JANVIER 2016 - N° 321 - L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE 35
de médicaments. Son administration
peut s’accompagner de divers effets
indésirables dont la confusion mentale,
notamment chez le sujet âgé, ce qui
fait privilégier ce type de médicament
chez un patient plus jeune (moins de
70 ans), sauf intolérance ou insuffi-
sance de la réponse thérapeutique.
nLes médicaments utilisés
◗Anticholinergiques
Les médicaments anticholinergiques
(trihexyphénidyle: Artane, Parki-
nane; bipéridène: Akinéton) rédui-
sent l’hyperactivité cholinergique
elle-même induite par l’hypoactivité
dopaminergique. Ils sont efficaces
sur les seules formes trémulantes
(tremblantes) de la MP. Leur pres-
cription est devenue rare en raison
de leurs effets indésirables (consti-
pation, sécheresse buccale et ocu-
laire, rétention urinaire, troubles de
l’accommodation visuelle, troubles
de la mémoire, confusion mentale)
limitant leur emploi pendant une
longue durée et chez le patient âgé.
◗Dopathérapie
L’administration directe de dopamine
est impossible car elle ne traverse
pas la barrière hémato-encéphalique
et n’agit pas sur le cerveau. On admi-
nistre donc son précurseur biolo-
gique, la lévodopa, qui, lui, franchit
la barrière hémato-encéphalique.
➜Limites de la dopathérapie
➲La lévodopa se transforme partiel-
lement en dopamine dans le réseau
sanguin périphérique (extérieur à la
barrière hémato-encéphalique) sous
l’action d’enzymes présentes dans le
sang. Cette dopamine induit alors
des effets indésirables digestifs (nau-
sées, vomissements) par stimulation
des récepteurs dopaminergiques du
tube digestif et du centre bulbaire
du vomissement (ces effets sont
réduits par l’administration d’un anta-
goniste dopaminergique digestif, la
dompéridone, lire l’encadré p.39) et
des effets indésirables cardiovascu-
laires (à dose faible: hypotension
artérielle; à dose plus forte: hyper-
tension et/ou troubles du rythme).
➲Les variations brutales des taux
de dopamine dans le cerveau, ryth-
mées par les prises de médicament,
entraînent des fluctuations motrices
et des effets indésirables affectant
le psychisme, la fonction ventilatoire
ou l’hémodynamique sanguine.
➲La dopathérapie ne doit pas être
interrompue brutalement: un syn-
drome de sevrage analogue au syn-
drome malin des neuroleptiques
(fièvre élevée, malaise général, etc.)
peut survenir.
➜Optimisation de la dopathérapie
Des artifices sont mis en œuvre pour
remédier, au moins partiellement,
aux problèmes de la dopathérapie:
son association à des produits qui
limitent la transformation périphé-
rique de la lévodopa en dopamine
(inhibiteurs du métabolisme enzy-
matique de la lévodopa), ou des
modifications dans la présentation
galénique de la lévodopa.
- Association aux inhibiteurs
enzymatiques périphériques
La lévodopa est métabolisée en
dopamine par deux enzymes : la
dopa-décarboxylase et la catéchol-
O-méthyltransférase (COMT). L’inhi-
bition de ces enzymes par des médi-
caments a deux avantages:
qui signe l’épuisement des recours
pharmacologiques.
◗Retentissement clinique
mineur
Le recours à la dopathérapie est
retardé autant que possible: on pri-
vilégie en monothérapie la prescrip-
tion d’un agoniste dopaminergique,
d’un inhibiteur enzymatique actif
sur les monoamines oxydases, ou,
rarement, celle d’un anticholiner-
gique chez un patient jeune, gêné
par les tremblements.
◗Handicap moteur invalidant
On introduit progressivement un trai-
tement reposant sur la prescription:
➲
de lévodopa ou L-Dopa (avec un
inhibiteur périphérique toujours
associé dans le médicament)
. Rapi-
dement efficace à une posologie
moyenne comprise entre 150 et
450 mg/j, la lévodopa est privilégiée
chez les patients les plus âgés en
première intention en raison d’une
tolérance satisfaisante;
➲
d’un agoniste dopaminergique.
Prescrit à dose progressive sur deux
à trois mois, ce produit qui imite l’ac-
tion de la dopamine a une efficacité
moindre que celle de la lévodopa,
mais il permet de retarder le passage
à la dopathérapie et donc l’apparition
des fluctuations motrices. En asso-
ciation avec la L-Dopa, il permet une
augmentation plus lente des doses nnn
La maladie de Parkinson
Un tremblement est-il forcément imputable à une maladie
de Parkinson?
Non. Il peut s’agir d’un tremblement dit “essentiel”. Le seul signe
alors observé est un tremblement omniprésent, qui ne disparaît pas dans
l’exécution volontaire d’un mouvement (tandis que le tremblement
de la MP, de repos, diminue en cas de mouvement), progresse
lentement mais n’entraîne que rarement un handicap. Cette pathologie
du mouvement, souvent familiale, est bien plus fréquente que la MP et
affecte au moins 300000 personnes en France. Elle est même la cause
la plus courante de tremblements. Elle augmente progressivement avec
l’âge et atteint jusqu’à 14% des sujets de plus de 65 ans.
Source: Association des personnes concernées par le tremblement, 2015 (www.aptes.org).
Question de patient
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