Dossier Alimentation des chevres Angora

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Dossier Alimentation
Des chèvres Angora
Avant propos
La diversité des aliments distribués dans les différents élevages est tellement grande qu'il nous est
apparu délicat de baser ce dossier sur des séries de rations types, sans prendre le risque de ne pas
être adapté à la situation de chacun.
C'est pour cette raison que nous avons choisi de mettre en évidence les besoins de la chèvre Angora
selon ses stades physiologiques et de les quantifier à partir de références établies.
L'objectif de ce dossier est donc de donner des valeurs à l'éleveur qui lui permettront d'établir des
rations adaptées aux besoins de chaque période de l'année.
L'accent a été mis sur certains stades physiologiques demandant une attention particulière et dont va
dépendre la réussite de l'élevage.
Mais aux besoins physiologiques s'ajoutent des besoins spécifiques liés essentiellement à la conduite
d'élevage pratiquée sur l'exploitation (± déplacement) et dont il va falloir tenir compte pour obtenir
de bons résultats en matière d'élevage.
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ANECA - Dossier Alimentation - Avril 1996
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I - INTRODUCTION
Notions de base :
La chèvre Angora est exploitée essentiellement pour la production de mohair.
Le mohair, fibre kératine, résulte de la conversion de l'aliment en fibres. La fibre est principalement
constituée de protéines et va nécessiter des besoins spécifiques pour la pousse du poil.
Mais la chèvre Angora c'est d'abord un organisme vivant, un ruminant, qui a des besoins de base et
des besoins spécifiques selon chaque stade physiologique de sa vie (cf tableau 1).
Tableau 1
Besoins
Entretien
Déplacement
Production
de mohair
Croissance
Gestation
Jeunes (<18 mois)
3 à 30 kg
*
*
*
*
(*)
Femelles gravides
30-40 kg
*
*
*
Femelles lactation
35-40 kg
*
*
*
Boucs
Adultes 60 kg
*
*
*
Boucs castrés
50 kg
*
*
*
Stades
Lactation
Reproduction
*
*
*
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Femelles à l'entretien 35-40 kg et
début gestation
*
*
*
L'alimentation doit permettre de satisfaire l'ensemble des besoins présentés ci-dessus.
Précisons que ces besoins seront plus importants pour des animaux au pâturage parcourant plusieurs
kilomètres dans une journée (= besoins liés à la marche) que pour des animaux maintenus en
bergerie.
Mais l'alimentation doit aussi permettre d'obtenir une production optimale de mohair tout en
préservant la qualité et en particulier la finesse de la fibre. Or ces 2 paramètres sont antagonistes. En
effet, quand on améliore un paramètre, le deuxième est détérioré. Plus on augmente la quantité
d'aliments, plus on augmente la grosseur de la fibre et la quantité produite. Une alimentation plus
limitée, produira un mohair fin, mais en plus faible quantité.
C'est pourquoi il faut trouver une alimentation capable de satisfaire les besoins tout en tenant compte
de la contrainte quantité-qualité.
Comme tout animal , les chèvres Angora ont des besoins en énergie, en azote et minéraux, adaptés à
chaque stade physiologique.
Nous allons nous intéresser uniquement aux besoins en énergie et en azote.
A ce jour, peu de données précises existent concernant les besoins des chèvres Angora et son liées
souvent à des conditions d'environnement différentes de celles que nous connaissons.
Toutefois, quelques expériences ont été faites et en nous aidant des résultats obtenus chez les
chèvres laitières et les ovins, nous avons pu établir des fourchettes de grandeur.
1. Rappels des mécanismes de la digestion
La chèvre Angora est un ruminant, et comme tout ruminant, elle est pourvue de plusieurs estomacs.
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L'assimilation des aliments se situe au niveau de l'intestin. La plupart des aliments nécessitent pour
être utilisés dans l'intestin d'une dégradation préalable dans la panse (= rumen) suivie d'une
resynthétisation, alors que quelques uns transitent sans dégradation par la panse pour une assimilation
directe dans l'intestin (cf schéma).
Principe de dégradation des matières azotées
Au cours de la digestion, les différentes composantes des aliments ingérés vont avoir des destinations
différentes.
* les protéines (= source d'azote) subissent 2 destinations différentes :
- Une partie passe dans le rumen, le bonnet et le feuillet sans être transformée. Elle commence à être
dégradée dans la caillette (= polypeptides), puis dans l'intestin grêle (= acides aminés). Les protéines
libèrent les acides aminés qui les composent ; ces acides vont être absorbés au travers de la paroi
intestinale et acheminés vers les cellules des différents tissus.
On les appelle les "protéines digestibles dans l'intestin, d'origine alimentaire" = P.D.I.A.
- L'autre partie est entièrement dégradée dans le rumen. C'est le principe même de la rumination. Le
produit obtenu de la dégradation est l'ammoniac (NH3). Il va être utilisé par les micro organismes
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présents dans le rumen pour leur propre synthèse des protéines. Ils vont donc constituer des
matières azotées microbiennes (M.A.M.). Ces M.A.M. vont être en partie dégradées dans la
caillette puis dans l'intestin grêle. Les acides aminés libérés vont être assimilés au travers de la paroi
intestinale ...
On les appelle les "protéines digestibles dans l'intestin, d'origine microbienne" = P.D.I.M.
* L'azote non protidique
Il est dégradé dans le rumen en ammoniac (NH3) qui va être utilisé par les micro organismes pour
leur propre synthèse de protéines ... C'est toujours le principe de la rumination. Il s'agit aussi de
P.D.I.M.
* Les glucides
source d'énergie après avoir été transformés en acides gras volatils (AGV) dans la panse, vont servir
:
- au métabolisme énergétique des différents tissus,
- de carburant aux micro organismes grâce auxquels ils vont pouvoir transformer l'ammoniac en
protéines.
De ce fait, la quantité de M.A.M. est conditionnée par les quantités d'énergie (E) et d'ammoniac
(NH3) :
- si E < NH3 => M.A.M. fonction de E
E = facteur limitant
il y a dans ce cas là un excès d'ammoniac. On parle alors de P.D.I.M.E. = protéines digestibles dans
l'intestin d'origine microbienne permises par l'énergie.
- si E > NH3 => M.A.M. fonction de N
N = Azote = facteur limitant
il y a excès d'énergie. On parle alors de P.D.I.M.N.
En résumé :
Pour les ruminants, les besoins des animaux ainsi que les valeurs des aliments sont exprimés en terme
de : "Protéines digestibles dans l'intestin" = P.D.I. (= quantité d'acides aminés absorbée dans
l'intestin).
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Donc on a :
P.D.I.M.N. = P.D.I.N.
P.D.I.A. + P.D.I.M.
= P.D.I.
P.D.I.M.E. = P.D.I.E.
On détermine les P.D.I. en fonction du facteur limitant.
Exemple :
1°) Cas d'un aliment distribué seul : la luzerne
La luzerne est riche en azote et pauvre en énergie. Le facteur limitant est donc l'énergie = E.
partie perdue = azote gaspillé
P.D.I.M.N.
P.D.I.M.E.
=> P.D.I. effectif = P.D.I.A. + P.D.I.M.E.
P.D.I.A.
P.D.I.A.
Azote contenu
Energie contenue
dans 1 kg de
dans 1 kg de
luzerne
luzerne
2°) Cas d'un aliment distribué seul = l'orge
L'orge est riche en énergie. N = facteur limitant
Partie perdue
= énergie gaspillée
P.D.I.M.N.
P.D.I.M.E.
P.D.I.A.
P.D.I.A.
=> P.D.I. effectif = P.D.I.A. + P.D.I.M.N.
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Azote contenu
dans de l'orge
Energie contenue
dans de l'orge
C'est pour cette raison qu'il faut penser à compenser pour éviter le gaspillage.
Dans la pratique, le but est d'équilibrer tous les aliments pour assurer l'ensemble des
besoins. Cet équilibre s'obtient par l'apport d'aliments complémentaires (= ration
diversifiée).
a) les besoins en énergie :
L'énergie est nécessaire :
1. au métabolisme énergétique des tissus, des muscles et des cellules
2. à la synthèse de matières azotées microbiennes.
1. Métabolisme énergétique :
Une partie de l'énergie apportée par un aliment se perd au cours de la digestion des glucides.
De l'énergie brute (E.B. = total des calories dans l'alimentation), ne sera à la disposition des cellules
que l'énergie métabolisable (E.M.)
=> le rendement de la digestion = E.M. / E.B. de 40 à 70 %
L'énergie nette (E.N.) obtenue à partir de l'E.M., va servir aux besoins d'entretien et aux besoins de
production.
=> le rendement du métabolisme = E.N. / E.M. < 100 %
selon le type d'aliments et la fonction pour laquelle l'énergie est utilisée, ce pourcentage varie de 80
% à 33 % (=> le rendement est ± bon selon les besoins).
FONCTIONS
Entretien
Croissance selon le poids :
9 - 13,5 kg
13,5 - 27 kg
27 - 45 kg
> 45 kg
EFFICACITE DE L'UTILISATION DE L'E.M. (%) = E.N.
/ E.M.
80 %
65 %
55 %
45 %
40 %
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Gestation
Lactation
Déplacements
Production de fibres
40 %
70 %
40 %
33 %
Le rendement énergétique pour la production de fibres est très faible, il faudra donc en tenir compte
dans les apports.
2. Production de matières azotées microbiennes :
Pour la production de M.A.M., l'énergie joue un rôle important sur la valeur des P.D.I. d'une ration
(cf principes de digestion).
Sachant que la fibre est essentiellement formée de protéines, la valeur énergétique de la ration est
fondamentale pour obtenir une bonne production. En cas d'énergie insuffisante, la part des P.D.I. de
la ration sera réduite au facteur limitant.
b) Les besoins en Azote :
La formation des tissus des ruminants nécessite des besoins en acides aminés. On a vue que ces
acides aminés sont absorbés dans l'intestin grêle :
directement = protéines alimentaires
indirectement = protéines issues de la dégradation microbienne
Ils doivent, pour être utilisés dans les meilleures conditions, être apportés en proportions aussi
voisines que possible des besoins de l'ensemble des tissus (besoins difficiles à estimer).
Les protéines peuvent augmenter la production de fibres.
Malgré la production d'acides aminés par les micro organismes du rumen (= P.D.I.M.), la quantité
produite reste limitée. Il est donc important d'apporter des protéines directement assimilables dans
l'intestin grêle (= P.D.I.A.).
II - LES BESOINS DE LA CHEVRE ANGORA
La chèvre Angora a des besoins en énergie et en azote qui vont différer selon chaque stade
physiologique de sa vie.
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1. Les besoins d'entretien
Dans la situation d'entretien, les dépenses de l'animal correspondent au maintien des processus vitaux
: respiration - circulation - sécrétions internes - tonus musculaire - activité physique minimum ingestion/digestion de la ration - renouvellement des cellules ...
L'organisme de l'animal est l'objet d'un perpétuel renouvellement (protéines/minéraux ...) dont la
vitesse varie avec le tissus et l'organe considéré, et avec l'âge.
Ce renouvellement continu, entraîne des pertes d'azote et des dépenses en énergie qu'il faut
compenser en permanence.
A ce jour, aucune donnée spécifique n'existe concernant les besoins des Angora. Toutefois, en se
basant sur les données établies pour les ovins, on peut estimer correctement les besoins d'entretien
des Angora, sachant que les métabolismes sont proches.
a) Les besoins en énergie :
Les besoins en énergie sont évalués de la façon suivante :
Poids de l'animal (kg)
Energie : UF/j
(en bergerie = hors sol)
Energie : UF/j
au pâturage : de 0 à 10
km/jour(= en extensif)
10
20
30
40
50
60
0,18
0,31
0,42
0,52
0,62
0,72
0,18 < UF < 0,37
0,31 < UF < 0,62
0,42 < UF < 0,84
0,52 < Uf < 1,04
0,62 < UF < 1,24
0,72 < UF < 1,44
NB : Les dépenses d'entretien sont exprimées en kg de poids métabolique (poids vif à la puissance P
0.75
).
Les besoins sont alors de :
0,033 UF x P 0.75
pour une chèvre en bergerie
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0,033 UF x P 0.75
< besoin < 0,066 UF x P 0.75
pour une chèvre au pâturage, car
les besoins supplémentaires sont liés au déplacement, à la lutte contre les agressions extérieures
(froid - pluie).
Les dépenses d'entretien sont fondamentales chez la chèvre Angora. Il est indispensable de bien
satisfaire les besoins en énergie selon le type de conduite d'élevage (± déplacements) qui est pratiqué
sur l'exploitation.
Une chèvre consomme une à deux fois plus d'énergie au pâturage qu'en bergerie (fonction du
déplacement fait par jour). Cette dépense est d'autant plus importante chez les chèvres car sont des
animaux qui jouent et gambadent au cours de leur déplacement (chose que ne fait ni une vache, ni
une brebis).
Il est donc important de bien apporter les quantités nécessaires en énergie surtout si les animaux
parcourent de longues distances.
Les besoins en énergie dépendent aussi du climat, et la lutte contre le froid, associée à une
alimentation faible, peuvent occasionner des problèmes de régulation thermique.
La dépense énergétique d'entretien s'accroît sensiblement lorsque la température de la bergerie est
inférieure à 10-12 °C.
b) Les besoins en azote :
Dans la situation d'entretien, l'organisme subit des pertes inévitables d'azote : dans l'urine, les fèces, à
travers la peau.
Les évaluations des besoins en azote sont les suivantes :
Poids de l'animal (kg)
g P.D.I. /jour
10
20
30
40
50
60
15 g
25 g
33 g
41 g
49 g
56 g
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formule 2,60 g de P.D.I. x P 0.75
2. Les besoins de croissance :
D'après le tableau établit concernant les apports alimentaires recommandés pour la chevrette
d'élevage, on peut évaluer les besoins du chevreau/chevrette Angora pour sa croissance à :
Apports recommandés
Age
Poids (kg)
UF/j
PDI/j (g)
1er mois
2ème mois
3ème mois
4ème mois
5ème mois
6ème mois
7ème mois
7
10,5
14
16,5
18,5
20,5
21
0,44
0,50
0,57
0,60
0,64
0,66
0,67
75
75
73
70
65
60
59
Pour les besoins d'entretien et de croissance des jeunes, il est possible de se référer aux rations
envisagées dans le tableau ci-dessous (données du dossier "conduite des jeunes Angora".
Age en semaine
Lait par jour
1ère semaine
Colostrum + lait
maternel (ou lait artificiel)
2ème --> 6ème
lait à volonté
7ème --> sevrage
lait à volonté
autres apports
. bon foin à volonté
. aliment starter :
granulés riches en MAT (18 %)
135 g PDI/kg avec 0,9 à 1 UF/kg
de MS. Distribution à volonté
. bon foin à volonté
. aliment croissance :
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granulés avec 16 % de MAT avec
0,9 UF/kg MS(120 g PDI)
Distribution à volonté
Après sevrage
idem
Eau et sel (= pierre à lécher) à volonté quel que soit le cas.
Il semblerait souhaitable de distribuer aux chevreaux un concentré contenant un taux élevé de
protéines (18 % pour l'aliment starter - 16 % pour l'aliment croissance). Des rations intensives
permettent une augmentation du poids du corps et de la toison et par la même, une diminution de la
sensibilité aux parasitismes et une diminution de la mortalité postnatale.
3. Les besoins de gestation :
La croissance du foetus est très lente au cours des 3 premiers mois de la gestation, au point que l'on
peut la négliger dans l'estimation du besoin nutritionnel de la mère. Elle s'effectue essentiellement
(pour 85 % environ) au cours des 2 derniers mois. La croissance journalière du foetus s'accélère et
serait maximale pendant les 3 dernières semaines de gestation.
Les besoins supplémentaires en énergie et en Azote sont chez la chèvre laitière les suivants :
Hypothèse la plus élevée : cas de doubles
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Mois de gestation
UF/j
g PDI/j
4ème mois et 1ère moitié du
5ème mois
0,20
20
15 derniers jours
0,30
35
Les besoins pour la chèvre Angora sont sûrement inférieurs.
Chez la chèvre Angora, la fin de gestation est particulièrement critique et il faudra prendre soin de
l'alimentation afin d'éviter les avortements de type alimentaire.
Un apport de 300 g de concentré en fin de gestation accroît le poids du foetus de façon significative.
Cet apport permet d'éviter les avortements qui sont fréquents entre le 4ème et 5ème mois (une
mauvaise alimentation provoque un chute du glucose dans le sang qui déclenche une activité
hormonale ayant pour effet l'expulsion du foetus). Cet apport de fin de gestation permet d'augmenter
le poids du chevreau à la naissance et donc le taux de survie (cf tableau ci-après).
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4. Les besoins de lactation :
La chèvre Angora n'est pas une grosse laitière. A ce jour, on ne connaît pas exactement ni les
quantités de lait, ni le taux de matière grasse produit par la chèvre Angora.
Toutefois, certains auteurs ont essayé d'estimer les besoins de lactation des chèvres Angora en
énergie et azote, selon le poids :
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- pour produire 1 litre de lait, la chèvre a besoin de :
0,40 UF/j et 47 g de PDI/j
5. Les besoins de productions de mohair :
Quelles que soient les conditions du corps, la chèvre Angora produit en permanence des fibres,
même en cas de sous nutrition. La croissance de la fibre semble prioritaire.
a) Les besoins en énergie :
La fibre est principalement formée de protéines. L'énergie va donc avoir une influence considérable
sur la fibre.
Sachant que l'efficacité de l'énergie métabolisable dans la production de fibres est autour de 33 %, il
faut apporter :
0,01 UFL/j et par kg de poil produit/an
b) Les besoins en Azote :
Les besoins en azote pour la production de poils sont estimés à 3 g de PDI/j/kg de mohair produit
par an.
exemple :
Poids de mohair par an
UF/j
g PDI/j
2 kg
3 kg
4 kg
5 kg
0,02
0,03
0,04
0,05
6g
9g
12 g
15 g
6. En résumé : Passage entre besoins théoriques et pratique d'élevage
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Les 3 types de besoins les plus importants et qu'il faut absolument satisfaire sont :
- les besoins d'entretien - besoins d'autant plus importants selon le déplacement
journalier
- les besoins de croissance
- les besoins de fin de gestation et lactation.
Exemple concret :
Stade Physiologique
Besoin en énergie UF/j
entretien
Mâle castré adulte
(50 (selon dépla
kg) produisant 5 kg de cement) 0,62
mohair/an
à 1,24
production
Entret. Lact
Femelles en lactation (40
2l
kg) produisant 5 kg de 0,52 à
mohair/an
1,04
0,8
Product.
0,05
0,05
Total en UF
Entretien
(selon dépla
cement) 49
0,25 à
0,5
0,58
0,03
15
Entret. Lact
2l
1,37 à 1,89
41
Entret
0,86 à 1,11
20
94
Total en g
production
0,67 à 1,29
Entret. Crois. Product.
Jeune de 15 kg
produisant 3 kg de
mohair/an
Besoin en azote g PDI/j
64
Product.
15
150
Crois. Product.
72
9
101
Représentation graphique des besoins au cours d'une année
%
Besoins
Mâle castré (50 kg) - 5 kg de mohair/an
(pas de déplacements importants).
100 %
besoins en énergie et en azote constants
tout au long de l'année
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J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D
mois
Chèvre de 40 kg / 1 petit par an / 2 l de lait
5 kg de mohair (pas de déplacements importants)
100 % = 0,67 UF et 150 g PDI
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Besoins
UF et PDI (%)
Les rations ne doivent pas être révisées journalièrement pour être adaptées aux besoins exacts de la
chèvre, mais doivent être établies par paliers. De ce fait, certaines rations permettront de reconstituer
les réserves car seront supérieures aux besoins journaliers. A d'autres moments, la ration établie sera
insuffisante, la chèvre puisera alors dans ses réserves.
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Chevreaux
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TITRE : PRATIQUES D'ALIMENTATION
Pour pouvoir apporter les quantités d'énergie et d'azote nécessaires, il faut connaître les valeurs
alimentaires des aliments distribués, c'est à dire connaître la quantité d'UF et de PDI contenue dans 1
kg brut d'aliment. Alors on pourra mettre en place des rations adaptées aux besoins de chacun.
En période où les besoins sont importants, il est primordial de penser à apporter une
complémentation d'énergie et d'azote.
Les céréales associées à un complément azoté ou à des concentrés du commerce peuvent satisfaire
les besoins. C'est un choix personnel à faire.
Quelques valeurs d'aliments couramment rencontrés :
UF/kg brut
g PDI/kg brut
CEREALES :
. orge
.Triticale
. maïs grain
. tourteau soja (48)
1,00
1,05
1,10
1,06
70
77
69
251
FOURRAGES SECS :
. foin de prairie naturelle :
- 1er cycle - pleine épiaison - fané au sol par beau temps
- 2ème cycle - feuillu
- 1er cycle - fané au sol par temps de pluie
0,60
0,65
0,56
54
75
48
. foin de RGI (Ray-Grass Italie)
- 1er cycle épiaison - fané au sol par beau temps
0,63
43
. foin de luzerne
- 1er cycle bourgeonnement
- 2ème cycle
0,54
0,50
82
79
LUZERNE DESHYDRATEE :
18 %
22 %
0,63
0,77
104
126
UF/kg MS
g PDI/kg MS
0,96
0,89
0,66
109
85
59
1,00
0,89
0,65
107
96
59
FOURRAGES VERTS :
. prairie naturelle de plaine
- 1er cycle - stade pâturage (= feuillu) 10 mai
- 1er cycle - début épiaison - 25 mai
- 1er cycle - floraison - 25 juin
. prairie naturelle de montagne
- 1er cycle - stade pâturage - 25 mai
- 1er cycle - début épiaison - 10 juin
- 1er cycle - floraison - 10 juillet
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(Source INRA)
Mais il convient également de connaître la capacité d'ingestion des animaux au cours de leur stade
physiologique pour établir les rations.
Stade physiologique
Poids en kg
Capacité d'ingestion de fourrage
en kg MS/j
7
10
15
20
25
30
40
50
60
0,45
0,60
0,75
0,95
1,1
1,3
1,6
1,9
2,15
(réf : brebis reproductrice)
La capacité d'ingestion est largement influencée par le stade physiologique. Les quantités de matière
sèche volontairement ingérées augmentent légèrement au cours de la gestation pour atteindre leur
maximum entre 6 et 3 semaines avant la mise bas. Elles diminuent alors de
10 % - 20 % jusqu'à
la veille de la mise bas où l'on observe une chute très importante de l'ingestion.
Dès les premiers jours après la mise bas, les quantités ingérées sont supérieures (ou égales) à celles
observées au cours des semaines précédentes. Elles augmentent pendant la lactation pour atteindre
leur maximum 1 à 1,5 mois après la mise bas, et diminuent ensuite progressivement, comme la
production laitière.
Les caractéristiques des rations affectent largement cette évolution des quantités ingérées. Ainsi, on
aura une augmentation beaucoup plus rapide des quantités ingérées en début de lactation avec des
régimes à ingestibilité élevée (= fourrages de bonne digestibilité ou broyés) qu'avec des fourrages de
qualité médiocre (= paille ou foin mal récolté par exemple).
De même une chèvre jeune ingère plus de MS par kg de poids métabolique qu'une chèvre âgée.
Une chèvre qui porte 2 foetus (ou plus), a une capacité d'ingestion plus faible que celle qui en porte
qu'un, alors qu'en lactation, une chèvre qui allaite 2 chevreaux a une capacité d'ingestion supérieure à
celle qui en allaite qu'un (les chèvres produisant le plus de lait, ont la capacité d'ingestion la plus
élevée).
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7 - Systèmes d'élevage
Les 3 grands types de systèmes d'élevage rencontrés en France pour la chèvre Angora sont :
- le hors sol (peu développé)
- le système semi-extensif (le plus courant)
- le système extensif (souvent région de montagne)
Le choix pour tel ou tel système est surtout fonction de :
- la surface disponible
- du matériel présent
- des bâtiments utilisables
- du temps disponible pour l'alimentation (= disponibilité de l'éleveur)
- des choix financiers
Il n'y a donc pas de système type "chèvre Angora", toutefois, on peut noter les atouts et les
contraintes de chacun (sous toute réserve de cas particuliers).
Atouts
hors sol = bâtiment +
aire d'exercice avec
alimentation distribuée
6-15 animaux/ha voire
plus
. Permet l'élevage sur de toutes
petites superficies agricoles
Contraintes
. Système coûteux en aliment (achat obligatoire)
. Possibilité de faire des lots
. Investissements financiers et en infrastructure
plus importants (= plus de charges de structure)
. Temps de travail très réduit
. Pression parasitaire forte
. Peu d'énergie dépensée pour le
déplacement
Semi extensif =
. Valorisation des fourrages
valorisation des prairies grossiers
temporaires ou
permanentes + foin
. Achat de fourrages et de
concentrés plus limités.
3 à 8 animaux/ha
Pression parasitaire diminuée (ex :
pâturage tournant).
Extensif
1 à 4 animaux / ha
. Systèmes très autonomes avec très
peu d'achats extérieurs.
. Conduite en peu de lots = surveillance
alimentaire plus difficile.
. Nécessité de parcs clôturés = coûts "clôtures"
assez importants.
. soit gardiennage => plus de disponibilité
. soit clôtures => coûts très élevés compte tenu
. Valorisation maximale des fourrages des longeurs
grossiers, voire utilisation
d'arbustes.
. Suivi individuel des animaux moins efficace =>
perte possible.
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. Pression parasitaire très faible.
. beaucoup de dépenses d'énergie => plus
d'achat de concentré/animal ou production de
mohair/animal plus faible (cf besoin déplacement)
. Nombre d'animaux/ha faible.
ANNEXE
Nous vous proposons quelques rations types, sachant que les données doivent être confirmées par
votre situation locale, c'est à dire adaptées à votre région et à la valeur alimentaire de vos aliments
distribués.
Nous vous conseillons de prendre contact avec le technicien de votre région ou votre vétérinaire ou
votre frabricant d'aliments qui pourront vous apporter leur aide pour établir vos rations.
Nous prendrons ici le cas d'une chèvre Angora de 40 kg, ayant un petit par an, produisant 5 kg de
mohair par an, se déplaçant peu et dont la capacité d'ingestion journalière est de 1,6 kg de MS.
en entretien
fin gestation
lactation
Apport
complémentaire :
Apport
complémentaire :
Apport
complémentaire :
0
250 g/j orge
+ 100 g/j soja
400 g/j orge
+ 250 g/j soja
Foin et (ou) pâturage
de bonne qualité
ou 350 g concentré ou 550 g/j concentré du
à 0,9 UF et 16 %PDI
commerce
200 g/j d'orge
Foin et (ou) Pâturage
de mauvaise qualité
400 g/j orge
+ 125 g/j soja
600 g/j orge
+ 250 g/j soja
ou 200 g/j concentré
du commerce
ou 525 g/j concentré du ou 850 g/j concentré du
à 0,9 UF et 16% PDI
commerce
commerce
à 0,9 UF et 16 % PDI
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Pour ceux qui utilisent de la luzerne déshydratée :
Entretien
Fin gestation
Lactation
Foin et (ou) Pâturage
de bonne qualité
Orge/j
0
Luzerne/j
0
Orge/j
150 g
Luzerne/j
150 g
Orge/j
300 g
Luzerne/j
300 g
Foin et (ou) Pâturage
de mauvaise qualité
100 g
100 g
300 g
300 g
450 g
450 g
Pour les jeunes :
. Aliment croissance à volonté plus du foin jusqu'à 6-8 mois
. Rationnement à 700 g d'aliment croissance à partir de 6-8 mois jusqu'à 12-18 mois
avec foin à volonté.
NB : Un bon foin est un foin récolté au stade feuillu voire au tout début épiaison, fané par temps sec
et ayant 0,7 UF/kg de MS et de bonne qualité nutritionnelle (sans moisissures).
Un mauvais foin est un foin récolté tardivement (pleine épiaison), fané au sol par mauvais temps et
ayant 0,5 UF/ kg de MS.
La chèvre refuse toujours du foin, quelle que soit sa qualité (10 % quand très bonne qualité, 40 %
quand mauvaise qualité).
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BIBLIOGRAPHIE
Alimentation des ruminants - INRA 199
Notions d'alimentation en vue de la production de poil mohair chez la chèvres Angora - François
BRISOUX (mai 1983)
Production of hides, skins, wool and hair - EAAP Publication N° 56 (1993)
New developments in goat husbandry for quality fibre production - GALBRAITH (1992)
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