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1. L'écart tendanciel de croissance avec la
zone euro reflète un dynamisme de la
consommation des ménages et de l'inves-
tissement en construction.
Depuis huit ans, l'économie espagnole croît à un
rythme supérieur à celui de la zone euro (graphique 1)
: l'écart de croissance, mesuré en glissement annuel,
oscille depuis le printemps 1997 entre 1% et 2%. Cette
situation a perduré au premier semestre de 2003, puis-
que le Pib espagnol a enregistré une progression de
2,5% en rythme annualisé alors que dans la zone euro
l'activité s'est légèrement contractée. L'Italie et l'Alle-
magne sont entrées en récession au 1er semestre 2003,
et la France après un rebond de son pib au 1er trimes-
tre a vu une nouvelle contraction de son activité au
printemps 2003.
Graphique 1 : la croissance espagnole reste
supérieure à celle de la zone euro.
Source Eurostat
Une analyse en termes de demande montre que le dif-
férentiel de croissance avec la zone euro constaté au
cours des huit dernières années recouvre un fort dyna-
misme de la consommation des ménages et l'investis-
sement en construction (Graphique 2). De fait, le
poids de la valeur ajoutée en construction dans le PIB
est aujourd'hui très élevé en Espagne, de l'ordre de
8%, contre par exemple 5% en Allemagne. Ce dyna-
misme du secteur de la construction a perduré cette
année, puisque après avoir fléchi au 1er trimestre à
+0,3%, l'investissement en construction a fortement
rebondi au printemps 2003 à +1,2%, contribuant
alors pour 0,2 de point à l'accroissement du PIB au
printemps 2003.
Le dynamisme de la consommation des ménages con-
tribue aussi fortement à ce différentiel de croissance.
D'ailleurs, depuis le début de l'année, la consomma-
tion des ménages a fortement rebondi, progressant
chaque trimestre à un rythme annualisé de 4%. Ce
rebond de la consommation, soutenue par de fortes
créations d'emplois et par la réduction d'impôts (0,4
point de pib en 2003) a contribué pour plus d'un
demi-point à l'accroissement du pib au premier
semestre 2003.
Graphique 2 : la consommation et l'investisse-
ment en construction contribuent majoritaire-
ment à l'écart de croissance avec la zone euro.
Source eurostat, calculs DP
Pour le reste, sur la période récente, l'Espagne a connu
un scénario voisin de celui de ses principaux partenai-
res européens. La demande des entreprises a reculé, et
dans un climat conjoncturel empreint d'incertitudes,
les industriels espagnols ont réduit leurs dépenses en
biens d'équipement. Le taux d'investissement produc-
tif (FBCF en biens d'équipement professionnel en
volume rapporté au PIB en volume) s'est replié d'un
point depuis le retournement du cycle de la conjonc-
ture internationale et a retrouvé un niveau comparable
à celui atteint au milieu des années 90.
2. La demande a été stimulée par l'assou-
plissement des conditions monétaires lié à
l'entrée dans l'UEM
La consommation des ménages et l'investissement en
construction ont été stimulés par la disparition des pri-
mes de risque exigées jusqu'en 1996 par les investis-
seurs. Dès que l'entrée dans l'UEM s'est faite plus
probable, l'Espagne a en effet bénéficié de la conver-
gence des taux d'intérêt nominaux avec les pays du
cœur du SME et l'effet sur l'écart de croissance a été
quasi immédiat (cf. graphique 3). Les conditions
monétaires et financières sont devenues d'autant plus
favorables à l’Espagne que l'inflation demeure plus
élevée dans ce pays que dans l'ensemble de la zone
euro. Ainsi les taux d'intérêt réels à 10 ans sont à l'été
2003 tombés à moins de 150 points de base, soit un
taux deux fois inférieur à celui enregistré en Allema-
gne.
– 3%
– 2%
– 1%
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
T1-92 T1-94 T1-96 T1-98 T1-00 T1-02
Espagne Zone euro
– 4,0%
– 3,0%
– 2,0%
– 1,0%
0,0%
1,0%
2,0%
3,0%
4,0%
T1-92 T1-93 T1-94 T1-95 T1-96 T1-99 T1-00 T1-01 T1-02 T1-03
fbcf hors construction fbcf construction exportations nettes
consommation privée Ecart de Croissance