Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Document de cours Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique I. Rôle du solvant en chimie organique 1. Rôle du solvant lors d’une synthèse organique 2. Rôle du solvant lors d’une extraction 3. Catégorie de solvants II. Acido-basicité en chimie organique 1. 2. 3. 4. 5. 6. Solvant amphiprotique Échelle de généralisée Synthèses quantitatives d’acides ou de bases, forts dans l’eau, en chimie organique Analyse de la force des acides en chimie organique Cas particulier de la formation d’un ion alcoolate dans l’alcool correspondant Cas particulier de l’acidité en d’un carbonyle : équilibre céto-énolique Extrait du programme 1ère S Notions Capacités exigibles Solide moléculaire. Interaction de Van der Waals, liaison hydrogène. Effet du caractère polaire d’un solvant lors d’une dissolution. Prévoir si un solvant est polaire. Écrire l’équation de la réaction associée à la dissolution dans l’eau d’un solide ionique. Mettre en œuvre un protocole pour extraire une espèce chimique d’un solvant. Extrait du programme de BCPST 1 Notions Capacités exigibles Rôle du solvant. Exemples : solvants apolaires, aprotiques et polaires protiques. polaires Faire le lien entre les propriétés du solvant et les interactions intermoléculaires. Interpréter qualitativement la méthode de l’extraction liquide-liquide. Approche documentaire : expliciter le choix du solvant en faisant un lien à la toxicité et donner une illustration dans le domaine de la chimie verte. Échelle de généralisée. Exemples d’acides et de bases utilisés en chimie organique. Connaître l’utilisation de solvants autre que l’eau pour former des bases fortes. Connaître le caractère acide ou basique de : acide carboxylique, alcool, amine, H en α de groupe électroattracteur. Écrire l’équation-bilan de la formation d’un alcoolate par action du sodium ou de l’ion hydroxyde. Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 1 Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Document de cours I. Rôle du solvant en chimie organique Définition Le solvant est un composé en général spectateur très largement majoritaire dans un mélange de molécules. Les autres molécules en proportion largement moindre sont appelées solutés. L’ensemble {solvant + solutés} est appelé solution. 1. Rôle du solvant en synthèse organique Le solvant figure très souvent sur les schémas de synthèse organique, il ne faudra pas le confondre avec les réactifs ou les catalyseurs. Dans l’exemple ci-contre, le dihydrogène est le réactif, le platine est le catalyseur, le cyclohexane est le solvant. Figure 1 : exemple de schéma de synthèse Rôle du solvant lors d’une synthèse Il permet de mettre en contact les réactifs et ainsi favoriser la cinétique de la réaction. En effet, si les réactifs sont solides ou liquides mais non miscibles, le solvant est nécessaire car la réaction n’aurait lieu qu’au niveau de la zone de contact entre les différentes phases. Un deuxième intérêt de l’utilisation du solvant, est de pouvoir contrôler la température du milieu réactionnel. En effet, elle ne pourra pas dépasser la température d’ébullition du solvant. Ainsi, en choisissant judicieusement le solvant, on est sûr de ne pas dégrader thermiquement les réactifs ou les produits. On utilisera pour cela un montage à reflux. Critères pour choisir un bon solvant pour une synthèse : - Il faut, dans la mesure du possible, que le solvant solubilise tous les réactifs. Le solvant ne doit pas réagir avec les réactifs (sauf s’il fait partie des réactifs, dans ce cas on parle de solvolyse). Le solvant est choisi en fonction de la température souhaitée pour réaliser la réaction. On choisit le solvant le moins toxique parmi ceux adaptés à la réaction. Voici quelques informations sur des solvants classiques, autre que l’eau (en gris les solvants qui ne sont quasiment plus utilisés à cause de leur toxicité). Formule chimique Certains solvants ont été remplacés : le toluène est utilisé en remplacement du benzène, l’éthanol en remplacement du méthanol et le cyclohexane en remplacement du dichlorométhane. La plupart des solvants organiques sont inflammables il faut donc éviter d’approcher ces solvants d’une flamme, ou d’une trop forte chaleur. Toxicité et risques principaux Solvant Éther diéthylique (éthoxyéthane) Extrêmement inflammable Acétate d’éthyle Facilement inflammable, irritant Dichlorométhane Cancérogène Éthanol Inflammable Acétone Facilement inflammable et irritant Cyclohexane Très inflammable, nocif et dangereux pour l’environnement Chloroforme Cancérogène Benzène Cancérogène et mutagène Méthanol Attaque le nerf optique et conduit à la cécité Tétrachlorure de carbone Cancérogène Diméthylformami de (DMF) conduit à des malformations des fœtus Tétrahydrofu rane (THF) Inflammable et nocif Toluène Nocif par inhalation et ingestion, inflammable Diméthylsulf oxyde (DMSO) Toxicité faible, facilite la pénétration de produits chimiques dans l’organisme Solvant Formule chimique Hormis l’eau, aucun solvant n’est parfaitement inoffensif. Dans l’idéal, il faudrait que toutes les synthèses se fassent en milieu aqueux, la recherche actuelle va dans ce sens. Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Toxicité et risques principaux Page 2 Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Document de cours 2. Rôle du solvant lors d’une extraction On utilise aussi les solvants pour extraire des composés organiques : extraction solide-liquide (cf. Extraction de la trimyristine) et extraction liquide-liquide (cf. fiche de TP). Le solvant permet d’extraire un ou plusieurs composés chimiques d’un milieu préférentiellement aux autres. Cf. TP Critères pour choisir un bon solvant pour une extraction : Il faut que le solvant solubilise très bien les composés à extraire mais pas les autres. Cas particulier de l’extraction liquide-liquide L’extraction liquide-liquide consiste ç faire passer une entité moléculaire, qui nous intéresse, d’un solvant, à un autre (appelé solvant d’extraction), dont elle sera facilement isolable. Cette opération est réalisée par agitation, à l’aide d’une ampoule à décanter. - - Le solvant d’extraction ne doit pas être miscible au solvant qui contient les composés à extraire. (En règle générale un des solvants est l’eau, l’autre est un solvant organique non miscible à l’eau). L’espèce chimique à extraire doit être plus soluble dans le solvant d’extraction que dans le solvant initial. L’opération de lavage d’une phase organique par une solution aqueuse est basée sur le même principe : on cherche à faire passer une espèce chimique, considérée comme une impureté, du solvant qui contient les molécules d’intérêt, vers la phase aqueuse dite de lavage 3. Catégories de solvants a. Notion de proticité Définition : molécule protique b. Catégories de solvants En fonction des composés à solubiliser, il existe de très nombreux solvants que l’on classe en trois catégories, en fonction des interactions intermoléculaires (Van der Waals et liaisons hydrogène) que le solvant est capable d’effectuer avec les solutés : - Solvants polaires et protiques (classés par polarité croissante) Éthanol - Eau Solvants polaires et aprotique (classés par polarité croissante) Dichlorométhane Acétone - Acide acétique Ethoxyéthane Tétrahydrofurane (THF) Diméthylformamide (DMF) Acétate d’éthyle Diméthylsulfoxyde (DMSO) Solvants apolaires (qui sont toujours aprotiques) Pentane Cyclohexane Toluène Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 3 Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Document de cours c. Règle qualitative Le principe du « qui se ressemble s’assemble » d. Cas particulier de la solubilisation des espèces ioniques Les espèces ioniques ne sont solubilisables que dans les solvants polaires. En effet, la solubilisation s’effectue par l’intermédiaire d’interactions dipôles permanents – ions qui doivent être suffisamment fortes pour vaincre les interactions ions-ions au sein du solide ionique. Si le solvant est assez dissociant, les anions et cations sont séparés, sinon ils cohabitent en solution sous forme de paires d’ions. Ainsi, KCl se solubilise sous forme d’ions séparés dans l’eau, solvant très dissociant, mais se solubilise sous forme de paires d’ions dans l’éthanol, solvant moins dissociant : Le caractère dissociant d’un solvant est donné par sa permittivité relative . Le caractère dissociant d’un solvant n’est pas lié à son caractère polaire, comme le montre les exemples ci-dessous. On retiendra que l’eau est le solvant le plus polaire et parmi les plus dissociants. Eau Éthanol Acide acétique Éthoxyéthane Moment dipolaire : Permittivité relative : Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 4 Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Document de cours II. Acido-basicité en chimie organique Les réactions acido-basiques sont fréquemment utilisées en chimie organique pour la synthèse de réactifs. Par ailleurs, de nombreux acides et bases organiques sont forts dans l’eau, leur utilisation ne peut se faire qu’après l’étude d’une échelle de généralisée et le choix d’un solvant adapté autre que l’eau. 1. Solvant amphiprotique En solution aqueuse, les notions d’acide fort et de base forte dans l’eau ont été définies. Un acide (une base) fort(e) dans l’eau possède un inférieur à zéro (supérieur à ) et réagit quantitativement avec l’eau. On ne peut donc pas les classer expérimentalement dans l’eau, d’où la nécessité d’avoir recours à d’autres solvants. Solvant amphiprotique Ces solvants doivent être amphiprotiques, c’est-à-dire posséder des propriétés ampholytiques, comme l’eau à la fois, un acide (couple ) et une base (couple ). Ils sont notés sont ainsi siège de l’équilibre d’autoprotolyse : Couples 2. Échelle de et généralisée La constante d’acidité d’un acide dans un tel solvant peut se déterminer de la même manière que dans l’eau : Grâce à des analyses thermodynamiques, on ramène cette constante d’acidité à une constante d’acidité calculée dans l’eau puis on construit ainsi une échelle de généralisée, d’étendue beaucoup plus grande que l’échelle de dans l’eau. Ci-contre, une échelle de présentant les ordres de grandeurs pour les couples acidobasiques usuels en chimie organique. Les de certains couples sont suffisamment important pour être retenus. On peut noter que les acides carboxyliques, les alcools et les amines apparaissent comme des ampholytes. Figure 2 : de quelques couples acide-base à connaître Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 5 Document de cours Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand 3. Synthèse quantitatives d’acides ou de bases, forts dans l’eau, en chimie organique a. Choix du solvant lors de l’utilisation d’acides ou de bases, forts dans l’eau Pour permettre l’existence de bases plus fortes que l’ion , ou d’acides plus forts que l’ion , il faut utiliser un solvant organique ne pouvant pas réagir quantitativement avec l’acide ou la base à préserver. L’analyse de l’échelle de généralisée permet de choisir un solvant adapté. Par exemple, l’ion hydrure : Figure 4 : échelle de b. Choix du réactif pour synthétiser un acide ou une base, fort dans l’eau - Pour obtenir un acide fort A H de manière quantitative : - Pour obtenir une base forte A de manière quantitative : c. Schéma général des réactions acido-basiques en chimie organique On utilise ici le formalisme Flèche de mouvement électronique d’une réaction acide-base sur l’exemple d’un alcool : des flèches courbes pour représenter le déroulement microscopique des réactions. On utilise de plus les doubles flèches modélisant la microréversibilité des actes élémentaires (à ne pas confondre avec le symbole de la mésomérie). Exercice d’application 1, 2 Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 6 Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Document de cours On peut tenir le même raisonnement pour analyser la force d’une base : une base est d’autant plus forte que son acide conjugué est stabilisé. 4. Analyse de la force des acides en chimie organique Propriétés : Exercice d’application 3 Ainsi, le méthane CH (et de manière générale les chaînes hydrogénocarbonées) est un acide extrêmement faible : le p a du couple CH CH est l’un des plus élevé en chimie organique (égal à environ ), le carbone étant très peu électronégatif. a. Acidité en fonction de l’atome porteur de la charge Atome porteur de la charge Électronégativité Rayon de covalence O S p a H du couple pm Alcools ( OH) : pm Amines pm H ): Thiols ( SH) : Analyse : b. Groupe permettant la délocalisation de la charge négative Effet mésomère attracteur : la charge négative peut être délocalisée sur plusieurs atomes, grâce à des effets mésomères Exemples : Acide carboxylique : p a COOH COO Cétone : p a CH COCH CH COCH Le cas des aldéhydes et des cétones amènent une discussion particulière, car leur caractère acide résulte de l’arrachage d’un proton sur un atome de carbone (moins électronégatif que l’hydrogène). Le résultat peut se généraliser aux espèces possédant un atome d’hydrogène en d’un groupe mésomère électroattracteur. Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 7 Document de cours Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Propriété : Les exemples importants sont proposés ci-dessous : Figure 3 : espèces possédant un atome d’hydrogène en position plusieurs groupes électroattracteurs d’un ou Effet inductif attracteur : Si un atome très électronégatif se trouve à proximité (en nombre de liaisons) de l’atome porteur de la charge négative alors il exerce un effet dit inductif attracteur, permettant une délocalisation stabilisante de la densité électronique. Exemples : Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 8 Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand Document de cours 5. Cas particulier de la formation d’un ion alcoolate L’ion alcoolate est une espèce très importante en chimie organique et très utilisée car très nucléophile, et surtout plus nucléophile que son acide conjugué l’alcool. Voici trois méthodes permettant sa formation (la première ne permettant pas une synthèse quantitative a. Première méthode : utilisation de ou Exercice d’application 4 On fait réagir la soude (NaOH) ou la potasse (KOH) sur l’alcool correspondant à l’alcoolate voulu. En règle générale le solvant utilisé est l’alcool lui-même. Remarque : b. Deuxième méthode : utilisation de l’hydrure de sodium La deuxième méthode consiste à utiliser l’hydrure de sodium sur l’alcool correspondant à l’alcoolate voulu. En règle générale le solvant utilisé est l’alcool lui-même. Cette espèce apporte l’ion hydrure , base conjuguée du dihydrogène : . Remarque : c. Troisième méthode : utilisation du sodium métallique (aux propriétés réductrice) Une troisième méthode est très utilisée, elle consiste à faire réagir l’alcool avec le métal sodium. La réaction utilise la propriété réductrice du sodium. La réaction est totale car le sodium métallique est un réducteur très puissant. On retrouve l’équation grâce à trois demi-équations : Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 9 Document de cours 6. Cas particulier de l’acidité en Lycée Hoche – BCSPT1A – A. Guillerand d’un carbonyle : équilibre céto-énolique Équilibre céto-énolique : On observe expérimentalement en milieu acide ou basique, pour les aldéhydes et cétones possédant un atome d’hydrogène en , un équilibre entre deux formes isomères de la molécule : Cette transformation est basée sur l’acidité de l’atome d’hydrogène en position la basicité de l’oxygène. Mécanisme en milieu acide : on utilise un acide, noté Mécanisme en milieu basique : on utilise une base, notée Remarque : en général, la forme énol est moins stable que la forme carbonylée. du groupe carbonyle et , en tant que catalyseur , en tant que catalyseur Chimie organique – Chapitre 4 : Solvant et acido-basicité en chimie organique Page 10