Lemmens, M. (à par.). « Des constructions causatives sans objet : un complément à l’analyse récente de Goldberg », In C. Delmas (éd.) Actes du 43ème Colloque de la SAES (15p). Cet article vise à poursuivre et à approfondir notre travail de réflexion sur les verbes causatifs lexicaux en anglais (Lemmens 1998a). Il présente une réponse à deux articles récents de Goldberg (2001, à par.) sur les constructions transitives sans objet, comme par exemple She is trained to kill. Son analyse souligne, fort justement, la sémantique de cette construction, mais, comme nous le montrerons, elle est insuffisante dans son hypothèse sur la distribution de cette construction. Dans cet article, nous vérifierons nos hypothèses précédentes à l’aide de nouvelles données empiriques, tirées de deux sources : des données sur le web (concordances construites à l’aide de l’outil WebCorp) et le BNC. Notre analyse paradigmatique défend l’hypothèse que la grammaire causative en anglais est régie par deux modèles différents, à savoir le modèle ergatif et le modèle transitif, qui impliquent des possibilités constructionnelles différentes. Par exemple, les verbes ergatifs permettent l’alternance inchoative (John opened the door vs. The door opened.) alors que les verbes transitifs ne le permettent pas (John pushed the cart vs. *The cart pushed). Cependant, la sémantique du verbe dans des emplois spécifiques peut influencer ses possibilités paradigmatiques prototypiques, dont plusieurs exemples ont été fournis dans Lemmens (1998a). Notre analyse lexicoparadigmatique, centrée sur cette interaction complexe entre sémantique verbale et sémantique paradigmatique, réussit à améliorer l’analyse de Goldberg qui —incorrectement selon nous— fait recours à des facteurs exclusivement lexicaux pour expliquer des cas où la construction sans objet n’est pas acceptable (comme par exemple pour le verbe break). Nous faisons l’hypothèse que la construction sans objet focalise sur l’action elle-même en isolant l’action et l’acteur, un phénomène lié exclusivement au modèle transitif. Cette construction est impossible avec des verbes ergatifs (dont break), parce que ces derniers sont centrés sur le deuxième participant, qui ne peut que difficilement être supprimé. Cet article présente des analyses empiriques nouvelles pour certains verbes ergatifs, à savoir abort, suffocate et starve. Les données pour le verbe suffocate en particulier montrent la flexibilité paradigmatique que ce verbe peut acquérir selon l’usage. Sur un plan plus général, notre analyse renforce l’idée que, bien qu’il y ait des principes généraux, la sémantique syntaxique et la sémantique verbale interagissent de façon complexe. Bibliographie Goldberg. Adele E. 2001. “Patient Arguments of causative verbs can be omitted: the role of information structure in argument distribution,” Language Sciences 34/4-5. 503-524. ———. à par. “Constructions, Lexical Semantics and the Correspondence Principle: Accounting for Generalizations and Subregularities in the Realization of Arguments”. In Nomi Erteschik-Shir and Tova Rapoport (eds.). The Syntax of Aspect, Oxford: Oxford University Press. Mots de clé: transitivité, ergativité, verbes labiles, verbes pseudo-intransitifs © Maarten Lemmens, Févr. 2004