La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2000 219
SÉRIE IRM
MAGNÉTISME ET MATIÈRE VIVANTE
L’imagerie par résonance magnétique protonique repose avant
tout sur les propriétés magnétiques de la matière. Pour com-
prendre l’origine des propriétés magnétiques de la matière,
observons une toupie. Au repos, la toupie est couchée sur le
côté. Si on lui applique un mouvement de rotation autour de
son axe, la toupie se maintient verticale, sous l’effet d’une
force parallèle à son axe de rotation. Cette force est le résultat
du moment cinétique (S) engendré par la rotation de la toupie.
Si la toupie possède une charge électrique, à la force dévelop-
pée s’ajoute une force d’aimantation engendrée par le moment
magnétique µ. Les deux forces sont représentées par des don-
nées vectorielles (voir figure 2).
Cette relation liant le magnétisme et le déplacement d’une
charge électrique avait déjà été découverte au siècle der-
nier par Œrsted et Faraday (figure 1).
Dans la matière vivante, le magnétisme provient des
atomes. L’atome est composé d’un noyau et d’électrons
qui gravitent selon des trajectoires définies. Le noyau est
composé de nucléons répartis en protons et en neutrons.
Les protons sont chargés positivement. Un nombre égal
de protons et d’électrons assure la neutralité électrique
de l’atome. Pour un noyau, quand le nombre de protons
est identique au nombre de neutrons, le moment magné-
tique résultant est nul. Les principaux constituants ato-
miques de la matière vivante sont le carbone, l’hydrogè-
ne, l’oxygène, l’azote et le soufre. Parmi ces atomes,
l’hydrogène est le constituant principal des tissus mous
constitué de 70 à 90 % d’eau. En fait, le noyau de l’ato-
me d’hydrogène est constitué uniquement par un proton
portant une charge positive.
Comme il tourne sur lui-même, il possède un moment ciné-
tique appelé spin S. Étant chargé positivement, il possède de
plus un moment magnétique µ(en fait lié au spin) que l’on
peut représenter comme un dipôle magnétique (assimilé à un
petit aimant avec un pôle positif et négatif) et animé d’un mou-
vement de rotation (figure 2).
Introduction à l’imagerie par résonance magnétique (1) :
magnétisme, résonance, excitation et relaxation
●B. Kastler1, 2 et C. Clair1, 2, D. Vetter3, B. Favreau4, A. Allal2, A. Pousse2, M. Parmentier2
1. Radiologie A, CHU de Besançon (B. Kastler)
2. Laboratoire d’image et d’ingénierie pour la santé (LIIS),
université de Franche-Comté, Besançon (B. Kastler).
3. Radiologie, CHU de Strasbourg (D. Vetter).
4. Université technique de Compiègne.
Figure 1. Réciprocité entre magnétisme et déplacement d’une charge
électrique : expérience d’Œrsted et de Faraday.
A. Le physicien Œrsted a mis en évidence, en 1820, qu’un courant élec-
trique produit un champ magnétique : si l’on place une boussole à proxi-
mité d’un fil où circule un courant électrique, celle-ci s’oriente à 90° par
rapport au fil conducteur (dans l’axe du champ magnétique induit par le
courant).
B. À l’inverse, un aimant peut servir à produire un courant électrique. Le
physicien français Michel Faraday l’a prouvé quelques années après, en
1831 : en introduisant un barreau aimanté dans une bobine conductrice.
C’est le principe de fonctionnement d’une dynamo.
A
B