alimentées par le crédit. Puis survint la crise financière mondiale. Les apports de capitaux
se tarirent et la dépense privée s'effondra, générant d'énormes déficits budgétaires.
Emergea alors, notamment à Berlin, un consensus fondé sur l'idée erronée qu'il s'agissait
d'une crise budgétaire. Or c'était prendre les symptômes pour les causes, sauf dans le cas de
la Grèce. Cependant, étant pratiquement privés d'accès aux marchés obligataires, les pays
frappés par la crise durent, malgré leurs sévères récessions, procéder à un resserrement
budgétaire. Et pour resserrer ils ont resserré. Entre 2009 et 2012, selon le Fonds monétaire
international, le déficit budgétaire structurel a connu une variation équivalente à 15,4% du
PIB potentiel en Grèce, 5,1% au Portugal, 4,4% en Irlande, 3,8% en Espagne et 2,8% en
Italie. Cette combinaison de crises financières et de resserrement budgétaire entraîna de
forts ralentissements : entre le premier trimestre de 2008 et le quatrième trimestre de 2012,
le PIB a diminué de 8,2% au Portugal, 8,1% en Italie, 6,5% en Espagne et 6,2% en Irlande.
Triste bilan.
Malheureusement, les pays les mieux portants de la zone euro se rallièrent au mantra de la
stabilité. Ils resserrèrent à leur tour leurs positions budgétaires. Le FMI prévoit que le
déficit budgétaire cycliquement ajusté de la zone euro diminuera, entre 2009 et 2013, de 3,2
% du PIB potentiel pour se stabiliser à 1,1 % seulement du PIB. La Banque centrale
européenne continue de son côté à ne quasiment pas se préoccuper de relancer la demande.
Sans surprise, l'économie de la zone euro reste stagnante.
UN RISQUE DE STAGNATION PROLONGÉE
Dans le même temps, l'inflation des prix à la consommation s'établit au-dessous de l'objectif
de 2% fixé par la BCE. Un gros choc négatif risque de transformer une inflation faible en
déflation. Cela aggraverait la pression sur les pays en crise. Même si l'on évite la déflation,
l'espoir de voir ces pays se sortir de leurs difficultés grâce à la demande au sein de la zone
euro et au rééquilibrage interne relève du pur fantasme dans le contexte actuel.
Reste l'ajustement externe. Selon le FMI, la France sera le seul grand Etat membre de la
zone euro à enregistrer un déficit des comptes courants cette année. Le Fonds prévoit que,
en 2018, tous les Etats membres actuels sauf la Finlande seront des exportateurs nets de
capitaux. La zone euro en tant que telle devrait enregistrer un excédent des comptes
courants de 2,5% du PIB. Faire dépendre un tel équilibrage de la demande extérieure est ce
que l'on attendrait d'une zone euro à l'allemande.
Si l'on veut comprendre jusqu'où va cette folie, il faut se pencher sur le travail effectué par
la Commission européenne sur les déséquilibres macroéconomiques. Ses critères sont
révélateurs. Ainsi, elle considère un déficit des comptes courants de 4% du PIB comme un
signe de déséquilibre. Pourtant, en ce qui concerne les excédents, le critère est fixé à 6%.
Est-ce par pur hasard que ce chiffre se trouve être celui enregistré par l'Allemagne ?
Les implications de cette tentative de contraindre la zone euro à emprunter la voie de
l'ajustement prise par l'Allemagne dans les années 2000 sont profondes. Pour la zone euro,
cela rend hautement probable une stagnation prolongée, en particulier dans les pays
frappés par la crise. Par ailleurs, si cette politique commence à fonctionner, il est probable
que l'euro renchérira, augmentant ainsi les risques de déflation. Enfin, et ce n'est pas la