dance importante entre l’âge de la mère biologique et
celui de la mère d’accueil pourrait donc entraîner, dans un
sens ou dans un autre, soit une amniocentèse injustifiée,
avec un risque inutile pour la grossesse, soit une absence
de proposition de diagnostic prénatal avec le risque de
voir naître un enfant atteint. Il est donc indispensable que
la femme qui reçoit un embryon connaisse l’âge de la
mère biologique pour en informer le médecin qui va
suivre sa grossesse. Si celle-ci ne veut pas dévoiler le fait
que cette grossesse a été obtenue par accueil d’embryons,
il est donc utile de respecter la meilleure concordance
possible entre les âges des deux femmes. En cas de discor-
dance, c’est bien sûr l’âge de la mère biologique qui devra
être pris en compte pour la surveillance de la grossesse. La
femme receveuse devra également être tenue informée du
risque potentiellement accru de complications gestation-
nelles ou obstétricales, comme une hypertension ou un
diabète gravidique, une pré-éclampsie, une prématurité,
un petit poids de naissance ou un accouchement par
césarienne, toutes complications qui se sont révélées fré-
quentes lors des grossesses après don d’ovocytes [13]. La
proposition, parfois formulée, de réserver les embryons
issus de femmes de plus de 38 ans à des receveuses
également âgées, de façon à simplifier le problème du
diagnostic prénatal systématique, n’est pas recevable car
elle aboutirait à une sorte d’accueil à deux vitesses et à une
perte de chances des couples d’accueil à qui seraient
proposés des embryons avec un risque génétique encore
plus élevé. Etant donné que l’âge maternel fait encore
partie des indications reconnues d’amniocentèse, et ce en
dépit de la mise en place du calcul de risque intégré, l’âge
des mères biologiques devrait donc être inférieur à 38 ans
de façon à ne pas être obligé de proposer un dépistage des
aneuploïdies fœtales par amniocentèse aux femmes rece-
veuses des couples d’accueil.
Une élévation de l’âge du père est également connue
pour être associée à une augmentation du risque de muta-
tions décelables directement dans la descendance, c’est-
à-dire de mutations dominantes, et à celui des remanie-
ments chromosomiques de structure. Suivant les
recommandations en cours pour le don de sperme [14],
où l’âge des donneurs est limité à 40 ans, une limite
identique devrait être prise en compte pour l’âge des pères
biologiques des embryons destinés à l’accueil.
Conclusion
Contrairement à la position prônée par certains consis-
tant à dire que tous les embryons surnuméraires devraient
avoir la possibilité de pouvoir se développer et de donner
éventuellement un enfant, la Commission de Génétique
de la Fédération Française des CECOS a estimé que des
embryons issus de FIV pouvaient présenter un risque
génétique accru lié notamment aux indications mêmes de
la FIV de départ. Cette information doit être donnée aux
couples demandeurs, y compris celle qui concerne le
risque non chiffrable d’infertilité future chez les sujets qui
naissent actuellement par accueil d’embryons. En effet, les
causes génétiques d’infertilité sont loin d’être toutes
connues et il est probable que certains embryons conçus
par FIV dans des couples présentant une infertilité idiopa-
thique sont en fait eux-mêmes porteurs d’une prédisposi-
tion génétique à développer une infertilité à l’âge adulte.
Les recommandations émises par la Commission tiennent
compte de ces risques génétiques possibles, mais restent
bien sûr sujettes à discussion et à modification en fonction
de l’avancée des connaissances et des techniques.
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mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie vol. 10, n° 1, janvier-février 2008 33
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