Séquence 4 : L`utilisation de la machine dans la création d`une

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Séquence 4 :
3ème
L’utilisation de la machine dans la création d’une œuvre d’art
Œuvre de Référence : City Life (1995) de Steve Reich
Steve Reich
New York
Los Angeles
I/ Quelques repères biographiques
Steve REICH, né en 1936 à New-York, est un musicien et compositeur américain. Il est considéré comme l'un des pionniers de la
musique minimaliste, un courant de la musique contemporaine jouant un rôle central dans la musique savante aux USA.
Il partage son enfance entre New York (chez son père) et Los Angeles (chez sa mère).
Il a fait ses études de musique à la Juilliard School of Music de New-York, de 1958 à 1961 dans les classes de piano et de
percussions, mais aussi de composition en cours privés avec le pianiste de jazz Hall OVERTON. De 1962 à 1963, il étudie la composition
avec Darius MILHAUD et la musique atonale avec Luciano BERIO en Californie. C'est durant cette période qu'il décide de ne pas composer
dans le style alors dominant de la musique sérielle.
Il poursuit ensuite sa découverte du jazz modal au travers de John COLTRANE qui aura une forte influence sur son écriture.
REICH rencontre Terry RILEY en 1964, et se voit proposer par ce dernier de participer à la création mondiale de In C, considérée comme
l'une des premières compositions importantes du courant minimaliste. Au-delà de sa participation à l'exécution, REICH apporte également
sa contribution à l'écriture de cette pièce en suggérant à RILEY d'utiliser une pulsation fixe. Il compose ensuite ses deux premières œuvres
reconnues, It's Gonna Rain (1965) et Come Out (1966), deux pièces qui sont le reflet d'une conscience politique, notamment en faveur du
mouvement des droits civiques aux États-Unis et du danger de l'escalade nucléaire.
Il poursuit toujours son apprentissage musical, en particulier des percussions africaines et du gamelan indonésien. S'écartant de
ses recherches musicales antérieures sur la répétition pure, REICH décide à partir de 1973 de s'orienter vers un travail sur le rythme, la
pulsation, et la notion de variation timbrique de surface. Il compose quelques-unes de ses œuvres les plus connues dans les années
1970-80, comme Music for 18 Musicians (1976), The Desert Music (1984) ou Different Trains (1988).
Toute la période des années 1980 et années 1990 est marquée par une implication personnelle philosophique, religieuse,
historique, et politique importante dans l'écriture de ses œuvres.
Pour caractériser son œuvre, et spécialement ses compositions de la période 1965-1976, il préfère utiliser l'expression « musique
de phases », qui fait référence à son invention de la technique musicale du déphasage. À partir de 1976, il développe une écriture musicale
basée sur le rythme et la pulsation avec l'une de ses œuvres les plus importantes, Music for 18 Musicians, qui marque le début de son large
succès international. Dès lors reconnu comme un compositeur contemporain essentiel, il oriente son travail de composition autour de la mise
en musique du discours, notamment dans des œuvres multimédia associant la vidéo créées en collaboration avec son épouse Beryl Korot.
Bien qu'ayant joué un rôle central dans l'évolution de la musique contemporaine, et, par ses œuvres, influencé des artistes au-delà
de son champ de création, comme en musique électronique et en danse contemporaine, REICH reste toutefois un compositeur peu
prolifique qui n'a écrit, durant l'ensemble de sa carrière, qu'une cinquantaine de pièces distinctes.
II/ Présentation de l’œuvre
Il s’agit d’une œuvre mixte, c’est-à-dire mêlant instruments acoustiques traditionnels (violons, clarinettes,
etc.) et un dispositif électro-acoustique. REICH utilise ici des échantillonneurs ou samplers, outils permettant la restitution
de sons enregistrés. Il a précédemment enregistré les sons de New-York et les restitue dans sa composition, avec des
procédés de boucles et de déphasage. On entend des sirènes, des bruits de circulation, des bruits de port. C’est une sorte de
visite sonore de la ville de New-York.
L’œuvre est en 5 mouvements enchaînés. La structure générale est en arche : A B C B A.
Titres des parties :
1. Check it out
2. Pile driver/alarms
3. It's been a honeymoon - can't take no mo'
4. Heartbeats/boats and buoys
5. Heavy smoke
Effectif détaillé :
2 ……………..., 2………………….., 2 ……………………
3 ………………………………..[ou 4]
2……………, 2 ……………électroniques/MIDI/synthétiseur
[sampling keyboards]
…………. I , ............... II, .............. , ……………………….. ,
et contrebasse
Les échantillons structurent l’œuvre. Ils donnent les titres aux cinq mouvements : ce sont des bruits de la vie new-yorkaise,
des voix, des bruits de circulation, des bruits du port, des pompiers.
ECHANTILLONS
MOUVEMENT
1er mouvement
INTERVENTIONS
A. Check it out – Viens voir
B. Bruits de transports urbains
bus air – freins pneumatiques de bus
subway air – freins pneumatiques du métro
door slam – claquement de porte de voiture
motor car – moteur de voiture
tire skid – dérapage de pneu
car horn – klaxon de voiture
car horn – klaxon de voiture
car over mahole – alarme d’antivol
subway chime – carillon de métro
2nd mouvement
Pile driver – Machine à enfoncer les pieux
Car alarmes
It’s been a honeymoon – C’était un voyage de noces
Can’t take no more – On n’en peut plus
3ème mouvement
4ème mouvement
Heartbeats – Battements de Coeur
Boats horns and buoys bells – Sirènes de bateaux et
bouées à cloches
5ème mouvement
Heavy smoke – Fumée épaisse
Stand by – Tenez-vous prêts
It’s full a smoke – C’est rempli de fumée
Urgent ! – Urgent !
Guns, knives or weapons on ya ? – Révolvers,
couteaux ou armes sur toi ?
Wha’ were ya doin’ ? – Qu’est-ce que tu fais ?
Be careful – Fais attention
Where you go ? – Où allez-vous ?
ORIGINES
Phrase chantante d’un camelot. Elle donne
la mélodie du 1er motif.
Phrases enregistrées lors d’un
rassemblement politique d’afro-américains
Phrases enregistrées par les pompiers lors
d’un premier attentat à New-York contre le
World Trade Center le 26 Février 1993.
Rend l’œuvre quasi prémonitoire…
III/ Extraits de l’œuvre
♪ 1er mouvement « Check it out »
Premier thème : 1er mouvement : échantillon générateur
Dans ce 1er mouvement :
Ce mouvement commence par une série d’ ……………….. en notes longues appelée un …………………… .
Le ………………… principal est un développement du motif générateur « …………………………………….. » sur …… notes.
Il se met en place ……………………………………., au fur et à mesure de ses ……………………..et de ses…………………… .
Instruments et bruits sont liés : un ………………… devient une mélodie ou un rythme.
On repère l’écriture en ………………… et la technique d’…………………………………. des instruments.
Les répétitions des motifs issus du thème générateur traduisent la vie stressante et répétitive des habitants de la
ville de New-York, et par extension des villes modernes.
♪ 3e mouvement « It’s been a honeymoon »
On y entend un duo d’……………………………. sur « it’s been a honeymoon » puis « can’t take no more » avec ajout
progressif d’instruments qui “doublent” les échantillons vocaux. Tout est basé sur le principe de la …………………………. : de
nombreux …………………….. et l’écriture en …………………. .
♪ 5e mouvement « Heavy smoke »
Le 5ème mouvement présente une trame sonore dense dans toute sa durée, faite d’abord des tenues immobiles
aux……………….. , doublées par les résonances des ………………… et des vibraphones.
Une ………………….. d’engin de pompiers est utilisée comme trame harmonique. Les divers énoncés (heavy smoke
sur 3 croches, stand by sur 2 croches, etc.) sont repris par les vents, pianos et vibraphones.
Le mouvement s’anime progressivement sur un rythme de triolet : les tenues sont alors remplacées par une
polyrythmie distribuée entre les différents instruments.
Le climax est atteint lors d’un tutti instrumental.
L’avant-dernière section, fondé sur un accord de Fa, est une sorte de grande préparation à la dernière section qui
reposera sur la tonique Do. On la perçoit comme la préparation d’une grande cadence (partie harmonique pour terminer
l’œuvre ).
La dernière section est une ……………………………….. progressive du rythme et se termine de façon statique.
Décombres du parking où a eu lieu
l’attentat du World Trade Center du 26 février 1993.
D’autres références à l’histoire dans l’œuvre de S. Reich :
Ecoutez « Different trains » (1988), mêmes techniques
musicales et évocations des trains avant, pendant et après la
2de guerre mondiale (le 2ème mouvement évoque les trains de
déportation vers les camps d’extermination nazis).
IV/ L’utilisation de la machine
Comment peut-on intégrer ces bruits dans la musique ?
Ces bruits sont tout d’abord enregistrés par le compositeur dans le quartier de Manhattan à New york. Il les transfère ensuite dans un
échantillonneur. Chaque bruit est ensuite réparti sur une note d’un clavier électronique. Le musicien peut alors répéter ces bruits à un
moment précis de la musique.
Un échantillon (sample en anglais) est un extrait de musique ou un son
réutilisé dans une nouvelle composition musicale, souvent joué en boucle.
L'extrait original peut être une note, un motif musical ou sonore quelconque. Il
peut être original ou réutilisé en dehors de son contexte d'origine.
L'échantillonnage (sampling en anglais) peut être réalisé avec un
échantillonneur (sampler en anglais), qui peut être un équipement électronique
ou un programme informatique sur un ordinateur. Il est également possible
d'échantillonner avec des boucles de bande magnétique sur une machine reel
to reel.
DEPHASAGE : le phasing (en français déphasage) est un procédé de composition inventé par les compositeurs Terry RILEY et Steve REICH
dans les années 1960. Lié au courant de la musique minimaliste, le phasing a surtout été utilisé par Steve REICH au cours des années 1960
et des années 1970. Le terme a été inventé par Steve Reich par analogie avec la notion de déphasage présente en physique entre deux
ondes ou en traitement du signal entre deux signaux périodiques. Il note lui-même que le déphasage est un cas particulier de la forme
classique du canon.
Le phasing se construit à partir d'un court motif musical répété indéfiniment. Chaque musicien répète ce motif en boucle, mais avec un
décalage entre les voix, décalage qui augmente et diminue au cours de la pièce. Dans certains cas, le déphasage est réalisé en insérant
périodiquement une note supplémentaire dans la phrase musicale qu'interprète un des deux joueurs. Le changement de phase peut aussi
être provoqué instantanément, plutôt que progressivement, comme dans la composition Clapping Music.
V/ Conclusion sur le style artistique de la musique de Steve REICH
Caractéristiques musicales essentielles de l’œuvre :
- Principe de répétition poussé à l’extrême = …………………………………
- Matériau de base …………………………. : cellules simples et brèves
- Retour au tonal et au modal, en opposition à la musique atonale du XXe. siècle
- ………………………. régulières : temps musical strié
- Procédé de composition graduel : empilements, progressions, densification et appauvrissement, entrées progressives
des instruments
- Découpage en sections nettes et plan clair
- Pour éviter la monotonie de la répétition, le renouveau vient des couleurs, des timbres nouveaux grâce aux échantillons
de sons
- Ecriture en …………………, procédé de composition ancien, très utilisée par REICH
MUSIQUE MINIMALISTE : musique essentiellement américaine dont les caractéristiques essentielles sont :
- réduction des moyens mis en œuvre
- économie des figures, recours à des éléments simples
- répétition et juxtaposition d’éléments (accords, figures) en sorte que le processus de transformation graduelle des
éléments soit audible (d’où l’appellation de musique répétitive souvent employée)
- conception étirée du temps, le plus souvent pulsé
- choix harmoniques tonaux et structures rythmiques pulsés
City Life, musique métissée
Comme Phil GLASS, autre compositeur du courant répétitif, REICH touche un large public. City Life est une œuvre patchwork,
utilisant diverses techniques musicales :
rapport indéniable avec la musique concrète avec des sons enregistrés
rapport avec le rap ou la musique techno avec la phrase « take non mor’ » répétée de manière très rythmique et heurtée
musique à caractère visuel et descriptif comme celle de nombreuses séries américaines avec leurs bruits de klaxons, de pneus…
City Life est une sorte de documentaire sur la ville de New-York, la ville « qui ne dort jamais », la ville des contrastes multiples.
Vision monumentale et grandiose avec les grands accords du début et de la fin de l’œuvre mais aussi réalité quotidienne : bruit omniprésent
et agressif, angoisse et problèmes sociaux (manifestations), religieux (attentat), société multi raciale et victimes de l’exclusion (camelot
asiatique au fort accent, afro-américains).
REICH propose son interrogation sur les difficultés sociales, la violence, la pollution sonore, finalement les problèmes de toutes les
grandes métropoles mondiales. Il s’interroge, en cette fin XXe. siècle, sur l’avenir de ces villes, de ce monde moderne : risque de violence,
d’anéantissement, de chaos. Il questionne l’Homme au sein de la ville (battements de cœur du 4ème mouvement traduisant cette angoisse).
Sa préoccupation va donc au-delà de l’anecdotique ou du documentaire, même si cette dimension est présente.
La description est sévère, relativement pessimiste et le deuxième attentat au World Trade Center du 11 Septembre 2001 lui a
donné en quelque sorte raison. En cela, sa position est différente des futuristes qui, au début du siècle, voyaient un monde moderne digne
d’admiration. Les travers du « progrès » sont ici dénoncés, par le biais d’une musique engagée dans son temps, réfléchissant sur son
époque, son insécurité, sur les dangers qui cernent toute société urbaine contemporaine.
VI/ Œuvres à inscrire en parallèle avec City life
Même technique de composition : « Different trains » (1988) Steve Reich
Œuvres Musicales Minimalistes : « In C » (1964) de Terry Riley, « Music in twelve parts »(1971) de Philip Glass
Minimalisme en peinture, en sculpture :
En réaction aux tableaux extrêmement colorés et aux objets quotidiens élevés au rang d'œuvres d'art par les artistes du Pop art, les œuvres
minimalistes se composent généralement de deux ou trois couleurs et de formes basiques : ronds, carrés, lignes droites, etc. La simplicité
est primordiale et il n'existe aucune représentation subjective derrière le minimalisme ; il est dénué de toute symbolique et ne cherche à
jouer que sur les formes et les couleurs en évitant l'émotion au sens littéral du terme : un art dénué de sentiments.
Osiris de Rubbin Murphy
Cubby de Elout de Kok
Alignement (1973) de Donald Judd
Œuvres évoquant la ville : « An American in Paris » (1928)George GERSHWIN, « La ville » (1984) de Pierre Henry
Hubert HAMOT New-York
Peintures numériques
Groupes utilisant les échantilloneurs, les ordinateurs : les DJ de rappeurs, de techno (cf. Daft Punk qui sort un nouvel album…)
VII/ « La Messe pour le temps présent » (1967) de Pierre Henry (né en 1927)
Pierre Henry dans son "laboratoire" en 2008
Stylistique : musique concrète et électro-acoustique
L’œuvre : c’est une suite de 5 danses dans le style des années 60-70 (rock, jerk…dans la mouvance psychédélique de l’époque) enregistrées et retravaillées en
studios pour être mixées à certains sons électroniques divers générés par des
machines.
Sera chorégraphiée par Maurice Béjart qui avait passé commande de cette œuvre pour le
Festival d’Avignon de 1967.
Le compositeur de musique concrète/acousmatique travaille directement sur le son même (en l'écoutant au travers des haut-parleurs) afin
de réaliser et finaliser lui-même sa création. Le terme de « musique concrète », en cela, s'oppose à celui de « musique abstraite » —
musique qui nécessite le concours d'un médium (comme la partition) et d'interprètes pour concrétiser l'œuvre conçue par son auteur.
C'est à partir de prises de son que le compositeur constitue son matériau : d'origine acoustique, il peut être issu de jeux sur des dispositifs
choisis pour leur aptitude à « sonner » (des corps sonores), d’univers habités d’événements caractéristiques, de parcours, de gestes ou de
séquences jouées à dessein, voire de sons « figuratifs », « anecdotiques », évocateurs ou de jeux sur des instruments traditionnels ou
« exotiques » ; synthétique, il peut être constitué de sons ou de séquences électroniques jouées au synthétiseurs, ou numériques, issues
d’une programmation logicielle ou de transformations immédiates d’événements sonores. On y trouve aussi des ambiances quotidiennes
souvent détournées de leur signification.
Extrait « Psyché Rock » :
Instruments/sons : ……………………………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Musique
pulsée
non pulsée
de tempo ………………..
Accompagnement harmonique basé sur une série de …… accords répétés en boucle (= ……………………….)
Le caractère musical est très …………………….., mais les changements sonores sont apportés par les diverses interventions
instrumentales et les diverses combinaisons de superpositions sonores (instrumentaux/électroniques).
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