L’Europe et ses crises UTLM 2016-2017 Nicolas Danglade • Les conséquences de l’Union économique • Les conséquences de l’Union monétaire 1) Les conséquences de l’Union Economique ? • • • • • Un projet antérieur: la CECA Marché commun (1957) + PAC (1962) Marché unique (1993) : les 4 libertés Le projet ? Le fonctionnement ? Le projet de l’Union économique Disparition des frontières intérieures + Concurrence Apparition d’entreprises de « taille européenne » Les entreprises les moins compétitives disparaissent Économie d’échelle : baisse des coûts / hausse compétitivité meilleure utilisation des ressources = croissance Le fonctionnement de l’Union économique L’intégration européenne a effectivement stimuler la croissance des Etats membres L’intégration européenne a produit un effet de concentration des activités économiques Notamment des économies en rattrapage Pourquoi ? Phénomènes d’agglomération Croissance et rattrapage • Toutes les évaluations montrent que l’intégration éco a apporté des gains de croissance aux Etats membres • Rattrapage : Italie (année 1970/1980) + Irlande (1990) + Espagne/Portugal/Grèce (1990/2000) • Les PIB par tête en Europe converge Phénomènes d’agglomération Les entreprises à forte valeur ajoutée cherchent à tirer profit d’économies d’échelles « externes » : la proximité avec les autres entreprises apportent des gains = Circulation de l’information Marché du travail = développement logique de coopétition Avec l’entrée des PECO, le « cœur » de l’Europe se déplace vers l’Est. La France n’est plus au centre géographique de l’Europe les inégalités territoriales se creusent Les écarts de richesses entre régions « riches » et « pauvres » augmentent au sein de l’UE Conclusion : Union économique • De la croissance, du rattrapage mais • Des inégalités territoriales plus importantes et une redistribution de la géographie économique 2) Les conséquences de l’Union monétaire • Un projet ancien: le rapport Werner 1970 • Une coopération monétaire : serpent monétaire puis système monétaire européen • Le passage à la monnaie unique : 1994-2002 • Le projet : « one market, one money » ? • Le fonctionnement ? Le projet d’Union monétaire Monnaie unique ? Remplacer le régime de change fixe adopté depuis les années 1970 Faire disparaître les crises de change et l’inflation Baisse des coûts de transaction : disparition risque de change, suppression coût du change Stimule la circulation des biens et des capitaux Plus de croissance et meilleure allocation du capital Conséquence de la monnaie unique • Elle s’accompagne d’une libéralisation des mouvements de capitaux • Elle renforce la dynamique des échanges = + de croissance et de rattrapage D’autres conséquences ? Pays en rattrapage : Europe du Sud Rattrapage = + d’inflation Activité stimulée taux d’intérêt réel plus faible + Croissance Baisse compétitivité prix des productions domestiques Recul des exportations et hausse des importations : déséquilibre de la balance courante Le taux d’intérêt réel Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal – inflation 6 % = 10 % - 4 % 2 % = 10 % - 8 % Les écarts d’inflation se répercutent sur la compétitivité prix du secteur industriel La situation des pays d’Europe du Sud Écart d’inflation = baisse de la compétitivité prix sur les productions de moyen et de bas de gamme Les entrées de capitaux = financement de l’économie mais aucun effort supplémentaire en R&D = Pas de hausse de la productivité globale des facteurs Des économies qui se modernisent peu Résumé : conséquences de l’UEM L’Union économique et monétaire De la croissance, du rattrapage économique entre économies nationales des inégalités territoriales entre régions plus importantes Un creusement des déficits extérieurs Le financement des déséquilibres extérieurs : rappels Économie en besoin de financement Économie en capacité de financement Les dépenses sont supérieures aux revenus Les revenus sont supérieures aux dépenses L’économie emprunte à des agents non résidents L’économie prête à des agents non résidents 3) L’UEM : conséquence sur les politiques économiques Certaines politiques sont transférées au niveau européen: politique monétaire, politique de change par exemple D’autres politiques restent des politiques décidées par les Etats Fiscalité , budget, protection sociale Certaines sont coordonnées : règles de finances publiques (pacte de stabilité et de croissance et Traité pour la stabilité) Conclusion : UEM ? De 1993 à 2010 • Supplément de croissance • Rattrapage des pays en retard • Des balances commerciales qui se creusent • Des inégalités territoriales qui se creusent • Des stratégies non coopératives entre Etats membres qui se développent Les « crises » de l’Union européenne • La crise des dettes souveraines : la Grèce à partir de fin 2010; Un sudden stop ? Les capitaux ne rentrent plus, en particulier pour financer la dette publique • Des inégalités territoriales qui se creusent : les régions riches acceptent de moins en moins la redistribution qui s’opère nationalement = séparatisme territorial • Des stratégies non coopératives entre Etats membres : les Etats qui cherchent à attirer les facteurs mobiles = une course au moins disant fiscal et social 1) La crise des dettes souveraines Certains économies nationales : les dépenses globales dépassent les revenus générés par la production Les agents à besoin de financement se financent = entrée de capitaux Quand les capitaux ne rentrent plus (sudden stop) L’Etat ne peut plus se financer, notamment pour faire « rouler » sa dette = crise de la dette souveraine Les agents privés ne peuvent plus se financer = crise bancaire, chute consommation … crise de l’endettement privé 2) Le séparatisme territorial La redistribution des revenus entre « riches » et « pauvres » se fait essentiellement au sein de chaque Etat Conséquence: la région de Porto au Portugal « subventionne » les régions pauvres du Portugal alors que le PIB/tête y est identique à la région de Chemnitz en Allemagne qui se fait aidée par les autres régions riches allemandes Les régions riches des pays pauvres trouvent cela injuste : elles veulent moins d’Etat et plus d’Europe Afin d’être aidées par les régions riches européennes Afin de réduire la fiscalité nationale et augmenter leur compétitivité prix 3) La course au moins disant fiscal et social • Les Etats ne peuvent plus utiliser de politique de change • Les Etats sont contraints dans les politiques de relance par la demande • La politique industrielle de l’Etat est moins interventionniste • La concurrence entre territoires européens est plus intense • Les entreprises et les salariés les plus qualifiés migrent facilement Comment faire pour les attirer et stimuler la croissance ? Utiliser des politiques dont ils gardent la souveraineté ? Conséquences du maintien de la souveraineté dans certains domaines ? Les biens, les capitaux et les personnes circulent librement La dynamique européenne produit des inégalités territoriales, des effets d’agglomération Chaque Etat essaie d’attirer les « facteurs mobiles »: capital et travail très qualifiés Les écarts de fiscalité et de protection sociale deviennent des « atouts » de la compétitivité d’une économie nationale = dumping social et fiscal entre pays européens Union Economique et Monétaire Augmenter l’hétérogénéité des économies Augmenter les inégalités entre régions Contestation des « riches » des pays « pauvres » Rattrapage économique Des stratégies non coopératives pour attirer les « facteurs mobiles » Augmenter les déséquilibres de la BP Endettement externes = risque sudden stop Quelle(s) voie(s) de sortie ? • Fédéralisme budgétaire • Créer des zones monétaires plus petites avec des pays structurellement proches • Sortir de la zone euro ? • Sortir de l’UE ? Le fédéralisme budgétaire Des transferts budgétaires de l’UE vers ses régions les moins développées : répondre au défi de l’hétérogénéité Financer une partie du déficit courant extérieur de cette région/Etat : plus de sudden stop + financer capital humain La redistribution devient davantage européenne et moins nationale = fin du séparatisme territorial Créer un budget européen : des transferts de compétences vers l’UE = réduire poids budgets nationaux = moins de marge de manœuvre pour « dumper » • Le fédéralisme est la seule solution qui permettent à des économies différentes (avec des balances courantes différentes) de pouvoir cohabiter ensemble sans que cela ne se termine en crise de la balance des paiements • Théorie des zones monétaires optimales Créer deux/trois zones monétaires • Avantages : Des économies qui ont des caractéristiques structurelles proches partagent la même monnaie car elles forment une « zone monétaire optimale » Économie forte = monnaie forte Économie faible = monnaie faible • Inconvénients: Les pays à monnaie faible manipulent leur monnaie pour gagner en compétitivité ; nécessité d’une coordination des deux politiques monétaires Où placer la France ? Sortir de l’euro ? • Soit parce que tout autre possibilité échoue (Stiglitz) • Soit parce que « souverainiste » (Sapir) • Revenir à une monnaie nationale Soit laisser flotter sa monnaie Soit ancrer sa monnaie sur l’euro (change fixe) • Avantages ? La baisse de la valeur de la monnaie = stimuler les exportations • Inconvénients ? Hausse des coûts de transaction Hausse du prix des importations Hausse des dettes exprimées en monnaie étrangère Sortir de l’UE ? Avantages ? • Tout dépend si le pays participent à Schengen et l’euro Inconvénients ? • Augmenter les coûts de transaction • Réduire les échanges • Réduire surplus du consommateur • Augmenter le prix des biens intermédiaires Conclusion Défi de la construction européenne aujourd’hui Etre capable de « gérer » l’hétérogénéité des économies qui composent l’UE Cette hétérogénéité est le fruit de la dynamique de l’intégration européenne (donc normale); de « mauvaises » politiques nationales peuvent la renforcer. La réponse à ce défi est politique = avancer vers davantage d’intégration politique européenne = mettre en œuvre un budget « fédéral » sur le modèle USA Pourquoi tant de difficulté à faire avancer cette dimension de l’intégration européenne ? Les pro-européens ne sont pas d’accord sur ce que doit être l’Europe politique Sur la place des Etatsnations qui composent l’UE Sur le rôle de la puissance publique au niveau européen Sur la place des Etats-nations qui composent l’UE Europe des Etatsnations (une Confédération) Europe fédérale Sur le rôle de la puissance publique au niveau européen Conception française : Tradition de l’Etat interventionniste qui naît après 1945 Politiques Top-Down Conception allemande : Tradition de l’ordolibéralisme qui naît après 1945 Respect de la « règle » Références bibliographiques • Joseph Stiglitz « L’euro. Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe » 2016 • Jean Pisani-Ferry « Le réveil des démons » 2011 • Patrick Artus et Isabelle Gravet « La crise de l’euro » 2011 • Michel Aglietta « Zone euro. Eclatement ou fédération » 2011