Le premier Mémoire écrit contre la validité du juge-
ment de Pierre Cauchon (1) est de Bouillé, ce dernier
paraît ensuite assez souvent, comme témoin, dans le
Procès de Réhabilitation qu'il suivit avec autant d'assiduité
que le lui permirent ses nombreuses occupations et la
discorde de l'Université et des Ordres mendiants, pendant
laquelle il eut à plaider souvent au Parlement de Paris. En
1464, il renonça à ses bénéfices. En 1473, on le trouve men-
tionné dans l'Ordonnance de Louis XI contre les Nomina-
listes. Enfin, il mourut en 1476, ayant prescrit à ses exécu-
teurs testamentaires de l'inhumer, sans aucune pompe, et
sans monument, au pied du grand crucifix de pierre de la
cathédrale de Noyon, près du Portail des Sybïlles.
Les Annales de l'Eglise de Noyon, par Le Vasseur,
ouvrage imprimé en 1633, fournissent sur Guillaume
Bouillé, les renseignements ci-après, qui concordent avec
ceux donnés par Quicherat : « Maistre Guillaume Bouillé,
docteur et professeur en Théologie, succéda à Jean de
Riparia, au Chapitre de Noyon, par élection au décanat,
auquel il fut élu, via spiritus sancti, le 13 janvier 1446 et
installé, la veille de Pâques de la même année.
G. Bouillé ayant été reçu en Régale le 29 Novembre
1445, à la Chapelle de Saint Cuthbert, aux Mathurins de
(1) Pierre Cauchon, docteur en Théologie, conseiller du roi d'An-
gleterre, évêque de Beauvais, puis chassé de cette ville en 1429, par
les habitants. Né à Reims d'une famille bourgeoise anoblie ; Georges
Chastellain l'appelle « ung grand et solennel clerc ». Depuis qu'il
s'était retiré à Rouen, ce prélat était l'âme damnée des princes de
Lancastre, qui exploitaient à leur profit son ambition démesurée, en
lui faisant espérer l'archevêché de Rouen, alors vacant. Mais Cau-
chon n'arriva jamais au siège qu'il convoitait, car il fut nommé, en
1432, évêque de Lisieux ; c'est là qu'il mourut subitement, en 1442,
entre les mains de son barbier. Cet homme avait été le mauvais
génie du Procès de condamnation où souvent il s'oubliait, au point
d'insulter et de menacer les témoins qui déposaient en faveur de
l'accusée. On sait que son ami, Thomas de Courcelles, chanoine
d'Amiens, ayant proposé de faire mettre Jeanne à la torture, ne fut
suivi heureusement que par trois juges : Aubert, Morel et l'infâme
Loyseleur.
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