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l’origine d’une erreur dans
le circuit du médicament) ;
•une erreur se produit dans
22 % des cas à la pharmacie, et
dans 78 % des cas, dans l’unité
de soins ;
•il peut y avoir désaccord entre
dose prescrite et dose administrée
pour les médicaments injectés au
moyen d’un pousse-seringue.
Dans une étude d’une durée de
deux mois, Paton et Wallace ont
recensé 92 erreurs.
Il est à noter que mauvais débit,
mauvaise dose administrée, erreur
de posologie qui, à elles trois,
représentent 54 % des erreurs,
peuvent avoir pour origine une
erreur de calcul. Celle-ci est une
erreur communément commise
dans les pharmacies. Elle est aus-
si commise par les médecins et les
infirmières. Elle peut avoir pour
origine le calcul mental, la distrac-
tion, l’absence de vérification par
une tierce personne et la confu-
sion entre nanogramme, micro-
gramme ou milligramme. Ce type
d’erreur peut avoir des consé-
quences dramatiques.
Définition du classeur
Le classeur pharmacie est un
recueil de fiches précisant les
modalités de préparation et
d’administration des médica-
ments injectables. Il existe une
fiche par spécialité pharmaceu-
tique. Ces fiches sont classées
par ordre alphabétique de nom
de spécialité.
Chacune de ces fiches contient
les informations suivantes :
–modalité de préparation et de
dissolution du produit injectable ;
–voies d’administration possibles ;
–durée de perfusion ;
–les médicaments qu’il est pos-
sible d’administrer simultané-
ment dans la même tubulure.
Une préparation standardisée est
proposée pour les spécialités
devant être administrées au
moyen d’une pompe ou d’un
pousse-seringue, la fiche étant
complétée par une grille indi-
quant la vitesse de perfusion en
fonction de la posologie prescri-
te. A l’ensemble de ces fiches a été
ajoutée la liste des spécialités des-
tinées à la voie orale et l’alterna-
tive possible quand elle existe.
La structure de cette fiche a été
définie en collaboration avec les
infirmières. Elles ont demandé
une fiche par produit, facile à lire
et sans verso. Cette fiche a ensui-
te été présentée aux médecins.
Des principes ont guidé la ré-
daction de ces fiches :
–les mélanges dans un même
contenant sont proscrits ;
–il a été décidé de ne pas don-
ner d’information sur la durée
de stabilité d’une solution après
reconstitution. En effet, les infir-
mières doivent administrer ex-
temporanément les médicaments
préparés car les conditions de
préparation actuelles dans les
unités de soins ne permettent pas
de garantir une sécurité micro-
biologique absolue et par consé-
quent n’autorisent pas une
conservation de plusieurs heures
avant administration ;
–en ce qui concerne les moda-
lités de préparation et d’admi-
nistration, durée et vitesse de
perfusion, seules les mentions
légales ont été retenues ;
–lorsque l’information relative à
la compatibilité physicochimique
de plusieurs spécialités pharma-
ceutiques est manquante, la
recommandation est de ne pas les
administrer simultanément dans
une même tubulure.
Le classeur étant rédigé par le ser-
vice pharmaceutique, il implique
la responsabilité des pharma-
ciens. C’est la raison pour la-
quelle figure, en bas de chaque
fiche, le nom des deux phar-
maciens praticiens hospitaliers
rédacteurs. La rédaction initiale
de ces fiches a été assurée par un
pharmacien. Les premières vérifi-
cations ont été assurées par une
interne en pharmacie et un phar-
macien. La première mise à jour
a été effectuée par une interne en
pharmacie et deux étudiants en
5eannée hospitalo-universitaire.
Stratégie d’implantation
Chaque praticien permanent à
temps plein de l’établissement a
été informé par l’intermédiaire
d’un entretien au cours duquel
le contenu du classeur était pré-
senté en détail. Le classeur phar-
macie était alors mis à la disposi-
tion des infirmières avec l’accord
des médecins. Tous les médecins
consultés ont donné leur accord.
Une partie de l’introduction de ce
classeur fait un rappel sur le droit
de prescription des cliniciens et
sur leur responsabilité dans ce
domaine. Ainsi un médecin peut
être amené à prescrire l’adminis-
tration d’un médicament dans
des conditions qui sont diffé-
rentes de celles précisées dans
les mentions légales et donc dans
ces fiches. L’introduction rappelle
qu’ils en ont le droit et qu’ils en
assument la responsabilité. Ce
rappel est destiné à prévenir tout
différend portant sur les modali-
tés d’administration des médica-
ments entre les infirmières et les
médecins, conflit dont l’origine
pourrait être ce classeur et les
pharmaciens les otages.
Les textes réglementaires relatifs
aux activités des infirmières pré-
cisent que ce sont elles qui sont
chargées de l’administration des
médicaments aux patients. Le
classeur pharmacie répond donc
à une demande du corps infir-
mier pour une administration des
médicaments dans des condi-
tions optimales de sécurité.
C. Chauvet, G. Leboucher,
B. Charpiat, L. Mahoudo,
B. Decieux, M. Laisney,
M.T. Brandon
Service pharmaceutique.
J.M. Sab
Service de réanimation médicale.
Hôpital de la Croix-Rousse,
Hospices civils de Lyon.
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