Situation économique et financière du Maroc Résumé En 2015 la croissance économique a été de 4,5% à la faveur d’une campagne agricole record. Pour 2016, la croissance serait limitée à 2%, faute de bonnes pluies. Depuis 2013, le Maroc réduit ses déficits budgétaire et extérieur grâce à la réduction des subventions aux carburants et au fuel industriel, ainsi qu’à la percée de nouveaux secteurs exportateurs, à savoir l’automobile et l’aéronautique. Pour généraliser ces succès, le Maroc, qui aspire au statut de pays émergent, poursuit les réformes au niveau de l’environnement des affaires et de la formation des ressources humaines. Ces réformes sont indispensables pour élever la productivité globale de l’économie marocaine et lutter contre le chômage des jeunes urbains. Le Maroc résorbe ses déficits macroéconomiques et diversifie son économie Malgré le recul de la croissance en 2016, le redressement des comptes devrait se poursuivre. En 2015, la croissance économique a été de 4,5%, grâce à une campagne céréalière record (115 millions de quintaux). Pour 2016, la croissance est prévue entre 1% et moins de 2%. Le recul de la valeur ajoutée agricole (-13,8%), faute de pluies suffisantes, serait compensé par la bonne tenue relative du secteur non agricole. Il reste que le Maroc réalise les deux-tiers de ses exportations avec l’Union européenne et la croissance dépendra donc du dynamisme de la conjoncture européenne. Le déficit budgétaire recule depuis trois ans pour s’établir à 4,4% du PIB en 2015 (le gouvernement table sur un déficit budgétaire à 3% pour 2017). La diminution du déficit budgétaire est due à la réforme des subventions publiques, facilitée par le recul des cours pétroliers. Le déficit courant a reculé à 2,3% du PIB en 2015, les échanges extérieurs poursuivant leur redressement. Le déficit commercial a affiché un taux de couverture de 58,4% (51,7% en 2014). Cette amélioration s’explique par la baisse des importations de 5,6% (baisse des cours du pétrole) conjuguée à la hausse en valeur des exportations de 6,6%, notamment due au dynamisme du secteur automobile devenu premier poste d’exportation. Même si la valeur ajoutée locale reste encore faible, le Maroc récolte ainsi les premiers fruits de sa diversification industrielle, portée par le programme « Emergence industrielle » puis le « Plan d’accélération industrielle 2014-2020 ». Ce plan vise : (1) le renforcement des positions du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales (automobile, aéronautique, offshoring, électronique, textile, agroalimentaire, chimieparachimie, pharmacie et métallurgie-mécanique-électromécanique), Juin 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU MAROC SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 1 (2) la création de 500 000 emplois (pour moitié provenant des IDE, pour l’autre du tissu industriel national rénové), (3) l'accroissement de la part industrielle dans le PIB de 9 points, pour atteindre 23%. En 2016, le solde du compte courant approcherait l’équilibre, sous l’effet de la réduction du déficit commercial, la bonne tenue des transferts financiers des Marocains résidant à l’étranger et du fléchissement contenu des recettes voyages. On notera par ailleurs la bonne tenue récurrente des investissements étrangers (+ 5,8% en 2015). Dans ces conditions, les réserves de change se consolideraient, fin 2016, à 7 mois et 21 jours d’importations. La dette du Trésor, essentiellement interne, atteint 63,8% en 2015. En 2012, face à la baisse significative des réserves de change, Le FMI avait octroyé au Maroc une Ligne de Précaution et de Liquidité, pour un montant de 6,2 Mds USD. Bien que non utilisée, cette ligne a été renouvelée en 2014 à hauteur de 5 Mds USD et le Maroc est actuellement en négociation pour un second renouvellement. Cette garantie apportée par le FMI a permis au Maroc de s’endetter à l’international à de bonnes conditions. La situation difficile de quelques grands groupes très endettés affecte le secteur financier Le taux de créances en souffrance du secteur bancaire augmente ces dernières années (7,2% fin décembre 2015, contre 6,9% fin 2014 et 5,9% fin 2013) et la croissance du crédit au secteur non financier est particulièrement faible (0,4% en 2015). A ce titre, l’immobilier est pointé du doigt avec les difficultés de groupes emblématiques. L’éclatement de la bulle immobilière n’est toujours pas purgé et, par ricochet, les PME du BTP seront encore affectées en 2016. De même, la mauvaise santé de grandes entreprises dans la sidérurgie et le raffinage pèsera également sur les résultats de certaines banques. Le secteur touristique résiste relativement bien compte-tenu de la morosité internationale, avec un recul limité des arrivées de touristes (- 0,9% en 2015), de même pour les recettes touristiques (-1,3%). Le gouvernement poursuit le cours des réformes Le FMI a achevé, début juin 2016, une mission au Maroc ayant notamment pour objectif d’établir un calendrier pour l’introduction progressive d’un régime de change plus flexible. La réforme des subventions publiques, aidée par la baisse du cours du pétrole, a abouti à la suppression des subventions à l’essence, au gasoil et au fuel industriel. Socialement plus sensibles, le gaz butane, la farine et le sucre restent pour le moment subventionnés. Juin 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU MAROC SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 2 La réforme de la TVA vers un barème à deux taux (10% et 20%) se poursuit. Les arriérés de remboursement de TVA due par l’Etat sont en cours de résorption, selon un calendrier pluriannuel. La fiscalisation du revenu des grandes exploitations agricoles a été introduite en 2014. La réforme paramétrique du régime de retraites des fonctionnaires est actuellement en discussion au Parlement, pour une mise en œuvre espérée à partir de 2017 (en attendant une réforme systémique prévue à moyen terme). L’insuffisante productivité de l’investissement se pose aujourd’hui avec acuité. Le taux d’investissement national, pourtant élevé (plus de 30% du PIB), n’engendre en effet pas suffisamment de croissance (il faut au Maroc 7 unités de capital supplémentaire pour gagner un point de croissance, contre 5, 2 unités en Turquie ou 2,9 en Corée du Sud), pointant les choix de politique publique en matière d’investissement et la contribution insuffisante du capital humain à la productivité globale. Fort de ce constat, le gouvernement accompagne récemment les stratégies de développement sectorielles par des stratégies transversales telles que la stratégie nationale de l’emploi (2015-2025) qui a pour ambition la création de 200.000 emplois ou celle dédiée à la formation professionnelle (2016-2021). L’enjeu est la décrue du chômage des jeunes urbains (38% des 15-24 ans et 21% des 25-34 ans), la baisse de l’informalité et la poursuite d’une meilleure répartition des richesses pour éviter les phénomènes de paupérisation urbaine. Le Maroc conduit actuellement une importante réforme territoriale (la régionalisation avancée), devant ouvrir aux régions de nouvelles compétences économiques. Modernisation de l’environnement des affaires et poursuite de l’ouverture économique, des conditions nécessaires pour les investisseurs Le climat des affaires progresse mais reste perfectible (75ème au classement Doing Business) notamment en termes de formation, de retards de paiements et d’exécution des décisions de justice. Des efforts en cours dans la gouvernance des PME sont la condition préalable au développement d’un financement équilibré de l’économie. Le territoire marocain est attractif pour les opérateurs et les investisseurs étrangers de par les nombreux accords de libre échanges signés (avec l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique, la Turquie, les pays africains…), le développement de zones franches et les ambitions de projection du royaume vers l’Afrique. 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