d'éducation, nous pouvons amener les gens à changer les comportements qui
compromettent leur santé. Les changements de comportement peuvent avoir une
influence sur des facteurs tangibles comme le nombre de jours de travail perdus et la
fréquence des événements morbides. Nous savons donc que les intervention peuvent
porter fruit, mais elles doivent être menées sur une grande échelle et avec efficacité.
MK: Vous avez clairement indiqué dans nos discussions que vous jugiez important
d'intervenir auprès des malades hypertendus en tenant compte de leur disposition, plus
ou moins grande, à changer leurs habitudes de vie.
EB: Dans notre clinique traitant l'hypertension, nous utilisons depuis 15 ans une
approche multidisciplinaire. Nous avons une éducatrice-infirmière, une diétiticienne, une
psychologue et un médecin. Le médecin peut prescrire des pilules, mais elles risquent
d'avoir peu d'effet si le patient n'apporte pas des changements de base précis à son
comportement. Si le patient réduit la quantité de sel qu'il ingurgite, il obtient un meilleur
résultat. S'il fait plus d'activités, il obtient encore un meilleur résultat. Il en est de même
s'il cesse de fumer et s'il diminue sa consommation d'alcool. Les données qu'a
recueillies le groupe de Dr Prochaska n'ont pas manqué de nous étonner; selon ces
données, nos interventions de counselling auprès des patients peuvent être plus
opportunes et efficaces si nous avons une meilleure idée de l'étape où ils en sont dans
le processus de changement. Par exemple, si le patient n'a pas encore réalisé que sa
consommation d'alcool a pour effet d'accroître sa tension artérielle, cela ne sert pas à
grand-chose de lui proposer des moyens de réduire sa consommation. Nous devons
plutôt tenter de lui faire prendre conscience des réperscussions de son comportement
sur sa santé.
MK: Je sais que vous avez participé à la formation de conseillers-infirmiers et de
conseillères-infirmières afin qu'ils soient en mesure d'évaluer les différentes étapes de
changement des patients, puis d'utiliser les interventions axées sur ces étapes. Pouvez-
vous m'indiquer, à titre d'exemple, ce qui se passe quand un patient compose le
numéro sans frais?
EB: Quand un patient nous appelle, l'infirmière lui pose d'abord une série de questions
pour déterminer quels sont ses facteurs de risque. Nous devons aussi savoir s'il a subi
un accident dû à sa maladie. Si le patient a déjà eu un accident cérébrovasculaire, il
faut aborder la question de l'activité physique dans une perspective différente. S'il est
question de tabagisme, par exemple, l'infirmière pose deux questions qui nous
permettent de déterminer à quelle étape du processus de changement se trouve le
patient. Elle lui demande s'il a l'intention de cesser de fumer au cours des six prochains
mois. S'il répond oui, elle lui demande ensuite s'il compte cesser de fumer dans les 30
prochains jours. Grâce à ces renseignements, nous pouvons déterminer si le patient se
trouve à l'étape précédant l'intention, à l'étape de l'intention, de la préparation et ainsi
de suite. Si le patient a déjà cessé de fumer, nous lui demandons si c'est depuis moins
de six mois ou depuis plus longtemps. De cette façon, nous pouvons savoir s'il se
trouve dans la phase active ou s'il en est à l'étape de persévérance. À l'aide des
renseignements indiquant l'étape à laquelle se trouve le patient dans le processus de