LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE
LITTÉRATURE RUSSE - ÉTUDES
Anatole Leroy-Beaulieu
1842 – 1912
LA FRANCE, LA RUSSIE ET L’EUROPE
1888
Paris, Calmann-Lévy, 1888.
2
TABLE
AVANT-PROPOS ...................................................................................3
LA FRANCE ET LA RUSSIE.................................................................6
I...............................................................................................................6
II............................................................................................................17
III ..........................................................................................................24
IV..........................................................................................................32
V ...........................................................................................................42
VI..........................................................................................................50
VII.........................................................................................................56
VIII .......................................................................................................63
IX..........................................................................................................66
LA RUSSIE ET L’ANGLETERRE.......................................................74
I.............................................................................................................75
II............................................................................................................81
III ..........................................................................................................95
IV....................................................................................................... 107
V ........................................................................................................ 124
VI....................................................................................................... 138
VII...................................................................................................... 149
VIII .................................................................................................... 162
KATKOF .............................................................................................. 176
I.......................................................................................................... 177
II......................................................................................................... 181
III ....................................................................................................... 186
3
AVANT-PROPOS
L’auteur de ces pages a été un des premiers à tourner
l’attention de la France vers la Russie.
Étudier la Russie lui semblait, après 1871, une manière de
servir la France. Dans toutes ses études, il a montré, pour le
peuple russe et pour le génie slave, une sympathie qui n’a
eu d’autre limite que le souci de la vérité.
En 1877-1878, durant la dernière guerre d’Orient, il a été
presque seul en France à défendre la politique de
l’empereur Alexandre II1. La presse française était alors
presque unanime à suspecter les intentions de la chancelle-
rie pétersbourgeoise et à mettre en doute la bonne foi du
tsar émancipateur. On refusait de reconnaître qu’en pre-
nant les armes pour les Bulgares et les chrétiens d’Orient,
les Russes combattaient pour la civilisation et pour la liber-
té.
Tout a bien changé depuis Plevna et San-Stefano. Là où,
dix ans plus tôt, l’on se faisait un devoir de dénoncer les
ambitions moscovites, on n’a plus, pour la Russie, que des
complaisances et des adulations.
Il en a été de la politique comme de la littérature. Du dé-
dain ou de l’indifférence, on est passé à l’engouement. On
dirait notre mobilité française incapable de mesure. Non
content d’admirer les chefs-d’œuvre de Léon Tolstoï et de
Dostoïevsky, on s’est épris de leurs défauts, et on les a
1 Voyez : les Réformes de la Turquie, la politique russe et le panslavisme et
aussi les Préliminaires de la guerre turco-russe. (Revue des Deux Mondes du 1er
décembre 1876 et du 1er mai 1877.)
4
donnés en modèles. Devant le roman russe, on s’est plu à
rabaisser notre art national et à nier même la notion de
l’art. Ces œuvres touffues, d’une si forte et si libre venue,
on les a vantées moins pour leur vigoureuse végétation que
pour leurs broussailles.
En littérature, de pareils engouements sont après tout
peu dangereux ; ils se corrigent par leurs excès mêmes. Il
en est autrement en politique. Là tout est grave. C’est un
domaine où un Français n’a le droit de s’exalter qu’à bon
escient.
« Si les Français s’échauffent trop, nous saurons bien
leur administrer une douche, » disait un diplomate russe. —
Il ne convient pas, nous semble-t-il, d’attendre que nos
amis du Nord jugent opportun de nous réfrigérer. Mieux
vaut, pendant qu’il en est temps encore, nous rappeler
nous-mêmes au sang-froid.
C’est ce que nous avons prétendu faire dans ces pages, et
par là, nous croyons avoir servi l’intérêt de la France, et
aussi l’intérêt de la Russie. À l’une et à l’autre nous
n’avons ménagé ni la vérité ni les vérités. Nous savons que
près des peuples, comme près des princes, ce n’est pas le
moyen de plaire ; mais peu nous importe d’être agréable.
La première qualité d’un écrivain politique nous a toujours
semblé l’indépendance.
La France doit, plus que jamais, se garder des chimères,
des coups de tête ou de cœur. À une heure où, sur la foi de
lointains sourires, elle semblait prête à se laisser compro-
mettre dans une périlleuse aventure, nous n’avons pas hé-
sité à lui jeter un avertissement.
5
Telle est l’origine d’un récent article de la Revue des Deux
Mondes qui a fait quelque bruit en Europe2. Si cet article a
paru sans signature, ce n’est pas que l’auteur en voulût dé-
cliner la responsabilité. C’est qu’il était plus conforme à
son dessein que cet appel à la raison publique eût quelque
chose d’impersonnel. Ne pas signer est parfois le meilleur
moyen d’être lu et d’être cru. Le lecteur le plus sceptique et
le plus blasé a souvent encore le goût, ou mieux la supersti-
tion du mystère. L’anonymat a sur lui le prestige de
l’inconnu.
Cet article de la Revue des Deux Mondes, nous le redon-
nons ici avec quelques développements qui dépassaient le
cadre de la Revue. On y retrouvera la même franchise, et
aussi la même répugnance pour les illusions dont aiment à
se repaître de soi-disant patriotes.
L’illusion est un mets indigeste : ne l’avons-nous donc
pas appris à nos dépens ?
Paris, mai 1888.
2 Voyez la Revue du 15 février 1888.
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