LES
COMPOSITEURS MESSINS 671
grandes villes. Nées d'abord de l'initiative privée, elles furent peu à peu prises
en charge par les municipalités et devinrent les Conservatoires actuels.
La première école qui ouvrit à Metz en 1810 était due à l'initiative de
M. Jean-Baptiste Thomast professeur de violon, et de sa femme, professeur de
piano. Le prospectus qui annonçait au public, l'ouverture de cette école, disait :
« M. et Mme Thomas ont l'honneur d'annoncer qu'ils viennent d'ouvrir une
Ecole d'enseignement mutuel pour la musique, à l'instar de celle de Paris et de
plusieurs autres grandes villes, pour l'un et l'autre sexe » et M. Thomas signait
« Correspondant de l'Ecole Royale (?) de musique ».
Cette école était installée rue de la Pierre-Hardie. M. et Mme Thomas
eurent deux fils : le plus jeune Ambroise, né en 1811, allait être au cours du
siècle un des plus célèbres musiciens français.
A 4 ans, le petit Ambroise, commença l'étude du solfège et du piano dans
l'école de ses parents. Très bien organisé et travailleur, il avança rapidement
dans ses études. II n'avait que 14 ans quand son père mourut, vers 1825; sa
mère alors abandonna l'école et partit à Paris avec ses enfants. Ambroise entra
au Conservatoire National pour compléter son instruction musicale si bien com-
mencée et, à vîngt-et-un ans, l'Institut lui décernait le Premier Prix de Rome.
Après le séjour réglementaire à la villa Médicis, Ambroise Thomas se consacra
exclusivement au théâtre et, depuis son premier opéra-comique « La double
échelle » joué en 1837, jusqu'à sa dernière œuvre le ballet « La Tempête » en
1889,
il a écrit pour l'opéra ou l'opéra-comique, 23 ouvrages lyriques, dont
plusieurs sont encore au répertoire de nos théâtres. La valeur de l'œuvre de
Thomas a été assez discutée de son vivant. Sa muse n'avait point la gaieté
primesautière de celle d'Auber, elle ne pouvait pas s'élever aussi haut que celle
de Gounod, mais à mi-côte, elle tenait, par sa sincérité et sa distinction, une
place très respectable. Peut-être Thomas, eut-il tort de ne pas persévérer dans
la voie de l'opéra-bouffe, dont il avait fourni un beau spécimen avec le « Caïd »,
il semble que son inspiration, qui n'avait pas toute la puissance nécessaire pour
se hausser sans un certain conventionalisme aux situations dramatiques, eût évo-
lué beaucoup plus aisément dans le genre léger.
On sait le succès prodigieux de son opéra-comique « Mignon », dû autant
au sujet qu'à la musique. Cette œuvre a fait le tour du monde et, par elle,
Thomas fut un des meilleurs ambassadeurs de la pensée française. Metz peut,
à juste titre, être fière d'avoir vu naître ce grand musicien.
Concurremment à l'école privée des Thomas, une école de chant avait été
fondée en 1815 par un Italien nommé Pavani. Elle n'eut pas un succès durable
et disparut quelques années plus tard.
Mais l'enseignement de la musique et du chant donné par ces deux établisse-
ments privés, avait contribué à la propagation du goût musical dans la société
messine.
C'est alors que Victor Desvignes, le fondateur du Conservatoire actuel
s'éta-