
3/. Situation conjoncturelle
Hong Kong jouit d’une situation macroéconomique encore enviable. Sortie rapidement de la crise après une récession en
2009 (-2,5%), Hong Kong a retrouvé un taux de croissance élevé dès 2010 (6,8%), supérieur à 3% jusqu’en 2012 et
désormais établie à un rythme plus lent (2,5% en 2014 et 2,4% en 2015), dans un contexte de quasi plein-emploi (3,4% de
chômeurs). Du fait de sa petite taille et de sa grande ouverture au commerce international, Hong Kong est néanmoins très
sensible aux fluctuations de la conjoncture internationale. Le solde de la balance des biens enregistre un déficit de 30 Mds
USD en 2014 compensé par un excédent de la balance des services de 30,3 Mds USD.
Hong Kong est le deuxième destinataire de flux d’IDE dans le monde en 2014, après la Chine continentale, à 111 Mds
USD. Inversement, Hong Kong est la 5ème source d’IDE mondiale, à 91,5 Mds USD (CNUCED, 2014). Ces données doivent
être interprétées avec prudence : plus de la moitié des investissements entrants et sortants à Hong Kong proviennent de ou
sont à destination de centres d'optimisation fiscale et 40% sont liés à la Chine continentale. Il est donc difficile d’identifier la
proportion des investissements véritablement destinée au / en provenance de Hong Kong. Toutefois, selon l’institut
statistique de Hong Kong, 7904 filiales d’entreprises étrangères étaient établies à Hong Kong (+13,8% sur 5 ans) en 2015,
dont 315 filiales d’entreprises françaises (+8,6% sur 5 ans).
4/. Politique économique
Le projet de budget 2016-2017 vise un excédent de 11,4 Mds HKD (1,3 Mds EUR), soit 0,5 point de PIB (soit la 13ème
année consécutive que le gouvernement hongkongais présente un budget en excédent). Le surplus cumulé atteindrait 870
Mds HKD (environ 102 Mds EUR) à la fin de l’année 2016-2017 (mars 2017), soit 21,4 mois de dépenses publiques, ou 36%
du PIB. La part des dépenses publiques dans le PIB est faible (de l’ordre de 20%). La dette publique de Hong Kong au sens
strict s’élève d’après le FMI à 0,1% du PIB. Toutefois, le gouvernement garantit des obligations émises par la HKMA afin de
bâtir une courbe des taux et développer le marché obligataire. L’encours de ces obligations était de 99,9 Mds HKD en janvier
2016 (environ 4 pts de PIB). Dans ce contexte, Hong Kong bénéficie d’une notation souveraine de qualité, en dépit de mise
sous surveillance négative récentes : AAA-Négative pour S&P, Aa1-Négative pour Moody’s et AA+-Stable pour Fitch.
L’inflation est contenue et s’est élevée à 3% en 2015. La politique monétaire réplique celle de la FED et se limite au strict
maintien de la parité avec le dollar US. La HKMA a donc entamé un resserrement monétaire suite à la décision de la FED en
décembre dernier. Hong Kong a en outre accumulé d’impressionnantes réserves en dollars au cours des dernières années
(358 Mds USD en décembre 2015, soit environ 122% du PIB ou 28 mois d’importations).
La dette externe de Hong Kong est de 422% du PIB en 2015, ce qui reflète le rôle de centre financier international
majeur de Hong Kong, composée aux deux tiers de dépôts de non-résidents, au premier rang desquels la Chine, le Japon,
Singapour et le Royaume-Uni. La liquidité des filiales hongkongaises de banques étrangères repose en particulier de manière
significative sur le financement interbancaire en provenance de l’étranger (pour plus de 50%).
5/. Perspectives et réformes structurelles
L’économie de Hong Kong, au-delà des risques liés à la taille du secteur financier, présente des prix immobiliers
extrêmement élevés, multipliés par 3 depuis 2003. Cette situation s’explique à la fois par des facteurs macroéconomiques
(environnement de taux faibles liés au QE, afflux de capitaux chinois), structurels (manque de foncier, peu de construction,
situation oligopolistique du secteur immobilier). Le coût de l’immobilier constitue l’un des éléments de cristallisation de la
crise politique récente (mouvement des parapluies, automne 2014). Hong Kong voit en effet pour la première fois émerger
une génération au sort moins favorable que la précédente, alors même que la situation relative des voisins chinois s’améliore
dans le même temps. Les inégalités demeurent fortes (coefficient de Gini à 0,42 après transferts – moyenne OCDE à 0,31).
Un tiers des plus de 65 ans vit en dessous du seuil de pauvreté faute de véritable système de retraite et Hong Kong fait face
au défi du vieillissement avec un taux de fécondité particulièrement bas et une des longévités les plus importantes au monde,
qui représente un enjeu de long terme pour les finances publiques. Autre faiblesse de l’économie de Hong Kong : la part de la
R&D dans le PIB s’élève à seulement 0,74%. Il n’existe pas ou peu de capital risque à Hong Kong, qui peine à renforcer le
contenu technologique de son économie. Les autorités ont cependant pris conscience de l’enjeu et l’environnement tend à cet
égard à se modifier, avec l’apparition d’un écosystème plus favorable. Un bureau de la technologie et de l’innovation a été
mis en place en décembre 2015 et le budget 2016-2017 comporte des mesures de soutien à l’innovation, dont le
gouvernement fait désormais une de ses priorités.
Hong Kong pourrait à l’avenir pâtir davantage de sa forte sensibilité à la conjoncture internationale, et plus
particulièrement à la conjoncture économique de la Chine Continentale. En outre, la RAS devra sans doute redéfinir
à l’avenir son positionnement vis-à-vis du reste de la Chine. La transformation du modèle de croissance chinois se traduit
déjà par un ralentissement de la croissance de Hong Kong, même si elle reste à un niveau enviable. Dans l’hypothèse d’un
« hard landing » de l’économie chinoise, les secteurs de la logistique et du tourisme pourraient être fortement affectés. Par
ailleurs, les récentes inquiétudes sur la croissance chinoise ont eu un fort impact sur le marché boursier hongkongais, l’indice
Hang Seng ayant perdu 33% de sa valeur depuis avril 2015, revenant à son niveau de juin 2012.
Cependant, dans un contexte marqué par l’échec de la réforme politique (printemps 2015) qui semble avoir ouvert
une période plus tendue dans les relations entre Hong Kong et Pékin, des réflexions sur l’avenir économique de Hong
Kong commencent à se structurer : avec l’émergence des nouvelles métropoles chinoises et à l’ouverture économique de la
Chine, notamment celle du compte financier chinois, qui pourrait remettre en cause à terme le positionnement même de sa
place financière, Hong Kong doit faire face à une concurrence accrue. Le gouvernement cherche à préserver les avantages
compétitifs de Hong Kong, tout en diversifiant son économie (investissements pour le tourisme et pour l’innovation,
orientation vers des services logistiques à haute valeur ajoutée, positionnement ambitieux comme facilitateur pour le projet
chinois des Nouvelles Routes de la Soie (initiative « One Belt, One Road » du gouvernement central chinois).