
iii
Résumé
Introduction : Plusieurs modèles accordent un rôle à la mémoire sémantique dans les
opérations qui sous-tendent la morphologie flexionnelle et la morphologie dérivationnelle.
Toutefois, plus d’études sont nécessaire pour comprendre la nature et la portée du rôle joué
par cette mémoire dans la morphologie.
Objectifs : Cette thèse a pour but de spécifier l’implication de la mémoire sémantique dans
les aspects structurels (combinaison des morphèmes, formation de mots morphologiquement
complexes), et conceptuels (traitement du sens contenu dans les morphèmes) de la
morphologie flexionnelle et dérivationnelle.
Méthode : L’implication de la mémoire sémantique a été examinée dans trois études
menées auprès de personnes atteintes de démence sémantique (DS) et de participants ne
présentant pas d’atteintes cognitives.
Résultats : Contrairement au groupe contrôle, les personnes atteintes de DS ont de la
difficulté à produire et à comprendre les informations sémantiques transmises par les
morphèmes flexionnels. Elles ont également tendance à préférer une alternative régularisée
à un verbe pseudo-régulier correctement fléchi. En morphologie dérivationnelle, les
personnes atteintes de DS ont plus de difficultés à produire des mots dérivés quand la
relation entre le mot de départ et le mot cible est moins transparente. Ces difficultés donnent
lieu à la production de pseudo-mots morphologiquement complexes. Les personnes atteintes
de DS ont une sensibilité normale à la compatibilité grammaticale des morphèmes, mais ont
des difficultés à comprendre le contenu sémantique transmis par les affixes dérivationnels,
ainsi qu’à traiter le changement de sens entraîné par ces affixes sur un mot de base. Enfin,
les capacités de mémoire sémantique, telles qu’évaluées par un ensemble de tests
standardisés, sont un prédicteur significatif de la performance dans les deux domaines de la
morphologie.
Conclusion : Le rôle de la mémoire sémantique dans la morphologie prend plusieurs
formes. Elle sous-tend la représentation du contenu sémantique transmis par les
morphèmes, ainsi que la représentation des mots présentant plus de propriétés
idiosyncratiques. Par conséquent, l’atteinte de la mémoire sémantique entraîne des
difficultés de morphologie variées. Ces résultats ont plusieurs implications pour les modèles
de la morphologie, et la prise en charge des troubles de mémoire sémantique.