La GéNéTIQUE

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Racine
La génétique
dans notre assiette
Par Elaine Bertrand, HD,ND(phy)
L’influence de l’être humain sur la qualité
des aliments qu’il consomme a débuté il y
a plusieurs siècles dans la plaine fertile de
la Mésopotamie. Les cultivateurs installés
dans la vallée de l’Euphrate avaient
l’habitude de conserver les semences
des meilleurs plants de céréale pour la
prochaine saison de culture. Puis en 1910,
le premier hybride expérimental de maïs
est mis au point par William James Beal,
professeur de botanique à l’Académie des
sciences du Michigan. La sélection des
semences et l’hybridation ont grandement
contribué à améliorer le monde végétal.
Mais il faudra attendre les années 70, soit en
1973, pour que la première manipulation
génétique soit réalisée.
La Commission de l’éthique de la science
et de la technologie du Québec définit
l’Organisme Génétiquement Modifié
comme étant « un organisme, une plante
ou un animal dont le patrimoine génétique
a été modifié par génie génétique pour
lui attribuer des caractéristiques qu’il
ne possède pas du tout ou qu’il possède
déjà, mais à un degré jugé insatisfaisant
à son état naturel, ou pour lui enlever ou
atténuer certaines caractéristiques jugées
indésirables »(2).
Cette transformation génétique est surtout
effectuée sur des espèces végétales,
depuis les céréales, en passant par les
légumes, jusqu’aux arbres. En tout, plus
de 60 espèces ont été transformées. Les
gènes introduits sont très divers mais
actuellement ce sont principalement des
caractéristiques d’intérêts agronomiques
qui sont le plus développées. Les
principales
plantes
génétiquement
modifiées, cultivées et approuvées
Cette découverte scientifique appelée
la transgénèse permet :
• le transfert des gènes du donneur qu’il soit d’espèces végétale, animale
ou microbienne, vers n’importe quel organisme receveur dans le but de lui
transmettre la ou les caractéristiques que représentent ce ou ces nouveaux
gènes(7).
• une intervention ciblée, tel que d’ajouter ou de supprimer un seul gène(7).
• une modification rapide d’exécution qui peut augmenter l’activité de gènes
désirables ou de diminuer l’activité de gènes indésirables (7).
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aujourd’hui, sont le canola, le maïs, le soja
et le coton. Dans les champs, ces OGM
sont plus tolérants à certains herbicides
et plus résistants à certains insectes. Ces
semences transgéniques promettent des
impacts positifs sur l’environnement
en réduisant l’usage de pesticides et
d’insecticides. Il pourrait donc y avoir
un avantage sur la santé humaine car il y
aurait moins de résidus de ces produits
autant dans l’air que l’on respire que sur
les aliments que l’on consomme.
Au Canada, l’étiquetage de ces produits est
volontaire. Santé Canada et la majorité de
la communauté scientifique estime que ces
aliments ne présentent aucun risque pour
la santé humaine. Par contre, une bonne
partie de la population québécoise craint les
OGM. Des sondages révèlent que :
– plus des deux tiers des Québécois
(68 %) se disent mal informés au sujet
des OGM(3);
– les trois quarts des Québécois (74 %)
veulent connaître les risques associés à
leur utilisation(4).
Les Québécois n’en démordent pas :
ils souhaitent que le gouvernement du
Québec légifère sur l’étiquetage obligatoire
des aliments contenant des organismes
génétiquement modifiés.
Les produits issus du soya, du maïs et du
canola transgénique sont employés dans
la production de plusieurs aliments. Cela
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s’explique par le fait que plusieurs produits issus du soya, du maïs
ou du canola, comme les farines sont employés dans la production
d’une foule d’aliments. Au moins 70 % des aliments préparés en
industrie peuvent contenir des OGM ou des ingrédients provenant
d’une plante transgénique. Les produits à surveiller : les plats
cuisinés, les sauces, les pains, les pâtisseries, les biscuits, les céréales
à déjeuner, les croustilles de maïs, les vinaigrettes, les petits pots de
bébé, le beurre d’arachide et les charcuteries(7). Tous les produits
à base de soya (boisson, farine, sauce, tofu) et de maïs (croustilles,
farine, gluten, semoule) sont susceptibles de contenir des OGM(6).
Le meilleur moyen d’éviter les aliments génétiquement modifiés
est de choisir des produits de culture biologique car même si ces
aliments peuvent contenir des traces d’OGM si la quantité dépasse
les seuils établis, la certification biologique est retirée.
Y a-t-il un aspect positif à cette découverte ? Les aliments
transgéniques pourraient-ils avoir le potentiel d’améliorer la santé
ou de prévenir certaines maladies ? Les scientifiques sont affirmatifs,
en voici quelques exemples;
•Le riz blanc est la principale source alimentaire dans de
nombreux pays en développement. Malheureusement, ce riz est
pauvre en vitamine A, en fer et en zinc et de nombreux habitants
de la planète souffrent de diverses carences. Enrichir ce riz de bétacarotène, lui insérer un gène qui lui permettrait d’extraire le fer dans
le sol avec plus d’efficacité et ensuite prouver que ce riz transgénique
est bien assimilé par l’organisme humain pourrait prévenir les
problèmes reliés à ces carences.
•Des arachides, du soya hypoallergènes. Les recherches en génie
génétiques essais de modifier la structure de la protéine allergène
ou encore d’empêcher le gène de produire la protéine allergène.
L’aboutissement de ces recherches offrirait une alimentation non
allergène aux personnes ayant des allergies alimentaires.
•Des vaccins comestibles, cette technique de production de vaccin
serait moins coûteuse. Un gène des microorganismes pathogène
serait inséré dans le génome de certaines plantes comestibles. Notre
organisme réagirait de la même façon qu’en recevant un vaccin par
injection en produisant les anticorps nécessaire pour combattre
certaines maladies.
L’expérimentation ne s’arrête pas là ! Les scientifiques cherchent à
créer; une pomme de terre riche en protéines et absorbant moins de
gras de friture, une viande faible en gras, du lait pauvre en lactose ou
encore une tomate enrichie en lycopène.
Présentement, ces aliments ne sont pas encore sortis des
laboratoires. Seront-ils boudés par les consommateurs ? Je vous
quitte sur cette réflexion de la diététiste-nutritionniste Louise
Lambert-Lagacé « Nous sommes en train de vivre une sorte de
science-fiction. On possède l’extraordinaire pouvoir de modifier
les aliments à la carte. La transgénèse est une technologie
franchement extraordinaire pour la communauté scientifique,
mais qu’apporte-t-elle aux consommateurs ? Plusieurs questions
demeurent sans réponse. Présentement rien ne permet d’affirmer
que les aliments génétiquement modifiés sont avantageux pour les
consommateurs. »(7)
Références
1. 1.www.ogm.gouv.qc.ca
2. Gouvernement du Québec (2003) « Pour une gestion éthique des OGM »,
avis de la Commission de l’éthique, de la sciences et de la technologie.
3. LÉGER LÉGER (2000). Sondage auprès des consommateurs quand à leurs
perceptions à l’égard des OGM (Omnibus), mai, p.10
4. LÉGER LÉGER (2001). Sondage auprès des consommateurs quand à leurs
perceptions à l’égard des OGM (Omnibus), mai, p.11
5 PRESSE CANADIENNE et LÉGER MARKETING (2001). Étude sur les
perceptions des Canadiens à l’égard des organismes Génétiquement
Modifiés, p.2
6. Yves Desjardins, agronome, professeur titulaire au Département de
phytologie de l’Université Laval (Québec)
7. www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.
aspx?doc=ogm_do
8. OGM brevets pour l’inconnu, Anne Briand-Bouthiaux, Éditions Faton
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