Les interférons de type I

publicité
revue
Virologie 2006, 10 : 167-78
Les interférons de type I
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
S. Delhaye
S. Paul
C. Sommereyns
V. Van Pesch
T. Michiels
Université catholique de Louvain
et Institut Christian de Duve
de pathologie cellulaire,
Unité Mipa-Viro 74-49,
74 av. Hippocrate, B-1200, Bruxelles
<[email protected]>
Résumé. Les interférons (IFN) de type I, également connus sous l’appellation
« IFNa/b », sont des cytokines munies d’une puissante activité protectrice
contre les infections virales. Ces cytokines exercent en outre une activité antiproliférative et immunomodulatrice. Elles sont à ces titres utilisées dans le
traitement de l’hépatite C, de certains cancers ou de la sclérose en plaques. Les
interférons de type I forment une vaste famille de cytokines comprenant les
IFNa, b, e/s, j, ainsi que l’INFx chez l’homme et la limitine (chez la souris).
Leur expression est typiquement induite par l’infection virale. Les cellules
utilisent des hélicases intracellulaires et certains récepteurs toll-like endosomiaux comme senseurs pour déceler les infections virales intracellulaires et
exogènes. L’activation de ces senseurs induit une cascade de transduction du
signal qui aboutit à l’expression et à la sécrétion des interférons. En se liant à un
récepteur unique exprimé sur la majorité des cellules de l’organisme, les interférons activent la transcription de nombreux gènes codant des protéines impliquées dans la résistance aux infections virales ou modulant la réponse immunitaire. L’action antivirale des interférons est à ce point puissante que la majorité
(sinon la totalité) des virus a développé des stratégies d’évasion à la réponse IFN
de l’hôte.
Mots clés : interféron de type I, virus, défense antivirale, immunité innée,
récepteur Toll-like
Abstract. Type I interferons (IFNa/b) form a family of related cytokines that
include INFa, b, e/s, j, x (human) and limitin (mouse). These cytokines exert a
potent antiviral activity, control cell proliferation and modulate the immune
response. They are used in the fight against viral infections, tumors, and multiple
sclerosis. Expression of IFNs is typically induced by viral infections. Cells
express cytoplasmic helicases as well as endosomial toll-like receptors acting as
sensors to detect endogenous and exogenous viral infections, respectively.
Signal transduction from these sensors induces the transcription of IFN genes.
IFNs are secreted and bind to a cell surface receptor expressed by most cells of
the organism. Upon receptor binding, IFNs induce the transcription of hundreds
of genes whose products exert antiviral, antiproliferative and immunomodulatory functions. Antiviral activity of IFNs is so potent that most (if not all) viruses
developed strategies to antagonize the IFN response.
Key words: type I interferon, virus, antiviral defence, innate immunity, Tolllike receptor
Alors que l’on s’apprête à fêter le 50e anniversaire de la
découverte des interférons (IFN), ces cytokines font l’objet
d’un vif regain d’attention au vu de leur importance cruciale dans la défense de l’organisme contre les virus et de
Tirés à part : T. Michiels
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
leur influence sur de multiples facettes de la réponse immunitaire innée et adaptative. La découverte des interférons
(IFN) de type I (appelés aussi IFNa/b) remonte à 1957.
Isaacs et Lindenmann observent alors que, au contact du
virus de la grippe, les cellules produisent une substance
capable de protéger les cellules avoisinantes de l’infection
167
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
revue
par ce virus [1]. Cet effet protecteur des IFN est impressionnant puisqu’il peut rendre asymptomatique, ou presque,
une infection qui s’avérerait mortelle en l’absence d’interféron. Les travaux pionniers de Otto Haller et Jean Lindenmann ont révélé que la résistance des souris au virus de la
grippe, induite par l’interféron, était due à l’activation
d’une famille de gènes appelés Mx [2]. Les gènes Mx ne
sont pas les seuls gènes induits par les interférons. Il en
existe plus de 200. Ces gènes codent pour des protéines
impliquées dans la résistance aux infections virales, le
contrôle de la réponse immunitaire acquise, le cycle cellulaire et de multiples autres fonctions dont beaucoup restent
à découvrir.
Les IFN peuvent être classés en trois catégories selon le
récepteur qu’ils contactent à la surface cellulaire et les
effets qui en découlent : les IFN de types I, II et III.
– Type I (IFNa/b) : Les IFN de type I constituent une vaste
famille regroupant les IFNa, IFNb, IFNx, IFNe/s, IFNj, et
la limitine (ou IFNf) [3]. Ils jouent un rôle tout à fait
primordial dans la défense de l’organisme contre les infections virales. Ils possèdent également des activités antiprolifératives et immunomodulatrices. De plus, il semble que
certains de ces IFN pourraient jouer un rôle plus spécifique
dans l’immunité de tissus comme la peau (IFNj) ou le
placenta (IFNs des ruminants) [3].
– Type II (IFNc) : L’unique représentant du sous-groupe
des IFN de type II est l’IFNc. Il est plus spécifiquement
produit par les cellules du système immunitaire comme les
macrophages ou les cellules NK. Bien que sa découverte
soit également liée à l’activité antivirale qu’il exerce, la
fonction majeure de l’IFNc est d’activer et de moduler la
réponse immunitaire naturelle et acquise. L’IFNc ne sera
pas abordé dans cette revue.
– Type III (IFNk) : Les IFN de type III (ou IFNk) ont été
découverts très récemment et correspondent aux interleukines (IL) IL28 et IL29 [4, 5]. Ces cytokines présentent moins
de 20 % d’identité de séquence avec les IFN de type I et
utilisent un récepteur différent. Néanmoins, les IFN de
types I et III semblent activer des voies de transduction du
signal comparables et exercer des activités antivirale et
antiproliférative étonnamment similaires [6].
Cette revue est focalisée sur les IFN de type I (IFNa/b)
considérés dans la suite du texte comme les « interférons »
(IFN). Le schéma de base de la réponse interféron, illustré
à la figure 1, est le suivant. Une cellule peut percevoir, grâce
à des senseurs cytoplasmiques et membranaires, la présence d’un virus dans son propre cytoplasme ou dans l’espace intercellulaire. Suite à la détection d’une infection
virale, la cellule produit et sécrète les IFN qui peuvent
alerter les cellules voisines en se fixant sur un récepteur de
surface. Dans ces cellules, la transcription d’une série de
gènes est induite et conduit à l’expression de protéines dont
168
certaines préparent la cellule à réagir de façon très rapide à
l’infection par un virus.
Nous aborderons tour à tour les différentes étapes mises en
œuvre dans la production et l’activité des IFN. Nous évoquerons aussi la réaction des virus qui ont développé une
série de stratégies pour contrecarrer la réponse IFN de
l’hôte.
Évolution et diversité des gènes
d’interféron
Au cours de l’évolution (figure 2), les gènes d’IFN semblent être apparus chez le poisson. Dans le génome du
poisson, il existerait un gène codant pour l’IFNc et une à
deux copies de gènes codant pour les IFN proches des IFN
de type I ou III. Ceux-ci comportent 5 exons et 4 introns.
Chez les mammifères, les gènes d’IFN de type I sont
dépourvus d’introns, à l’exception du gène de l’IFNj qui en
possède un [3].
Chez l’homme comme chez la souris, il existe plus d’une
quinzaine de gènes codant pour différents sous-types d’IFN
de type I apparentés. Ils codent pour les IFNa, b, e/s, j, x
(homme) et la limitine (souris). Ils sont regroupés sur le
chromosome 9 humain ou sur le chromosome 4 de la souris.
Les gènes d’IFN semblent avoir évolué sous l’influence de
deux pressions évolutives distinctes : d’une part, une évolution verticale classique qui a permis la diversification des
IFN (a, b, j,...) au cours de l’évolution des espèces, d’autre
part, une évolution interne à chaque espèce conduisant à
l’apparition de familles de gènes multiples apparentés
(IFNa ou limitine). Par exemple, les gènes d’IFNa de
souris présentent plus d’identité entre eux qu’ils n’en présentent par rapport à leurs orthologues présents chez
l’homme ou même chez le rat. Cela indique qu’ils pourraient s’être rediversifiés, au sein de chaque espèce, par une
série d’événements de délétions et de duplications [7].
Les gènes d’IFN codent pour des précurseurs protéiques de
187 à 203 acides aminés, comportant une séquence signal
N-terminale nécessaire à leur sécrétion. Les IFN matures
sécrétés par les cellules comptent environ 165 à 180 acides
aminés et ont un poids moléculaire théorique proche de
19 kDa. Certains IFN sont glycosylés. Bien que les séquences de différents IFN divergent considérablement (par ex. il
n’existe que 25 à 30 % d’identité de séquence entre IFNa,
IFNb ou IFNj au sein d’une même espèce), l’ensemble des
IFN de type I semblent avoir une structure tridimensionnelle remarquablement conservée, comme en témoignent
les données de cristallographie ou de RMN obtenues pour
4 IFN distincts : IFNa2 et IFNb humains, IFNb murin et
IFNs ovin [8]. Les IFN de type I partagent un récepteur
commun, formé de deux sous-unités appelées IFNAR1 et
IFNAR2c.
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
revue
Production d'interféron
Réponse à l'interféron
senseur
cytoplasmique
IFN
ISG
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Cellule infectée
(détection intracytoplasmique)
Protéines
antivirales
IFNAR
(récepteur)
Résistance à l'infection
IFN
Cellule infectée
(lyse cellulaire)
senseur
endosomial
(TLR)
Endocytose
Figure 1. Schéma général de la réponse IFN : 1) Une cellule peut percevoir la présence d’une infection virale, soit via une famille
d’hélicases qui sont des senseurs intracytoplasmiques de la présence de l’ARN double brin produit au cours de la réplication des virus,
soit via certains récepteurs toll-like (TLR) endosomiaux qui s’activent suite à la liaison de ligands extracellulaires qui témoignent de
l’infection d’une cellule voisine (particules virales, acides nucléiques relargués par une cellule infectée...). 2) L’activation de ces senseurs
induit la production et la sécrétion de l’IFN. 3) La liaison de l’IFN au récepteur des cellules voisines (non infectées) active une voie de
transduction du signal qui aboutit à l’activation de la transcription de plus de 200 gènes appelés ISG (IFN-stimulated genes) qui codent
notamment pour une série de protéines dont certaines préparent la cellule à réagir de façon très rapide à l’infection par un virus.
Limitine
IFNα IFNω
IFNβ IFNε/τ
IFNα
IFNβ
Euthériens
Marsupiaux
IFN de type I Oiseaux
Reptiles
Monotrèmes IFNα
IFNβ
Mammifères IFNκ
Amphibiens
Tétrapodes IFN de type I (α/β)
IFN de type III (λ)
IFN de type II (γ)
IFN de type I/III ? Poissons
IFN de type II
Vertébrés
Figure 2. Évolution des gènes d’IFN. Arbre évolutif des gènes d’IFN retracé d’après les données de Krause et al. [3]. Dans le génome du
poisson, on trouve un gène apparenté à celui de l’IFNc (type II) et 1 à 2 gènes codant des IFN qui pourraient être les ancêtres des IFN
de types I et III. Ces différents types se distinguent à partir des tétrapodes. Chez les Euthériens, on assiste à la diversification des IFN
de type I.
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
169
revue
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Activation de l’expression des gènes
d’interféron
Le principal déclencheur de la synthèse des interférons est
l’infection virale elle-même. Néanmoins, l’infection par
certaines bactéries ou d’autres stimuli inflammatoires peuvent aussi mener à la production des IFN ou à la modulation
de celle-ci.
Deux types de signaux témoignant d’une infection peuvent
être perçus par la cellule. D’une part, les signaux extracellulaires résultant de l’infection d’une cellule voisine peuvent être captés par les récepteurs toll-like (TLR). D’autre
part, la présence intracytoplasmique d’ARN viral peut être
perçue par des senseurs cellulaires découverts récemment,
comme les hélicases RIG-I et Mda5 [9].
Les TLR ont reçu une attention toute particulière ces dernières années car ils jouent un rôle crucial dans la détection
d’une série de signaux qui témoignent d’infections virales,
parasitaires ou bactériennes. Il existe une dizaine de TLR
spécialisés chacun dans la détection de motifs différents,
d’origine étrangère à l’organisme [10, 11]. Leur expression
varie en fonction des types cellulaires. Les TLR impliqués
dans la détection des infections virales sont principalement
TLR3 et les TLR de la famille de TLR9 (TLR7, TLR8 et
TLR9). L’induction de la transcription des gènes d’interféron par ces TLR suit deux voies distinctes. Une voie met en
jeu TLR3, la molécule adaptatrice TRIF et les facteurs de
transcription IRF3/IRF7. Une autre voie, qui est spécifique
aux cellules dendritiques plasmacytoïdes, fait intervenir
TLR9, la molécule adaptatrice Myd88 et IRF7. La transduction du signal à partir de TLR3 et de TLR9 induit
également l’activation de la voie NFjB qui contribue à
l’expression de cytokines pro-inflammatoires.
Voie dépendant de TLR3
Le récepteur TLR3 est exprimé dans les endosomes de
différentes cellules comme les macrophages ou les cellules
dendritiques classiques. Le ligand de TLR3 est l’ARN
double brin (produit caractéristique de la réplication virale)
d’origine exogène, dérivant par exemple de débris d’une
cellule infectée. L’interaction du ligand avec TLR3 induit
une voie de transduction du signal qui met en jeu une série
de molécules adaptatrices et de kinases comme TRIF,
TRAF3/6, IRAK1/4, IKKe, TBK1 et enfin les facteurs de
transcription IRF3 et IRF7 [12-14]. La phosphorylation de
IRF3 et IRF7 par les kinases IKKe et TBK1 [15, 16]
conduit à l’homo ou à l’hétérodimérisation des IRF et à leur
translocation dans le noyau. À ce niveau, IRF3 et IRF7 se
fixent sur des séquences appelées ISRE (IFN-stimulated
response element) et, en association avec le co-activateur
CBP/P300, activent la transcription des gènes codant les
IFN [12-14].
170
Voie dépendant de TLR9 (cellules dendritiques)
Les TLR de la famille de TLR9 sont exprimés plus spécifiquement par les cellules dendritiques plasmacytoïdes, une
famille de cellules professionnelles de la réponse immune
que l’on retrouve dans la plupart des tissus (à l’exception du
SNC) et qui sont connues pour leur importante production
d’IFN de type I. Les TLR7, 8 et 9 sont exprimés dans les
vésicules endosomiales. Leurs ligands sont notamment
l’ARN simple brin et les séquences d’ADN d’origine bactérienne (ou virale). Leur activation par les acides nucléiques d’origine exogène active une voie qui fait intervenir la
molécule adaptatrice Myd88, la kinase IRAK1 et le facteur
de transcription IRF7 qui est exprimé de manière constitutive dans ces cellules (figure 3) [17, 18]. Un complexe
formé par les facteurs Myd88, TRAF3, TRAF6, IRAK4 et
IRAK1 induit la phosphorylation de IRF7 qui peut activer
de manière intense la transcription des gènes codant les
différents IFN.
Voie des senseurs intracellulaires
Jusqu’à il y a peu, il manquait un maillon essentiel au
déclenchement de la production d’interféron par les infections virales. En effet, l’expression restreinte des TLR sur
certains types de cellules et leur localisation dans les endosomes ou en surface de la cellule ne leur permettent pas de
jouer le rôle de senseurs d’une infection intracellulaire
précoce. Deux hélicases appelées respectivement RIG-I et
Mda5 ont été récemment identifiées comme étant ces senseurs intracellulaires activés par la présence d’ARN double
brin [19, 20]. Elles semblent être exprimées par l’ensemble
des cellules et sont probablement les principaux senseurs
impliqués dans l’induction transcriptionnelle des gènes
d’IFN. Il existe une étonnante spécificité dans la reconnaissance des ARN par ces hélicases [21]. RIG-I serait plutôt
impliquée dans la reconnaissance des ARN issus de virus à
ARN négatif comme le virus de la grippe, les paramyxovirus et rhabdovirus (mais aussi du virus de l’encéphalite
japonaise, un flavivirus à ARN+) tandis que Mda5 serait
responsable de la production d’IFN lors de l’infection par
les picornavirus comme EMCV ou le virus de Theiler. De
plus, alors que l’ARN double brin transcrit in vitro est
reconnu par RIG-I, le poly-I:C semble surtout être reconnu
par Mda5 [21]. On ne connaît pas la base de cette sélectivité.
RIG-I et Mda5 possèdent deux domaines CARD (caspase
recruiting domain) à leur extrémité N-terminale, ce qui
permet leur interaction avec une molécule comportant un
domaine similaire et nommée MAVS (mitochondrial antiviral signaling), identifiée simultanément par plusieurs
groupes sous les noms de VISA, IPS1 ou CARDIF [22-25].
L’interaction des hélicases avec ce nouveau partenaire permet d’activer la voie classique passant par les kinases IKKe
et TBK1 et menant à l’activation de IRF3 et/ou IRF7. Par
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
revue
Stimuli extacellulaires
Stimuli intracellulaires
(dsARN)
Endosome
Endosome
dsARN
ssARN
Mda5
RIG-I
TLR3
TRIF
MAVS
TRAF6
TRAF3
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
IRAK1
TBK1
IKK
IRF3/7
TRAF3
TRAF3
TBK1
TLR9
MyD88
IRAK1
Cytoplasme
IRAK4
TRAF6
IRF7
IRF3/7
IRF7
P
P
P
IRF3/7
IRF3/7
P
IRF3/7
P
IRF3/7
P
P
IRF7
P
P
IRF7
IRF3/7
IRF3/7
Noyau
ISRE3-7
Cytokines pro-inflammatoires
Figure 3. Voies d’induction de l’expression des IFN. La transcription des gènes d’IFN dépend essentiellement de la fixation des facteurs
de transcription IRF3 et IRF7 sur la séquence ISRE de leur promoteur. Ces facteurs sont activés par trois voies : 1) une voie « classique »
qui dépend des senseurs intracellulaires RIG-I ou Mda-5 ; 2) une voie dépendant de TLR3, activée par la présence d’ARN double brin
(dsARN) d’origine exogène ; 3) et une voie dépendant de TLR9 activée par la présence d’ARN simple brin (ssARN) d’origine exogène.
Cette dernière voie est spécifique des cellules dendritiques plasmacytoïdes et se caractérise par l’activation rapide d’IRF7 qui permet la
production massive d’IFN précoces et tardif. Les mêmes senseurs peuvent activer le facteur NFjB qui contribue à la production des IFN
mais dont le rôle majeur est d’activer la transcription des gènes codant pour les cytokines pro-inflammatoires.
l’intermédiaire d’adaptateurs comme FADD et RIP1,
MAVS contribue aussi à activer la voie NFjB. La découverte de la localisation mitochondriale de MAVS ouvre de
nouvelles pistes de réflexion en établissant un lien entre
mitochondrie et production d’interféron.
Boucle rétroactive positive
de la production d’interférons
L’induction de la production d’interféron comporte une
boucle rétroactive positive qui permet d’amplifier la production quand la présence du virus se confirme et d’empêcher l’emballement du système interféron en cas de
« fausse alerte ». En effet, la présence d’interféron en
grande quantité peut avoir des conséquences néfastes pour
l’organisme. Elle est notamment suspectée d’intervenir
dans des pathologies comme le lupus érythémateux.
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
Le facteur de transcription IRF3 est exprimé à un niveau de
base par l’ensemble des cellules [13]. Son activation via
TLR3 ou via les hélicases intracellulaires RIG-I et Mda5
mène principalement à l’activation de la transcription des
gènes codant l’IFNb (et aussi l’IFNa4 chez la souris). Ces
IFN sont dès lors dénommés « IFN précoces » car ils peuvent être produits rapidement lors de l’infection d’une
cellule naïve. L’interféron libéré par les cellules infectées
sensibilise les cellules voisines en se fixant sur son récepteur. Cela conduit notamment à l’activation transcriptionnelle d’une série de gènes dont ceux qui codent pour certains TLR, RIG-I, MAVS et aussi IRF7. Dès lors, les
cellules sensibilisées par l’IFN expriment des concentrations accrues des senseurs de l’infection. De plus, elles
expriment fortement le facteur IRF7 en plus de IRF3. Lors
de l’infection de telles cellules par un virus, l’activation
combinée de IRF3 et de IRF7 conduira à l’induction de la
transcription des gènes d’IFN précoces, mais aussi de l’en171
revue
IFN
Milieu extérieur
IFN
IFNAR1
IFNAR2c
Cytoplasme
Tyk2
JAK1
P
P
STAT2
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
STAT1
P
P
- Activité antivirale
- Activité antiproliférative
- Immunomodulation
- Amplification de
la production d'IFN
IRF9
STAT2
STAT1
P
P
ISGF3
IRF9
STAT2
ISGF3
Noyau
STAT1
P
P
IRF-9
ISRE
> 200 ISG
Figure 4. Signalisation par l’IFN. L’IFN se fixe à un récepteur hétérodimérique composé des sous-unités IFNAR1 et IFNAR2c et active
les kinases associées à ce récepteur : JAK1 et Tyk2. Les facteurs STAT1 et STAT2, phophorylés par ces kinases forment un hétérodimère
qui s’assemble ensuite avec le facteur IRF9 (ou p48) pour former le complexe tripartite ISGF3. Celui-ci migre vers le noyau et active plus
de 200 gènes (ISG : IFN stimulated genes) impliqués dans la défense antivirale, l’inhibition de la prolifération cellulaire, la modulation de
la réponse immune ou l’amplification de la production d’IFN. D’autres facteurs STAT peuvent également être activés, ce qui peut conduire
à l’activation de gènes supplémentaires dans certaines cellules.
semble des gènes codant les IFNa/b (appelés dès lors IFN
tardifs) [13, 26].
La situation est différente dans le cas des cellules dendritiques plasmacytoïdes. Celles-ci expriment IRF7 de manière
constitutive. Dès lors ces cellules peuvent directement produire l’ensemble des IFN en réponse à une stimulation,
notamment via TLR9 [17].
Effecteurs de la réponse interféron
Les interférons sont sécrétés par les cellules productrices et
peuvent se fixer sur le récepteur exprimé par les cellules
avoisinantes. Ce récepteur est exprimé à la surface de la
majorité, voire de la totalité, des cellules de l’organisme. Il
se compose de deux sous-unités : IFNAR1 et IFNAR2c. Ce
récepteur hétérodimérique unique est commun à l’ensemble des interférons de type I [27].
Son activation par l’interféron induit une voie de signalisation appelée voie des « JAKs/STATs » (figure 4). Deux
kinases, JAK1 et Tyk2, associées aux sous-unités du récep172
teur, assurent l’activation par phosphorylation des facteurs
de transcription STAT1 et STAT2. Ces derniers forment un
hétérodimère qui s’associe ensuite avec le facteur IRF9 (ou
p48) pour former un complexe tripartite appelé ISGF3. Le
complexe ISGF3 pénètre dans le noyau où il se fixe sur la
séquence ISRE présente dans les promoteurs de transcription d’une série de gènes appelés ISG (IFN stimulated
genes). En outre, l’activation du récepteur peut mener à
l’activation d’autres facteurs STAT comme STAT3 et
STAT5, ce qui aura pour conséquence d’activer une série de
gènes supplémentaires dans les cellules exprimant ces facteurs STAT [27, 28].
Lorsque des cellules sont traitées par l’IFN, on assiste à
l’activation de la transcription de plus de 200 gènes [29,
30]. Parmi ces gènes, certains comme IRF7, Myd88, RIG-I
ou MAVS participent l’amplification de la réponse à une
infection virale (voir ci-dessus). Les autres gènes induits
par les interférons participent notamment aux principaux
effets biologiques de ces cytokines, à savoir les activités
antivirales, antiprolifératives et immunomodulatrices [28].
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
revue
L’effet majeur des IFN de type I est de développer, dans les
cellules, un état antiviral. Trois mécanismes effecteurs ont
fait l’objet d’études plus approfondies : ceux qui mettent en
jeu les protéines Mx, la protéine kinase R (PKR) et les
oligoadénylate synthétases (OAS) combinées à la RNase L.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Mx
Les protéines Mx (MxA et MxB chez l’homme et Mx1 et
Mx2 chez la souris) appartiennent à une famille de grandes
GTPases apparentées à la dynamine [31]. Leur mode d’action passe vraisemblablement par la séquestration de facteurs viraux nécessaires à la réplication dans un compartiment cellulaire donné. Les protéines MxA et MxB
humaines et la protéine Mx2 murine ont une distribution
cytoplasmique tandis que la protéine Mx1 murine est nucléaire. En dépit de leur localisation différente, la protéine
Mx1 murine et la protéine MxA humaine partagent la
capacité de bloquer la réplication des virus de la famille des
orthomyxovirus. Mx1 semble inhiber directement le complexe de réplication dans le noyau tandis que MxA agit en
séquestrant la nucléocapside du virus dans le cytoplasme.
La protéine MxA humaine, qui est cytoplasmique, a un
spectre d’action assez étendu. Elle peut inhiber la multiplication de nombreux virus à ARN comme les orthomyxovirus, paramyxovirus, rhabdovirus, togavirus, bunyavirus,
picornavirus ou encore le virus de l’hépatite B (virus à ADN
avec un stade de réplication sous forme d’ARN). La protéine MxB humaine ne semble pas avoir d’activité antivirale [31].
La transcription des gènes codant les protéines Mx semble
dépendre très spécifiquement de la présence d’interféron de
type I. L’activité transcriptionnelle de ce gène est donc
souvent utilisée comme marqueur de l’activité IFN, par
exemple pour le suivi de l’activité de l’IFN administré aux
patients atteints d’hépatite ou de sclérose en plaques. Il faut
noter que ce marqueur est plus rarement utilisé chez la
souris étant donné que la majorité des lignées de souris de
laboratoire sont dépourvues du gène Mx1 et possèdent une
mutation dans le gène Mx2 qui altère sa traduction et
indirectement sa transcription.
PKR
Le gène codant la protéine kinase R voit sa transcription
augmentée dans les cellules traitées par l’interféron. Au
contact d’ARN double brin, la PKR est activée, s’autophosphoryle et phosphoryle ensuite le facteur d’induction de la
traduction eIF2a. Il s’en suit un blocage de la traduction des
ARN messagers cellulaires ou viraux [32].
La protéine kinase R joue probablement d’autres rôles [28].
Elle peut notamment activer la voie NFjB. Elle pourrait
aussi participer à l’induction transcriptionnelle des gènes
d’IFN en jouant le rôle de senseur d’ARN double brin
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
intracellulaire. Il semble cependant que cette fonction ne
soit pas aussi cruciale que celle des senseurs RIG-I ou
Mda5.
2-5A OAS/RNase L
L’IFN induit la transcription de trois gènes codant une
famille d’enzymes appelées 2-5A oligoadénylate synthétases (OAS). Ces enzymes synthétisent, à partir d’ATP, des
oligomères d’adénosine liés par des liens phosphodiester
de type 2’-P-5′. Différentes isoformes de ces trois enzymes
peuvent être exprimées dans différents types de cellules,
par un processus d’épissage alternatif. En présence d’ARN
double brin, les OAS sont activées et synthétisent les oligoadénylates dont les trimères représentent les formes actives. Ceux-ci activent spécifiquement une RNase cellulaire
de 83 kDa, appelée RNase L. La RNase L est exprimée de
manière constitutive dans les cellules, sous une forme inactive. La liaison des oligoadénylates à la RNase L induit sa
dimérisation et son activation. Celle-ci dégrade alors les
ARN simple brin cellulaires et viraux [33, 34].
Comme dans le cas de la PKR, l’activation de la RNase L
conduit à la mort de la cellule. La clé du contrôle réside
dans le fait que ces enzymes ne sont activées que dans les
cellules infectées par le virus (la présence d’ARN viral
double brin est nécessaire pour déclencher l’activation de la
PKR et des OAS qui activent à leur tour la RNase L).
L’interféron permet donc de préparer les cellules situées à
proximité d’une cellule infectée. Ces cellules ne déclencheront le système de défense suicidaire que si elles sont à leur
tour infectées par le virus.
D’autres effecteurs de la réponse interféron ont été partiellement caractérisés. ISG20 est une exonucléase 3’-5′ capable de dégrader l’ARN in vitro [35]. Les protéines p56 et
p54 peuvent bloquer la traduction en interagissant avec des
facteurs impliqués dans l’induction de la traduction (eIF3)
[36]. La protéine PML participe avec d’autres protéines
comme SP100, ISG20 et p53, à la formation de complexes
appelés corps nucléaires qui pourraient accroître la résistance des cellules à l’égard de certains virus à ARN comme
VSV et LCMV, ou à l’égard d’un rétrovirus humain (foamy
virus), en interagissant avec l’activateur de transcription de
ce dernier [37, 38]. La protéine ADAR est une adénosine
déaminase responsable de l’édition de certains ARN double
brin [39, 40]. Cette enzyme est capable de modifier l’ARN
du virus de l’hépatite delta et pourrait de ce fait perturber la
réplication de cet agent.
Il existe une certaine spécificité d’action dans la panoplie
des mécanismes de défense mis en œuvre à l’encontre des
infections virales. Par exemple, la défense de l’organisme
aux infections par le virus de la grippe résulte en grande
partie de l’expression des protéines Mx [31]. À l’inverse,
c’est le système OAS/Rnase L qui prédomine dans la défense de l’organisme contre l’infection par le virus West173
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
revue
Nile [41, 42] et qui participe à la résistance contre le virus
de l’encéphalomyocardite [43].
Les ISG ne sont pas seulement impliquées dans l’inhibition
directe de la réplication des virus [28]. Il existe, actuellement, un grand développement de l’étude des fonctions
immunomodulatrices des IFN, notamment à l’égard des
infections bactériennes. On sait que les IFN participent à la
maturation des cellules dendritiques et à l’activation des
cellules NK. Les IFN de type I induisent l’expression des
molécules HLA de classe I et modulent l’activité des lymphocytes T cytolytiques. Il semble que ce soient les fonctions immunomodulatrices de l’IFNb qui seraient à l’origine de son effet bénéfique dans le traitement de la sclérose
en plaques.
Pourquoi tant de gènes d’interférons ?
On peut se demander pourquoi le génome de l’homme et
celui de la souris codent une telle panoplie d’IFN de type I
apparentés. L’ensemble de ces IFN semble se lier à un
récepteur commun, ce qui suggère qu’ils puissent avoir des
activités similaires.
Deux hypothèses sont avancées pour expliquer cette multiplicité des gènes d’IFN. La première est que l’expression
des différents gènes pourrait dépendre de la nature de
l’inducteur (type de virus) ou du type cellulaire considéré.
L’IFNb était connu comme IFN « fibroblastique » et
l’IFNa comme IFN « leucocytaire ». Cependant, il semble
clair actuellement que les leucocytes comme les fibroblastes peuvent produire tant l’IFNa que l’IFNb. Certaines
données indiquent cependant que la nature des sous-types
d’IFN exprimés peut dépendre de l’équilibre entre différents facteurs de transcription présents dans la cellule. Par
exemple, des cellules humaines surexprimant IRF5 produisent une plus grande proportion d’IFNa8 alors que les
cellules surexprimant IRF7 produisent plutôt l’IFNa1 en
réponse à une infection [44]. Ainsi, les appellations d’IFN
« fibroblastique » ou « leucocytaire » pourraient s’expliquer par le fait que certaines cellules sanguines comme les
cellules dendritiques plasmacytoïdes expriment constitutivement IRF7 et peuvent rapidement synthétiser les différents sous-types d’IFNa. Les fibroblastes, qui n’expriment
IRF7 que lorsqu’ils ont été en contact préalable avec l’IFN,
ne produisent dans un premier temps que les IFN précoces
(principalement l’IFNb).
La deuxième hypothèse pour expliquer la multiplicité des
gènes d’IFN est que les différents sous-types d’interféron
pourraient avoir des activités biologiques partiellement différentes, soit par leurs propriétés « pharmacocinétiques »,
soit en interagissant de manière différente avec le récepteur.
Jusqu’ici, peu de différences qualitatives ont été décrites
entre les activités de différents IFN. Par exemple, l’ensem174
ble des sous-types d’IFNa murins possèdent à la fois une
activité antivirale et antiproliférative. Il existe des différences quantitatives : certains IFN sont plus actifs que
d’autres. Cependant, les sous-types qui possèdent la plus
forte activité antivirale sont aussi ceux qui possèdent la plus
forte activité antiproliférative [45]. Des analyses réalisées
par microarray confirment que la quasi-totalité des gènes
induits par l’IFNa correspondent aux gènes induits par
l’IFNb ou même par l’IFNk [6, 46]. Néanmoins, Coelho et
al. ont montré récemment que l’IFNb humain pouvait, avec
100 fois plus d’efficacité que l’IFNa2, induire l’expression
du gène codant la chimiokine CXCL11 qui inhibe l’ostéoclastogenèse [46]. Des études antérieures indiquent également que l’activité de certains sous-types d’IFNa pourrait
différer, notamment en termes d’activation de la cytotoxicité des cellules NK ou d’activité antiproliférative.
Enfin, comme de nombreuses autres cytokines, certains
sous-types d’IFN sont glycosylés alors que d’autres ne le
sont pas, ce qui suggère que ces IFN pourraient se distinguer par certaines propriétés biologiques. L’IFNb semble,
par exemple, être N-glycosylé chez l’ensemble des mammifères, le nombre de sites potentiels de glycosylation
variant entre 1 (homme) et 5 (chien) [47]. On ne connaît pas
la fonction physiologique exacte de la glycosylation des
IFN. Tant les formes glycosylées que les formes non glycosylées de l’IFNb humain qui sont utilisées à des fins
thérapeutiques possèdent une bonne activité biologique. Il
semble que, de façon générale, la glycosylation puisse avoir
un effet sur la clairance, la stabilité, la solubilité ou la
fixation au récepteur des cytokines [48]. La glycosylation
pourrait aussi moduler la propagation des IFN dans l’organisme en facilitant ou en freinant sa circulation systémique.
La revanche des virus : antagonisme
de la voie interféron
Dès le début d’une infection virale, les IFN produits par
l’hôte infecté limitent de façon rapide, robuste et efficace la
propagation du virus. Les IFN constituent un tel obstacle à
la propagation de l’infection virale que la plupart des virus,
voire tous, se sont adaptés en acquérant des stratégies
extrêmement variées pour échapper au système IFN. De
manière générale, les armes virales visent : soit la production des IFN, soit leur voie de signalisation et ce, dès la
liaison des molécules au récepteur IFNAR, soit l’action des
protéines antivirales induites par les IFN. Nous passerons
en revue quelques exemples illustrant la diversité de l’action des protéines virales anti-IFN (figure 5) [49].
Inhibition de la production des interférons
Les virus lytiques, dont la réplication ne dépend pas d’un
métabolisme cellulaire fonctionnel, sont fréquemment à
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
revue
Inhibition spécifique
dsARN
V. de la vaccine (E3L), V. de la diarrhée bovine (Erns)
Senseurs
-RIG-I/MDA-5
V. simien 5, V. des oreillons, V. Sendai, V. Hendra (V)
Adaptateurs
- MAVS (cardif)
- TRIF
V. de l'hépatite C (NS3/4A)
TBK1 et IKKε
IRF3
V. Thogoto (ML), rotavirus (NSP1),
V. herpès associé au sarcome de Kaposi (vIRF)
IRF7
V. Epstein-Barr (BZLF-1)
? V. Ebola (VP35), V. de Theiler (L) ?
Shut-off global
Inhibition de la production des IFN-I
Inhibition de la voie
de signalisation des IFN-I
Inhibition des protéines
antivirales
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Infection virale
Transcription
- TFIIH
- ARN pol. II
- ARNm
Traduction
- eIF-4G
V. de la fièvre de la vallée du Rift (NSs)
V. Bunyamwera (NSs)
V. de la grippe A (NS1), V. herpès simplex (vhs)
V. de la stomatite vésiculaire (M)
V. de la fièvre aphteuse (L)
IFNα/β
IFNAR
Jak1 et Tyk2
STAT
PKR
V. de la vaccine (IFNAR solubles)
V. herpès simplex (?), v. Langat (NS5)
V. Sendai (C), V. simien 5 (V), V. de la rage (P)
V. de l'hépatite C (E2), V. herpès simplex 1 (ICP34.5),
V. Polio (?), V. de la grippe A (?)
Adénovirus (petits ARNs compétiteurs)
V. de la vaccine (E3L) (séquestration dsARN)
RNaseL
V. herpès simplex (dérivés des 2'5' oligo-adénylates)
V. de l'immunodéficience humaine (?)
Figure 5. Protéines virales antagonistes de la réponse IFN.
l’origine d’un blocage général de la transcription et de la
traduction des gènes cellulaires. L’objectif de cette inhibition générale est principalement, semble-t-il, de supprimer
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
la production des protéines induites par l’infection, et notamment les IFN. Ainsi, la protéine NSs du virus RVFV
(Rift valley fever virus, un Bunyaviridae) inhibe la trans175
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
revue
cription cellulaire en agissant sur le facteur de transcription
TFIIH qui est impliqué dans l’induction de la transcription
par l’ARN-polymérase II [50]. La protéine L du virus de la
fièvre aphteuse (FMDV) clive, quant à elle, le facteur eIF4G, crucial pour la traduction des ARN messagers coiffés
[51]. Par ailleurs, il existe d’autres mécanismes, adoptés
notamment par les virus lytiques ou non lytiques, permettant d’agir directement à des points clés de la voie d’induction des IFN. Plusieurs protéines virales, dont la protéine
E3L du virus de la vaccine, lient et séquestrent l’ARN
double brin, empêchant ainsi l’activation des hélicases intracellulaires (Mda5 et RIG-I). Les hélicases elles-mêmes
sont une autre cible de choix. Par exemple, la protéine V de
nombreux paramyxovirus (SV5, hPIV2, virus des
oreillons, SeV, virus Hendra) peut se lier à Mda5 et inhiber
son action [19]. La protéase NS3/4A du virus de l’hépatite
C agit sur cette voie en clivant la protéine Cardif/MAVS qui
est un des maillons essentiels entre les hélicases et la
phosphorylation des IRF. Cette même protéase bloque
aussi la voie dépendant de TLR3 en clivant la molécule
adaptatrice TRIF [22]. Enfin, le facteur de transcription
IRF3 est également une cible très fréquente des protéines
virales. Le virus Thogoto (protéine ML) empêche sa dimérisation et bloque le recrutement du coactivateur de transcription CBP [52]. Le rotavirus (protéine NSP1), quant à
lui, lie le facteur IRF3 et le dégrade [53]. Une stratégie
surprenante est utilisée par le virus Herpès 8 humain (associé au sarcome de Kaposi) qui produit des homologues
viraux des facteurs de transcription IRF (vIRF). Ceux-ci
miment les IRF cellulaires ou jouent un rôle de dominants
négatifs [54, 55].
Inhibition de la réponse aux interférons
L’inhibition de la voie de signalisation dépendant des IFN
présente un double intérêt. D’une part, elle empêche l’expression des gènes codant des protéines antivirales. D’autre
part, elle prévient l’amplification de la production d’IFN en
bloquant la boucle de rétroaction positive nécessaire pour
l’expression des IFN tardifs. Là encore, différentes stratégies sont utilisées. Le virus de la vaccine exprime un
récepteur soluble liant les IFN et inhibant ainsi, de manière
compétitive, la liaison des IFN au récepteur cellulaire [56].
Les protéines C et V des paramyxovirus ciblent la voie des
JAK/STAT en inactivant, séquestrant ou en dégradant les
STAT [57, 58].
Inhibition des protéines antivirales induites
Plusieurs effecteurs de la réponse antivirale (PKR, système
2-5 OAS/Rnase L) dépendent de l’ARN double brin pour
être activés. Les protéines virales qui ont la capacité de
séquestrer l’ARN double brin inhibent donc non seulement
l’induction des IFN mais aussi leur action antivirale.
D’autres stratégies existent encore. Par exemple, la pro176
téine ICP34.5 de HSV1 abolit le blocage transcriptionnel
établi par PKR, en jouant le rôle inverse de PKR, c’est-àdire, en déphosphorylant eIF2a [59].
Conclusion : interaction
virus-interférons
L’interaction entre le virus et le système immunitaire de
l’hôte est un phénomène très complexe et en constante
évolution. Les virus évoluent pour interagir le plus adéquatement possible avec la réponse antivirale. Pour ce faire, ils
ont tout intérêt à moduler plutôt qu’à verrouiller complètement le système IFN. En effet, étant donné l’importance
antivirale des IFN, leur inhibition complète provoquerait la
mort fulgurante de l’hôte, empêchant le virus de se propager (figure 6).
Le système immunitaire est acteur dans la compétition qui
l’oppose au virus et évolue, lui aussi. Certaines de ses
caractéristiques peuvent être interprétées comme des adaptations aux mesures virales anti-IFN. L’absence d’introns
dans les gènes d’IFN, par exemple, peut être considérée
comme une mesure d’échappement aux inhibitions virales
de l’épissage des ARN messagers cellulaires. Hormis une
meilleure compréhension de la pathogénie virale, déterminée en partie par l’action des protéines anti-IFN et du
système IFN, l’étude des protéines virales anti-IFN est
bénéfique pour le développement de vaccins et de médicaments. Des virus recombinants ayant perdu la capacité
d’inhiber les IFN pourraient servir de vaccins vivants atténués. De tels virus sont aussi perçus comme de potentiels
agents oncolytiques. En effet, les cellules tumorales sont
souvent caractérisées par de multiples mutations dans le
système IFN. Elles sont donc sensibles au virus, même si
celui-ci est dépourvu d’arme anti-IFN, ce qui n’est pas le
cas des cellules non tumorales.
En conclusion, malgré la « cinquantaine approchante », la
famille des IFN de type I connaît un second souffle. Ces
dernières années, des progrès considérables ont été réalisés
dans la compréhension des mécanismes déployés par les
cellules pour détecter l’infection virale et réagir en activant
la production des IFN. De même, une série de stratagèmes
utilisés par les virus pour contrecarrer la production ou la
réponse à l’IFN ont été mis à jour. Il subsiste néanmoins de
nombreuses questions, notamment quant à la raison de la
multiplicité des gènes codant les IFN de type I et à l’apparente redondance du système avec celui des interférons de
type III. Il manque de nombreuses données quant à l’expression, la distribution et la fonction biologique relative
des différents IFN in vivo. Y a-t-il une histospécificité dans
la production ou la fonction des IFN ? Quelle est la fonction
de la glycosylation de certains IFN ?
Enfin, on commence à découvrir l’importance de la réponse
interféron dans les modèles non viraux et dans la réponse
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
revue
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
A
B
Figure 6. Importance de l’activité de l’IFN in vivo. A) Une souris dépourvue de récepteur aux IFN, infectée pendant 48 h par une souche
peu virulente du virus de Theiler montre une infection massive des neurones de l’hippocampe (immunofluorescence : antigène
viral = vert). NB. Dans une souris possédant le systéme IFN, l’infection est à peine détectable dans les mêmes conditions (1000 à 10000x
moins de virus détecté par RT-PCR quantitative). B) Micrographie présentant une cellule du système nerveux infectée par le virus de
Theiler (antigène viral = rouge), produisant probablement de l’IFN, et entourée de cellules réagissant à la présence d’IFN en exprimant
la protéine Mx1 nucléaire (ponctuations vertes).
immunitaire acquise. Au moment où la mondialisation des
échanges nous fait apparaître l’importance de l’émergence
et de la réémergence de virus, il semble que le large spectre
d’action de l’IFN contre les affections virales mérite qu’on
lui consacre une attention toute particulière. On peut espérer que de nombreuses questions seront levées avant de
souffler les 60 bougies et que l’utilisation des IFN en
thérapeutique y gagnera en étant plus ciblée et plus efficace.
Références
1. Isaacs A, Lindenmann J. Virus interference. I. The interferon. Proc R
Soc Lond B Biol Sci 1957 ; 147 : 258-67.
2. Haller O. Inborn resistance of ice to orthomyxoviruses. Curr Top
Microbiol Immunol 1981 ; 92 : 25-52.
3. Krause CD, Pestka S. Evolution of the class 2 cytokines and receptors,
and discovery of new friends and relatives. Pharmacol Ther 2005 ; 106 :
299-346.
4. Sheppard P, Kindsvogel W, Xu W, et al. IL-28, IL-29 and their class II
cytokine receptor IL-28R. Nat Immunol 2003 ; 4 : 63-8.
5. Kotenko SV, Gallagher G, Baurin VV, et al. IFN-lambdas mediate antiviral protection through a distinct class II cytokine receptor complex. Nat
Immunol 2003 ; 4 : 69-77.
6. Dumoutier L, Tounsi A, Michiels T, Sommereyns C, Kotenko SV,
Renauld JC. Role of the interleukin (IL)-28 receptor tyrosine residues for
antiviral and antiproliferative activity of IL-29/interferon-lambda 1 : similarities with type I interferon signaling. J Biol Chem 2004 ; 279 : 3226974.
7. Diaz MO, Pomykala HM, Bohlander SK, et al. Structure of the human
type-I interferon gene cluster determined from a YAC clone contig. Genomics 1994 ; 22 : 540-52.
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
8. Radhakrishnan R, Walter LJ, Subramaniam PS, Johnson HM,
Walter MR. Crystal structure of ovine interferon-tau at 2.1 A resolution.
J Mol Biol 1999 ; 286 : 151-62.
9. Honda K, Yanai H, Takaoka A, Taniguchi T. Regulation of the type I
IFN induction : a current view. Int Immunol 2005 ; 17 : 1367-78.
10. Takeda K, Akira S. Toll-like receptors in innate immunity. Int Immunol 2005 ; 17 : 1-14.
11. Medzhitov R, Preston-Hurlburt P, Janeway Jr. CA. A human homologue of the Drosophila Toll protein signals activation of adaptive immunity.
Nature 1997 ; 388 : 394-7.
12. Honda K, Yanai H, Negishi H, et al. IRF-7 is the master regulator of
type-I interferon-dependent immune responses. Nature 2005 ; 434 :
772-7.
13. Mamane Y, Heylbroeck C, Genin P, et al. Interferon regulatory factors : the next generation. Gene 1999 ; 237 : 1-14.
14. Taniguchi T, Ogasawara K, Takaoka A, Tanaka N. IRF family of
transcription factors as regulators of host defense. Annu Rev Immunol
2001 ; 19 : 623-55.
15. Sharma S, tenOever BR, Grandvaux N, Zhou GP, Lin R, Hiscott J.
Triggering the interferon antiviral response through an IKK-related pathway. Science 2003 ; 300 : 1148-51.
16. Fitzgerald KA, McWhirter SM, Faia KL, et al. IKKepsilon and TBK1
are essential components of the IRF3 signaling pathway. Nat Immunol
2003 ; 4 : 491-6.
17. Kawai T, Sato S, Ishii KJ, et al. Interferon-alpha induction through
Toll-like receptors involves a direct interaction of IRF7 with MyD88 and
TRAF6. Nat Immunol 2004 ; 5 : 1061-8.
18. Uematsu S, Sato S, Yamamoto M, et al. Interleukin-1 receptorassociated kinase-1 plays an essential role for Toll-like receptor (TLR)7and TLR9-mediated interferon-{alpha} induction. J Exp Med 2005 ; 201 :
915-23.
19. Andrejeva J, Childs KS,Young DF, et al. The V proteins of paramyxoviruses bind the IFN-inducible RNA helicase, mda-5, and inhibit its
177
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
revue
activation of the IFN-beta promoter. Proc Natl Acad Sci USA 2004 ; 101 :
17264-9.
20. Yoneyama M, Kikuchi M, Natsukawa T, et al. The RNA helicase
RIG-I has an essential function in double-stranded RNA-induced innate
antiviral responses. Nat Immunol 2004 ; 5 : 730-7.
21. Kato H, Takeuchi O, Sato S, et al. Differential roles of MDA5 and
RIG-I helicases in the recognition of RNA viruses. Nature 2006 ; 441 :
101-5.
22. Meylan E, Curran J, Hofmann K, et al. Cardif is an adaptor protein in
the RIG-I antiviral pathway and is targeted by hepatitis C virus. Nature
2005 ; 437 : 1167-72.
23. Kawai T, Takahashi K, Sato S, et al. IPS-1, an adaptor triggering
RIG-I- and Mda5-mediated type I interferon induction. Nat Immunol
2005 ; 6 : 981-8.
24. Seth RB, Sun L, Ea CK, Chen ZJ. Identification and characterization
of MAVS, a mitochondrial antiviral signaling protein that activates NFkappaB and IRF 3. Cell 2005 ; 122 : 669-82.
25. Xu LG, Wang YY, Han KJ, Li LY, Zhai Z, Shu HB. VISA is an adapter protein required for virus-triggered IFN-beta signaling. Mol Cell
2005 ; 19 : 727-40.
26. Marie I, Durbin JE, Levy DE. Differential viral induction of distinct
interferon-alpha genes by positive feedback through interferon regulatory
factor-7. EMBO J 1998 ; 17 : 6660-9.
27. Stark GR, Kerr IM, Williams BR, Silverman RH, Schreiber RD. How
cells respond to interferons. Annu Rev Biochem 1998 ; 67 : 227-64.
28. Biron CA, Sen GC. Interferons and other cytokines. In : Knipe DM,
Howley PM, eds. Fields Virology. Vol. 1. Philadelphia : Lipincott
Williams & Wilkins, 2001.
29. Der SD, Zhou A, Williams BR, Silverman RH. Identification of genes
differentially regulated by interferon alpha, beta, or gamma using oligonucleotide arrays. Proc Natl Acad Sci USA 1998 ; 95 : 15623-8.
30. de Veer MJ, Holko M, Frevel M, et al. Functional classification of
interferon-stimulated genes identified using microarrays. J Leukoc Biol
2001 ; 69 : 912-20.
31. Haller O, Kochs G. Interferon-induced mx proteins : dynamin-like
GTPases with antiviral activity. Traffıc 2002 ; 3 : 710-7.
32. Williams BR. PKR ; a sentinel kinase for cellular stress. Oncogene
1999 ; 18 : 6112-20.
33. Zhou A, Paranjape J, Brown TL, et al. Interferon action and apoptosis
are defective in mice devoid of 2’, 5’-oligoadenylate-dependent RNase L.
EMBO J 1997 ; 16 : 6355-63.
34. Silverman RH. Fascination with 2-5A-dependent RNase : a unique
enzyme that functions in interferon action. J Interferon Res 1994 ; 14 :
101-4.
35. Espert L, Degols G, Gongora C, et al. ISG20, a new interferoninduced RNase specific for single-stranded RNA, defines an alternative
antiviral pathway against RNA genomic viruses. J Biol Chem 2003 ; 278 :
16151-8.
36. Guo J, Hui DJ, Merrick WC, Sen GC. A new pathway of translational
regulation mediated by eukaryotic initiation factor 3. EMBO J 2000 ; 19 :
6891-9.
37. Chelbi-Alix MK, Quignon F, Pelicano L, Koken MH. de The H.
Resistance to virus infection conferred by the interferon-induced promyelocytic leukemia protein. J Virol 1998 ; 72 : 1043-51.
38. Regad T, Chelbi-Alix MK. Role and fate of PML nuclear bodies in
response to interferon and viral infections. Oncogene 2001 ; 20 : 7274-86.
39. Patterson JB, Samuel CE. Expression and regulation by interferon of a
double-stranded-RNA-specific adenosine deaminase from human cells :
evidence for two forms of the deaminase. Mol Cell Biol 1995 ; 15 :
5376-88.
40. Samuel CE. Antiviral actions of interferons. Clin Microbiol Rev
2001 ; 14 : 778-809.
178
41. Mashimo T, Lucas M, Simon-Chazottes D, et al. A nonsense mutation
in the gene encoding 2’-5’-oligoadenylate synthetase/L1 isoform is associated with West Nile virus susceptibility in laboratory mice. Proc Natl
Acad Sci USA 2002 ; 99 : 11311-6.
42. Perelygin AA, Scherbik SV, Zhulin IB, Stockman BM, Li Y,
Brinton MA. Positional cloning of the murine flavivirus resistance gene.
Proc Natl Acad Sci USA 2002 ; 99 : 9322-7.
43. Chebath J, Benech P, Revel M, Vigneron M. Constitutive expression
of (2’-5’) oligo A synthetase confers resistance to picornavirus infection.
Nature 1987 ; 330 : 587-8.
44. Barnes BJ, Field AE, Pitha-Rowe PM. Virus-induced heterodimer formation between IRF-5 and IRF-7 modulates assembly of the IFNA enhanceosome in vivo and transcriptional activity of IFNA genes. J Biol Chem
2003 ; 278 : 16630-41.
45. van Pesch V, Lanaya H, Renauld JC, Michiels T. Characterization of
the murine alpha interferon gene family. J Virol 2004 ; 78 : 8219-28.
46. Coelho LF, Magno de Freitas Almeida G, Mennechet FJ, Blangy A,
Uze G. Interferon-alpha and -beta differentially regulate osteoclastogenesis : role of differential induction of chemokine CXCL11 expression. Proc
Natl Acad Sci USA 2005 ; 102 : 11917-22.
47. Sommereyns C, Michiels T. N-glycosylation of murine IFN-beta in a
putative receptor binding region. J Interferon Cytokine Res 2006 ; 26 :
406-13.
48. Chamorey AL, Magne N, Pivot X, Milano G. Impact of glycosylation
on the effect of cytokines. A special focus on oncology. Eur Cytokine Netw
2002 ; 13 : 154-60.
49. Haller O, Kochs G, Weber F. The interferon response circuit : induction and suppression by pathogenic viruses. Virology 2006 ; 344 : 119-30.
50. Le May N, Dubaele S, Proietti De Santis L, Billecocq A, Bouloy M,
Egly JM. TFIIH transcription factor, a target for the Rift Valley hemorrhagic fever virus. Cell 2004 ; 116 : 541-50.
51. Chinsangaram J, Piccone ME, Grubman MJ. Ability of foot-andmouth disease virus to form plaques in cell culture is associated with
suppression of alpha/beta interferon. J Virol 1999 ; 73 : 9891-8.
52. Jennings S, Martinez-Sobrido L, Garcia-Sastre A, Weber F, Kochs G.
Thogoto virus ML protein suppresses IRF3 function. Virology 2005 ; 331 :
63-72.
53. Barro M, Patton JT. Rotavirus nonstructural protein 1 subverts innate
immune response by inducing degradation of IFN regulatory factor 3.
Proc Natl Acad Sci USA 2005 ; 102 : 4114-9.
54. Barnes B, Lubyova B, Pitha PM. On the role of IRF in host defense.
J Interferon Cytokine Res 2002 ; 22 : 59-71.
55. Fuld S, Cunningham C, Klucher K, Davison AJ, Blackbourn DJ. Inhibition of interferon signaling by the Kaposi’s sarcoma-associated herpesvirus full-length viral interferon regulatory factor 2 protein.
J Virol 2006 ; 80 : 3092-7.
56. Alcami A, Symons JA, Smith GL. The vaccinia virus soluble
alpha/beta interferon (IFN) receptor binds to the cell surface and protects
cells from the antiviral effects of IFN. J Virol 2000 ; 74 : 11230-9.
57. Garcin D, Marq JB, Iseni F, Martin S, Kolakofsky D. A short peptide
at the amino terminus of the Sendai virus C protein acts as an independent
element that induces STAT1 instability. J Virol 2004 ; 78 : 8799-811.
58. Precious B, Young DF, Andrejeva L, Goodbourn S, Randall RE. In
vitro and in vivo specificity of ubiquitination and degradation of STAT1
and STAT2 by the V proteins of the paramyxoviruses simian virus 5 and
human parainfluenza virus type 2. J Gen Virol 2005 ; 86 : 151-8.
59. He B, Gross M, Roizman B. The gamma (1) 34.5 protein of herpes
simplex virus 1 complexes with protein phosphatase 1alpha to dephosphorylate the alpha subunit of the eukaryotic translation initiation factor 2 and
preclude the shutoff of protein synthesis by double-stranded RNAactivated protein kinase. Proc Natl Acad Sci USA 1997 ; 94 : 843-8.
Virologie, Vol. 10, n° 3, mai-juin 2006
Téléchargement