Compte-rendu Atelier 9 - Le nez, un organe négligé

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COMPTES-RENDUS DES ATELIERS
JOURNÉES FRANCOPHONES DE LA MUCOVISCIDOSE
28 et 29 mars à Montpellier
ATELIER N°9 : Le nez, un organe négligé
Intervenants : Dr Virginie ESCABASSE, ChiC de Créteil, Dr Natacha REMUS, CRCM mixte de Créteil et Dr
Marlène MURRIS-ESPIN, CRCM adulte de Toulouse
Témoin : Véronique LAURENT, patiente et Sébastien BUSI, Délégué territorial de Franche Comté
Salariée-rapporteur : Lydie LEMONNIER, responsable du registre et Mucodoméos au département
médical de Vaincre la Mucoviscidose
L’ORL est une discipline large qui comprend plusieurs domaines, à savoir cancérologie, otologie… Pour
bénéficier des meilleurs soins pour le nez, on peut s’assurer que le médecin ORL visité est un spécialiste
en rhinologie.
Examen du nez
Lors de l’examen du nez, les bonnes questions doivent être posées, et les bonnes observations faites.
L’interrogatoire médical de patients atteints de mucoviscidose doit être approfondi, car ils sont
constamment en situation de « nez bouché » ou de « nez qui coule dans l’arrière gorge ». Cela leur
paraît normal, mais ce n’est pas le cas : il est inconcevable en 2014 de vivre avec une obstruction
nasale constante !
Les observations visuelles sont importantes : les postures (reniflement, raclement de gorge..), la
morphologie faciale (largeur des os propres du nez, …) sont des marqueurs de pathologies du nez, tout
comme peuvent l’être les céphalées, la perte d’odorat, un sommeil perturbé.
Un ORL qui traite un patient atteint de mucoviscidose ne peut pas faire l’économie d’une nasofibroscopie, réalisée soit avec un appareil adulte, pour les adultes, soit avec un appareil pédiatrique,
pour les enfants (et pour les adultes en cas d’obstruction importante). Cet examen doit être proposé et
présenté avec tact, douceur et empathie. En effet, la présentation doit être « ludique » pour les
enfants, douce pour les plus grands qui ont pu avoir l’expérience traumatisante d’examens ORL
pénibles. L’acceptation de cet acte doit être effective, cela peut prendre du temps, mais ce temps
(parfois plusieurs visites) est nécessaire.
Un scanner des sinus ne doit pas être prescrit systématiquement mais il est indispensable pour préciser
la morphologie des sinus avant chirurgie, ou pour explorer une pathologie sinusienne invisible à
l’endoscopie.
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28 et 29 mars à Montpellier
Pathologies
Grâce à la naso-fibroscopie, on peut observer les cornets inférieurs et les mucosités qui sortent des
sinus maxillaires aux méats moyens. L’ORL recherche donc une obstruction nasale liée à
l’augmentation de la taille des cornets inférieurs et la présence d’une polypose nasosinusienne voire
une mucocèle.
Dans la mucoviscidose, le mucus épais des patients ne peut pas s’évacuer correctement des sinus ce qui
met les cloisons osseuses sous pression. Chez des patients en période de croissance, ces cloisons
peuvent se déformer et la pression du mucus dans les sinus peut entrainer des céphalées fortes,
déclenchées quand les patients se penchent en avant. De plus, la rétention de mucus dans les sinus
favorise le développement de bactéries.
Les mucocèles sont des formations kystiques dans les sinus emplies de mucus que l’on peut observer au
cours de la mucoviscidose. Dans les cas graves, elles peuvent repousser les cloisons sinusiennes vers
l’œil.
La polypose est une pathologie que l’on peut trouver chez tous types de patients, mais dans le cas de la
mucoviscidose, il faut y prêter une attention particulière, car les polypes en obturant les zones de
drainage des sinus forment des foyers propices au développement de bactéries non
souhaitables (Pseudomonas aeruginosa, Staphylocoque…)
La présence de ces bactéries dans le nez, avec le risque fort de coloniser les voies aériennes inférieures,
est à traiter absolument par les lavages de nez et une administration d’antibiotiques.
Prévention
La meilleure et seule prévention efficace est la toilette des sinus. Dans les pays latins d’Europe, on se
nettoie les oreilles car socialement, c’est incorrect d’avoir du cérumen visible. Malheureusement, la
toilette nasale n’est pas dans les « standards ».
Il est primordial pour chacun, et d’autant plus pour les patients atteints de mucoviscidose, de réaliser
une toilette nasale complète avec au minimum 60 mL d’eau salée pour les adultes (entre 10 et 30 mL
pour les enfants) par narine, en faisant entrer le liquide dans une narine et sortir par l’autre par
écoulement passif sans pression en mettant la tête sur le côté, et non en arrière, afin que le liquide ait
un « effet vague » qui emmène, après hydratation, le mucus des sinus et toutes les impuretés et
bactéries qui s’y trouvent.
Divers dispositifs existent pour réaliser cette toilette. L’idéal est de la réaliser avec du sérum
physiologique (qui doit être prescrit en conditionnement de plus de 500 mL pour être remboursé) avec
un dispositif dont l’embout est adapté à la taille du nez. Des laboratoires commercialisent du sel de mer
à reconditionner dans de l’eau minérale et dont le pH est isotonique - c’est-à-dire le même que celui du
nez (7,4). Certains dispositifs sont vendus avec une cuillère-doseuse pour les sels afin d’avoir une
solution la plus proche possible du sérum physiologique. On peut chauffer le mélange (10 secondes au
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micro-ondes) afin de rendre le lavage plus agréable. Les « préparations-maison » sont déconseillées car
il n’est pas possible de vérifier si elles sont isotoniques.
De manière générale, pour le mélange, il faut éviter l’eau du robinet qui est potable, mais dans laquelle
des germes non surveillés pour la potabilité sont encore présents, et risquent de coloniser les sinus (par
ailleurs, l’ébullition qui stérilise l’eau du robinet est très contraignante). Attention aussi à bien nettoyer
et stériliser les dispositifs après chaque utilisation (par des pastilles de stérilisation à froid pour les
dispositifs qui ne peuvent pas être stérilisés à chaud).
Les traitements médicamenteux
Pour traiter l’obstruction nasale, il faut refuser tout traitement par vasoconstricteurs : ils sont
dangereux, atrophient la muqueuse nasale qui ne répond plus aux traitements, et induisent de
l’hypertension ainsi qu’une pharmaco-dépendance.
Les traitements par corticoïdes locaux peuvent être efficaces en sachant que leur effet n’est vraiment
perceptible qu’après 3 mois de traitement. L’application du spray (20 minutes après le lavage de nez,
pour ne pas diluer le médicament) doit se faire de manière croisée : main gauche pour narine droite et
inversement, afin de ne pas arroser la cloison nasale et fragiliser l’épithélium. Les corticoïdes locaux
peuvent faire diminuer le volume des cornets et la taille des polypes, mais la durée du traitement est
longue.
Le volume des cornets peut aussi, dans le cas d’une inefficacité des corticoïdes locaux, être réduit par
chirurgie.
Pour traiter la présence de bactéries comme le Pyocyanique ou le Staphylocoque, des cures
d’antibiotiques inhalés peuvent être mises en place. L’appareil qui nébulise le principe actif (avec un
embout nasal) doit être un appareil sonique pour que le médicament nébulisé en grosses particules
s’arrête dans les sinus (les appareils ultrasoniques ou pneumatiques utilisés pour envoyer les
antibiotiques dans les bronches ne sont pas adaptés : le produit ne s’arrête pas du tout dans le nez mais
part directement dans les bronches).
La chirurgie
La chirurgie peut être nécessaire en cas de polypose, quand les polypes obstruent la sortie des sinus et
les fosses nasales. Dans le cas de la mucoviscidose, la chirurgie est un traitement efficace. Lors de la
première intervention, le chirurgien retire les polypes et les cloisons osseuses pour ouvrir les sinus.
Cette opération améliore l’efficacité des traitements antibiotiques inhalés locaux, dont ils facilitent
l’accès. Les polypes peuvent récidiver, mais l’intervention qui suivra ne portera que sur la suppression
de ceux-ci, et peut être réalisée en ambulatoire. Même après chirurgie, la toilette du nez reste
indispensable.
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Conclusion
Tout le monde doit pratiquer la toilette nasale, seule prévention efficace des infections bactériennes du
nez et des sinus. Même en l’absence de symptômes apparents, une consultation régulière d’un
spécialiste ORL est fortement conseillée pour les patients atteints de mucoviscidose. Les pratiques des
médecins ORL doivent être adaptées et la chirurgie du nez expliquée.
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