IV/ L’utilisation de la machine
Comment peut-on intégrer ces bruits dans la musique ?
Ces bruits sont tout d’abord enregistrés par le compositeur dans le quartier de Manhattan à New york. Il les transfère ensuite dans un
échantillonneur. Chaque bruit est ensuite réparti sur une note d’un clavier électronique. Le musicien peut alors répéter ces bruits à un
moment précis de la musique.
Un échantillon (sample en anglais) est un extrait de musique ou un son
réutilisé dans une nouvelle composition musicale, souvent joué en boucle.
L'extrait original peut être une note, un motif musical ou sonore quelconque. Il
peut être original ou réutilisé en dehors de son contexte d'origine.
L'échantillonnage (sampling en anglais) peut être réalisé avec un
échantillonneur (sampler en anglais), qui peut être un équipement électronique
ou un programme informatique sur un ordinateur. Il est également possible
d'échantillonner avec des boucles de bande magnétique sur une machine reel
to reel.
DEPHASAGE : le phasing (en français déphasage) est un procédé de composition inventé par les compositeurs Terry RILEY et Steve REICH
dans les années 1960. Lié au courant de la musique minimaliste, le phasing a surtout été utilisé par Steve REICH au cours des années 1960
et des années 1970. Le terme a été inventé par Steve Reich par analogie avec la notion de déphasage présente en physique entre deux
ondes ou en traitement du signal entre deux signaux périodiques. Il note lui-même que le déphasage est un cas particulier de la forme
classique du canon.
Le phasing se construit à partir d'un court motif musical répété indéfiniment. Chaque musicien répète ce motif en boucle, mais avec un
décalage entre les voix, décalage qui augmente et diminue au cours de la pièce. Dans certains cas, le déphasage est réalisé en insérant
périodiquement une note supplémentaire dans la phrase musicale qu'interprète un des deux joueurs. Le changement de phase peut aussi
être provoqué instantanément, plutôt que progressivement, comme dans la composition Clapping Music.
V/ Conclusion sur le style artistique de la musique de Steve REICH
Caractéristiques musicales essentielles de l’œuvre :
- Principe de répétition poussé à l’extrême = …………………………………
- Matériau de base …………………………. : cellules simples et brèves
- Retour au tonal et au modal, en opposition à la musique atonale du XXe. siècle
- ………………………. régulières : temps musical strié
- Procédé de composition graduel : empilements, progressions, densification et appauvrissement, entrées progressives
des instruments
- Découpage en sections nettes et plan clair
- Pour éviter la monotonie de la répétition, le renouveau vient des couleurs, des timbres nouveaux grâce aux échantillons
de sons
- Ecriture en …………………, procédé de composition ancien, très utilisée par REICH
MUSIQUE MINIMALISTE : musique essentiellement américaine dont les caractéristiques essentielles sont :
- réduction des moyens mis en œuvre
- économie des figures, recours à des éléments simples
- répétition et juxtaposition d’éléments (accords, figures) en sorte que le processus de transformation graduelle des
éléments soit audible (d’où l’appellation de musique répétitive souvent employée)
- conception étirée du temps, le plus souvent pulsé
- choix harmoniques tonaux et structures rythmiques pulsés
City Life, musique métissée
Comme Phil GLASS, autre compositeur du courant répétitif, REICH touche un large public. City Life est une œuvre patchwork,
utilisant diverses techniques musicales :
- rapport indéniable avec la musique concrète avec des sons enregistrés
- rapport avec le rap ou la musique techno avec la phrase « take non mor’ » répétée de manière très rythmique et heurtée
- musique à caractère visuel et descriptif comme celle de nombreuses séries américaines avec leurs bruits de klaxons, de pneus…
City Life est une sorte de documentaire sur la ville de New-York, la ville « qui ne dort jamais », la ville des contrastes multiples.
Vision monumentale et grandiose avec les grands accords du début et de la fin de l’œuvre mais aussi réalité quotidienne : bruit omniprésent
et agressif, angoisse et problèmes sociaux (manifestations), religieux (attentat), société multi raciale et victimes de l’exclusion (camelot
asiatique au fort accent, afro-américains).
REICH propose son interrogation sur les difficultés sociales, la violence, la pollution sonore, finalement les problèmes de toutes les
grandes métropoles mondiales. Il s’interroge, en cette fin XXe. siècle, sur l’avenir de ces villes, de ce monde moderne : risque de violence,
d’anéantissement, de chaos. Il questionne l’Homme au sein de la ville (battements de cœur du 4ème mouvement traduisant cette angoisse).
Sa préoccupation va donc au-delà de l’anecdotique ou du documentaire, même si cette dimension est présente.
La description est sévère, relativement pessimiste et le deuxième attentat au World Trade Center du 11 Septembre 2001 lui a
donné en quelque sorte raison. En cela, sa position est différente des futuristes qui, au début du siècle, voyaient un monde moderne digne
d’admiration. Les travers du « progrès » sont ici dénoncés, par le biais d’une musique engagée dans son temps, réfléchissant sur son
époque, son insécurité, sur les dangers qui cernent toute société urbaine contemporaine.