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En Belgique et, de façon générale, en Europe, les conditions
de mise sur le marché des probiotiques sont définies en
fonction de leur application: médicamenteuse ou alimen-
taire. Par le fait qu’ils sont “destinés à être ingérés par l’être
humain”, les compléments alimentaires probiotiques utilisés, de
même que les aliments fonctionnels, sont considérés comme des
denrées alimentaires et sont régis par la législation y attenant. Pour
toute allégation, de même que pour une application médicamen-
teuse, la preuve scientifique de l’effet annoncé doit être fournie, sur
des personnes en bonne santé pour l’allégation, sur la prévention
ou le traitement d’une pathologie pour le médicament. Lorsqu’un
micro-organisme est reconnu comme médicament, cela signifie
qu’il est passé par un processus de sélection très sévère et qu’il a
démontré son impact sur une ou plusieurs pathologies. Les cibles
sont différentes: le complément alimentaire s’adresse à des indivi-
dus sains, tandis que le médicament est destiné à prévenir ou traiter
des pathologies. Dans ce contexte, il faut rappeler qu’il est difficile
voire impossible de comparer deux souches de Saccharomyces
boulardii (Sb) car les procédés de fabrication sont différents: en
effet, même si les souches sont ‘semblables’ (leur nom de famille),
elles portent des codes différents (leur prénom). Leur stabilité est
également différente et doit être garantie. La vraie question dans
ce cadre sera plutôt de savoir comment répondre aux patients qui
se demandent si tous les ‘probiotiques’ se valent.
Dans nos régions, la démarche du patient
se passe en deux temps: le premier passe
par l’achat du probiotique, le second par
le questionnement sur la validité de son
choix
Pour aider à cette meilleure connaissance, protéger le consomma-
teur et garantir la concurrence loyale, l’EFSA (European Food Sa-
fety Authority) a édité de nouvelles règles (règlement 1924/2006 sur
les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées
alimentaires). Pour rappel, les allégations de santé sont toutes les
allégations qui suggèrent une relation entre un aliment ou l’un de
ses constituants et un fait de santé. Un point important dans la pro-
blématique débattue ici est que le mot ‘probiotique’ est considéré
aux yeux de la loi comme une allégation de santé et ne pourra donc
plus être utilisé ‘à tout va’. Ces règles vont entrer en application
fin 2012, les allégations de santé étant classées selon 3 catégories:
autorisées et qui peuvent donc être utilisées à condition de respec-
ter les conditions d’utilisation (une seule à ce jour), rejetées et qui
doivent donc disparaître du marché (comme celles des Sb ‘alimen-
taires’, soit toutes à l’exception de Enterol®), ou ‘en attente’ et qui
continuent à bénéficier d’une période de transition. Dans ce cadre,
seules les allégations de santé approuvées concernant des per-
sonnes saines pourront être communiquées tandis que les noms de
marque qui suggèrent un effet sur la santé doivent disparaître, de
même que toute allusion concernant une pathologie (ex: le schéma
d’un intestin sur la boîte). Enfin, pour pouvoir arguer d’une alléga-
tion de santé, les compléments nutritionnels devront avoir produit
les résultats d’études sur des personnes saines.
Une perception émotionnelle de la part
du patient que médecins et pharmaciens
peuvent renforcer de manière scientifique
La communication sur les probiotiques est différente vers le pa-
tient ou le médecin, ce dernier étant par exemple généralement
peu sensible à l’argument d’une diarrhée qui dure 24 heures de
moins, contrairement au patient pour lequel il s’agit d’un élément
de confort tout à fait significatif. La même remarque vaut pour la
prévention de la diarrhée liée aux antibiotiques qui nécessite une
co-prescription (antibiotique + probiotique), que le médecin hésite
souvent à faire car elle est rarement grave.
Le patient ne partage toutefois que rarement ce point de vue,
surtout s’il a déjà connu un tel épisode. C’est le cas en pédiatrie
également, car les parents manifestent souvent un rejet de toute
antibiothérapie lorsque leur enfant a déjà présenté une diarrhée.
Tout ceci souligne l’importance pour le médecin de mesurer l’effet
psychologique sur le patient et son entourage. Sans oublier pour
autant le coût sociétal d’un jour de diarrhée. Or, il a clairement
été prouvé que la prévention de la diarrhée liée aux antibiotiques
permet de réduire la durée des hospitalisations…
Le patient, pour qui l’automédication est un élément de prise en
charge important, est le plus souvent heureux de pouvoir disposer
de produits en vente libre et pour lesquels il peut faire un choix.
Reste à trouver le ton juste entre le choix subjectif du patient et la
solidité des évidences recueillies à propos du médicament.
Faut-il continuer à parler de probiotique ?
Un probiotique est un micro-organisme vivant, bénéfique à l’orga-
nisme lorsqu’il est pris en quantité suffisante. Les nouvelles règles
de l’EFSA limitent donc la dénomination aux micro-organismes qui
ont fait leurs preuves. Tout autre micro-organisme dont les effets
ne sont pas étayés scientifiquement ne peut se targuer de la
dénomination ‘probiotique’.
Il est probable que la suppression de la possibilité d’utiliser le terme
‘probiotique’ par tous les compléments alimentaires n’ayant pas
obtenu leur autorisation liée à la nouvelle réglementation risque de
dévaloriser quelque peu le mot lui-même.
Dans ce cadre, il est essentiel de positionner Enterol® en tant que
médicament, d’autant que le fait que Saccharomyces boulardii soit
une levure, donc un organisme plus «évolué» que les bactéries et
produisant des métabolites actifs différents de ces dernières, per-
met de renforcer les différences sur le plan scientifique. Ces infor-
mations devraient permettre au médecin de soutenir le discours
‘pratique’ envers les patients avec notamment l’importance du gain
d’un jour de diarrhée pour le patient.
On notera par ailleurs qu’Enterol® fait l’objet d’une utilisation de
plus en plus importante en milieu hospitalier; un blister uni-dose a
d’ailleurs été spécifiquement développé à la demande des hôpitaux
afin de favoriser la distribution intrahospitalière.