Évaluation de la mémoire épisodique des personnes âgées

Journal Identification = PNV Article Identification = 0503 Date: December 8, 2014 Time: 9:52 am
Article original
Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014 ; 12 (4) : 440-7
Évaluation de la mémoire épisodique
des personnes âgées : normalisation
d’une nouvelle épreuve de mémoire
avec items auto-initiés (MAI)
Assessment of verbal episodic memory
by a new memory test with self-initiated items (MAI test)
Myriam Noel1,2
Kevin Dumez1,2
Caroline Recher1
Marion Luyat1
Sophie Dujardin2
1Laboratoire Psitec (EA 4072), UFR
de psychologie, Université de Lille 3,
Villeneuve d’Ascq, France
2Hôpital Victor Provo, Service
de gériatrie, Roubaix, France
<myriam.noel@ch-roubaix.fr>
Tir´
es `
a part :
M. Noel
Résumé. L’évaluation de la mémoire épisodique est un aspect primordial de l’évaluation
psychométrique effectuée auprès des personnes âgées, en particulier pour le diagnostic
des pathologies démentielles. Cependant, certains facteurs comme une langue maternelle
étrangère, une culture différente, un trouble visuel, une non-scolarisation ou une grande
fatigabilité rendent cette évaluation très difficile. Afin de pallier ces difficultés, notre équipe
a élaboré un test rapide d’évaluation de la mémoire, le test de la MAI (mémoire auto-initiée).
Afin de normaliser cette épreuve et d’en éprouver l’utilité sur le plan clinique, nous avons
administré cette épreuve à 84 participants âgés non déments (74,24 ans ±6,9). De plus,
nous avons inclus 171 participants âgés présentant des troubles cognitifs et 33 participants
âgés atteints de troubles cognitifs légers (Mild cognitive impairment, MCI). Les résultats
montrent que la phase 2 du test de la MAI possède de bonnes qualités psychométriques
(sensibilité = 76 %, spécificité = 100 %), ce qui semble en faire un outil de dépistage
intéressant des stades prédémentiels.
Mots clés : vieillissement, mémoire épisodique, trouble cognitif léger
Abstract. The assessment of episodic memory is a critical aspect of psychometric assess-
ment in elderly people, particularly for the diagnosis of dementia. However, evaluation
of episodic memory in these subjects is not easy in subjects with non-native language,
different culture, visual impairment or fatigability. To overcome these difficulties, a rapid
assessment of episodic memory, the Auto-initiated memory test (MAI test) has been deve-
loped. The goal of our research is to validate and standardize this test. To achieve the
standards, we included 84 non-demented older participants (74.24±6.9 years). Moreover,
we included 171 older participants with cognitive impairment and 33 older participants with
Mild cognitive impairment. The results showed that the MAI test (phase 2 of the test) has
good psychometric properties in MCI patients (sensitivity=76%, specificity=100%). Thus it
appears to be an useful screening tool for detection of pre-dementia in subjects who are
not able to pass usual standard tests of episodic memory.
Key words: elderly, episodic memory, mild cognitive impairment
La mémoire épisodique est un système neurocogni-
tif qui permet aux êtres humains de se souvenir des
expériences passées [1]. La plainte mnésique tou-
cherait jusqu’à 50 % des sujets âgés de plus de 55 ans. Au
cours du vieillissement, les plaintes concernant la mémoire
épisodique sont probablement les plus fréquentes [2]. Elle
témoigne le plus souvent d’une diminution des ressources
attentionnelles, pénalisant les capacités d’encodage des
informations ou leur récupération en mémoire épisodique
[3]. La mémoire épisodique implique en effet une phase
d’encodage, une phase de maintien et une phase de récupé-
ration de l’information [1]. L’encodage est le processus par
lequel un événement est traité et converti en une trace mné-
sique. Plus l’information est traitée de manière profonde,
sémantique, plus la trace mnésique est forte et durable [4].
Cette phase d’encodage est particulièrement importante
car les tests de mémoire épisodique qui fournissent un
soutien à l’encodage (par exemple, en fournissant la caté-
gorie sémantique des items à mémoriser) possèdent un
pouvoir discriminant élevé dans l’évaluation des pathologies
neurodégénératives [2]. Cliniquement, c’est cependant lors
de cette phase d’encodage que les problèmes inhérents à
l’évaluation des personnes âgées viennent perturber la réali-
sation des tests psychométriques. Parmi ces problèmes, on
doi:10.1684/pnv.2014.0503
440 Pour citer cet article : Noel M, Dumez K, Recher C, Luyat M, Dujardin S. Évaluation de la mémoire épisodique des personnes âgées : normalisation
d’une nouvelle épreuve de mémoire avec items auto-initiés (MAI). Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014; 12(4) :440-7 doi:10.1684/pnv.2014.0503
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Évaluation de la mémoire épisodique des personnes âgées
peut citer, entre autres, une baisse de l’acuité visuelle voire
une cécité, une fatigabilité excessive, une langue mater-
nelle étrangère, une différence de culture, un manque de
scolarisation, un illettrisme et une diminution massive des
capacités attentionnelles. La recherche en neuropsycholo-
gie clinique a permis l’émergence, ces dernières années,
de tests d’évaluation de la mémoire épisodique visant à
contourner certaines de ces difficultés. Cependant, au sein
de la population gériatrique, ces problèmes se surajoutent
fréquemment et il n’est pas rare d’être confronté ainsi à
l’évaluation d’une personne malvoyante et ayant été très
peu scolarisée, ou de langue maternelle étrangère avec peu
de ressources attentionnelles.
Parmi les tests mnésiques fréquemment utilisés en cli-
nique, ceux présentant les items à encoder sur support
visuel, tels que le RL/RI 16 (Rappel libre/Rappel indicé 16
items) [2, 5, 6], le VAT (Visual association test) [7], le Doors
and people test [8], ou la DMS 48 (Delayed matching to
sample 48 items) [9], sont difficilement utilisables avec des
personnes âgées présentant un fort déficit visuel. On peut
alors utiliser une présentation auditive des items à mémori-
ser, telle que le test des 5 mots [10] ou le SRT-15 (Buschke
selective remainding test) [11]. Ce dernier n’est toutefois
pas adapté à des personnes âgées en raison de sa longueur
et du peu de soutien offert lors de l’encodage. La présen-
tation auditive d’items a toutefois le désavantage de devoir
utiliser un matériel surtout «verbal », qu’il est alors difficile
d’adapter à des personnes de langue maternelle étrangère
ou de culture différente. Par exemple, il apparaît problé-
matique de faire encoder correctement l’item «moine »
de la SRT-15 ou l’item «mimosa »du test des 5 mots
à une personne âgée de langue maternelle arabe, même
avec l’aide d’un traducteur. En effet, le terme «moine »ne
peut pas être traduit à l’identique en langue arabe. Le terme
«mimosa »peut être traduit, mais sa fréquence d’utilisation
dans la langue arabe n’est pas équivalente. Pour ces rai-
sons, la mémorisation d’items traduits n’est pas identique
à celle d’une personne âgée d’origine franc¸aise. De plus,
il a été montré que la présentation visuelle des informa-
tions augmente la probabilité de mémorisation [12-14], en
permettant un double encodage visuel et auditif par subvo-
calisation implicite [15] ce qui rend les tests à présentation
auditive plus difficiles que les tests à présentation visuelle.
Par ailleurs, outre le problème du déficit sensoriel,
les populations dont la culture et la langue maternelle
sont étrangères sont rarement prises en compte dans la
normalisation des tests. Sur ce point, Nasreddine et al.
[16] ont spécifié qu’il n’est généralement pas adapté de
faire une évaluation dans une langue qu’on ne maîtrise
pas, ni d’utiliser un interprète. Cela pose un réel pro-
blème dans l’évaluation de ces populations étant donné
que leur nombre augmente régulièrement depuis quelques
années. En effet, comme la population totale, la population
étrangère, toutes nationalités confondues, vieillit. Au recen-
sement de 1999, on comptait 3,25 millions d’étrangers
dont 537 000 sujets âgés de plus de 60 ans (soit 16,5 %
contre 11,4 % en 1990). En France, le vieillissement est sur-
tout marqué pour les populations originaires du Maghreb
[17]. Face au problème de l’évaluation de leurs capaci-
tés mnésiques, les pistes cliniques s’orientent vers les
tests utilisant un matériel visuel transculturel. En ce sens,
l’utilisation du VAT, de la DMS 48 et du Doors and people
test apporte une solution satisfaisante pour les évaluations
de personnes âgées étrangères qui ont été suffisamment
scolarisées. Toutefois, comme nous l’avons vu précédem-
ment, ces tests ne sont pas réalisables lorsqu’il existe des
problèmes visuels.
Concernant le problème que peut causer l’illettrisme
dans l’évaluation de la personne, Dessi et al. [18] notent
que la plupart des outils d’évaluation neuropsychologique
ont été validés dans des populations ayant été scolarisées
et font très souvent appel à un matériel verbal nécessitant
une bonne maîtrise de la langue. Afin d’être utilisés pour
le repérage des troubles cognitifs chez les sujets illettrés,
deux tests de mémoire épisodique sur images – le TNI93
et le TMA93 - [18] (Test des neuf images du 93 et Test de
mémoire associative du 93) ont été élaborés et testés au
sein d’une population multiculturelle ayant un faible niveau
d’éducation. Toutefois, ces tests utilisent également une
présentation visuelle des items qui n’est pas adaptée aux
personnes âgées présentant des troubles visuels.
Enfin, concernant les personnes âgées particulièrement
fatigables ou présentant une faiblesse des ressources
attentionnelles, un nombre important d’épreuves de
mémoire épisodique ne peut être utilisé en raison de leur
longueur. Pour ces personnes, l’utilisation d’un test court,
tel que le test des 5 mots ou la MIS [19], et/ou ludique
tel que la VAT, est privilégiée. Toutefois, ces épreuves ne
sont pas entièrement satisfaisantes de par le faible nombre
d’items qui doivent être mémorisés. De plus, même si
la VAT est couramment utilisée dans la pratique clinique
en gériatrie, elle ne bénéficie malheureusement pas de
normes en langue franc¸aise.
En résumé, pour une part importante de la population
gériatrique, la plupart des tests de mémoire épiso-
dique nécessitent une adaptation particulière ou bien ne
peuvent tout simplement pas être administrés. La difficulté
commune de la passation de ces tests repose sur le fait que
le clinicien impose les items à mémoriser. Cela implique,
pour la personne qui répond au test, une certaine capacité
sensorielle et attentionnelle d’encodage des informations
et une connaissance scolaire et culturelle particulière des
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M. Noel, et al.
items imposés par le test. Afin de pallier ces obstacles,
nous avons suggéré que la personne évaluée choisisse elle-
même les items qu’elle doit mémoriser par la suite. La
création du test de mémoire auto-initiée (MAI) découle de
cette idée. Le fait que la personne testée initie elle-même
les mots à retenir, permet de s’assurer que l’item est bien
connu de la personne, qu’il correspond à sa culture et à son
niveau d’éducation. De plus, cela permet de s’assurer de la
mobilisation attentionnelle de la personne évaluée lors de la
phase d’encodage et tout au long du test puisqu’à chaque
essai, la personne testée doit choisir le mot qu’elle devra
retenir. Enfin, cette méthodologie peut se révéler plus moti-
vante, voire ludique, puisqu’aucun item ne lui est imposé et
qu’elle a le choix de sélectionner le mot qui lui convient le
mieux. Le test de la MAI est donc un test rapide visant à éva-
luer la mémoire épisodique verbale des personnes âgées,
en particulier dans le cadre des bilans cognitifs auprès de
populations gériatriques.
Sujets
La population étudiée est issue du département du
Nord (59). Dans le but d’obtenir des données norma-
tives, un groupe de 84 participants âgés non déments,
composé de 45 femmes et de 39 hommes, âgés de
68 ans à 96 ans (âge moyen : 74,24 ±6,9 ans) a
été inclus dans l’étude entre janvier 2013 et mai 2014.
Ces personnes âgées non démentes ont été recrutées
dans des associations et clubs du troisième âge, ainsi
que dans une résidence pour personnes âgées auto-
nomes. Les critères d’exclusion étaient l’existence d’une
démence, d’un trouble psychiatrique et d’une langue mater-
nelle étrangère. Le score moyen de ces participants au
MMSE (Mini mental state evaluation) [20] était de 29,1/30
(minimum = 26 ; maximum = 30 ; médiane = 30).
Les caractéristiques démographiques de la population sont
présentées dans le tableau 1.
Afin de répondre à la question de la faisabilité de
l’épreuve et de sa sensibilité aux troubles cognitifs légers,
un second groupe de personnes âgées présentant des
troubles cognitifs a été recruté entre mars 2013 et mars
2014. Il a été demandé aux trois neuropsychologues affec-
tés au service de consultations gériatriques de l’hôpital
de Roubaix d’effectuer, au sein de leurs bilans psycho-
métriques habituels, l’épreuve de la MAI. Au sein de ce
groupe, deux sous-groupes de patients âgés présentant
des troubles cognitifs ont été constitués. Le premier groupe
comprend 171 personnes âgées (116 femmes, âge moyen :
83,72 ±6,02 ans). Le score au MMSE [14] était compris
entre 12 et 30 sur 30 (m = 23,52 ±4,21). Ce groupe était
Tableau 1. Caractéristiques démographiques de la population
(n = 84).
Table 1. Demographic characteristics of the population (n=84).
Sexe Homme 46,43 %
Femme 53,57 %
Age (61-96 ans) 73,2 ±6,4
Niveau d’étude <CEP134,50 %
CEP et <CAP
BEP BEPC 39,30 %
CAP BEP BEPC 26,20 %
Score MMSE229,1 ±1,2
Langue maternelle Franc¸aise 100,00 %
1Aucun diplôme, certificat d’étude primaire non passé ou échoué ; 2Mini
mental state examination.
composé de personnes âgées présentant des pathologies
neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer ou
une démence vasculaire.
Le deuxième groupe était constitué de 33 participants
âgés présentant un MCI. Il se composait de 23 femmes
et de 10 hommes, âgés de 66 ans à 92 ans (âge moyen :
83,61 ±6,75 ans), recrutés au sein du pôle gériatrie de
l’hôpital de Roubaix. Le score MMSE était compris entre
21 et 30 sur 30 (m = 27,03 ±2,08). Le diagnostic de MCI
était posé par le médecin gériatre sur la base des critères
du DSM IV et s’appuyait sur la consultation médicale, un
bilan neuropsychologique et une imagerie cérébrale.
Méthode
Le matériel comprend une feuille de passation qui est
complétée par l’expérimentateur. Cette feuille est organisée
sous forme d’un tableau divisé en deux parties distinctes,
une partie où l’expérimentateur note les items choisis par
le participant et une autre partie où il note les réponses du
participant lors du rappel (figure 1).
L’expérience se déroule ainsi en deux phases. Une
phase d’initiation verbale et une tâche de rappel séparées
par un délai de 20 minutes.
Première phase : l’initiation
La première phase du test est la phase d’initiation
au cours de laquelle l’examinateur demande oralement
au participant d’initier, c’est-à-dire de choisir lui-même, un
mot (item) correspondant à une catégorie. Cet item, une
fois choisi, doit être donné verbalement par le participant.
L’expérimentateur propose six catégories différentes : ville,
couleur, boisson, moyen de transport, personne célèbre et
insecte. L’ordre dans lequel l’expérimentateur donne les 6
catégories est fixe. Une fois l’item représentatif de la caté-
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Évaluation de la mémoire épisodique des personnes âgées
gorie donné par le participant, l’examinateur l’inscrit sur la
feuille de passation et passe à la catégorie suivante. Lorsque
les 6 catégories ont été proposées, il est demandé au par-
ticipant de décompter pendant 20 secondes à partir d’un
nombreà3chiffres (au choix de l’examinateur, par exemple :
435). Puis, l’expérimentateur choisit les mêmes catégories
et redemande, au participant, un item différent, mais appar-
tenant toujours à ces mêmes catégories. Il est précisé au
participant qu’il ne doit pas donner plusieurs fois le même
mot. Toutefois, l’expérimentateur ne corrige pas le partici-
pant si celui-ci répète un item qu’il a déjà donné auparavant.
Cette réponse est alors considérée comme une erreur de
répétition. Le participant doit alors de nouveau décompter
verbalement pendant 20 secondes et un dernier essai est
proposé (un autre item doit être choisi par le participant pour
les mêmes catégories). Il y a ainsi 3 essais d’initiation par
catégorie. Le participant est donc amené à initier 18 items
au total (6 catégories x 3 essais).
Lorsque le participant a correctement donné un mot
appartenant à la bonne catégorie (par exemple : papillon
pour la catégorie insecte), sa réponse, appelée initiation cor-
recte, correspond à un point. Lorsqu’il ne donne pas cette
bonne réponse, les erreurs peuvent être de deux types. Si
la personne n’est pas capable au bout d’une minute d’initier
un mot dans une catégorie, les absences de réponses sont
comptabilisées comme des «non-réponses ». Ces erreurs
peuvent être imputables à une diminution des capacités
d’initiation verbale. Le participant peut également répé-
ter un item qu’il avait déjà donné précédemment, cette
erreur est nommée «répétition ».Les«répétitions »
reflètent davantage un trouble de l’inhibition ou un trouble
précoce de la mémorisation. Si l’item ne correspond pas
tout à fait à la catégorie, sans toutefois être aberrant, il
est noté et comptabilisé comme correct, sans remarque
de l’examinateur. Par exemple, si on propose la catégorie
“insecte” et que le participant répond “ver”, sa réponse
est considérée comme correcte, l’objectif du test n’étant
pas l’évaluation fine des capacités de catégorisation séman-
tique. Cependant si la réponse est aberrante, par exemple si
pour la catégorie “couleur ”, le participant répond “chat”,
la réponse sera considérée comme une non-réponse car
aucune réponse acceptable n’a été apportée pour cette
catégorie. Nous obtenons pour chaque participant un score,
appelé “score initiation” coté sur 18 (6 catégories X 3
essais). Nous obtenons également un score de “perte ini-
tiation” (18 - score initiation) qui correspond au nombre
d’erreurs dans cette première phase du test. Il n’est pas
précisé au participant qu’il devra mémoriser les mots qu’il
a lui-même générés.
Le délai
À la suite du troisième essai d’initiation, l’examinateur
respecte un délai de 20 minutes avant de passer à la phase
de rappel. Aucune tâche cognitive incluant du matériel ver-
bal n’est proposée pendant ce délai afin d’éviter toute
interférence.
Deuxième phase : le rappel
À la suite du délai de 20 minutes, l’examinateur redonne
verbalement une à une les catégories et demande au
participant, après chaque présentation d’une catégorie de
Catégories
Couleur
Erreur Initiation : Répétition Non-réponse)(
Erreur Rappel : Intrusion( Oubli)
Ville
Boisson
Transport
Célébrité
Insecte
Scores
totaux
Score
Initiation
Score
rappel
/18
Initiation 1 Initiation 2 Initiation 3 Rappel différé (20 min)
Figure 1. Feuille de passation du test de la MAI.
Figure 1. Sheet data collection of the MAI test.
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M. Noel, et al.
Tableau 2. Perte de point au test de la MAI sur la population totale (n = 84).
Table 2. Results of the MAI test in the total population (n=84).
Moyenne ±DS Médiane Min-Max 5epercentile
Perte Initiation
(phase 1) 0,04 ±0,19 0 0-1 0
Perte Rappel
(phase 2) 0,06 ±0,24 0 0-1 1
Tableau 3. Perte de points au Test de la MAI selon de niveau scolaire.
Table 3. MAI test score according to the education level.
Moyenne +/- DS Médiane Min-Max 5epercentile
Perte Initiation
(phase 1)
<CEP 0,00 ±0,00 0 0-0 0
CEP et <CAP BEP BEPC 0,06 ±0,17 0 0-1 1
CAP BEP BEPC 0,09 ±0,29 0 0-1 1
Perte Rappel
(phase 2)
<CEP 0,03 ±0,19 0 0-1 0
CEP et <CAP BEP BEPC 0,06 ±0,24 0 0-1 1
CAP BEP BEPC 0,09 ±0,29 0 0-1 1
rappeler les 3 items qu’il avait donnés. L’examinateur note
les items rappelés.
Si l’item rappelé correspond à un des items initiés au
sein de la catégorie, un point est attribué par item. L’ordre
de rappel des items au sein d’une catégorie n’est pas impé-
ratif. Lors de cette phase de rappel, deux types d’erreurs
peuvent survenir : les non-réponses, qui sont comptabili-
sées comme des «oublis »et les réponses fausses, qui
sont comptabilisées comme des «intrusions ». Le score
obtenu est nommé «score de rappel ». Le score de rappel
est la somme du nombre d’items initiés correctement rap-
pelés. Ce score est coté sur le «score initiation »qui n’est
pas forcément égal à 18, puisque le patient a pu réaliser des
erreurs lors de la phase d’initiation. Nous obtenons égale-
ment un score «perte rappel »qui correspond au «score
initiation »«score rappel ».
Résultats
Étude de la population contrôle - Normes
La population ciblée pour les normes correspond à des
personnes âgées non démentes et de langue maternelle
franc¸aise. Les résultats sont présentés dans le tableau 2.
Afin de présenter des normes plus précises, nous avons
réparti le groupe de 84 participants âgés sains en fonction
de leur sexe et de leur niveau d’étude, ces scores sont
présentés dans le tableau 3. Aucun effet du sexe, ni du
niveau d’étude n’a toutefois pu être statistiquement mis en
évidence.
Nous présentons les scores de perte de points car si le
score d’initiation est toujours sur 18, le score de rappel ne
l’est pas obligatoirement. La perte de points moyenne est
de 0,04 (écart type = 0,19) pour la phase d’initiation de la
MAI et de 0,06 (écart type = 0,24) pour la phase de rappel.
Étude chez des participants présentant
des troubles cognitifs légers -
Utilisation en clinique
Étude de la faisabilité
L’objectif premier était d’observer si le test de la MAI
pouvait être un test adapté à la population gériatrique
accueillie à l’hôpital de Roubaix. Sur les 171 évaluations psy-
chométriques, 78 évaluations (45 %) n’ont pas pu intégrer
l’épreuve de RL/RI-16 de fac¸on complète en raison d’une
difficulté d’évaluation liée à la population. En revanche,
l’épreuve de la MAI a pu être intégrée à l’ensemble des
171 évaluations. Le pourcentage très important d’échecs
de passation du RL/RI -16 provient principalement des
caractéristiques de la population gériatrique roubaisienne
qui est une population de personnes très âgées, souf-
frant de pathologies vasculaires (s’accompagnant parfois de
troubles attentionnels importants), peu scolarisées et dont
une part importante est issue de l’immigration (selon l’Insee
en 2011, 17,9 % de la population roubaisienne de plus de 55
ans est née au Maghreb1).
Il a été demandé au neuropsychologue d’indiquer la
raison principale qui a motivé l’arrêt du RL/RI-16. Les
difficultés rencontrées étaient la diminution trop impor-
tante des capacités attentionnelles ne permettant pas
l’encodage des items (50 % des échecs de passation), les
1Calcul réalisé à partir du recensement 2011 sur le site www.insee.fr.
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