opérées pour masse pelvienne, ont une très bonne valeur
prédictive négative de malignité mais une valeur prédic-
tive positive (VPP) médiocre (33,8 % pour les patientes
pré-ménopausées et 59,5 % pour les patientes ménopau-
sées). Aussi, l’imagerie préthérapeutique a-t-elle un rôle
majeur à jouer dans le bilan initial.
Quelle imagerie pour
le diagnostic d’un cancer de l’ovaire ?
Dépistage et cancer de l’ovaire
L’Organisation mondiale de la santé décrit le cancer
de l’ovaire comme une maladie pour laquelle un test de
dépistage serait utile, car le taux de guérison des patientes
porteuses d’un cancer au stade précoce est significative-
ment supérieur à celles dont le diagnostic a été fait à
un stade avancé [1, 2]. Compte tenu de la prévalence
du cancer de l’ovaire chez la femme de plus de 50 ans
(1/2 500), un éventuel test de dépistage devrait avoir une
spécificité de 99,6 % pour avoir une VPP de 10 %. Aussi,
malgré plusieurs tentatives, aucune molécule ou examen
d’imagerie ne s’est révélé coût-efficace en vue d’un dépis-
tage systématique [3]. Les résultats du «Prostate Lung
Colorectal Ovarian Trial »ont montré que même le dépis-
tage combiné par CA 125 et échographie endovaginale
ne permettait de détecter que des cancers ovariens déjà à
un stade avancé et était source d’un nombre important de
faux positifs [4]. Enfin, l’American College of Radiology
a recommandé la réalisation d’une échographie endova-
ginale de dépistage uniquement chez les patientes à haut
risque de cancer du sein et de l’ovaire où la VPP de ce test
est nettement plus importante en raison d’une prévalence
nettement supérieure de la maladie dans ce sous-groupe.
Diagnostic d’un cancer de l’ovaire
Les symptômes évoquant un cancer de l’ovaire à un
stade précoce sont peu spécifiques tels que les dou-
leurs abdominales ou les signes fonctionnels urinaires ou
gastro-intestinaux. Cependant, la notion d’une fréquence
importante de ces symptômes (>12/mois) et le caractère
récent de l’apparition de ces symptômes (<6-12 mois)
seraient prédictifs de cancer de l’ovaire [5, 6]. Devant
ce type de symptomatologie, la plupart des cliniciens
(médecins généralistes ou gynécologues) recommandent
la réalisation d’un examen d’imagerie avec, en premier
lieu, une échographie endovaginale [7]. L’examen cli-
nique devient anormal à un stade avancé où il peut déceler
une masse qui est classiquement dure, irrégulière, hétéro-
gène, fixée à l’utérus ou aux parois pelviennes, parfois
bilatérale ou associée à une ascite.
Échographie endovaginale avec Doppler
Lorsqu’une échographie endovaginale est demandée
à la recherche d’un cancer de l’ovaire, la première étape
va être de déterminer si l’aspect des annexes est nor-
mal incluant la mesure de la surface ovarienne (moins
de 6 cm2chez la patiente en période d’activité géni-
tale, moins de 2 cm2chez la patiente ménopausée) et de
rechercher un kyste ovarien. L’examen échographique est
un examen dynamique qui est probablement le meilleur
pour distinguer une formation kystique d’origine ova-
rienne de l’un de ses diagnostics différentiels comme le
salpinx ou le faux kyste d’inclusion péritonéal. Devant une
structure liquidienne anéchogène d’origine ovarienne, le
risque de cancer ovarien est extrêmement faible y compris
chez la patiente ménopausée [8] et aucun autre exa-
men d’imagerie n’est nécessaire pour sa caractérisation.
Lorsque le kyste est volumineux (>5 cm), il faut être
certain d’avoir exploré correctement l’ensemble de la
lésion en échographie endovaginale pour ne pas rater
une petite végétation qui serait à la partie haute de la
formation. En cas de doute, il est utile de compléter
par une imagerie par résonance magnétique (IRM) pel-
vienne. Certains aspects sont typiques de lésions bénignes
en échographie (comme l’aspect d’endométriome typique
échogène, homogène ou d’un kyste dermoïde présentant
une portion hyperéchogène atténuante correspondant à la
protubérance de Rokitansky). Devant une masse pelvienne
échographique, un certain nombre de critères classiques
en faveur de la malignité ont été décrits : bilatéralité, masse
volumineuse supérieure à 10 cm, épaisseur de la paroi,
hétérogénéité, cloisons intrakystiques, végétations intra-
kystiques avec flux Doppler positif... Dans certains cas,
le diagnostic de malignité est évident en raison de la pré-
sence d’implants péritonéaux vascularisées Doppler ou de
masses bilatérales volumineuses mi-solides, mi-kystiques
dont la portion solide présentait une importante vascula-
risation Doppler (figure 1). Mais souvent, le diagnostic
n’est pas évident et le diagnostic de masse complexe
indéterminée est posé. En effet, il existe un chevauche-
ment important pour l’ensemble de ces critères entre les
lésions bénignes et malignes. Un cystadénofibrome est
une tumeur bénigne présentant une portion solide vascu-
larisée en Doppler (figure 2). Les fibromes ovariens sont
des tumeurs bilatérales de type solide souvent associées à
un épanchement intrapéritonéal. De plus, la valeur diag-
nostique de ces critères et de l’échographie endovaginale
pour le diagnostic de cancer de l’ovaire est très variable
dans la littérature avec des sensibilités et des spécificités
allant de 70 à 86 % et de 59 à 89 %, respectivement, en
fonction du degré d’expertise de l’opérateur [9].
Un certain nombre de scores ont été mis au point
dans la littérature pour limiter cette variabilité interobser-
vateurs, mais ils sont en réalité peu utilisés en pratique
quotidienne en raison de leur complexité d’utilisation. De
plus, il a été montré plus récemment que l’impact sur la
prise en charge thérapeutique de tels scores dépendait
principalement aussi du degré d’expertise de l’opérateur.
Enfin, la courbe d’apprentissage en échographie endovagi-
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 14, suppl´
ement 1, septembre 2012 13
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