Hegel, Leçons sur l`histoire de la philosophie, Introduction, Tome I

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Hegel, Leçons sur l’histoire de la philosophie, Introduction, Tome I, Gallimard, 1970.
« Ainsi la religion et la philosophie ont un contenu commun, et c’est la forme seule qui les
distingue ; Il ne s’agit donc pour la philosophie que de parachever la forme du Concept au
point de pouvoir comprendre le contenu de la religion. Le contenu est notamment ce que l’on
a appelé les mystères de la religion, c’en est l’élément spéculatif. On entend par là d’abord
quelque chose de mystérieux, qui doit demeurer secret, qui ne doit pas être communiqué. Les
mystères, sans doute, suivant leur nature, précisément comme contenu spéculatif, sont
mystérieux pour l’entendement, mais non pour la raison. Il sont justement le rationnel au sens
spéculatif, C’est-à-dire au sens du Concept concret. La philosophie va à l’encontre du
rationalisme tout particulièrement dans la théologie moderne ; il est vrai qu’il a toujours à la
bouche le mot de raison, mais il ne s’agit que d’un entendement sec, abstrait : en fait de raison
on n’y peut découvrir que le acteur de la pensée autonome, mais pensée tout à fait abstraite.
Ce rationalisme, pour le contenu et la forme, s’oppose à la philosophie. Sous le rapport du
contenu il a rendu le ciel vide – rabaissé le divin à n’être qu’un caput mortuum – et réduit tout
le reste à de simples finitudes dans l’espace et le temps ; quant à la forme, il s’oppose
également à la philosophie ; car la forme du rationalisme est le raisonnement, un
raisonnement sans liberté et il s’élève contre la philosophie en particulier pour pouvoir
continuer éternellement raisonner ainsi. Ce n’est pas là de la philosophie, de la
compréhension. A l’intérieur de la religion, au rationalisme s’oppose le supranaturalisme, le
quel, en ce qui concerne le vrai contenu, est d’accord avec la philosophie, il s’égale à elle,
mais en diffère pour la forme, car il est totalement dépourvu d’esprit, de souplesse et n’admet
pour son authentification et sa justification que l’autorité positive. Les scolastiques, au
contraire, n’étaient pas de ces supranaturalistes, par la pensée il ont compris le dogme de
l’Eglise.
Comme pensée compréhensive de ce contenu, la philosophie a sur la conception religieuse
l’avantage de saisir les deux côtés ; car elle entend la religion et lui rend justice et elle
comprend aussi le rationalisme et le supranaturalisme , enfin elle s’entend également ellemême. Or, à l’inverse il n’en n’est pas ainsi , la religion comme telle, se trouvant au point de
vue de la représentation, ne se reconnaît qu’en celle-ci et non dans la philosophie (…), la
religion ne comprend pas la philosophie.
La philosophie ne s’oppose donc pas à la religion, elle la comprend ; or en ce qui concerne
l’Idée absolue, l’Esprit absolu, il faut qu’il y ait la forme de la religion, car la religion est la
forme de la conscience du vrai tel qu’il est pour tous les hommes. (…)Elle appréhende
l’essence de l’esprit sous la forme de la conscience représentative qui s’arrête à l’extérieur ;
elle contient tout ce qui est mythique et historique, toute la partie positive de la religion , c’est
la forme qui se rattache à l’intelligibilité. »
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