jean-Claude Berutti La Comédie de Saint-Étienne, CDN. En mars 2009, il est nommé à la direction du Théâtre de l’Aquarium, à la Cartoucherie (Paris). En septembre 2013, il met en scène à New Delhi Orfeo par delà le Gange d’après l’opéra de Monteverdi, avec à la direction Françoise Lasserre. 11 PISTES D’ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES Rappel des thèmes et pistes de réflexion La liberté L’amour La comédie L’Autre Activités proposées dans diverses disciplines Français : Analyse du texte original et de ses adaptations Travail sur la langue Philo : Etude des thèmes : La passion La liberté L’Autre Autres supports pédagogiques Liens internet : Interview de François Rancillac : https://www.youtube.com/watch?v=5rt3sAFW_4c Extrait du spectacle :https://www.youtube.com/watch?v=IAB2b-4QpFE Atelier du regard de Christian Duchange, à visée transdisciplinaire Bibliographie - Pierre Corneille, La Place Royale, éd. Gallimard, collection Folio Théâtre, 2006. - Octave Nadal, Le Sentiment de l’amour dans le théâtre de Pierre Corneille, éd. Mercure de France, 1951. - Bernard Dort, Pierre Corneille : dramaturge, L’Arche, 1957. - Gabriel Conesa, Pierre Corneille et la naissance du genre comique (1629-1636), éd. Sedes, 1989. - Wiliam Shakespeare, Sonnets, mis en vers français par Bertrand Degott, éd. de La Table Ronde, 2007. Sur la liberté d’indifférence : - René Descartes, Méditations métaphysiques (IVème Méditation), éd. Flammarion, collection Garnier Flammarion Philosophie, 1993. - Baruch de Spinoza, L’Ethique, éd. Gallimard, collection Folio, 1994. Vidéographie - Maurice Pialat, A nos amours, 1983. - John Cassavetes, Husbands, 1971. - Jacques Demy, Les Demoiselles de Rochefort, 1967 (scène du dîner). - David Fincher, The Social Network, 2010 (première scène). 12 ATELIER DU REGARD J’aime, j’aime pas Objectif : Amener le groupe à forger son jugement par un retour détaillé et collectif sur le spectacle vu. Méthode : Il s’agit dans un premier temps de faire un état des lieux de tous les éléments de la représentation afin de raviver la mémoire de chacun et permettre de faire des liens entre le jeu et les différents langages de la scène. Ce travail « d’étiquetage » du réel apportant une clarification et une classification des signes de la mise en scène qui pourront nourrir et étayer le jugement personnel ; le fameux « j’aime, j’aime pas ». On commencera donc par tenter de nommer précisément et concrètement ce qui s’est passé sous nos yeux et nos oreilles de spectateur, puis on essayera de classer nos observations en catégories (le texte, le jeu des acteurs, le décor, le costume, la musique, l’éclairage…) pour parler enfin de ce que tous ces choix ont provoqué en nous. Préférer, par exemple, dans un premier temps « J’ai entendu un long son aigu » à « j’ai eu peur », ou « J’ai vu des lumières bleues » à « ça se passerait la nuit », ou encore « à un moment il dit : « Tout le monde est comme tout le monde, personne n’est comme tout le monde. » à « j’ai aimé ce texte ». Le degré d’interprétation des signes par chacun ne doit pas nous empêcher, même si notre intelligence transforme les signes en sens souvent très vite, de (re)partir volontairement de la perception des manifestations réelles du plateau de théâtre. Démarches : Premièrement, faire la liste aux yeux de tous, de ce que chacun veut et peut se rappeler, de la représentation. Deuxièmement, regrouper dans cette liste les choses vues ou entendues qui utilisent le même langage artistique. Toutes les observations liées à la lumière, par exemple, peuvent être soulignées d’une même couleur ou réécrites pour être regroupées. On s’apercevra très vite que ces regroupements sont parfois difficiles à faire. Troisièmement, s’assurer d’une part qu’on a pas d’observations complémentaires à ajouter dans une catégories et d’autres part s’il ne manque pas une catégorie entière dans nos observations. (Nous n’avons rien dit, peut-être, sur les mots ou phrases du texte, sur les actions des acteurs, les costumes ou les éclairages…). Quatrièmement, constater si une catégorie l’emporte sur les autres par la quantité d’observations et se demander si cela a un sens. Si une catégorie est absente de la représentation est ce que cela signifie également quelque chose ? A cette étape de mise à plat collective, chacun arrive à une meilleure compréhension de ses souvenirs et sensations de la représentation et peut interpréter plus complètement la mise en signes opérée par la mise en scène. On est entré alors dans une phase d’analyse plus pointue qui mène au jugement plus personnel. Pendant ce moment seulement chacun pourra, en s’appuyant sur la valeur qu’il accorde à chaque catégorie, à son usage, à son absence ou à son imbrication avec les autres langages, émettre un jugement plus étayé de sa sensation globale à la sortie du spectacle. Boîte à outils Compagnie l’Artifice 13 AVANT LE SPECTACLE 1. Le petit lexique théâtral Pour que les mots du théâtre et du spectacle ne soient plus un secret ! Les mots du spectacle - La création : Se dit d’une œuvre qui n’a pas encore été jouée et qui vient tout juste d’être inventée par le metteur en scène ou le chorégraphe. - Le filage : répétition dans les conditions de la représentation. - La première : on appelle « première », la toute première représentation d’un spectacle. - Le répertoire : ensemble de pièces de danse, de théâtre ou de musique qu’une compagnie est en mesure de jouer. Les mots des métiers - L’artiste : on appelle artiste les comédiens, danseurs, musiciens. Tous ceux qui nous font vivre une émotion sur scène. - Le chorégraphe : en danse, personne qui invente des danses ou recrée des pièces du répertoire. - Le scénographe : c’est une personne qui invente et imagine tous les décors et lieux d’un spectacle. - Le metteur en scène : au théâtre, nom donné à la personne qui dirige les comédiens et les prépare à jouer une pièce. Les mots de la scène - - Le plateau : c’est le terme technique qui désigne la scène. - Côté cour : le côté cour est le côté droit du plateau pour le spectateur. - Côté jardin : le côté jardin est le côté gauche du plateau pour le spectateur. - Le lointain : c’est la partie la plus éloignée du plateau pour le spectateur. - Le bord de scène : c’est la partie la plus proche du plateau pour le spectateur. Les coulisses : parties du théâtre se trouvant de part et d’autre et derrière le décor planté. Les artistes s’y cachent avant d’entrer en scène. 2. Les coulisses du théâtre Se repérer sur un plateau Comment nomme t-on les éléments scéniques suivants ? 1) CÔTÉ DROIT POUR LE SPECTATEUR 2) CÔTÉ GAUCHE POUR LE SPECTATEUR 14 3) ENDROIT Où LES COMEDIENS JOUENT LEURS PIÈCES 4) PARTIE LA PLUS ÉLOIGNÉE DU PLATEAU 5) PARTIE LA PLUS PROCHE DU PLATEAU Réponses : 1) Cours, 2) Jardin, 3) Plateau, 4) Avant-scène, 5) Lointain 3. Autour de l’affiche du spectacle Activité à proposer aux élèves avant la sensibilisation au spectacle 1. Laisser les élèves face à l’affiche Trouver 5 mots à l’oral, individuellement, qui vous viennent à l’esprit Mise en commun 2. Imaginer ce que raconte le spectacle À l’oral imaginer quelques exemples et émettre des hypothèses sur le contenu du spectacle. Justifier : quels éléments constitutifs de l’affiche a permis à l’élève de construire du sens. Débat : confronter son interprétation, prendre conscience de la polysémie de l’affiche 3. Après le spectacle Relecture de l’affiche : comment la comprenez- vous ? Construire une nouvelle affiche. 15 Des annexes complémentaires (Histoire de la danse, histoire de la marionnette...) vous sont envoyées en complément des ces dossiers. Elles sont aussi à télécharger sur le site du Théâtre ainsi que les dossiers d’accompagnement aux spectacles et des outils complémentaires (La visite du Théâtre, Abécédaire du Jeune Spectateur) www.letheatre-narbonne.com CONTACTS JEUNE PUBLIC Développement des publics : Juliette Kerjean 04 68 90 90 05 / j.kerjean@letheâtre-narbonne.com ou [email protected] 2, av. Maître Hubert Mouly – 11100 Narbonne tél : 04 68 90 90 00 / fax : 04 68 90 90 09 mail : [email protected] site : www.letheatre-narbonne.com 16