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Revue Marocaine de Rhumatologie
La correspondance échographique de la classification de
Rodineau et Durey est représentée dans le tableau 2. [3]
Il est parfois difficile de différencier une déchirure
musculaire partielle d’une déchirure totale à cause du
comblement du foyer lésionnel par le sang et les débris,
dans ce cas l’échographie permet de faire la part des
choses grâce a son approche dynamique en demandant
au patient de faire une contraction musculaire.
LES LÉSIONS CICATRICIELLES
La cicatrice breuse
les traumatismes musculaires minimes guérissent
généralement sans laisser de cicatrice visualisable à
l’échographie. Par contre, les lésions sévères avec
formation d’hématome intra-tissulaire sont susceptibles
de générer une cicatrice fibreuse perceptible à l’examen
ultrasonographique. Cette cicatrice représente une
zone de faiblesse qui peut être responsable d’une
altération de l’élasticité du muscle prédisposant celui-ci
aux récidives lésionnelles. Elle peut aussi être la source
de compression d’un nerf périphérique de voisinage et
générer une douleur chronique. La cicatrice fibreuse prend
échographiquement l’aspect d’une structure linéaire ou
stellaire hyperéchogène entouré parfois d’une zone moins
échogène au sein d’un muscle antérieurement traumatisé.
Sa taille est généralement proportionnelle au volume de
l’hématome initial. (Figure 8).
La myosite ossiante
Il s’agit d’une ossification intramusculaire par métaplasie
bénigne des cellules mésenchymateuses dont la
physiopathologie est encore mal connue. Elle est le plus
souvent secondaire à un traumatisme minime passé inaperçu
dans plus de 50% des cas ce qui rend son diagnostic
difficile [4]. Elle peut être douloureuse ou complètement
asymptomatique. Elle touche préférentiellement les muscles
de la cuisse et de la loge antérieure du bras [5].
L’échographie montre à la phase initiale un aspect
hétérogène non spécifique du muscle, secondairement,
on note la présence d’ossifications périphériques hyper-
échogènes avec cône d’ombre postérieur (Figure 9). Elles
sont détectables plusieurs semaines avant leur apparition
sur les radiographies standards. Le mode Doppler
puissance montre une hyper-vascularisation aussi bien de
la lésion que du tissu qui l’entoure [6].
FMC
Tableau 2 : Classification échographique des lésions musculaires et musculoconjonctives
intrinsèques (en parallèle avec la classification de Rodineau et Durey) [3].
Stade
0
Atteinte réversible de la fibre
musculaire, sans atteinte du
tissu conjonctif de soutien
DOMS (Delayed Onset
Muscular Soreness)
Hypertrophie hyperéchogène du
muscle
1
Atteinte irréversible de
quelques fibres musculaires,
sans atteinte du tissu conjonctif
de soutien
Nuage hyperéchogène sans
désorganisation de l’architecture
musculaire (figure 4)
2
Atteinte irréversible d’un
nombre réduit de fibres
musculaires, avec atteinte du
tissu conjonctif de soutien
Plage hyperéchogène à contours flous
et irréguliers avec désorganisation de
l’architecture musculaire (figure 5)
3
Atteinte irréversible de
nombreuses fibres musculaires,
avec atteinte du tissu conjonctif
de soutien et formation d’un
hématome intramusculaire
localisé
Désinsertion musculo-aponévrotique
ou musculo-tendineuse avec
hématome collecté (figure 6)
4Rupture partielle ou totale d’un
muscle
Désinsertion ou rupture d’un faisceau
musculaire avec rétraction (figure 7)
Figure 4 : Coupe axiale postéro-interne de la cuisse montrant une
zone hyperéchogène focale (flèche verte) correspondant à une lésion
musculaire de grade 1 [7].
Figure 5 : Plage hyperéchogène à contours flous et irréguliers avec
désorganisation de la structure musculaire correspondant à une lésion
musculaire de grade 2. [8]
K. Berrada et al.