Gérard Roland, Economie Politique Chapitre 22
implicitement que l'équilibre macro-économique restait stable. Les "nouveaux
classiques", au contraire, considèrent que les fluctuations économiques ne sont rien
d'autres qu'une succession d'équilibres en réponse à des chocs de demande et des chocs
d'offre. En particulier, les "nouveaux classiques" postulent que tous les marchés sont en
équilibre. Si le cycle économique est constitué d'une succession d'équilibres sur tous les
marchés, alors il n'y a plus de place pour la politique économique. La seule place que l'on
reconnaît à la politique économique est de tromper les anticipations des agents
économiques, par exemple par de l'inflation surprise. Mais les effets positifs de l'inflation
surprise ne peuvent être que de court terme.
La branche la plus "dure" des "nouveaux classiques" est ce qu'on appelle la tendance
"Real Business Cycle" regroupée autour d’Edward Prescott, de l'Université du
Minnesota. Les partisans des "Real Business Cycle" partagent la vision du cycle de
Lucas, mais se limitent à des chocs réels. Pour eux, des chocs nominaux, comme par
exemple une augmentation du stock monétaire, ne peuvent véritablement influencer
l'économie. C'est comme une bulle de savon qui éclate très rapidement. Ils attachent une
grande importance aux chocs sur l'offre, pensant que ceux-ci créent de la persistance
économique. Par exemple, une augmentation des coûts, un choc négatif sur l'offre,
entraîne une baisse de la production aujourd'hui, mais cette baisse de la production
aujourd'hui peut avoir des effets durables demain, notamment à cause de la baisse des
investissements.
Face à ces différents courants, il existe les nouveaux keynésiens qui continuent à former
la majorité de la profession. Les nouveaux keynésiens ont comme chef de file Mankiw,
de l'Université de Harvard, Joseph E. Stiglitz, de l'Université de Stanford, G. Akerlof, de
l'Université de Berkeley, et d'autres. Les nouveaux keynésiens reconnaissent les
innovations méthodologiques apportées par la théorie des anticipations rationnelles. Ils
diffèrent néanmoins des nouveaux classiques sur un point très important. Ils sont
convaincus des imperfections existantes sur le marché du travail et, en particulier, de la
rigidité des salaires à la baisse. Une partie importante de leurs recherches consiste à
expliquer cette rigidité des salaires à la baisse, comme par exemple par la théorie des
salaires d'efficience développée par Stiglitz. Plutôt que de mettre l'accent sur l'équilibre
de concurrence parfaite dans chaque secteur économique, les nouveaux keynésiens
mettent l'accent sur l'imperfection des marchés, non seulement le marché du travail, mais
également le marché des capitaux où le rationnement du crédit joue un rôle important.
Les nouveaux keynésiens accordent une grande importance aux nouvelles idées
développées en micro-économie sur les asymétries informationnelles, la sélection adverse
et l'aléa moral.
Il existe également d'autres courants de pensée beaucoup plus minoritaires comme les
économistes radicaux aux USA, les économistes marxistes, les régulationnistes (une
école à dominante française influencée par Michel Aglietta et Robert Boyer), les
économistes post-keynésiens,...