Conférence débat et controverses « Les bactéries de Darwin »
Mardi 22 janvier 2008
Efficacité et robustesse chez les bactéries
Miroslav RADMAN, de l’Académie des sciences, Unité INSERM de
Génétique moléculaire, évolutive et médicale, Faculté de médecine,
Université René Descartes Paris V
La microbiologie moderne et la biologie moléculaire ont été fondées sur les
études des bactéries, telles que Escherichia coli et Salmonella typhimurium, qui
évoluent, comme la majorité des bactéries, par la sélection de l’efficacité – la
vitesse de croissance. Leur variabilité génétique, crée par les mutations
ponctuelles (variabilité verticale) et par l’acquisition des gènes nouveaux via le
transfert horizontal des gènes (variabilité horizontale), est le garant de l’adaptation
efficace à des conditions changeantes de la vie. Les mécanismes de la variabilité
sont eux mêmes génétiquement contrôlés en réponse aux stresses de
l’environnement. Cette capacité à évoluer à des vitesses variables est appelé
»l’évolutivité ». Les bactéries sont les championnes de l’évolutivité.
Mais il existe des bactéries qui semblent devoir leur succès plus à l’évolution de la
robustesse qu’à l’évolution de l’efficacité. On les trouve dans les milieux extrêmes
tels que les environnements arides (déserts, surface des rochés etc.), hautes ou
basses températures, haute concentration des sels, pressions élevées, etc. On
les appelle les bactéries extrêmophiles. Il y on a des ceux qui se sont adaptées à
une condition extrême et ne peuvent vivre que dans ce milieux extrême, et il y a
d’autres qui vivent dans les conditions standards (les mésophiles) mais peuvent
survivre les grands choques des extrêmes. Leur championne est la
polyextrêmophile Deinococcus radiodurans capable de survivre dans les déserts,
survivre les doses d’irradiations ionisantes cinq mille fois plus élevées que la dose
mortelle pour l’homme, la déshydratation dans le vacuum, les produits chimiques
très toxiques etc.
Nous commençons à creuser les secrets des mécanismes responsables de leur
formidable robustesse qui pourraient nous aider un jour à développer les
traitements anti-vieillissement.
Littérature :
Radman, M. (2001) Nature 413 : 115
Giraud et coll. Science (2001) 291 : 2606-2608.
Zahradka et coll., (2006) Nature 443:569