INTRODUCTION
L’objet de ce mémoire est de tenter une étude globale de la place et du rôle de la
France en Afrique depuis les indépendances. De nombreux travaux traitent soit de l’Afrique,
soit de la France. D’autres s’intéressent à la politique de la France en Afrique, mais
généralement de manière partielle, en se cantonnant à l’un ou à l’autre de ses grands axes
(politique, économique, sécuritaire, culturel...). Il nous paraît donc intéressant d’appréhender
la politique de la France en Afrique dans son ensemble, afin d’en situer les différents enjeux.
Nous essaierons autant que possible de nous garder de verser dans des considérations d’ordre
idéologique, afin de ne pas susciter de vaines polémiques et d’éviter tant la diabolisation que
la langue de bois.
Dans un souci de cohérence, le cadre géographique de ce travail écartera d’emblée les
Etats d’Afrique du Nord, dont la prise en compte aurait exigé de s’intéresser à des
problématiques méditerranéennes et moyen-orientales, étrangères à l’Afrique subsaharienne à
laquelle nous limiterons notre réflexion.
D’aucun pourraient se demander pourquoi la France met en œuvre une politique
africaine alors qu’elle n’a pas spécialement de politique asiatique, malgré un présence
ancienne, certes révolue, en Indochine et aux Indes avec d’ex comptoirs
.
La réponse tient de
l’évidence : la France qui avait colonisé une grande partie du continent africain y avait établi
une présence et tissé des liens qui ne peuvent se comparer à ce qu’elle a pu entreprendre
ailleurs.
La politique africaine de la France ne procède ni d’une tactique accidentelle, ni d’une
improvisation, mais au contraire d’une stratégie réfléchie pour tenter de combler le vide créé
par l’accession à l’indépendance de ses anciennes colonies sur le « continent noir ». Notons
qu’au sein de la Communauté Française, certains des futurs chefs d’Etats africains ne
voulaient pas de l’indépendance, à l’instar de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny ou encore du
gabonais Léon M’Ba. Ceux-ci reprochaient au Général de Gaulle de « couper le cordon
ombilical » liant leur pays à la « mère patrie ». Cependant, la France ne pouvait pas ignorer le
contexte international de l’époque qui faisait la promotion du « droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes » (droit issu de la Révolution Française de 1789) et donc de la décolonisation.
Vue d’Afrique, la France fait l’objet d’un double discours. Elle est admirée, aimée et
enviée pour son niveau de vie et sa protection sociale, pour la liberté d’opinion, y compris
politique, qui y règne, ou encore pour le rayonnement de sa culture. Mais parallèlement, la