Avertissement
En 1998, à l’occasion du huit centième anniversaire de la mort d’Averroès, se sont tenus un très
grand nombre de colloques, de rencontres en France, en Espagne, au Portugal, en Italie, dans les
trois pays du Maghreb, et aussi à Bagdad, au Caire…
Depuis 1994,se tiennent à Marseille, les rencontres d’Averroès. qui cherchent à mettre en relation les
deux rives de la Méditerranée.
Le film de Youssef Chahine, Le Destin, a donné un visage à ce philosophe du XII°s dont on sait peu
de choses quant à sa vie privée.
Pourquoi un tel intérêt ? Quel homme était Averroès ? Pourquoi s’en souvenir huit siècles plus tard ?
Connaître Averroès, de son nom latin, c’est reconnaître l’héritage transmis par ce philosophe
musulman à l’occident chrétien au Moyen Age.
Connaître Ibn Rushd, son nom arabe, c’est restituer au monde musulman une part de sa culture
longtemps inconnue, encore niée par l’occident européen et une partie du monde musulman.
D’Averroès à Ibn Rushd, n’est- ce pas participer au rapprochement de deux mondes qui, encore
aujourd’hui, s’ignorent plus qu’ils ne se rencontrent ?
L’intégrisme islamique braque le projecteur sur une minorité, certes agissante et dangereuse, mais
dangereuse pour tout le monde – non-musulmans et musulmans. À ne voir l’islam qu’à travers le
prisme intégriste ne pousse-t-on pas chacun à se situer par rapport à ce fanatisme plutôt que par
rapport au fondement même de cette civilisation ?
Que dirait un catholique, que dirait un juif, s’il n’était reconnu qu’à travers les intégristes de sa
religion ?
Il s’agit donc, ici, de renouer avec un maillon essentiel de nos cultures.
Du XIII°s. au XVI°s., Ibn Rushd incarne la rationalité philosophique qui fut l’une des
composantes de la culture occidentale. Il est à la source des débats philosophiques et
religieux de cette époque. Au-delà, il appartient à cette longue lignée de philosophes arabes
qui participèrent au renouvellement de la philosophie grecque et à sa transmission à
l’occident juif et chrétien.
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