une des raisons qui peut expliquer que toutes les artères ne
vieillissent pas de la même façon, ni au même rythme, car
elles ne sont pas toutes exposées au même régime de
pression.
Modifications de structure
Les principales modifications macroscopiques au
cours du vieillissement consistent en une augmentation de
calibre des grosses artères élastiques et un épaississement
de leur paroi [12-14]. Les diamètres interne et externe
augmentent. Les artères élastiques subissent aussi une
augmentation de longueur entraînant un déroulement de
la crosse de l’aorte et une tortuosité artérielle. Au niveau
des petites artères musculaires, il existe une majoration
moindre du diamètre externe mais l’augmentation de
l’épaisseur pariétale y est importante, entraînant une dimi-
nution du diamètre interne.
Les modifications touchent toutes les tuniques des
artères [12-14]. Des études post mortem ont indiqué que
l’épaississement de la paroi intéresse avant tout l’intima,
même dans les populations avec une faible incidence
d’athérosclérose [18]. Des mesures non invasives au ni-
veau de la carotide ont indiqué que l’épaisseur intima-
média était multipliée par deux ou trois entre 20 et 90 ans.
Il existe cependant une très grande hétérogénéité d’un
individu à l’autre appartenant pourtant à une même tran-
che d’âge. Comme l’ont montré des études déjà anciennes
chez l’animal, l’épaississement intimal est lié à l’accumu-
lation de collagène, de cellules musculaires lisses, de
mononucléaires et de macrophages [19, 20]. Il a été
avancé que l’épaississement intimal pouvait constituer un
premier stade de la maladie athéromateuse. En effet, un
épaississement intimal exagéré à un âge donné coexiste
fréquemment avec une maladie coronaire silencieuse, qui
peut elle-même évoluer vers une maladie coronaire clini-
que.
L’aspect morphologique des cellules endothéliales est
peu changé. Selon Gerrity et Cliff [20], les cellules endo-
théliales qui sont, chez le jeune rat, de forme losangique et
allongées dans la direction du flux sanguin, sont, chez le
rat âgé, plus arrondies, de plus grand volume et renfer-
ment des inclusions lipidiques. Ces changements pour-
raient rendre le flux sanguin moins laminaire et favoriser
les dépôts lipidiques.
Dans la média, le vieillissement induit un épaississe-
ment de la couche musculaire lisse. Les cellules muscu-
laires lisses sont modifiées. Leur nombre n’est pas changé
mais il y a une hypertrophie cellulaire. Les cellules aug-
mentent leur capacité proliférative et sécrétoire [21]. La
matrice extracellulaire se transforme. Les fibres d’élastine
s’altèrent et se fragmentent sous l’effet d’une augmentation
de l’activité élastasique. La quantité de collagène aug-
mente, aboutissant à une diminution du rapport
élastine/collagène. Des calcifications apparaissent. Le
collagène subit des modifications, des ponts inter-brins
(cross-linking) s’établissent. La moindre sensibilité du col-
lagène ponté à l’action des collagénases compromet sa
dégradation et son renouvellement. La prédominance de
ce collagène ponté dans les parois vasculaires, avec la
calcification, sous-tend les phénomènes de fibrose et de
perte d’élasticité artérielle [17].
Les phénomènes de glycation jouent un rôle essentiel à
ce niveau [22]. Les produits finaux de glycation (AGEs
pour Advanced Glycation Endproducts) sont issus de
liaison entre un aldose tel que le glucose, le galactose ou
le fructose et la fonction amine libre (lysine, arginine)
d’une protéine ou lipoprotéine. Les AGEs s’accumulent
avec l’âge dans la paroi artérielle. Ils sont directement
responsables d’une désorganisation de l’assemblage des
protéines matricielles et du pontage des protéines, en
particulier du collagène. De plus, les AGEs empêche-
raient, par un phénomène de « quenching », l’action du
NO qui est considéré comme jouant un rôle de frein au
développement de l’athérosclérose. D’autre part, les AGEs
peuvent interagir avec des récepteurs membranaires dont
le mieux caractérisé est appelé RAGE. Au niveau de
l’endothélium vasculaire, l’interaction AGEs-RAGE
contribuerait à l’augmentation de la perméabilité endo-
théliale et de l’expression de la molécule d’adhérence
vasculaire VCAM-1, ce qui favorise l’adhérence à la paroi
vasculaire des monocytes macrophages contribuant au
développant des lésions d’athérome. La participation des
AGEs au phénomène de perte d’élasticité des tissus artériel
et cardiaque a été établie par plusieurs études chez l’ani-
mal [23] ou chez l’homme [24] montrant l’effet protecteur
de l’aminoguanidine, qui inhibe la synthèse des AGEs et
de ALT 711, agent pharmacologique pouvant rompre les
ponts interbrins.
Modifications de fonction
Le vieillissement fonctionnel résulte des modifications
de structure. De façon schématique, on peut retenir que la
diminution de la compliance artérielle entraîne une élé-
vation de la pression artérielle systolique, une augmenta-
tion de l’onde de pouls et une surcharge en pression du
ventricule gauche avec une augmentation des contraintes
pariétales, à l’origine d’un remodelage concentrique du
ventricule gauche, des anomalies de sa fonction diastoli-
que et d’une augmentation de taille de l’oreillette gauche
(figure 2).
Perte de compliance des artères élastiques
L’épaississement de la paroi s’accompagne d’une ré-
duction de la lumière vasculaire et d’une diminution de la
distensibilité et de la compliance artérielle. L’augmenta-
tion de la vitesse de pouls qui lui est associée peut être
mesurée chez l’homme ce qui permet d’évaluer de façon
non invasive la rigidité artérielle [25]. Une telle augmen-
tation avec l’âge de la rigidité artérielle a été observée
dans des populations développant peu d’athérosclérose
de sorte que ce phénomène est bien indépendant de la
mt cardio, vol. 1, n° 1, janvier-février 2005 59
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