22 | La Lettre du Gynécologue • n° 355 - octobre 2010
DOSSIER La conférence Jean Cohen et les JTA 2010 : les temps forts
Pour surmonter cette difficulté une technique dite
d'éclosion assistée a été proposée. Elle consiste à créer
une brèche dans la zone pellucide de l’embryon de 72
heures, juste avant le transfert in utero pour faciliter
l’éclosion ultérieure. La brèche peut être réalisée de
plusieurs manières : par micromanipulation (9), en
utilisant de l’acide tyrode (10), par l’action d’un rayon
laser (11) ou par une action enzymatique (12).
Un certain nombre d’études ont montré des résultats
et des indications contradictoires. Une première étude
prospective incluant 207 patientes montre que les résul-
tats sont similaires dans les deux groupes dès lors que
toutes les patientes sont réunies. En revanche, si on
les classe par âge, la technique de l'éclosion assistée
(hatching) serait nuisible chez les femmes de moins de
34 ans avec un taux de grossesses significativement
moins bon (15 % versus 35 % ; p < 0,05) [13]. Une étude
européenne multicentrique a voulu savoir si un traite-
ment antibiotique et immunosuppresseur par corti-
coïdes améliorerait les résultats après hatching comparé
au hatching sans traitement (14). Ce traitement serait
intéressant chez des patientes qui ont eu des échecs
répétés de grossesse après transfert de bonne qualité
(1,6 % sans traitement versus 10,7 % avec versus 17,1 %
des contrôles). Enfin, l’intérêt d’affiner la membrane
pellucide à l’aide du laser afin de faciliter l’éclosion avant
l’ICSI a été recherché. Les auteurs (15) ont comparé la
méthode classique de l’ICSI à ce qu’ils appellent l’ICSI
modifié par laser assisté. Sur 100 cycles et 1 016 ovocytes
(méta II) et en randomisant les ovocytes d’une même
patiente, ils ont trouvé un taux de dégénérescence moins
important dans le groupe avec laser alors que les taux
de fécondation et d’évolution embryonnaire étaient les
mêmes. En transférant 2 embryons appartenant à la
cohorte étudiée ou 1 embryon de chaque groupe (mixte)
ou encore 2 embryons contrôles, les taux de grossesses
cliniques et d’implantation à J3 sont supérieurs dans le
groupe avec laser seul ou mixte (47,4 % et 27,3 % laser
et 33,3 % et 17,5 % mixte versus 8,3 % et 9,1 % contrôle ;
p < 0,039). Les taux de grossesses et d’implantation ne
sont pas significativement différents dans la globalité
des transferts (J3 et J5) avec, cependant, une tendance
(42,4 % et 30,7 % laser et 41,3 % et 21,3 % mixte versus
23,8 % et 19,6 % contrôle) probablement liée au nombre
de l’effectif.
De très nombreuses études ont été réalisées pour tester
l’éclosion embryonnaire assistée par ces différentes
méthodes. Les résultats sont discutables et divergent
d’une étude à l’autre. La récente mise au point faite par
la Cochrane Database en 2009 (16) met en évidence
une légère augmentation des taux de grossesses mais
considère les résultats insuffisants pour pouvoir dire si
le hatching a véritablement un intérêt.
Stade blastocyste
L’embryon clivé placé dans un milieu approprié
peut poursuivre son développement jusqu’au stade
de blastocyste caractérisé par la présence d’une
cavité centrale, d’un bouton embryonnaire et d’une
couronne de cellules périphériques.
◆Évaluation de la qualité
En fonction de l’aspect morphologique des différents
éléments du blastocyste (taille de la cavité, nombre
de cellules constituant le bouton embryonnaire,
aspect festonné ou non des cellules périphériques),
plusieurs classifications de blastocystes ont été
proposées (17). Le blastocyste idéal doit présenter
une vaste cavité occupant plus de 50 % du volume
embryonnaire, les cellules périphériques doivent être
aplaties et festonnées, le bouton embryonnaire doit
être bien compact et présenter un nombre suffisant
de cellules. Enfin, la zone pellucide doit être amincie
et la taille globale de l’embryon augmentée.
◆Mode d’obtention du blastocyste
Depuis le début des années 1990, différents systèmes
de culture ont été proposés pour le développement
de l’embryon humain jusqu’au stade de blastocyste.
Les premiers succès ont été obtenus en utilisant
des systèmes de coculture au cours desquels les
embryons humains étaient cultivés sur un tapis de
cellules, celles-ci pouvant être de diverses origines
(18). Cela indique l’adaptabilité de l’embryon humain
à différentes conditions de culture. Mais malgré un bel
aspect morphologique, les blastocystes ne sont pas
égaux en capacité d’implantation, selon les conditions
de culture, d’où les résultats très variables observés
dans les nombreuses publications consacrées à ce
sujet.
Historiquement, les recherches sur l’embryon de
mammifères in vitro ont montré que les conditions
de culture qui favorisaient le clivage embryonnaire
n’autorisaient pas le développement du blastocyste
et vice versa. La mise au point de milieux séquentiels
acellulaires, plus sûrs que les cocultures, a généré
de grands espoirs qui, pour l’instant, ne se sont pas
encore concrétisés (19-22).
◆Intérêts et limites du transfert de blastocystes
Théoriquement, le transfert d’embryons au stade de
blastocyste présente plusieurs avantages :
– éviter la présence prématurée d’embryons clivés
dans la cavité utérine qui aurait des effets négatifs
sur l’implantation ;
– obtenir une meilleure synchronisation entre l’état
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